L'inertie, ce fléau
"Je sais ce que tu vas me dire, mais tu me manques trop".
Quand je suis rentrée chez moi après mon départ fracassant du 14 juillet (vive la Fête Nat), il avait bien laissé les clés dans la boîte aux lettres. Je m'attendais à ce qu'il me laisse un mot sur le frigo, mais je n'ai trouvé ni post-it, ni déclaration au feutre effaçable. Il avait repris le peu d'affaires qu'il avait laissées chez moi (à savoir ses tongs et son short, pas grand-chose en fait).
Le détail qui m'a choquée, c'est qu'il a rembarqué les deux livres qu'il avait apportés la veille. Genre il craignait que je ne les lui rende pas. La seule chose qu'il a oubliée, ce sont ses DVD posés sur mon étagère. Je me suis dit que je les lui enverrais par la Poste une fois visionnés. Au nom de "Monsieur et Madame B.", tiens. J'ai jeté sa brosse à dents et effacé ses SMS. J'ai même viré son numéro de mon répertoire, bien que ça ne serve strictement à rien puisque je le connais par coeur (je connais tous les numéros de téléphone par coeur d'ailleurs ; vous avais-je dit que j'avais une hypermnésie concernant les chiffres ? Bizarre quand on sait que j'étais nulle en maths. Bref fin de la digression). Par contre je n'ai pas réussi à déchirer la photo de lui que j'ai dans mon portefeuille. Elle y est toujours.
La suite, vous la connaissez : il m'a appelée ou envoyé un SMS presque chaque jour depuis une semaine. Il ne me harcèle pas (loin de là...), mais il s'accroche quand même. Il m'a dit qu'il ne mangeait plus et qu'il avait des idées noires. Je lui ai dit que rien ne changerait tant qu'il ne se remuerait pas la quéquette (bon je ne l'ai pas dit comme ça :p), et que cette situation, c'était lui qui l'avait provoquée.
Et donc j'en viens à ce soir, où il m'a dit : "Je sais ce que tu vas me dire, mais tu me manques trop".
"Ah oui, c'est donc pour ça que tu ne fais rien".
"J'arrête pas de réfléchir".
"Arrête de réfléchir, agis, bordel !"
"Si je me décidais, tu voudrais encore de moi ?"
"Je préfère te préciser que je n'y crois absolument pas. Tu n'as pas bougé et ne bougeras pas. Quand on ne prend pas de décision, les autres la prennent à notre place".
"..."
"J'ajoute qu'actuellement, je ne m'interdis pas de rencontrer quelqu'un d'autre. Tu as de la chance, ça ne m'arrive pas souvent car ma vie sexuelle équivaut à celle d'un bigorneau échoué dans la Mer Morte".
Ce que je ne lui ai pas dit (et je préfère crever plutôt que de lui dire), c'est qu'il me manque aussi. Et ce sera le cas tant que je ne serai pas tombée amoureuse de quelqu'un d'autre. De manière réciproque. Le truc qui n'arrive jamais, voyez. Je sais que le jour où un autre homme entrera dans ma vie, je pourrai enfin mettre un point final à cette histoire. Parce que j'ai beaucoup de défauts, mais je ne suis pas infidèle.
Par contre, ce qui est positif, c'est que même si mes sentiments pour lui restent latents et s'enflamment en moins de temps qu'il ne le faut pour l'écrire dès que je le vois, je me relève plus vite qu'avant quand il me fait du mal. Là je vais bien. J'ai retrouvé mes angoisses de célibataire (c'est horrible, mon endométriose a empiré, je n'aurai jamais d'enfants, je ne serai jamais aimée vraiment, je vais avoir l'air d'une conne dans les soirées où les conjoints sont invités, je suis anormale...), mais pas plus qu'avant.
Je pense que mes deux jours au Parc Astérix vont être les bienvenus, ça va me faire une coupure. Je vais dépenser les sous que je n'ai pas et me taper Panoramix. Au moins je ne penserai plus à cette relation qui ne cesse de me poursuivre.