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Le blog de Dawn Girl
13 avril 2019

La lettre de sentiments

Je suis en train de finir "Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus", un livre qui explique les différences entre les hommes et les femmes afin de permettre aux couples de mieux se comprendre et de mieux communiquer. En soi l'ouvrage est plutôt intéressant, mais je ne suis pas fâchée d'arriver au bout car je préfère largement lire des romans.

Parmi les techniques de communication au sein du couple, l'auteur préconise la "lettre de sentiments", c'est à dire mettre sur papier ses émotions négatives (la colère, la peur, l'angoisse, le regret) afin de les regarder en face pour ensuite, être capable d'accueillir les émotions de l'autre avec davantage d'empathie. Puis ensuite, rédiger la réponse que l'on souhaiterait avoir de la part de l'interlocuteur. On peut écrire cette lettre de sentiments à son conjoint, mais également à un parent, à son enfant, voire même à soi-même.

L'auteur donne quelques formules pour débuter les phrases, du style "Je n'aime pas...", "Je regrette", "Je suis énervée par..." etc etc.

Etant actuellement bourrée de stress et d'émotions négatives à cause de la grosse vache slash morback qui me sert de collègue, je trouve cette démarche très intéressante et j'envisage sérieusement, durant ma semaine de vacances, d'écrire une palanquée de lettres de sentiments : 

-à ma collègue 

-à B.

-à ma mère

-à mon père

-à l'enfant que j'ai retiré de mon ventre en 2012

-à la fille aînée de B.

-à mon patron

Bon je me doute que ça ne va pas me détendre en deux secondes et demie, mais si ça peut me libérer un peu... 

Je peux déjà dessiner mentalement la trame de ma lettre de sentiments envers ma collègue : 

*Je n'aime pas ta gueule

*Je n'aime pas ta putain de voix de braillarde qui me scie les oreilles et le thorax avec

*Je suis très irritée par cette façon que tu as de m'envahir ; de t'incruster quand je discute avec quelqu'un ou de me mettre mes courriers sous pli sans que je t'aie sonnée

*Je regrette de ne plus bosser en binôme avec M.

J'ai hâte de me mettre à l'ouvrage :) Je vous dirai si ça a changé quelque chose.

 

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15 avril 2019

Lettre au Fantôme

Ce post est la suite du précédent ; je le poste à l'arrache depuis mon téléphone ; les commentaires vont être fermés dessus mais cela n'a aucune importance. Après avoir tapé une lettre de sentiments à mes collègues et à mon patron, j'ai ressenti le besoin d'écrire la lettre destinée à l'enfant qui aurait pu naître en 2012 mais qui n'est pas né parce que j'ai avorté. Je me suis adressé à lui et puis j'ai écrit ce que j'aurais aimé qu'il me réponde. Et là putain je peux vous dire que les larmes ont coulé, et pas qu'un peu... Je ne me rappelle plus si j'avais pleuré à l'époque. Je me souviens que j'ai fait une espèce de dépression parce que le géniteur de cet enfant se pavanait avec une autre nana moins de 2 mois après l'Evenement, que je voyais tellement la vie en noir que chaque soir au coucher je me forçais à trouver quelque chose de positif à ma journée, mais je ne sais plus si j'ai pleuré. Peut être que pour exorciser vraiment il faudrait que j'imprime la page Word et que je la brûle, mais je n'ai pas de cheminée, c'est ballot.
30 mai 2019

La foldingue 3.0

Il y a quelques semaines, je vous racontais mes déboires au boulot avec une collègue qui m'a hurlé dessus quand elle s'est fait virer parce que son solde de tout compte n'arrivait pas assez vite à son goût ; et celle qui lui a succédé qui multipliait les conneries et m'angoissait par son attitude pot de colle. En fait c'est encore parti en couille comme avec l'autre d'avant, sauf que là c'est plus grave :'-(

13 mai : elle ne se présente pas au boulot. 45 minutes plus tard, la pharmacienne d'à côté vient me voir en me disant "votre collègue est juste là derrière, elle est ivre morte dans sa voiture, j'ai ramassé les bouts de verre. Elle ne veut pas que j'appelle son mari. Je ne sais pas quoi faire". Je vais prévenir mon patron, qui décide au vu des événements de mettre fin à sa période d'essai. "Si elle ne vient pas un jour sur deux parce qu'elle est bourrée, on ne pourra pas compter sur elle". J'en profite pour lui dire que même si je ne veux pas tirer sur l'ambulance, il se trouve que cette fille multiplie les erreurs depuis qu'elle est là, que je suis en état d'hyper nervosité à bosser avec elle, donc cet "incident" complète le tableau. Au final, après avoir passé une heure avec elle la pharmacienne est allée porter un médicament à l'hôpital (elle bossait quand même...) et quand elle est revenue ma collègue était partie. Dans sa voiture donc, et en état d'ébriété...

 14 mai : quand j'arrive au boulot je vois que ma collègue a laissé un message sur le répondeur à 6h50 du matin : "Désolée je n'ai pas pu vous prévenir hier, mais j'ai fait un malaise et je suis hospitalisée. Je vous tiens au courant dès que j'en sais plus sur mon état de santé car j'ai une batterie d'examens à passer".

18 mai : elle m'appelle au cabinet en me demandant si j'ai bien reçu son arrêt de travail, et me dit qu'elle reviendra le lundi suivant.

20 mai : elle ne se présente pas ; je reçois un appel de sa mère qui me dit qu'elle ne sera pas là aujourd'hui et qu'elle nous tient au courant. J'essaye de lui demander pour combien de temps elle est arrêtée, mais elle me répond qu'elle ne sait pas. Elle a l'air pressée de raccrocher...

21 mai : message de ma collègue sur le répondeur disant qu'elle sera absente toute la semaine.

27 mai : message de ma collègue sur le répondeur pour dire que son arrêt va se prolonger et qu'elle nous "envoie les papiers". Je la rappelle pour savoir combien de temps elle est arrêtée ; je tombe sur sa messagerie et elle ne rappelle pas.

28 mai : une autre de mes collègues me dit qu'elle lui a envoyé un SMS comme quoi elle revenait le lendemain... Vu ses propos de la veille je me dis WTF.

29 mai : elle est revenue. Mon patron lui annonce qu'il la licencie. Elle redescend à son poste (avec moi, donc), comme si de rien n'était. Puis une de mes collègues vient la prendre par les épaules ; elle commence à dire qu'elle n'appréciait pas la manière de faire de mon patron, que s'il voulait lui parler il aurait pu le faire avant. Elles repartent voir mon patron (je n'ai pas entendu la conversation car je m'occupais des patients pendant ce temps-là).

Quand elle revient, elle me dit qu'elle me laisse les dossiers, que je suis au courant de la situation et que de toute façon "ça doit te faire très plaisir, hein ?" Je lui réponds que pas du tout, qu'elle se plante complètement. Elle rétorque "ouais c'est ça". Je monte à l'étage pour faire un truc ; quand je redescends elle est partie et a laissé les clés du cabinet sur mon bureau.

 Après la pause déjeuner elle m'appelle sur le téléphone du cabinet, et là s'ensuit une conversation surréaliste :

"Bon je t'écoute, qu'est ce que t'as à me dire ?

-Comment ça, qu'est ce que j'ai à te dire ?

-Ben je sais pas, tu m'envoies des messages depuis tout à l'heure".

Dans la mesure où je ne lui ai jamais envoyé de message de ma vie, je nie formellement. Je lui demande de quel numéro émanent ces messages mais elle refuse de me répondre. "Qui d'autre que toi m'enverrait des messages disant "je vais gérer mes dossiers au carré, toi tu vas partir et moi je vais rester? C'est pour me rendre folle, hein c'est ça tu veux me rendre folle ?"

Je réessaye de lui faire dire le numéro qui envoie ces messages mais elle botte à nouveau en touche. Elle me demande de lui donner mon numéro, ce que je refuse évidemment. Elle se marre : "Ah ben ouais, forcément dans ce sens-là ça ne marche pas, hein". Je finis par lui dire de m'envoyer ses messages sur le mail du cabinet, ce qu'elle accepte. Bien sûr, je n'ai rien reçu.

J'en ai parlé à mes collègues ; l'une d'elle m'a demandé si elle était bourrée. Je lui ai répondu "peut-être, je n'en suis pas sûre". Quand ma mère était bourrée cela s'entendait ; là vraiment sa voix était normale (bien que ses propos étaient délirants). Je suis ensuite allée voir mon patron, qui n'en a eu strictement rien à cirer. Il a juste dit : "Ah ben comme ça on a moins de scrupules à se séparer d'elle". Comme c'est agréable de se sentir protégée par son boss <3

Le soir j'en ai parlé à ma mère qui m'a fait flipper : "Non mais elle est complètement psy, ta collègue ! Si ça se trouve elle va se ramener avec un couteau. Fais une main courante".

Je vais donc aller faire une main courante à la gendarmerie demain matin (aujourd'hui c'est férié), mais d'une part j'ai peur de me faire jeter (on connaît l'accueil que réservent certains flics / gendarmes aux victimes, l'Averse est bien placée pour en parler) ; et d'autre part j'ai peur d'aller bosser maintenant. J'ai peur qu'elle téléphone encore au cabinet et qu'elle m'accuse d'avoir crevé ses pneus, tué son chien ou je ne sais quel délire encore. J'ai peur qu'elle vienne et qu'elle dégoise à mon sujet devant les patients, et/ou qu'elle ait un couteau dans la main et qu'elle me plante. J'ai peur qu'elle ait raconté à ses proches qu'elle a été virée à cause de moi (ce qui est faux évidemment, mais je ne l'aime pas et je n'ai jamais réussi à le lui cacher ; je ne sais pas faire ça), que son mari et/ou son fils, et/ou son père, voyant qu'elle est en détresse et que son futur chômage lui a mis encore plus la tête sous l'eau, se pointent au cabinet avec un couteau ou un fusil de chasse et essayent de me buter. Je sais que je n'ai pas eu de menace directe, mais elle a l'air de faire un délire paranoïaque sur moi et je ne me sens pas en sécurité si je vais bosser. D'autant plus que mon patron prend tout ça par-dessus la jambe et que je ne peux pas compter sur lui (ce que je savais déjà, étant donné qu'il ne bouge pas le petit doigt quand je me fais hurler dessus par la mère d'un patient au point d'en pleurer).

Je ne peux pas démissionner ; si je le fais je ne toucherai pas de chômage et B. est au SMIC donc on ne peut pas vivre à trois sur son seul salaire, c'est impossible.

Cerise sur le gâteau de merde : la folle devra revenir au cabinet pour récupérer son solde de tout compte (à moins qu'elle décide de venir faire son préavis, va savoir), bref elle devra revenir quoi qu'il arrive et comment vous dire que je préférerais crever que d'être présente ce jour-là. Elle me fait peur.

 Je m'énerve d'avoir peur comme ça, je me demande ce que j'ai fait pour que ma route croise celle de cette tarée et je donnerais tout pour faire un bond de 3 mois dans le temps pour savoir comment cette histoire va évoluer.

7 juin 2019

Mes plus beaux moments de solitude

Parce que la petite Averse  m'a inspirée avec son florilège d'anecdotes drôles, je vous livre ici mon florilège de moments de grande solitude. Le plus ancien souvenir a 28 ans, le plus récent quelques mois à peine. 

-1991, dernier jour d'école avant les grandes vacances. J'entends la maîtresse dire : "vous pouvez aller dehors". Je suis sûre de l'avoir entendue. Je prends donc ma corde à sauter et je me sauve dans la cour de récréation.Deux minutes plus tard, alors que j'alterne les sauts à cloche pied et les sauts bras croisés, la maîtresse  m'interpelle par la fenêtre : "NON MAIS DAWN GIRL QU'EST CE QUE TU FAIS DEHORS LA CLASSE N'EST PAS TERMINEE ! VEUX-TU RENTRER TOUT DE SUITE ???" Je me tourne et je vois mes camarades de classe qui regardent la scène par la fenêtre en souriant. L'horreur.

-1999. Je suis à une grosse fête familiale au fin fond des Côtes d'Armor. On se balade dans un chemin, j'ai envie de faire pipi. Je me mets donc dans le fossé. Et là, BIEN SÛR, des gens sont passés (alors que dix secondes plus tôt il n'y avait personne en vue). Je me suis donc assise dans ma pisse pour faire genre "Non non rien, je me suis posée là pour cueillir des pâquerettes".

---> (une autre version de cette histoire existe : celle où j'ai quand même réussi à me faire gauler en train de pisser au fin fond d'une gare routière allemande par UN VELO qui passait par là).

-2004, je suis en première année de fac de droit. Ma mère ne cesse de me tourmenter avec ses plaintes contre mon père pour abandon de famille (si je n'approuve pas ses démarches, cela signifie pour elle que j'approuve le comportement de mon père. Alors qu'à l'époque j'ai déjà coupé les ponts avec lui. Bref). Il y a une prof de droit que je trouve géniale. Elle est froide comme les vents du Nord, mais son cours est passionnant. Elle est concise, percutante, claire. C'est un plaisir de se taper 4 heures de droit civil tous les mardis matins. Si si je vous jure. Ma mère me dit : "Va lui demander ce qu'on peut faire comme démarche contre ton père". En bon petit soldat, je m'exécute.

Déjà elle accepte que je vienne la voir à la fin du cours, mais elle ne reste pas assise à son bureau ; elle se lève et je dois la poursuivre dans le couloir. Et là, entre deux portes d'amphithéâtre, et devant des camarades de promo, à peine ai-je commencé à lui dire "c'est pour ma mère..." qu'elle me coupe la parole et me dit : "Ah non non, je ne réponds qu'aux questions concernant le cours. Pour le reste vous avez des consultations gratuites d'avocat. J'ai déjà des gens qui ont téléphoné chez moi donc maintenant je ne donne plus aucun conseil".

Bon au moins, après ça, ma mère ne m'a plus jamais demandé d'aller voir un prof et s'est débrouillée toute seule avec ses avocats. Quant à cette prof, je continue de penser que c'est une juriste très brillante avec une capacité exceptionnelle pour enseigner (elle a dirigé au moins une vingtaine de thèses, possède plusieurs chaires à la fac et a écrit 12 000 livres), mais je pense également que c'est une femme naviguant dans des hautes sphères élitistes  et méprisant profondément les étudiants de première année. Dommage Brigitte.

-2006, je suis en leçon de conduite avec B. Aujourd'hui, il y a une troisième personne dans la voiture, apparemment un nouvel enseignant qui vient d'intégrer l'auto-école. A un moment, on passe devant une maison de quartier, B. déclare : "C'est là qu'ont lieu les examens du code de la route". Je réponds : "Oui effectivement, c'est là que je l'ai passé l'année dernière". B. rétorque : "Je m'adressais à David". Voilà voilà...-

-2006 toujours, mon moniteur d'auto-école (qui n'était alors plus B.), me dit "monte dans la voiture, j'arrive tout de suite". Je m'installe donc derrière le volant, et là je vois que l'épingle à nourrice que j'avais placée pour réparer maladroitement la braguette de mon jean, s'est à moitié barrée (oui je l'aimais bien ce jean et je ne voulais pas le foutre à la poubelle, ON NE SE MOQUE PAS). Bref, constatant donc que ma braguette est joyeusement ouverte à tous les vents, je m'exclame tout fort (et en anglais dans le texte) : "Oh my god !!!!" Et là j'entends quelqu'un se marrer à l'arrière de la voiture. Je me retourne : il y avait une inspectrice. Voilà voilà...

-2016 : quelqu'un vient chez moi pour me racheter des anciens bodys devenus trop petits pour ma fille. On fait affaire, puis je lui demande : "C'est pour quand ?" et là elle me répond : "Ca y est, elle est née il y a deux mois". Voilà voilà voilà...

-2017 : au boulot, un patient sort de son rendez-vous accompagné d'une jeune fille qui a l'air d'avoir 18 ans et demi. Je déclare donc à celle-ci : "Si votre papa a des questions, qu'il n'hésite pas à nous appeler". Réponse de l'intéressée : "Heu en fait c'est mon mari". Voilà voilà voilà...

-2018 : un de mes contacts Facebook poste sur son mur la photo d'une fille. Sur la photo je ne vois qu'une seule chose : le sourire gingival de cette fille (certains détestent les clowns, moi ce sont les sourires gingivaux. Il n'y a rien de plus dégueu qu'un sourire gingival, ça me débecte). Comme je ne sais pas garder mon opinion pour moi, je commente la photo en m'exclamant : "Les dents !" avec un smiley terrifié (vous savez, le bleu avec les yeux écarquillés). Deux jours plus tard, je vois que mon contact Facebook est ami avec la fille de la photo. Qui a donc vu mon commentaire sur sa dentition avec l'émoticône du cri de Munch. Ahem.

Je ne manquerai pas de vous raconter d'autres anecdotes de ce type, car en fait ça m'arrive assez souvent :-)

31 octobre 2019

Première séance chez la psychologue pour Alice

Note : En général je parle de ma fille principalement sur mon autre blog, mais je fais une exception aujourd'hui car l'article me concerne aussi.

 

Jeudi dernier j'ai emmené Alice pour la première fois chez une psychologue. J'avais les coordonnées de cette dernière sous le coude depuis plus d'un an ; j'ai fini par sauter le pas devant l'ampleur des crises de rage et des nuits pourries qui ont accompagné la rentrée scolaire. Elle a toujours été colérique avec un caractère difficile, mais là ce n'était plus gérable : refus d'obéir, insolence, colères soudaines avec tapes, coups de pied voire claques ; réveils nocturnes avec parfois refus de se recoucher (une nuit elle a balancé son marchepied dans le nez de son père qui l'a empoignée en serrant les dents ; j'ai cru qu'il allait lui mettre une claque :S). Il faut ajouter à tout cela que les séparations sont difficiles quand je l'emmène à la garderie, qu'elle a beaucoup de mal à se mêler aux autres enfants ce qui est source d'inquiétude pour moi, que B. a complètement arrêté de m'aider à la maison et met les pieds sous la table quand il rentre du boulot, que mon boulot à moi se passe mal (je suis d'ailleurs en arrêt depuis 15 jours), que ma mère me gave avec ses réflexions de merde, que je dois gérer toute seule mes rendez-vous médicaux et ceux d'Alice sur mon seul jour de repos hebdomadaire en essayant de ne pas trop lui faire louper l'école (ORL, kiné, psy, audioprothésiste, ophtalmo, dermato, ergothérapeute et bientôt orthophoniste... B. bosse du lundi au vendredi et je ne peux pas prendre d'heures sur mon boulot vu la connerie de mon patron, donc démerde-toi Barbara).... bref je suis au bord du burn-out et j'ai clairement besoin d'aide au moins pour calmer Alice.

Par contre en-dehors des crises c'est une petite fille calme, câline, qui obéit et tout... C'est comme si elle était double :S

 La première chose que j'ai remarquée en entrant dans le cabinet de la psy, c'est la boîte de mouchoirs. Le cabinet se divise en deux parties : la première avec son bureau et un fauteuil (pour les consultations adultes je suppose) et la seconde partie avec une table, plusieurs fauteuils et des jouets (pour les consultations enfants). Nous nous sommes donc installées là. J'ai halluciné de voir comment Alice répondait bien aux questions ; j'avais l'impression qu'elle avait grandi d'un coup. Elle lui a dit qu'elle avait un frère, qu'il avait 5 ans et qu'elle ne savait pas comment il s'appelait. Elle n'a pas su lui dire comment s'appelaient ses copains d'école, et je pense que c'est tout ça qui a commencé à fissurer ma carapace : quand j'ai expliqué à la psy que B. avait deux enfants d'un premier mariage qu'Alice ne connaissait pas, je me suis effondrée. Plus je pleurais plus ça coulait ; ça m'énervait de pleurer devant Alice, surtout pour deux grands machins mutiques que B. a comparés à Alice en les faisant passer pour des anges sages et elle pour une petite fille colérique et insupportable, mais une fois les vannes ouvertes c'est très compliqué pour moi de les refermer.

La psy a expliqué à Alice que je ne pleurais pas à cause d'elle. Alice est venue sur mes genoux et m'a fait un câlin en me disant « Ca va aller » à voix basse (j'ai les larmes aux yeux rien que de l'écrire, damn).

La psy m'a dit que quand il y a des sujets tabous ou des zones floues dans la vie d'un enfant, ce dernier va combler les blancs, parfois en s'inventant une histoire encore plus grave que la réalité. J'ai donc compris qu'il faut absolument que B. lui parle de ses frère et sœur (ça me fait bien mal au cul de les appeler comme ça vu qu'elle ne les verra jamais et qu'ils n'en ont rien à battre d'elle, mais bon d'un point de vue technique ils sont frère et sœurs) ; et de mon côté il va falloir que je lui parle de mon père. Putain ça va être dur :'-(((

 Sinon elle a observé le comportement d'Alice et m'a dit que son agressivité peut être liée à sa surdité ; les enfants sourds ou malentendants sont souvent plus énervés et/ou impatients que les entendants, car ils ont un handicap à compenser. Alice porte un appareil auditif depuis 1 mois, elle entend donc des sons qu'elle n'entendait pas depuis 3 ans et demi ce qui peut être une source de stress. La psy a constaté qu'elle coupait souvent la parole et qu'elle levait les yeux au ciel quand un mot avait du mal à sortir (elle bégaye et s'énerve parfois à cause de ça depuis cet été). Elle m'a donc conseillé de retourner voir l'orthophoniste. Elle aimerait que B. soit présent lors d'une prochaine séance ; vu ses disponibilités ça va être compliqué m'enfin on va essayer... « Vous faites des consultations le dimanche ?? »

Cet après-midi Alice m'a demandé « pourquoi tu as pleuré chez la dame ? » ; j'ai essayé de le lui expliquer posément, sans pleurer. Les yeux ont un peu piqué mais j'ai tenu bon. Je me suis rendue compte d'un truc : quand je pleure chez un professionnel de santé en discutant, c'est plutôt bon signe, cela signifie que je me sens en confiance. Chez mon médecin traitant, j'ai pleuré. Chez l'hypnothérapeute, j'ai pleuré. Chez la psy d'Alice, j'ai pleuré. Or ce sont des personnes que j'ai senties bienveillantes et prêtes à m'aider. En revanche, chez les deux psychologues que j'ai consultées pour moi (l'une pour les tests de QI / TSA, l'autre pour travailler sur mon anxiété), j'ai évoqué l'alcoolisme de ma mère avec un ton détaché. Or ce sont des personnes à qui je n'avais vraiment aucune envie de me confier. J'ai donc bien fait d'arrêter les séances chez la deuxième psy ; elle était très gentille mais elle ne me convenait pas. Et à cinquante balles la séance non remboursée, ça fait cher la thérapie inutile. Il faut donc que je me mette en quête d'une psy chez qui je vais vider le paquet de Kleenex, même si je n'aime pas ça.

On retourne voir la psy d'Alice la semaine prochaine; j'aimerais travailler sur les séparations difficiles au coucher et à la garderie car cela devient très compliqué à gérer et je ne sais plus comment la rassurer. Je pense qu'au final B. et moi allons être autant analysés que notre fille. ^^

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4 mars 2018

Mon (mes ?) secret(s)

Petite intro : Alors déjà, je vous préviens que cet article est long comme un jour sans pain (coucou l'Averse qui aime cette expression). Je pensais que j'allais mettre 10 ans à pondre cet article ; je viens de l'écrire quasiment d'une traite (bon il est plus d'une heure du matin mais qu'importe). Je vous livre là ce que j'ai de plus intime ; des choses que personne ne sait, absolument personne. Pas même mon mec qui vit avec moi. Parce qu'il y a des choses qui sont plus faciles à balancer sur la Toile qu'à la maison. Si je le fais un jour, ce sera un véritable coming out. Vous allez certainement me voir différemment après avoir lu tout ceci (enfin si vous allez jusqu'au bout du pavé). Je m'excuse d'avance si je me répète par moments ou si le récit est décousu, mais j'ai écrit (presque) sans réfléchir.

 

Il existe une photo de moi petite, prise dans le jardin de mes grands-parents. Je dois avoir 18 mois. Je souris, mais pas à la personne qui me prend en photo. Je souris en regardant le ciel. Ma mère a fait agrandir cette photo, et l'a accrochée sur un mur du couloir dans son ancien appartement. Elle y restée pendant 25 ans. Elle m'a dit un jour, à propos de cette photo : "Tu communiquais avec quelqu'un qui n'était pas là".

 

Un autre jour, elle m'a vue me taper la tête contre le matelas de mon lit, et elle s'est dit : "Merde, elle est autiste". Cela ne s'est produit qu'une seule fois.

 

J'ai marché, parlé et été propre à un âge "normal". J'ai su lire et écrire plus vite que les autres. Sur les photos, je souriais comme n'importe quel enfant. En revanche, j'étais timide, rêveuse et assez solitaire. J'avais toujours une copine à l'école, mais une seule. Etant fille unique et très seule à la maison (pas de père, une mère qui faisait des horaires de merde pour me nourrir, et des grands-parents pas très démonstratifs), cela ne paraissait pas étonnant. La maison était pleine d'objets anciens (ma grand-mère collectionnait les poupées en porcelaine et les antiquités) ; le soir je devais aller me coucher seule à l'étage et l'escalier en marbre plongé dans le noir me faisait peur. Alors je chantais pour me donner du courage.

 

J'ai eu des horribles terreurs nocturnes. Je vomissais quasiment toutes les nuits. J'étais vraiment très anxieuse, profondément angoissée.

J'ai commencé à avoir mes premières lubies : je lisais le dictionnaire et je rigolais (je ne m'en souviens pas). Puis ce fut les lignes de bus de ma ville. Puis les feux tricolores. Il y avait des feux sur portique qui clignotaient orange dans la ville d'à côté ; je demandais pourquoi certains clignotaient au milieu et d'autres en bas. Un jour ma mère m'a dit : "Tu me soûles avec tes feux".

Je mangeais toujours les gâteaux par deux ; il était hors de question d'en manger trois. Il fallait que ça tombe juste.

 

CE1. Après une école maternelle de merde où les insitutrices brutalisaient les enfants et où je me faisais harceler (seul rayon de soleil : ce jour où, avec une fille de ma classe, on a couru l'une vers l'autre dans la cour de récréation et où on s'est jeté l'une dans les bras de l'autre), je me suis retrouvée dans une très bonne école primaire. Ma meilleure copine était une fille dont les parents étaient divorcés, comme moi. Il y avait une jeune femme qui donnait des cours de peinture sur soie, Nicole. Je la trouvais tellement belle. D'ailleurs j'ai un jour déclaré à ma mère : "J'aime Nicole". Pendant toute la primaire, j'ai espéré qu'elle revienne donner ses cours, mais elle n'est jamais revenue.

 

A la fin de la primaire, mon père a commencé à me prendre chez lui un week-end sur deux, et ma mère a commencé à boire de façon pathologique. J'ai commencé à prendre du poids et à essuyer des moqueries. Pas de bol, je ne grossissais que du bas. J'avais une copine qui était gentille avec moi, mais je n'arrivais pas à accueillir cette gentillesse. Alors j'avais des réactions méchantes. Je lui parlais mal et je lui tapais la tête. Je pleurais souvent, je me sentais nulle.

Il y avait cette fille, Elodie, qui me fascinait. Je rêvais d'être son amie, mais elle était inaccessible car tout le monde l'adorait. Je lui ai écrit une lettre un jour ; j'avais écrit "personnel et confidentiel" sur l'enveloppe. Elle ne m'en a jamais parlé, mais elle est venue discuter avec moi. Ca a duré deux jours, et puis elle est repartie avec sa copine Adeline, une connasse avec une tête de hamster que j'ai revue vingt ans plus tard complètement par hasard et qui était toujours aussi bête.

 

Je me suis mise à ramasser les paquets de cigarettes vides dans la rue. C'est hallucinant le nombre de paquets de clopes que les gens jettent par terre. Je me suis constitué une véritable collection : Marlboro rouges et light, Camel de toutes les couleurs, cigarettes au menthol, Royal Pêche Abricot, Gauloises Caporal... Ma cousine m'aidait. J'ai exposé fièrement mes trophées sur l'étagère de ma chambre, puis je les ai reproduits sur une feuille de papier avec des prix en-dessous. J'avais mon propre bureau de tabac, j'étais fière. Ma mère trouvait ça dégueulasse.

 

Scolairement, j'avais des capacités. J'étais excellente en français ; jamais une seule faute d'orthographe ; à tel point que j'ai été citée en exemple par mon instit de CM1. J'aime la langue française, je la trouve tellement belle, tellement noble. Les fautes d'orthographe me font horreur ; j'en suis malade quand je vois des fautes sur un document notarié ou même dans un livre :-S Je suis persuadée que l'orthographe parfaite disparaîtra un jour. Et ça me tue.

En revanche, je suis totalement hermétique aux maths. Pourtant j'ai essayé. Mais rien à faire. J'ai passé 15 ans à souffrir ; le feu d'artifice final a été mon 4/20 en maths au bac.

Le dessin, pareil. Je suis la pire dessinatrice de la Terre entière. Je ne sais RIEN dessiner, pas même un pied. RIEN. Mes camarades de classe voyaient le cours d'arts plastiques comme une détente ; moi je voyais ça comme une torture. Ma prof d'arts plastiques de 3ème avait pitié de moi, elle était gentille. Elle me mettait 14 pour me faire plaisir.

 

Ne parlons pas du sport, où ma maladresse couplée à mes rondeurs disgracieuses ont fait de moi la plus mauvaise élève d'EPS qu'on ait jamais vue. Je me regardais dans la glace et je me trouvais horrible. Je me disais que jamais un garçon ne s'intéresserait à moi. Jamais. D'ailleurs ils se chargeaient bien de me le rappeler chaque jour, avec leurs cris de cochon et leurs bruits de flatulence quand je passais près d'eux. Mon pire cauchemar ? La gym aux agrès. Ca m'a hantée jusqu'en terminale.

 

Paradoxe rigolo (ou pas) : j'adore les chiffres. Je suis une brèle en maths mais j'adore les chiffres. J'ai très tôt développé une fascination pour les dates. Je me souviens encore des dates de naissance et de mort de Gabriel Fauré, inscrites sur la plaque de la rue où vivaient mes grands-parents (1845-1924). J'ai toujours retenu TOUTES les dates d'anniversaire, tous les numéros de téléphone. Je me souviens encore des indicatifs qui suivaient le "99" sur les numéros de téléphone à 8 chiffres et qui indiquaient d'où provenait l'appel : 79 pour le centre ville de Rennes, 81 ou 82 pour Saint Malo, 46 pour Dinard... Aujourd'hui encore, ma collègue hallucine quand le téléphone sonne et que je lui sors : "Tiens, 83 c'est soit untel soit untel".

 

Le collège, où le harcèlement scolaire a été le plus fort, a paradoxalement été merveilleux pour moi. Parce que je m'évadais dans ma tête. J'allais mal, mais je m'allongeais dans mon lit avec ma musique et là j'étais bien. J'étais populaire. Tout le monde m'aimait. Et je souriais.

M'évader je n'avais pas le choix, puisque ma mère buvait et que mon père me disait que j'étais grosse, moche et nulle. Ils m'ont tous les deux laissée tomber, chacun à leur façon. Il n'y avait personne pour me valoriser, mais à l'époque je ne pensais pas que des parents pouvaient valoriser leurs enfants. Je croyais juste que j'étais plus sensible que les autres. Trop sensible.

 

Et puis j'ai grandi. J'ai mis beaucoup plus de temps que les autres à faire les choses : premier petit boulot à 21 ans, permis de conduire à 23 ans. Première fois avec un homme à 23 ans aussi... c'était B. J'y arrivais, mais je galérais. Je me forçais à sortir le soir, dans les bars ou en boîte, mais je n'étais pas à l'aise. Je me sentais comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. L'atmosphère de la nuit était agressive, dangereuse. J'avais peur de mourir. J'avais juste envie de rentrer chez moi, retrouver mes livres, ma musique et mon ordinateur.

Mes études ont été en dents de scie également ; je sabordais tout ce que j'entreprenais à cause de la relation de co-dépendance que j'avais avec ma mère. Au fil des années, j'étais devenue la mère de ma mère et c'était horriblement étouffant. Je ne savais pas comment de dépêtrer de tout ça pour juste être COMME TOUT LE MONDE.

 

J'y suis arrivée. A avoir une vie "normale" : un boulot stable, un compagnon, un enfant... J'ai mis presque 33 ans.

 

Depuis toutes ces années, je m'auto-analyse. Régulièrement, un noeud se défait, deux pièces de puzzle s'assemblent. Mais il y a encore des zones d'ombre, et je pense qu'il me faudra une vie entière pour tout comprendre.

J'avais déjà entendu parler des troubles "dys" : dyspraxie, dyscalculie, dyslexie... Et puis j'ai vu des personnes atteintes du syndrome d'Asperger témoigner, dire qu'elles se sentaient agressées par un son, une lumière... Je les écoutais et j'étais fascinée. Je me suis demandée si je n'étais pas comme elles.

 

Ce que je vais vous dire, je ne l'ai jamais dit à personne. J'ai peur de passer pour une folle, et j'ai une trouille bleue que ces mots sortent de ma bouche ; et pourtant il va falloir que je les prononce un jour :

j'associe certains mots avec une couleur, voire un goût ou une odeur. C'est lié soit à un souvenir, soit à une sonorité voisine. Certains mots me dégoûtent, genre "cinq" ou "soixante". Ces mots puent. Je parle très souvent toute seule ; je fais attention parce que quelqu'un m'a déjà vue parler toute seule dans la rue et j'ai cru qu'il allait appeler une ambulance. Quelquefois (souvent, même), un mot me vient à l'esprit ; je suis dans ma voiture par exemple. Et bien je vais dire plusieurs fois le mot à voix haute. Comme ça, pour le fun. Parce que je ne peux pas m'en empêcher. Pendant des années et des années j'ai compté les syllabes quand les gens parlaient. Avec deux index et deux pouces et il fallait que ça tombe juste pour que j'arrête. Depuis toute petite, il m'arrive de penser à un mot ou un chiffre et de l'écrire avec mon doigt, dans le vide. Je crois que B. m'a déjà grillée à le faire d'ailleurs.

 

J'ai beaucoup de mal à parler. Si je me concentre, je parle très bien. Avec un débit de mitraillette, mais ça je n'y peux rien. Si je ne me concentre pas ou que je suis fatiguée, les mots se bousculent à la sortie de ma bouche et j'ai l'air d'une grosse débile. Je sais qu'il y a des gens qui se moquent de moi à cause de ça. Ma mère m'a déjà dit : "Tu mâches tes mots, tu bouffes des syllabes". Je lui ai répondu "Mais je t'emmerde !!!". Je voue une admiration sans bornes aux personnes ayant une belle élocution. Pourtant j'adore parler en public. Coucou le paradoxe (bis)...

 

Toutes ces réflexions ont fini par m'amener à ceci : je pense être atteinte d'un trouble autistique.

 

Voilà, c'est dit. Un trouble autistique avec option "sociabilité", mais un trouble autistique quand même. Cela expliquerait tout : le sourire au ciel quand j'avais 18 mois, ces tocs bizarres, le fait que je me sente très mal à l'aise avec certaines personnes alors que je suis très à l'aise avec d'autres ; le harcèlement scolaire parce que j'étais "différente", mes lubies étranges comme apprendre par coeur le plan de Rennes ou les départements français et leurs préfectures, cette solitude extrême, le fait de répéter les mêmes choses sans m'en rendre compte, ma phobie des soirées mondaines, mon problème d'empathie extrême quand il ne faut pas, mon nombre d'amis très réduit, etc etc..... Depuis quelques jours cela s'impose comme une évidence. J'ai fait deux tests sur internet ; mon score crève le plafond (bon, il est bien précisé dessus qu'ils ne remplacent pas un diagnostic).

 

J'ai lu un article sur un jeune homme breton qui a été diagnostiqué Asperger par l'hôpital de Brest et qui se sentait mieux depuis. J'ai donc contacté l'hôpital de Brest pour me faire diagnostiquer. Trois ENORMES difficultés se trouvent devant moi :

 

****Il faut un certificat du médecin. J'ai confiance en mon médecin. Je lui ai parlé de mes infections vaginales et de mes hémorroïdes. Elle m'a déjà fait des palpations mammaires. Elle m'a vue en mode paquet de morve quand je pleurais sur son bureau à cause de ma mère. Je sais que c'est quelqu'un de bien, elle me l'a déjà montré.

MAIS. Bizarrement, dire "j'ai une mycose à la chatte" est beaucoup plus facile que dire "je pense avoir un trouble autistique". J'ai peur de chialer (putain je dis tout le temps ça), de mal parler... Le problème, c'est que quand on ne me connaît pas, j'ai l'air normale. Elle va me regarder comme une timbrée en me disant : "Mais n'importe nawak, tu as une vie normale ! Les autistes ils sont asociaux, ils se tapent la tête contre les murs... Toi tu as un mari et une fille, un travail... Autiste, ha ha ha ha elle est bien bonne celle-là. Allez, remballe ton dossier et je vais prendre ta tension".

Vous noterez que je sors le gros cliché pourri de l'autiste qui se tape la tête contre les murs, ce qui n'est pas sympa pour elle d'ailleurs car elle est compétente et c'est évident qu'elle n'a pas cette vision étriquée de l'autisme.

Alors elle va peut-être me demander de lui donner des détails sur le pourquoi je pense être autiste. Et là... ça va être compliqué. Parce que tout ce que je vous balance là, c'est facile à écrire à des gens qu'on ne connaît pas ou peu. Mais à quelqu'un qui me connaît en vrai, et a fortiori mon médecin, putain que ça va être dur. Je ne sais pas si j'en serai capable. J'ai tellement peur qu'elle me prenne pour une demeurée :-S

 

****Leur questionnaire est vraiment trop réducteur... Les questions sont du style "vivez-vous seul?" "Etes-vous en invalidité ?" Super, donc autiste = forcément travailleur handicapé qui vit chez papa et maman à 44 ans ? Si c'est leurs critères pour accepter un diagnostic, autant dire que je n'ai aucune chance... Il y a un endroit, en bas du questionnaire où on peut exprimer librement nos attentes et nos inquiétudes ; autant dire que là je vais devoir mettre le putain de paquet pour convaincre.

 

****Ils m'ont gentiment indiqué que leurs délais pour un diagnostic était de PLUS DE TROIS ANS.

 

Voilà voilà... C'est pire qu'un concours. J'ai fait un pas en avant ; reste à savoir si j'arriverai à continuer. Le plus difficile reste à faire.

 

Sans transition :

 

J'ai fini par écrire le petit mot de remerciement pour l'hépatologue de ma mère. J'ai suivi les conseils de l'Averse : je l'ai jouée soft, sur une feuille format A4. J'ai écrit quelque chose de simple et de concis, avec une écriture appliquée (habituellement j'écris très mal). Je pense que c'est bien ; j'ai juste triché sur internet pour la formule de politesse car je ne me voyais pas conclure par un lapidaire "cordialement".

Finalement je n'ai pas précisé que je ne voulais pas qu'elle parle de ce courrier à ma mère ; j'espère qu'elle ne le fera pas. En fait, je crois que j'ai peur que ma mère se foute de ma gueule si elle l'apprend. Et ça me fatigue de me justifier. J'avais envie de la remercier, je l'ai remerciée, voilà...

 

Je n'attends pas de réponse ; en même temps ça ferait bizarre qu'elle me remercie pour mes remerciements. J'espère juste qu'elle sera touchée et qu'elle se dira qu'elle a vraiment eu raison de se battre pour le dossier de ma mère. Je ne suis pas dans la peau d'un médecin, mais j'imagine qu'ils doivent apprécier de recevoir un "merci" au milieu de l'immense stress quotidien de leur boulot. Je ne sais pas s'ils se rendent compte qu'ils sauvent VRAIMENT des vies.

25 mars 2020

Ils m'éneeeeervent

Bonjour chers lecteurs,

Je suis actuellement au boulot et j'écris sur Canalblog au lieu de travailler. Je sais ce n'est pas bien, mais je suis tellement démoralisée / dépitée / écoeurée par mon taff de merde ; mon boss et mes collègues (enfin une surtout) me gavent tellement, que je me prends une petite revanche en me disant que mon patron me paye actuellement à écrire sur mon blog. Vu ce que je subis depuis des mois, je pense que ce n'est pas trop cher payé.

Je crois que je vous avais déjà parlé de mes conditions de travail : un patron qui refuse de voir les parents des patients, qui m'ordonne de refouler les patients quand ils ont dix minutes de retard, qui fait durer les traitements des années et des années ; qui nous fait bosser tranquillou sur nos jours de repos quand il y a un jour férié à rattraper ; un secrétariat que je gère toute seule à 100 % depuis 1 an et demi ; des conflits que je ne supporte plus depuis un bout de temps... Tout ceci ajouté au coronavirus qui m'angoisse beaucoup ; bref je n'ai qu'une hâte : me barrer. Le problème c'est que je ne sais pas QUAND je vais me barrer. Octobre ? Décembre ? J'aimerais tellement que ce soit avril, mais bon il ne faut pas rêver...

Je suis surrmenée depuis presque un an. Les choses sont complètement parties en cacahuète fin 2019-début 2020 avec des remarques désobligeantes qui se sont multipliées à mon égard ; mon patron m'en a tellement mis plein la tête pendant une réunion que j'ai craqué et que AUCUNE de mes collègues ne m'a soutenue (je savais que le monde professionnel n'était pas le pays des Bisounours, mais je suis tout de même tombée de haut). Je me suis arrangée pour qu'il sache que je souhaitais faire une rupture conventionnelle ; il est d'accord sur le principe mais je suis obligée d'attendre qu'il daigne me "libérer"... Car financièrement je ne peux pas démissionner.

L'une de mes collègues, qui était la première à le traiter de "blaireau" quand elle bossait avec moi, semble désormais le trouver formidable... et ça donne du "Docteur" par-ci, du "Docteur" par là... Elle a la mémoire courte. Cette collègue est actuellement enceinte ; elle claironnait à qui voulait l'entendre qu'elle travaillerait jusqu'au bout, sauf qu'elle s'est empressée de se faire arrêter par sa sage-femme dès que l'occasion s'est présentée (je précise qu'elle se porte bien, qu'elle n'a aucune nausée ni aucune douleur ; sinon évidemment que je ne contesterais pas qu'elle se repose ; j'ai été enceinte aussi). Pour couronner le tout elle est du style "future maman guimauve", et vous savez que je n'aime pas la guimauve ^^ 

Last but not least, mon patron nous demande d'aller travailler, alors que lui est confiné chez lui, au fond de son jardin... Et le pire, c'est qu'il a eu le culot d'envoyer un SMS à ma collègue en se définissant comme "le commandant du navire" LOLILOL... Il laisse deux assistantes (dont moi) et son associée s'exposer au virus en recevant des patients pendant qu'il se dore la pilule sur sa terrasse, et il prétend gouverner son bateau ? Les rats quittent le navire oui !

Le seul qui a eu les couilles d'affronter mon patron, c'est B... Jamais je n'aurais cru cela de lui ! ^^ Lui qui est toujours très calme, qui n'a jamais un mot plus haut que l'autre, qui est même plutôt du genre à se faire marcher sur les pieds parce qu'il est trop gentil... Et bien il a dit à mon patron qu'il trouvait lamentable qu'il soit chez lui pendant que moi j'étais au boulot ; ils se sont violemment écharpés et mon patron a fini par lui raccrocher au nez. Putain j'étais soufflée :-) J'ai dit à B. que j'étais fière de lui, qu'il avait des cojones de taureau.

Que le mari de ma collègue Mylène en prenne donc de la graine ; lui qui fait de magnifiques discours par derrière mais qui n'a jamais eu (et n'aura jamais) le cran d'affronter directement le Minotaure. Voilà c'est mon mec qui l'a fait ! #fierté

BREF on se retrouve avec des dizaines et des dizaines de rendez-vous à annuler et à reporter ; je ne peux plus encadrer personne ici et je veux PARTIR. Je ne sais pas ce que je ferai après ; je vais ENCORE me retrouver en situation de précarité mais ma santé vaut plus que 1500 euros mensuels. Mes collègues acceptent de se faire traiter comme des chiens parce qu'elles ont leur baraque à payer ; perso ça me ferait bien mal au rectum de jouer à la paillasse pour rembourser mon crédit immobilier. Tant que je peux nourrir mon enfant, aucun salaire ne justifiera cela. Aucun.

Le confinement n'arrange rien, car j'ai une putain d'envie de serrer Myriam dans mes bras (elle m'a envoyé un très gentil message lundi ; rien d'ambigu ou quoi que soit mais le fait de ne pas pouvoir la voir accentue encore la frustration). Elle est à 1 kilomètre d'ici à peine... Bon cela dit, elle n'est peut-être pas seule chez elle. Je n'ai pas encore trouvé de moyen subtil pour lui demander si elle a quelqu'un dans sa vie, et si ce quelqu'un est du type mâle ou femelle.

Bref vivement l'automne (si on n'est pas tous cannés du corona) ; que je laisse mes collègues se démerder avec leur formidable Docteur, continuer à lui lécher le derrière en se faisant limite insulter ; au moins leur maison sera payée...

Bon sur ce, ça fait presque une heure que j'aurais dû commencer à bosser, je vais peut-être m'y mettre quand même.

EDIT : En fouillant dans des papiers je me suis rendue compte que l'une de mes collègues s'est empoché 700 euros de prime exceptionnelle en janvier, et l'autre s'est pris 200 euros en février en tant que "prime de fin de période d'essai"... je comprends mieux pourquoi elles acceptent tout... il les achète en fait :-S

 

 

25 avril 2020

Histoire(s) de prénoms

J'essaye de poster un article depuis mon téléphone ; je tape avec un seul doigt tel un flic au fond d'un commissariat ; je ne sais pas si les commentaires vont être ouverts mais bon je tente quand même 🙂 (par contre je vous préviens je ne ferai pas ça tous les jours ^^)

(après le confinement je vous posterai l'article sur ma troisième lecture pour le challenge des Dames en Noir ainsi que les livres que j'ai lus / que je continue à lire pendant le confinement. Les articles sont en cours de rédaction sur une clé USB et je n'ai AUCUNE envie de tout recopier sur mon téléphone en tapant avec un seul doigt).

Bref.

En tant que personne atteinte d'un syndrome d'Asperger, j'ai toujours eu des centres d'intérêt étranges (dans le jargon des psychologues on dit "centres d'intérêt spécifiques"). Il y a eu les drapeaux, les lignes de bus, l'annuaire téléphonique... j'ai récemment vérifié que le dernier nom des Pages Blanches de l'Ille et Vilaine était toujours Jacky Yzabel, résidant au Vivier sur Mer. Je m'en souvenais depuis 1992. 

(oui, je retiens des trucs qui ne servent à rien 😁)

(et oui, je possède toujours un annuaire papier)

(j'avais écrit une autre anecdote concernant les Pages Blanches, ma mémoire d'éléphant et comment le monde est fichtrement petit, mais en la relisant je l'ai trouvée trop... Asperger, vraiment trop barrée. Je vous en fais donc grâce).

(note pour plus tard : arrêter avec les parenthèses à outrance)

Bref je sais que mon cerveau fonctionne différemment, mais je vais essayer de ne pas être trop barbante. Si mes lubies aspergesques m'ont plus ou moins passé en vieillissant, j'ai tout de même gardé quelques marottes excentriques. Les prénoms, par exemple. Je suis intarissable sur le sujet.

J'ai longtemps souffert d'avoir un prénom original. Un prénom qui fait tiquer les gens quand je décline mon identité. Un prénom tellement rare que personne ne l'a jamais entendu nulle part avant de me rencontrer. Au-delà des jeux de mots pourris qu'on m'a servis 800 fois et de LA question qu'on m'a posée 3 milliards de fois "c'est de quelle origine ???", je vivais très mal le fait de me faire remarquer. Juste ça. A 5 ans, on veut être comme les autres, s'habiller comme les autres et s'appeler comme les autres. On n'a pas envie de répondre à des questions pourries sur une origine de prénom dont on ne sait rien du tout. Déjà que j'étais bougrement grande, il fallait en plus que je coltine un blase qui n'existait pas et les mêmes sempiternelles questions vingt fois par jour. Je me suis toujours dit que ma mère m'avait donné ce prénom pour se faire remarquer ELLE, pour se détacher du lot parce qu'elle ne supportait pas de faire comme tout le monde. Et cela me mettait dans une colère terrible car j'avais l'impression d'avoir été utilisée.

Bref.

J'ai fini par accepter mon prénom à 18 ans. Puisque j'avais vécu avec jusqu'à ma majorité, j'allais devoir réussir à survivre durant le reste de ma vie. Il m'arrive encore de devoir subir des "Oh, c'est original comme prénom !" SANS  DECONNER  J'AVAIS  PAS  REMARQUÉ, mais dans ces cas-là je laisse couler et je ne dis rien. Et pour les "c'est de quelle origine ?", je réponds que je ne sais pas, comme ça c'est réglé.

Depuis 8 ans, je travaille dans le médical ; je vois donc défiler des patients toute la journée. J'adore catégoriser les prénoms des enfants, surtout quand il s'agit d'une même fratrie : par exemple une catégorie "prénoms de nos parents" (Eric, Luc, Fabienne, Jean-Marc, Véronique) ; une catégorie très vieux prénoms (Henri, Joseph) ; une catégorie "le Y qui ne sert à rien" (Lyse, Tyno) ; une catégorie "tous mes enfants commencent par la même initiale" (Mélodie, Marc, Maryline, Michael, Maurice) ; une catégorie prénoms trop bizarres (Jean-Merveille, Caline, Ideme, Prince-Eliott).....

(tous ces prénoms sont véridiques...)

Bref il y en a plein d'autres ; je pourrais y passer des heures. Je crois que j'aurais pu faire une thèse sur les prénoms que les parents donnent à leurs enfants. Je trouve que le choix d'un prénom donne énormément d'informations sur la famille ; sur le milieu social évidemment mais pas uniquement. Perso le choix du prénom de ma fille s'est fait selon une multitude de critères. Il n'y aurait eu que moi elle se serait appelée Manon, mais B. trouvait que cela ressemblait trop au prénom de sa fille aînée. Et quand j'y réfléchis, le prénom Alice est un très bon résumé de ma personnalité, de mon histoire et de mes goûts personnels. 

(et accessoirement c'est le seul prénom que B. et moi aimions tous les deux)

Cela n'aura échappé à personne ; depuis quelques années la mode est aux prénoms inventés et aux orthographes improbables. Personnellement j'ai horreur de ces néo-prénoms tels que Tyméo, Ylenzo et autres Manutéo. A un moment donné, trop d'originalité tue l'originalité. Et puis très franchement, est ce que les parents réfléchissent quelquefois au fait que leur gamin va galérer à trouver du boulot avec un prénom pareil sur son CV ?

Le truc drôle, c'est que la plupart du temps, les parents se foulent la chatte pour inventer un prénom à leur enfant, tout ça pour lui affubler des deuxièmes et troisièmes prénoms qui datent de l'époque de Charlemagne. J'en veux pour preuve cette anecdote qui m'est arrivée il y a quelques jours :

J'étais à l'aire de jeux avec Alice (dans le cadre légal je précise); une autre petite fille s'amusait sur le toboggan. Cette pauvre enfant s'appelait Cloélia ; quand j'ai entendu sa mère l'appeler j'ai immédiatement pensé à Cloaca, la machine qui fait caca et j'ai dû me retourner pour masquer mes épaules qui tremblaient à cause du fou rire.

Bref à un moment donné, Cloélia s'est mise à balancer des cailloux du haut du toboggan, ce qui n'a pas du tout plu à sa mère. Pour manifester son mécontentement, cette dernière a décliné l'identité complète de son enfant en haussant la voix: "CLOÉLIA GISÈLE CATHERINE GUILLARD VEUX TU ARRÊTER DE JETER DES CAILLOUX ????"

Cloélia Gisèle Catherine. 

Hum hum.

Donc en fait tu as cherché pendant deux ans un prénom qui ne ressemblait à aucun autre pour briller à travers ta fille, pour au final lui accoler les prénoms de ses arrières grand-mères 🤔... cela me laisse quelque peu perplexe... je me suis imaginé les futurs frères et soeurs de Cloélia : Tylian Robert Gustave. Alyzéa Liliane Xavière. Et je suis repartie en fou rire.

Bon vous allez me dire que chacun appelle son enfant comme il veut, et de quoi je me mêle d'abord. Et vous n'aurez pas tort. Reste que je pense que ces enfants payeront plus tard la bêtise de leurs parents 😐

Pour conclure, un article que je trouve à mourir de rire sur le thème des prénoms : 

http://prenomsdebeaufs.blogspot.com/2008/11/prnoms-de-beaufs.html?m=1

Bonne lecture !

26 octobre 2017

J'ai testé pour vous...

Me mettre au sport... Parce que j'ai pas le choix en fait :p

Je vous replante le décor : le sport et moi, on n'est pas copains. J'ai un physique totalement anti-sport ; je deviens rouge ketchup et je crache mes poumons dès que je fais le moindre effort physique. Il y a quelques mois, je me suis pété les deux pieds en courant 500 mètres. A l'école, les cours de sport étaient ma hantise : je ne savais pas courir, j'étais disgracieuse même en ramassant une balle. Je suis nazebrock en gym (je crois que j'ai le record du monde de la note la plus basse). Je ne sais pas faire la roue, ni l'équilibre ; je conchie le saut de mouton. J'étais toujours la dernière choisie pour les équipes de sport collectif. Seul le basket allait à peu près car je suis très grande, et le handball j'aimais bien (mais ils me collaient toujours dans les buts, les cons).

Je m'étais inscrite avec une copine dans une salle de sport il y a... dix ans putain. Je n'ai pas été très assidue, j'avoue... Aujourd'hui, je n'ai plus le choix : il me reste 25 fucking kilos à perdre (quinze de ma grossesse et dix en trop que j'avais déjà d'avance). Je me sens énorme et je ne reconnais plus mon corps. Si je ne mesurais pas 1,80 m, je serais obèse. L'horreur....

BREF un beau jour sur Facebook, je vois une personne que je connais qui parle de la Training Academy. Je vais voir, et là j'hallucine en voyant les photos avant/après... Les gens fondent littéralement, et passent de la Mère Denis à Cindy Crawford. En quelques semaines seulement. POUR DE VRAI JE VOUS JURE.

(oui, seules les personnes de plus de 50 ans connaissent la Mère Denis. Et j'en ai 33. Meh.)

Je prends donc contact avec la Training Academy par mail ; la fille me pose quelques questions sur mes objectifs, mes attentes blablabla, puis me convie à une réunion d'information. Je dis banco.

J'arrive donc le jeudi soir à la fameuse réunion, la fleur au fusil et un peu à la bourre. Je pensais qu'on allait être 20 personnes... GROSSE ERREUR.

On était au moins 200 personnes :-S Dont certaines, franchement, n'avaient pas besoin de maigrir... On aurait cru une conférence Weight Watchers à Paris avec Amel Bent en guest star, alors qu'on était juste dans une zone industrielle en périphérie de Rennes. Putain, c'est là qu'on se rend compte de la portée de Facebook.

Je me suis dit : "OK, donc en fait on passe un casting, là ?" J'ai regardé les murs de la salle : une tapisserie entière d'anciens challengers avec les photos avant et après ; un dessin géant de Wonderwoman avec la phrase "Fais du reste de ta vie le meilleur de ta vie".

Deux anciens challengers sont venus témoigner ; ils balançaient des petites vannes et tout le monde riait. Quand ils disaient "j'ai perdu 15 kilos", il y avait toujours quelqu'un pour lancer un "bravo" et déclencher les applaudissements. Là déjà, je me suis cru dans une secte.

Ensuite, la coach nous a expliqué les modalités du challenge : verser une certaine somme d'argent qui est remboursée si on réussit le challenge (la politique de la carotte et du bâton) ; les séances très intensives (coaching à l'américaine avec des alternances de 20 secondes très intensives puis 10 secondes de relâchement). Elle a indiqué qu'il allait falloir changer nos habitudes alimentaires (avec une liste d'aliments à respecter scrupuleusement). 

Enfin, elle a précisé que les personnes acceptées dans le challenge devraient obligatoirement changer leur photo de profil Facebook et mettre à la place "Je fais le challenge -7 kilos en six semaines" ; se géolocaliser à la Training Academy sur Facebook à chaque séance, et badger sous peine d'être disqualifié. 

"Si l'une des règles vous pose problème, ne vous inscrivez pas !" a-t-elle martelé. J'ai donc suivi son conseil et je ne me suis pas inscrite :p Le côté show à l'américaine, demande pour être accepté dans le challenge et fliquage à l'extrême (pourquoi pas nous demander de mettre des culottes à leur effigie sans déconner ???) m'ont clairement dérangée.

Par contre, ça m'a remotivée pour m'inscrire dans une salle de sport classique ; ce que j'ai fait le lendemain matin. Je me suis mise au vélo elliptique et aux cours de musculation, et je peux vous dire que j'en chie. Je fais toujours 20 kilos de trop ; j'espère au moins en perdre cinq d'ci la fin de l'année. Je ne manquerai pas de vous raconter mes (més)aventures à la salle de sport. 

A suivre !

30 juillet 2016

Cet endroit où je n'ai pas envie de retourner

Depuis qu'on habite dans notre appartement actuel (presque 6 mois), B. et moi avons l'habitude de nous balader souvent au même endroit. Un site au bord de la Vilaine, avec un moulin, plusieurs ecluses et une promenade sympa à faire.

Aujourd'hui, pour changer un peu, on a décidé d'aller en bord de Vilaine, mais 15 kilomètres en amont.

Quand on est arrivés là bas, il y avait également un moulin et une écluse. Le parking était plein à cause du restaurant. C'était beaucoup plus fréquenté que notre portion de fleuve habituelle.

Sans réussir à mettre des mots dessus, je crois que dès le début je n'ai pas aimé cet endroit. Je le trouvais trop sauvage, trop inquiétant. Contrairement à d'habitude, les gens qu'on croisait ne disaient pas bonjour. Les falaises me faisaient peur. Les cyclistes ont tiré une tête de 3 mètres de long quand je les ai croisés sur le pont où passent les trains. Je trouvais le site moche, inamical et les promeneurs hostiles. J'avais envie de me casser.

Sur le chemin du retour, B. m'a montré les falaises: il y avait des personnes assises en haut. On a fait quelques mètres.

Tout à coup, j'ai entendu B. dire: "Eh, connard!". Je me suis rendue compte que les personnes assises tout en haut des falaises étaient des adolescents, et qu'ils étaient en train de nous insulter. Je ne sais pas ce que B. a entendu, mais moi j'ai eu droit à: "Toi avec le t-shirt rouge, t'es une salope !"

Au-delà de la gratuité de l'agression, ce qui m'a choquée c'est qu'ils étaient en haut des falaises, très loin, et qu'ils hurlaient si fort que j'ai parfaitement entendu leurs insultes.

Je suis très choquée, comme si on m'avait agressée physiquement. Je ne l'ai dit à personne car j'ai peur qu'on trouve ça ridicule. Ce ne sont "que" des insultes, ce ne sont que des ados et je me suis déjà fait insulter plein de fois. Mais là, j'ai eu le pressentiment qu'il allait se passer quelque chose.

J'ai effacé les photos que j'avais prises et je ne veux jamais retourner dans cet endroit. Mais je ne sais pas comment le dire à B...

16 janvier 2021

Violence(s) Partie 4-1

Bon et bien voilà, quasiment un an après avoir écrit la troisième partie de ma série d'articles consacrée à la violence, je m'attaque enfin à la quatrième et dernière partie. Cette partie me trotte dans la tête depuis un bout de temps ; j'essaie de dessiner mentalement un plan pour structurer tout ça. Mais la tâche va être ardue. Très ardue. Je vais beaucoup pleurer. Je vais beaucoup effacer et réécrire. Je vais beaucoup culpabiliser. J'ai l'impression de m'attaquer à un Everest rédactionnel, et pourtant je ne suis pas au niveau de l'Averse avec ses écrits sur son père.

J'ai tenu à faire une introduction à cette quatrième partie pour plusieurs raisons. La première, c'est que cette partie va être très longue. Je n'ai pas encore commencé à la rédiger mais je sais déjà que cela va être long. Comme je n'ai pas envie d'asphyxier mes lecteurs, je ne me voyais pas vous balancer tout le truc tel un roman fleuve. La seconde raison de cette introduction, c'est un avertissement : vous allez lire des propos qui risquent de vous choquer. Le genre de propos qu'on ne tient pas sur sa mère quand on est normal avec des parents normaux. Des propos que j'ai sortis une fois à B. et qui en a été absolument horrifié (bon cela dit, il ne comprend pas pourquoi j'ai coupé les ponts avec mon père... c'est vrai, on se demande bien pourquoi je ne veux plus jamais revoir ce gentil papa... LOL). Je vous demande donc d'essayer de ne pas me juger ; d'essayer d'adopter mon angle de vision lorsque vous lirez, même si j'admets volontiers que cela n'est pas facile.

Quand j'étais au collège, mon prof d'anglais nous avait expliqué le prétérit avec une formule que je n'ai jamais oubliée : « Passé, daté, terminé » ; ce qui différenciait ce mode avec les have, les have been et les have been being ta mère auxquels je n'ai jamais rien compris. Mes trois premiers articles n'ont pas été trop compliqués à écrire car on peut les comparer à un verbe du prétérit : ils concernent des événements passés, datés et terminés ; et même si les violences de mon père, de mes institutrices de maternelle et de mes camarades de classe ont laissé de lourdes séquelles émotionnelles avec lesquelles je dois composer depuis bientôt 37 ans, elles sont derrière moi.

Mais pas ma mère. Ma mère est en vie, je lui téléphone tous les jours et je vais la voir une fois par semaine. Rien n'est ni passé, ni daté, ni terminé, et je pense que c'est cela qui me rend les choses si difficiles : elles sont vivantes. Notre relation est vivante, mon ressenti par rapport à ma mère est infiniment vivant et peut changer d'une minute à l'autre. Je n'ai aucune envie d'aller remuer la fange, je n'ai aucune envie de pleurer ou d'avoir envie de gerber en écrivant, je n'ai aucune envie d'aller faire coucou à cette putain de co-dépendance qui me colle à la peau et dont je n'arriverai jamais à me débarrasser je crois, mais je me dis que cela me sera forcément bénéfique. Je ne sais pas quand, ni comment ni pourquoi, mais cela me sera bénéfique.

Alors la big question est la suivante : comment structurer tout cela de manière pertinente ? Un article par idée générale ? Un récit chronologique ? Franchement, je ne sais pas quel est le mieux. Il y a quelques mois, j'aurais commencé par vous raconter l'enfance de ma mère et sa relation avec ses parents, mais aujourd'hui les choses ont changé. Aujourd'hui, ma mère a replongé la tête la première dans ses démons. Aujourd'hui, je suis dans un état de tension extrême où je me dis qu'elle peut mourir demain. Donc aujourd'hui, j'ai décidé de changer d'angle d'attaque (quand je vous disais que les choses n'étaient ni passées, ni datées ni terminées, on est en plein dedans).

 La première sous-partie de ce long récit sera donc consacrée à la situation actuelle qui commence à sentir sérieusement le roussi (je n'ose pas dire « le sapin »), mon ras le bol général et mon envie que ça se termine. Donc là, question propos qui choquent vous allez être servis :-) J'essaye de vous écrire ça la semaine prochaine.

 

25 janvier 2021

Violence(s) - Partie 4-2

Le sujet de cette partie est, comme pour les trois qui l'ont précédée, la violence. Je souhaite en effet parler de la violence de ma mère et des violences éducatives ordinaires (VEO). Mais il m'est impossible de parler de la violence de ma mère sans évoquer son alcoolisme, cette « personne » invisible avec qui nous avons formé un trouple pendant si longtemps. Parce que forcément, il y a des baffes qu'elle m'a données sous l'emprise de l'alcool. Forcément.

Officiellement, ma mère a été alcoolique de 1994 à 2017. Je dis « officiellement », parce qu'elle-même a du mal à situer une date de début. Elle a réalisé qu'il y avait un problème quand elle a commencé à calculer le nombre de bouteilles qu'il lui fallait pour le week-end, mais je ne pense pas que cette prise de conscience ait eu lieu au début. Est ce qu'on se rend compte tout de suite qu'on est drogué ? Je ne crois pas.

Elle est passée très près de la mort à deux reprises : en 2011 (j'aurai sûrement l'occasion d'en reparler) et en 2017. Là ça n'a plus été possible. Son foie, complètement bousillé par vingt ans d'alcool et de traitements contre l'hépatite C, était cirrhosé depuis belle lurette. Il se battait pour ne pas lâcher (je pense que ma mère était dotée du meilleur foie qui existe sur cette terre), mais il était en train de rendre les armes. Il ne fonctionnait plus qu'à 34 %. Ma mère avait le teint gris, les yeux jaunes et elle perdait la boule. Son addictologue s'apprêtait à la mettre en soins palliatifs. Quant à moi, j'arrivais également en bout de course. J'étais épuisée. Épuisée de ce stress permanent qui me grignotait le cerveau, le corps et tout le reste à force d'avoir peur de la retrouver morte chez elle, au milieu de sa merde et de son vomi. Je pleurais tout le temps. Ma mère occupait ma tête en permanence ; j'étais censée m'occuper d'Alice (qui était bébé) mais c'est elle qui prenait toute la place. Je me demandais ce que j'avais fait pour mériter ça. Je me demandais pourquoi j'étais une putain de fille unique obligée de gérer ça TOUTE SEULE.

J'ai alors fait quelque chose que je déteste faire : j'ai fait du chantage à ma mère. Je lui ai dit que si elle ne repartait pas en cure de sevrage tout de suite, je coupais les ponts définitivement. Malgré la gueule de bois, elle a compris que je ne plaisantais pas (couper les ponts je connais bien, puisque je n'ai pas vu mon père depuis 2003). Elle m'a rappelée 5 minutes plus tard en me disait qu'elle rentrait à l'hôpital le jour-même.

La condition sine qua non pour qu'elle ne meure pas, c'était la greffe de foie. Et la condition sine qua non pour bénéficier d'une greffe de foie, c'était d'être sobre depuis 6 mois minimum. Elle a donc arrêté de boire. Elle a tenu pour la greffe. C'était son Graal. Sans doute que quand l'envie la titillait de déboucher une bouteille, elle se raisonnait en pensant à la greffe. De mon côté, je n'y croyais pas. Je ne croyais pas qu'on pouvait greffer un foie à une ancienne alcoolique alors qu'il y avait si peu d'organes disponibles. D'ailleurs le médecin traitant de ma mère (qui est aussi le mien) m'a convoquée dans son bureau pour me dire la même chose : qu'il y avait très peu de chances pour que ma mère bénéficie d'une greffe au vu de ses antécédents. Je me suis effondrée. Je ne comprenais pas comment l'addictologue avait pu faire miroiter une greffe à quelqu'un qui ne tenait que pour ça. Je trouvais ça vraiment dégueulasse. J'ai supplié mon médecin de téléphoner au docteur attitré de ma mère, et pas à un confrère qui ne connaissait rien à son dossier. Je voulais entendre de la bouche de ce médecin-là qu'elle avait menti à une patiente qui lui faisait confiance depuis des années.

En fait, l'addictologue n'avait pas menti. Je ne sais pas ce qu'elle a raconté au comité de greffe pour les convaincre, mais ma mère a été greffée. Même avec ses antécédents d'alcoolisme. Même si elle avait 56 ans. Même si sa fille unique était adulte et pouvait se débrouiller toute seule. L'addictologue n'a pas rapporté ses arguments à ma mère, elle lui a juste dit : « je me suis battue pour votre dossier ». Tu m'étonnes qu'elle s'est battue. Quelque chose me dit que ce n'était pas gagné d'avance.

La greffe a métamorphosé ma mère. Elle s'est remise à marcher normalement. A parler normalement. Sa peau est redevenue beige. Même notre médecin traitant était bluffée par le changement. J'ai enfin pu la laisser prendre Alice dans ses bras sans avoir peur. J'ai enfin pu passer une soirée tranquille sans l'imaginer en train de faire un coma éthylique et de mourir toute seule chez elle. Un putain de poids en moins sur mes épaules, je peux vous dire.

Mais il m'est arrivé d'avoir peur. De la trouver bizarre. De trouver qu'elle n'avait pas la même voix que d'habitude. De crever de trouille à l'idée qu'elle ait repris. Je me disais : «Oh mon Dieu, faites qu'elle ne replonge pas encore là-dedans, qu'elle ne ruine pas le foie de son donneur. Je ne supporterai pas ça une fois encore ». Et puis non en fait, ça allait. Mais il y avait toujours ce doute. Cette petite voix intérieure qui me rappelait qu'un alcoolique restait alcoolique toute sa vie, que la vie de ma mère n'était pas très fun et qu'elle avait pu avoir envie de boire juste une petite gorgée pour voir, que la petite gorgée avait pu se transformer en verre puis en bouteille(s), la conduisant inexorablement vers le cimetière.

Fin 2020, le doute s'est mué en certitude. Je la trouvais triste, abattue. Il y a eu des remarques méchantes, notamment celle-ci le soir de Noël : « Il est complètement crétin ton chat. Crétinus ». A plusieurs reprises, elle a sous-entendu qu'Alice était « mongolienne ». Et quand je lui ai confié que je souhaitais faire faire ma future photo de CV chez un photographe professionnel, elle m'a répondu : « Ah ben les recruteurs vont être déçus quand ils vont te voir en vrai ». Le pire, c'est que si j'essaye de me défendre quand elle me balance des vacheries, elle dit que je suis susceptible et que je prends tout mal, que c'est juste de l'humour. Ça me rappelle mon père. C'est horrible. Donc je la ferme et j'encaisse, puisque je n'ai pas le choix.

Ce qui a fini de me convaincre sur son état de santé, c'est ce jour de janvier où elle a été incapable de faire deux pas sans haleter et se tenir le dos. J'ai remarqué sa dégaine négligée, ses vieilles chaussures pourries et son jean qui tombait. Son sac à main qu'elle tenait à bout de bras. Ses cheveux pas coiffés. Ses pertes de mémoire. Bref, tous les signes. Tout revenait. Et mon angoisse avec, comme un vieux réflexe. L'anxiété tapie au fond de mon cerveau qui attendait une occasion pour sortir de sa cachette. Coucou me revoilà, t'as vu j'étais pas loin. Je ne suis jamais loin. Tu pourras toujours compter sur moi.

Je suis rentrée chez moi, je suis montée sur mon vélo elliptique et je me suis défoulée. Je me suis dit : « Lâche prise ou tu es morte. Laisse-la plonger toute seule. Ne plonge pas avec elle. C'est son foie. C'est son choix. Laisse-la partir ».

Et ma rage s'est réveillée. Je me suis dit : « Ouais tiens, qu'elle meure donc. Qu'elle crève puisque c'est ce qu'elle veut. Il faut que j'arrête de vouloir tout contrôler. Je ne peux pas contrôler ça. C'est impossible. Elle doit mourir un jour de toute façon, alors ok, qu'on en finisse ».

Je n'ai pas crié. Je n'ai pas pleuré. Je suis descendue de mon vélo à bout de souffle, et j'ai dit à voix haute : « Crève. Crève, crève, crève. Tu m'empoisonnes la vie. Crève ». Je ne pouvais pas m'arrêter de lui dire de crever. J'ai dû le dire trente fois. Et j'ai accepté le fait qu'elle allait mourir et que je n'y pouvais rien.

J'ai écrit mon dernier post juste après l'épisode où je lui souhaitais de crever à voix haute. J'étais très en colère contre elle. J'avais prévu d'écrire longuement sur ses ténèbres, sur sa dépression et sur tous les dommages collatéraux ; je le ferai sans doute, mais depuis, les choses se sont arrangées. Elle est redevenue normale. Plus de voix pâteuse, plus de trous de mémoire. Plus de flèches empoisonnées. Je m'en suis voulu d'avoir souhaité sa mort. Elle m'a dit qu'elle avait pris un antidépresseur trop lourd. Je la crois. Je pense que je me suis trompée. Et en même temps, je sais que par le passé j'ai eu des périodes de déni où je m'auto-persuadais qu'elle avait arrêté de boire alors qu'elle n'avait pas du tout arrêté. Donc je ne sais pas.

Du coup j'essaye de ne pas trop y penser. Elle est normale tout le temps, alors j'en profite. Je ne sais pas jusqu'à quand ça va durer. Quel sera mon angle d'écriture pour la prochaine sous-partie de cette partie ? Je n'en ai aucune idée. Tout peut changer en fonction de l'état de ma mère (et du mien, accessoirement).

25 juillet 2021

Les gens me fatiguent

Depuis quelques jours je travaille dans un centre Covid. Mon rôle : enregistrer les dossiers des patients venus passer leur test PCR. La clientèle a radicalement changé en peu de temps : début juillet ce n'étaient que des départs à l'étranger, à présent la moitié sont des cas contacts / personnes avec des symptômes / personnes positives asymptomatiques. Le retournement de situation a vraiment été spectaculaire. Ca flambe en Ille et Vilaine (et pas que).

LA chose qui me scie quand je travaille là-bas, c'est de constater à quel point les gens sont des assistés. Mes collègues jouent les agents de voyage et leur mâchent le travail : "Vous partez où ? A quelle heure ?" "Ah c'est trop tôt pour faire le test, si on le fait maintenant vous serez au-delà des 48 heures". "Oui, ce pays accepte les tests salivaires". "Si vous êtes cas contact vous devez passer tant de jours en isolement, faire un test à tel moment et un autre une semaine plus tard". Et j'en passe... La plupart du temps sans que les gens leur demandent quoi que ce soit, d'ailleurs... Moi je peux vous dire que je ne me fais pas chier avec ça ; je pars du principe que les gens sont des adultes qui peuvent téléphoner à leur compagnie aérienne / à l'ambassade du pays où ils se rendent / à l'ARS qui se fera un plaisir de répondre à leurs questions vu que c'est LEUR JOB. Moi mon boulot c'est d'accueillir les patients et de saisir les dossiers, pas de leur torcher les fesses. Me donner corps et âme je l'ai fait dans mon précédent boulot, et ça m'a rapporté peanuts à part un épuisement nerveux et un ulcère à l'estomac. Donc quand les gens me demandent si l'Italie demande un test de moins de 48 heures ou de moins de 72 heures, je leur réponds ce que tout le monde devrait leur répondre : "Renseignez-vous auprès de votre compagnie". Perso ça ne me viendrait MÊME PAS A L'IDEE de demander à une secrétaire de centre Covid ce que je suis censée savoir sur MON voyage à l'étranger. J'ai assez de charge mentale à la maison, je ne vais pas en plus m'en taper une supplémentaire dans ma vie professionnelle. Comment ne pas s'étonner qu'on se paye des cancers après...

Et encore je ne vous parle pas des boulets qui viennent sans leur carte vitale ou même carrément sans masque (!)

Franchement c'est désespérant :-D

18 mai 2016

La mère, la fille, tout ça...

La dernière fois, je parlais de coup de blues parce que je n'ai pas de mère normale. Ce qui devait arriver est arrivé peu de temps après : j'ai craqué.

 

C'était un lundi matin, soit trois jours après mon dernier post. La nuit s'était relativement bien passée car là-dessus je n'ai pas à me plaindre : ma fille dort souvent 7 heures d'affilée et se réveille une ou deux fois par nuit pour téter. Pourvu que ça dure...

Bref je n'étais pas épuisée, « juste » la fatigue normale de toutes les jeunes mères je suppose. Comme tous les matins j'ai téléphoné à ma mère (avant, je l'appelais le soir, mais elle était bourrée à chaque fois donc j'ai changé l'horaire). Comme d'habitude elle était à côté de ses pompes et avait une voix cotonneuse. Comme d'habitude elle m'a dit qu'elle n'avait pas appelé pour prendre son rendez-vous chez le médecin. Comme d'habitude elle a été défaitiste quand je lui ai dit que je comptais aller visiter la micro-crèche de ma commune : « Il y en a qui s'y prennent avant la naissance ; les places sont chères. Enfin qui ne demande rien n'a rien ». Sous-entendu : il aurait peut-être fallu t'en préoccuper avant ». Super, cache ton enthousiasme... Et ensuite : « Bon ben j'ai rien à raconter, de toute façon je ne sors pas ».

 

J'étais donc loin d'être joyeuse en raccrochant car ma mère a le don de plomber mon moral pour le mettre à l'image du sien.

Et puis... j'ai voulu allaiter ma fille. Peu de lait ; elle s'énervait sur mes seins. J'ai donc essayé de lui donner un biberon de lait maternel mais elle chouinait en buvant, ce qu'elle ne fait jamais d'habitude. Je lui ai fait un biberon de lait artificiel... pareil. Pas des gros pleurs, mais des bons chouinages, différents de d'habitude par-dessus le marché. Je ne savais pas ce qu'elle avait. C'est là que j'ai craqué.

 

J'en ai eu ras le bol. Ras le bol d'être toute seule. Ras le bol de ne pas avoir de parents normaux. Ras le bol que ma mère se comporte comme une petite fille et me reproche à mots couverts de la laisser tomber pour m'occuper de mon bébé ; tout ça parce qu'elle a renoncé à toute vie personnelle pour moi alors que je n'avais rien demandé ; qu'elle s'est raccrochée à moi comme à une bouée de sauvetage et que maintenant elle ne comprend pas que je fasse ma vie. Ras le bol de ne pas pouvoir m'empêcher de culpabiliser tellement elle a fait de moi une dépendante affective. Ras le bol qu'elle ne soit pas foutue capable de ranger son putain d'appartement, de gérer son putain de courrier, de prendre son putain de téléphone pour prendre ses putains de rendez-vous. Ras le bol de me dire qu'elle ne mettra jamais les pieds chez moi parce qu'elle n'est pas fichue de faire 15 km de voie rapide pour voir où je vis, mais qu'elle doit trouver le moyen de retourner le truc et de dire que c'est moi qui ne l'invite pas. Ras le bol qu'elle soit pétée à chaque fois que je vais chez elle (elle s'affale sur mon lit, marche comme une vieille de 90 ans, chante des chansons de merde et a même déjà eu des gestes déplacés envers mon mec. Hé oui...) Ras le bol qu'elle n'admette jamais qu'elle est RESPONSABLE de son état de santé. Ras le bol qu'elle ne s'excuse jamais. Ras le bol qu'elle se suicide sous mes yeux depuis 32 ans. Ras le bol de m'inquiéter parce que je ne sais pas comment m'organiser pour faire garder ma fille et que je ne sais pas comment on va payer si on arrive à la faire garder. Ras le bol de me demander comment on va faire financièrement vu que la connasse de fille aînée de B. va avoir droit à son logement à la rentrée (à 17 ans et avec son comportement de merde, bichette), et que B. va devoir payer sa part de loyer alors qu'on est au chômage tous les deux et que sa légitime gagne 2000 € par mois, que sa maison pourrie est finie de payer et qu'elle me casse les couilles en prime. Ras le bol que ma fille ait des coliques et de ne pas réussir à les soulager malgré l'ostéopathe, la Calmosine et les massages. Ras le bol d'avoir peur de lui donner de mauvaises habitudes en la prenant tout le temps dans mes bras, même si je la mets de temps en temps dans son lit ou dans le cosy pour qu'elle ne soit pas toujours collée à moi. Ras le bol de ne pas savoir si je lui donne assez à manger, si je dois lui donner à heures fixes, si je la couche à la bonne heure, si j'arriverai un jour à la coucher à 20 heures. Ras le bol de lire partout que tous les bébés font la sieste alors que ma fille n'en fait aucune, sauf dans mes bras. Ras le bol qu'on me dise que je suis censée savoir pourquoi elle pleure alors que non, j'en sais rien, merde. Ras le bol d'appréhender les nuits quand elle sera gardée en journée, d'appréhender l'angoisse de séparation des 8 mois, d'appréhender chaque pesée à la PMI. Ras le bol de me demander comment ça va se passer quand elle aura le nez bouché ou qu'elle fera ses dents. Ras le bol que mes seins donnent moins de lait. Ras le bol d'imaginer mes copines complices avec leurs mères et leurs enfants, parce que ELLES, ce sont des grands-mères normales et pas des grands-mères alcoolos de merde. Ras le bol de l'alcool tout court, de maudire le connard qui a eu l'idée de commercialiser cette merde. Ras le bol de souhaiter l'abolition de tous les poivrots de France et de Navarre, de me demander comment c'était au temps de la prohibition, de me demander pourquoi je ne suis pas née dans une famille musulmane qui ne boirait pas une goutte d'alcool, jamais. Ras le bol des deux aînés de mon mec qui ne sont que deux petits cons qui ne pensent qu'à leur gueule. Ras le bol que B. s'écrase devant eux alors qu'ils mériteraient des coups de pied aux fesses. Ras le bol d'avoir envie de coller la tête de l'aînée dans une botte de foin puisque seuls les chevaux trouvent grâce à ses yeux. Ras le bol que la moche se trémousse le popotin dans sa maison et compte les billets pendant que nous on trime. Bref, RAS LE BOL.

 

J'avais ma fille dans les bras, je me suis mise à pleurer... et elle s'est arrêtée de chouiner. Elle a bu son biberon, s'est un peu assoupie. Quand elle s'est réveillée, elle me regardait avec ses grands yeux bleus... Je lui ai dit que ce n'était pas de sa faute. J'ai tapé sur Google « Psychologue PMI ».

 

L'enfant, cette éponge à émotions... :'(

 

Edit : Deux jours après avoir écrit cette diatribe, ma mère était redevenue « normale » au téléphone et j'apprenais qu'elle allait passer une radio des poumons car elle avait peut-être un cancer. Et je m'en suis voulu d'avoir écrit tout ça. Aujourd'hui elle est à nouveau pas nette et j'ai des envies de meurtre.Vive les montagnes russes émotionnelles... (finalement elle n'a rien aux poumons).

 

19 janvier 2022

Origine(s)

Je suis une personne qu'on peut qualifier d' "issue d'un milieu modeste". Ma mère, qui pour rappel m'a élevée seule, était Agent des Services Hospitaliers ; autrement dit elle faisait le ménage dans les chambres d'hôpital. Mon père a fait plusieurs métiers et n'a jamais eu une seule thune de sa vie (si ma mère lisait cet article, elle ajouterait "il a surtout pris la thune des autres" ^^). Mes grands-parents étaient aisés financièrement, mais seulement parce que mon grand-père avait créé son entreprise durant les trente glorieuses ; à la base il est fils d'immigré italien donc pas vraiment né avec une cuillère en argent dans la bouche, mais comme il gagnait beaucoup d'argent, ma grand-mère faisait les boutiques et achetait à ses filles des vêtements de marque et des chaussures de luxe, y compris des trucs en (vrai) croco et en (vrai) vison. Elle possédait une collection phénoménale de poupées en porcelaine et d’objets anciens qui valaient la peau des fesses. Dépenser sans compter a été, avec la cuisine, sa principale source de plaisir jusqu’à ses vieux jours.

Bien sûr le train de vie a été bien différent une fois que j'ai vécu seule avec ma mère, soit à partir de l'âge de 7 ans : je n'ai jamais manqué de rien, mais nous vivions dans un logement social sur son seul salaire. Pas dans le luxe et les professions dites "prestigieuses". Pas avec des amis notables qui lisaient le Monde. Pas avec des proches qui parlaient de Mozart ou de Chopin à table. Le quotidien c'était surtout odeur de clope, fins de mois difficiles, hurlements au téléphone avec mon père (l’un des plus grands traumatismes de mon enfance), culpabilisation, disputes, dépression. Ma mère avait peu d'amis, pas de conjoint et elle buvait (mais ça, vous le savez déjà). La seule chose qui dénotait là-dedans, c'étaient les livres qui ornaient sa bibliothèque : Alain Decaux, Louis-Ferdinand Céline, Hervé Bazin, Agatha Christie, Romain Gary... Je suis sûre que toutes ses collègues ASH ignoraient qui était Romain Gary. Je peux comprendre le décalage qu'elle ressentait et les complexes qui en découlaient : elle ne se sentait pas à sa place. Je me suis enfermée dans ma bulle d'autiste pour avoir la paix.

Ma mère aurait aimé être une grande dame. Elle aurait aimé être Coco Chanel, Inès de la Fressange ou la Baronne de Machin-Chose. Elle a très certainement pensé qu'elle n'était pas née dans la bonne famille. Elle était la plus intelligente de sa fratrie ; elle connaissait assez bien la mythologie et a toujours lu beaucoup de livres d'histoire. Elle aurait pu faire des études, mais pour des raisons de relations difficiles avec ses parents, pour des raisons de manque de confiance en elle, pour des raisons qui n’appartiennent qu’à elle, elle a tout laissé tomber en terminale et elle s'est mise à traîner avec des mecs louches. Elle a fait un casse dans une pharmacie. Elle a testé toutes les drogues du marché : elle a fumé, sniffé, pris des pilules chelou, de la poudre bizarre, des trucs qui s'injectent en intraveineuse et j’en passe. Elle a fait la manche à Marseille. Elle a croisé la route de mon père dans un bar, ils ont emménagé au-dessus d'une boîte de nuit et je suis arrivée. C'est à ce moment-là qu'elle a arrêté ses conneries.

J'ai très mal vécu ses complexes sociaux, parce qu'elle n'en parlait pas mais que je les sentais. Elle s'achetait des fringues Dorothée Bis, des sacs à main Chanel, des lunettes de soleil Ray-Ban et puis elle pleurait parce qu'elle était à découvert (à l'époque elle gagnait 5000 francs par mois). Du coup, quand elle achetait un truc destiné à la frime, je paniquais en lui demandant le montant de son découvert. Je m'inquiétais pour elle. Or ce n'est pas normal d'être inquiète pour les finances de sa mère quand on a 9 ou 10 ans. Elle m'habillait comme une petite fille modèle avec des vêtements chers, sans s'occuper de savoir si ces vêtements étaient pratiques pour moi. J'ai un souvenir horrible de maternelle où je n'arrivais pas à enlever la combinaison dont elle m'avait affublée pour aller aux toilettes. Et ça soûlait les maîtresses de chercher comment on ouvrait ce truc (souvenez-vous comment elles étaient là-bas...). Je l'ai suppliée de ne plus m'habiller avec cette chose pour aller à l'école ; elle a cédé mais elle n'a pas compris pourquoi je pleurais. Et surtout elle a trouvé lamentable que je fasse du nez sur cette combinaison, vu le prix qu'elle avait coûté.

Un autre jour, devant l'école maternelle elle s'est exclamée : "T'as les cheveux saaaaaaales ! Comme c'est pas permis". (plus de trente ans après je me souviens encore de l'intonation exacte avec laquelle elle a prononcé cette phrase). Elle disait qu'elle avait honte de mes ongles sales, comme si à 6 ans on était responsable de sa "saleté"... Lors de mon spectacle de danse, elle s'est sentie obligée de me mettre du fond de teint sur la figure alors que personne ne lui avait rien demandé. Elle m'avait sans doute rêvée gracieuse, délicate et proprette comme une petite fille du 16ème arrondissement de Paris (ou du moins l'image qu'elle s'en faisait), alors bien sûr je n'étais pas conforme à ses rêves. J'avais l'impression de ne jamais être bien, de lui faire honte. Au-delà des violences physiques (dont je parlerai dans un prochain post pour enfin clore ma série d'articles sur la violence), la petite fille que j'étais a énormément souffert de ne pas être belle aux yeux de sa mère.

Evidemment, ma mère m'a involontairement transmis son complexe social. Depuis toute petite je rêve des beaux quartiers de Rennes. Depuis toute petite je complexe de ne pas faire partie de ce sérail qui m'est à jamais interdit. Depuis toute petite j'envie leurs Zadig et Voltaire, leur peau mate, leur langage châtié qui roule tout seul, leurs soirées mondaines, leur aisance corporelle, leur capacité à ne pas montrer leurs émotions en public et plus généralement leur prestance. Je me sens grotesque à côté d'eux, avec mes pantalons qui tombent, ma peau du ventre visible quand je me baisse et mon élocution pourrie. On n'est clairement pas du même monde.

J'ai fréquenté la fac de droit puis l'école de notariat ; dans cette dernière école, la majorité de mes camarades de classe étaient des fils de notaires qui venaient en cours en Porsche Cayenne. Les filles étaient bien apprêtées, très sûres d'elles avec leurs queues de cheval parfaites et leurs vêtements toujours impeccables. Les mecs ne me calculaient pas. L'un d'entre eux me plaisait beaucoup mais je crois qu'il ne sait même pas que j'existe. ^^ Ils savaient tous skier depuis l'enfance, partaient faire du bateau l'été avec leurs parents. Aucun d'entre eux n'avait un IMC supérieur à 23. Aucun. La majorité est devenue notaire. Moi je me suis tirée au bout d'un an, je n'avais rien à foutre là-bas. Ma mère m'en a tellement mis plein la tête que je lui ai dit que je lui rembourserais les 2500 € de frais d'inscription. En fait je lui ai dit ça pour avoir la paix, pour qu'elle arrête de m'en mettre plein la tête, mais des années plus tard elle m'en reparle encore en me disant : "Tu m'avais dit que tu me rembourserais. Alors tu me rembourseras quand je changerai de voiture". Si ma voiture à moi me lâche c'est pas grave, j'irai bosser à pied depuis ma cambrousse, hein...

Et puis il y a eu Aymeric. L'archétype du garçon des quartiers chics, avec son teint hâlé, ses cheveux longs et son pull Lacoste avec la chemise blanche en-dessous. Il était super beau et, fait notable, il était super sympa. Accessible. Je m'entendais très bien avec lui. Il m'attirait. Je pense que je lui plaisais aussi, maaaais... fucking milieu social. Les torchons et les serviettes qui se mélangent, ça n'existe que dans les films, pas dans la vraie vie. Un jour, sur son statut Facebook j'ai écrit une blague pour le faire rire, et là, son amie Apolline de Cambourg s'est méchamment moquée de moi alors que personne ne l'avait sonnée. Je l'ai envoyée bouler ; elle m'a répondu : "Susceptible ?" J'ai effacé ma blague.

(Apolline de Cambourg est devenu médecin).

En vieillissant j'apprends à accepter d'où je viens et à m'affranchir de cette classe dont je ne ferai jamais partie. (et quelque part, à m'affranchir de ma mère). Le problème, c'est qu'avec les gens plus "simples" je ne me sens pas à l'aise non plus. Il y a très longtemps, une collègue de travail qui vivait en logement social m'a appelée "l'intellectuelle". (bon c'était une connasse). J'ai également eu l'occasion de côtoyer des personnes proches du milieu agricole, et je ne me suis pas sentie à mon aise non plus ; ils me prenaient pour une intello. Pourtant je ne suis pas du genre à ma la raconter, ni à étaler ma science ni quoi que ce soit. Mais je suis toujours entre-deux eaux, jamais à ma place. 

(j'avais écrit plusieurs paragraphes pour illustrer mon propos sur une personne qui a chopé les couilles et le carnet d'adresses de son mari pour grimper socialement, mais je ne suis pas satisfaite de ces lignes donc je les supprime. Je n'ai pas envie de dire du mal des gens aujourd'hui. La maturité sans doute :-D )

Quelquefois je me dis que si j'avais bossé à la fac, j'aurais pu aller très loin. J'avais les capacités intellectuelles. Le problème, c'est qu'avec mes conditions familiales c'était tout simplement impossible d'y arriver (contrairement à ce que prétend ma mère. Elle a le culot de dire que j'avais tout pour réussir. LOL). Et maintenant c'est trop tard.

15 juillet 2023

"Allô, c'est ton fardeau !"

Voilà comment ma mère s'est annoncée au téléphone il y a quelques jours. La phrase était dite sur le ton de l'humour, mais le genre d'humour où il y a tout de même un petit fond de vérité derrière. D'ailleurs je n'ai pas démenti et j'ai répondu : "Oui, qu'est ce qu'il a mon fardeau ?"

J'ai fini par l'envoyer, ce putain de mail. Pas aux services sociaux (pas encore :-S), mais à l'hôpital. Le plus simple aurait été de téléphoner directement, mais je savais que si je le faisais je pleurerais, or j'en ai marre de pleurer et par ailleurs je m'exprime beaucoup mieux par écrit. J'ai donc cherché l'adresse mail du service d'addictologie (que je n'ai pas trouvée, mais à défaut j'ai pris celle du service où elle a été transplantée), et j'ai écrit en substance :

"Je suis la fille de Mme X, transplantée hépatique en 2017 et suivie par le Docteur Y depuis de nombreuses années. Après avoir eu des doutes depuis plusieurs mois, je suis à présent certaine qu'elle s'alcoolise. Etant donné son passif et le traitement qu'elle prend, je pense qu'elle devrait être hospitalisée sans délai. De plus, elle devrait être suivie +++ au niveau social, car son logement est devenu insalubre à cause de sa maladie. La situation est trop lourde à porter pour moi et je ne suis pas en mesure de l'aider. Comme elle demandera jamais d'aide, je le fais à sa place aujourd'hui. Merci de ne pas lui dire que c'est moi qui vous ai alertés, dites-lui que c'est sa dermatologue".

 Vu la teneur de mon appel au secours, je pensais que ça allait bouger vite fait. Et bah rien du tout, nada, walou. L'hôpital ne l'a pas contactée. Alors il peut y avoir des dizaines d'explications à cette inertie :

 1- La secrétaire a vu que le mail émanait d'une certaine "Dawn Girl Secret" via une boîte Yahoo, et comme les hôpitaux sont régulièrement victimes de cyberattaques, elle a cru que c'était un spam.

 2- Mon mail a pu partir directement dans les spams (justement).

 3- Ou alors la secrétaire est une connasse sans coeur qui a lu le truc et qui s'est dit que soit c'était une blague, soit que je ne m'étais pas adressée au bon service donc direction la corbeille.

 4- Le message a été passé mais comme dans tous les hôpitaux, les médecins et les infirmières craquent sous la pression et n'ont pas eu le temps de gérer ça.

 Bref, quoi qu'il en soit, ce silence radio ne me convient pas. Mais comme je ne veux plus que ma vie tourne autour de la maladie de ma mère, je vais attendre mon retour de vacances (mi-août :-S), et si d'ici là l'hôpital ne s'est toujours pas manifesté, je leur envoie une jolie lettre dans laquelle je balance tout : la crasse, le moisi, les rats bientôt, l'absence de frigo et de téléphone fixe depuis 1 an, la seule prise électrique encore fonctionnelle, la douche inutilisable, le fait que j'ai dû ramasser ma mère par terre sous les yeux de ma fille de 7 ans, les coquards et les bleus qu'elle a comme si quelqu'un lui tapait dessus, et surtout, SURTOUT, je leur dis que s'ils ne font rien et que ma mère meurt seule chez elle, ils seront coupables de non-assistance à personne en danger. Et là pour le coup, moi qui les soutiens à fond dans leurs grèves tellement les gouvernements successifs ont tué l'hôpital public et tellement sa seigneurie le Roi Micron préfère filer des millions à l'armée plutôt qu'à notre système de santé moribond, bah cette fois-ci j'en aurai rien à carrer du Covid, des sous-effectifs ou de la chatte à Mireille. Il me semble que ma mère est légitime pour passer devant Jean-Claude qui vient encombrer les urgences parce qu'il a la chiasse depuis deux jours, ou encore Patricia qui s'est coincé une bouteille dans le derche lors de ses ébats sexuels avec son patron. Merde.

 (Bon je ne l'écrirai pas comme ça, mais vous avez compris le truc).

Ces jours-ci ma mère a l'air "normale" quand elle m'appelle le soir, mais je sais que ça peut changer du jour au lendemain et je suis fatiguée, usée, lassée de tout ça. J'ai à la fois peur qu'elle meure et envie que ça s'arrête (je radote).

30 avril 2014

Rentrée (en douceur)

Jeudi dernier, j'ai pris mon petit cahier, mes ptits crayons, ma ptite gogomme et mon ptit cucul pour ma nouvelle rentrée.

J'étais passée la veille pour repérer les lieux. Un lycée mal indiqué, au milieu d'un nouveau quartier plein de déviations. La formation d'assistante dentaire, qui se passe dans les locaux de cet établissement, n'est indiquée strictement nulle part. Il a fallu que je téléphone et que j'envoie douze mails pour être rassurée quant à savoir si j'étais bien au bon endroit.

J'ai très mal dormi la nuit suivante ; ce qui en soi ne change rien puisque je dors très mal depuis des semaines. Je suis arrivée une demi-heure en avance, et, je vous jure, j'avais peur de sortir de ma voiture. ON NE RIGOLE PAS.

Pourquoi donc avais-je peur ? Parce que contrairement à ce que tout le monde croit, je n'ai pas confiance en moi. Pour ceux qui m'ont déjà vue / entendue pétasser, ma pétasserie n'est qu'une apparence. Je suis et resterai toujours une timide du cul qui a peur devant les grandes personnes. Même si personne ne le croit. Même si je fais 1.80 m, que je me tiens droite, que je parle fort et que je dis des gros mots. Les apparences, mes amis, les apparences.

BREF comme j'étais en avance, je suis restée dans ma voiture à fumer comme une merde. Et là, j'ai vu un défilé de pétasses en puissance. Des petites nanas qui se connaissaient toutes. Je me suis ratatinée dans mon siège. OH MON DIEU MAIS JE NE VAIS JAMAIS M'INTEGRER DANS CE TROUPEAU, JAMAIS-JAMAIS-JAMAIS-MON-PATRON-VA-ME-TUER-IL-A-PAYE-LA-FORMATION-5000-EUROS-ET-JE-N'OSE-MEME-PAS-RENTREEEER JE-VAIS-ME-FAIRE-MANGER-TOUTE-CRUE.

C'est en pensant à la gueule de mon patron s'il me voyait dans cet état, que j'ai fini par quitter ma voiture en marchant comme un pingouin. Première épreuve : trouver le bon bâtiment, puisque personne n'a jugé bon d'indiquer où se déroulait la formation.

J'ai pris la direction qu'on m'avait indiquée, j'ai descendu un escalier... et j'ai trouvé un bâtiment sans aucune inscription, avec des nanas qui discutaient dans le couloir. Des panneaux avec des tracts qui parlaient de tout sauf d'assistanat dentaire. J'ai fait demi-tour, trop trouillarde pour demander où je devais aller, bordel.

Et au moment où j'ouvrais la porte pour sortir, j'ai entendu le mot "détartrage". Cette fois j'ai osé demander ma route. J'étais arrivée. Alleluïa, première épreuve réussie.

Je vous passe le détail de la formation, mais pour résumer, on est 60 dans la promo. Les deux premiers jeudis on n'est que 12 (les débutantes), en autoformation (en gros on ne branle rien). Les vrais cours ne commencent que le 22 mai ; on sera mélangées aux autres à ce moment-là, et ça promet d'être sympathique puisqu'il n'y a pas assez de tables et de chaises pour 60 dans la salle de cours.

Les onze autres de mon petit groupuscule sont plutôt sympas, enfin certaines. De toute façon moi je ne traînerai qu'avec les vieilles ; je n'ai pas d'affinité avec les nanas de 20 ans. Le midi on mange dans un self ; diantre je suis revenue quinze ans en arrière.

Et ben c'est parti, ma foi...

 

PS : Rien à voir, mais dimanche j'ai déjeuné au restaurant avec B. et ma mère. Ca fait bizarre :)

      

5 novembre 2020

Une page qui se tourne

Et bien voilà nous y sommes, j'ai quitté mon travail le 30 octobre. Je pensais me sentir heureuse, libérée, délivrée, mais ce que j'ai surtout ressenti, c'est une immense tristesse. Une copine m'a dit que c'était les nerfs qui lâchaient. C'est possible. J'avais tellement la tête dans le guidon, je me suis tellement investie dans ce cabinet (enfin surtout dans son putain de planning) ; je me suis tellement pris la tête à jouer à Tetris avec les rendez-vous, à me faire des sueurs froides entre les lubies de mon patron et les exigences de certains patients ; à gérer des annulations de dernière minute et des dossiers conflictuels, que j'étais sous tension en permanence et là c'est fini, j'ai dû tout laisser et passer le relais. Je pense que mon cerveau a du mal à se relâcher et à tourner la page. Ca viendra mais c'est difficile.

J'ai aussi été déçue par mes collègues. Un simple "bonne continuation" devant la porte d'entrée... on a quand même bossé ensemble pendant 4 ans. Alors je sais que je ne suis pas démonstrative (quel doux euphémisme...) ; que je ne me suis pas intéressée à leurs histoires de bébé bonheur ni à Mylène qui racontait sa vie H24 en long en large et en travers (par contre ce qu'elle ignore, c'est qu'elle est la première personne au monde que j'ai prise dans mes bras et que cela a une valeur inestimable pour moi, bien plus que sa copine pétasse qui lui lèche la pomme tous les quatre matins alors qu'elle sent l'hypocrisie à plein nez et que son mec s'appelle Dzéjon (écrit comme ça, je vous promets)) ; que je quittais la pièce quand elles commençaient à se montrer leurs photos d'enfants moches, que j'aurais pu moi-même organiser un pot de départ, mais : 1- j'ai été refroidie il y a deux ou trois ans lorsque j'avais amené des petits gâteaux pour mon anniversaire et que j'ai presque dû les obliger à en goûter un ; et 2- mon attitude asociale n'est pas complètement ma faute et elles le savent très bien. Mais bon, le sujet ne les intéresse pas du tout et c'est tellement plus facile de conclure que je suis une prétentieuse froide et/ou jalouse de leur bonheur... Bref je suis déçue. Ou vexée peut-être je n'en sais rien.

Et malgré tout, j'ai un sentiment d'échec. Certes, je faisais très bien mon travail et je le sais. Mon départ n'est pas lié à mon incompétence. Mais pour une fois, j'avais un CDI. Là je n'ai plus rien. J'ai l'impression d'être une éternelle chômeuse qui travaille de temps en temps. J'ai l'impression que je ne trouverai jamais ma place. Que j'ai fait une bêtise en partant. Et deux minutes après je me raisonne en me disant que si, j'ai pris la bonne décision. Je n'en pouvais plus. Mon patron me parlait mal et n'avait aucune considération pour mon travail. Il ne se rendait pas compte de tout ce que je faisais. Je mérite mieux que ça.

La première chose à laquelle j'ai pensé en quittant le cabinet pour la dernière fois, c'est le premier hiver où j'ai travaillé là-bas. Alice était bébé. Il faisait très froid. Il y avait des hauts-parleurs qui diffusaient des musiques de Noël dans la rue. C'est ce souvenir qui m'a rendue triste au départ ; le reste est venu ensuite. Je ne sais pas pourquoi mais quand on quitte un endroit, les points positifs reviennent au galop. Le cerveau zappe le négatif. Le mien en tout cas :-)

Je me suis tapé des nausées et des maux d'estomac horribles pendant tout le week-end (je n'étais déjà pas très bien en fin de semaine). J'ai mis presque 5 jours à retrouver un appétit normal. J'espère que ça va aller. Je n'ai pas encore commencé à chercher un autre travail. J'ai besoin de me reposer. Je veux refaire mon CV. Me remettre au sport que j'ai délaissé depuis la rentrée. Me refaire un tatouage et couper mes cheveux (bon là, avec le confinement c'est mal barré). Ecrire la quatrième partie de ma série d'articles sur la violence (de loin le plus long et le plus difficile à écrire). Ecrire tout court. Lire plein de livres. Ranger ma bibliothèque et celle d'Alice ; j'en suis malade quand je vois le bordel dû au manque de place. Ca m'insupporte. Je dois aussi nettoyer ma voiture (bon l'extérieur c'est cuit avec le confinement, mais au moins l'intérieur. On dirait une décharge publique, j'ai trop honte). Il me faut également poursuivre mon auto-analyse concernant mon TSA, mon passé familial et tout le reste. Dans 15 jours je dois voir le psychiatre à Paris pour valider les tests qui ont confirmé mon trouble autistique. J'espère que le rendez-vous ne sera pas annulé et qu'il n'y aura pas d'attentat. J'avais prévu tout un périple entre le 16ème et le 14ème arrondissement : aller au grand magasin Lego pour Alice, filer dans le 8ème pour lui photographier la pagode chinoise (elle étudie la Chine à l'école), puis me rendre dans une épicerie italienne et dans une boucherie à Montparnasse pour acheter du boeuf japonais pour ma mère... Mais à cause du Covid ça va se terminer dans un café à bouquiner en attendant de reprendre mon train. Bon il y a plus grave dans la vie, mais ça fait chier quand même. J'ai donc prévu de retourner à Paris lorsque le Covid sera enfin derrière nous.

Bref le moral n'est pas au top en ce moment, surtout que je n'arrive pas à oublier celle qui occupe mes pensées depuis des mois et des mois. J'aimerais ne plus la voir pour qu'elle sorte de ma tête, mais je suis obligée de la voir tous les jours (c'est elle qui est au portail quand j'emmène Alice à l'école. Protocole Covid tout ça tout ça...), résultat ça continue d'alimenter des fantasmes qui n'iront nulle part, et donc la déprime qui va avec. Je cherche un moyen pour moins cogiter, pour arrêter de réfléchir tout le temps mais je n'y arrive pas. Pour la millième fois de ma vie (et certainement pas la dernière), j'aimerais mettre mon cerveau sur off.

18 août 2023

Le jour où tout a basculé

(je vous préviens, ce post risque d'être long comme un jour sans pain, et le style rédactionnel sera à chier car je n'ai ni l'envie ni la force de m'appliquer. Merci de votre compréhension).

 

J'en avais parlé ici, mais la maladie de ma mère s'est considérablement aggravée ces derniers mois. Le mot exact pour qualifier son état est "incurie". Incurie d'elle-même (physiquement elle a vingt ans de plus que son âge réel, elle ne s'alimente plus correctement et elle ne doit plus se laver depuis fort longtemps), mais également incurie de son appartement (une seule prise électrique fonctionnelle depuis des mois donc plus de frigo ni de téléphone fixe, plus de douche, boîte aux lettres cassée car clés perdues, une odeur n'ayant rien à envier aux EHPAD, des cafards là-dedans à mon avis, bref une porcherie de 80 m²).

Je pense qu'elle aurait aimé que je téléphone à un électricien, à un plombier, à une entreprise de nettoyage, bref que j'agisse comme une maman qui s'occupe de sa fille, sauf que cette fois-ci j'ai décidé de la laisser se débrouiller toute seule étant donné que : 1. elle n'est pas ma fille mais ma mère, 2. j'essayais à l'époque de lâcher prise et de me dire que si elle replongeait dans l'alcool / refusait de prendre son traitement / ne se rendait pas à ses rendez-vous médicaux ou que sais-je, je ne pouvais pas contrôler ça, et que 3. ses besoins étant de toute façon un puits sans fond, j'y aurais laissé ma santé.

Bien sûr, elle n'a rien fait. Je lui ai dit à plusieurs reprises d'appeler une assistante sociale pour demander de l'aide, mais à chaque fois il y avait une bonne excuse pour ne pas le faire : l'assistante sociale de l'hôpital est injoignable, celle de sa commune est conne... Elle n'a donc appelé personne. Pendant ce temps-là j'avais de plus en plus de mal à venir chez elle, j'étais mal à l'aise dans son taudis. J'avais honte d'emmener Alice là-bas. Le pompon a été ce fameux matin de juin où j'ai dû ramasser ma mère par terre dans la salle de bains sous les yeux d'Alice. Même sa petite-fille n'aura pas été épargnée...

Quand elle me téléphonait alcoolisée (soit pratiquement tous les jours), j'avais la boule au ventre. Je voulais que ça se termine alors je lui répondais par monosyllabes. Je ne lui racontais rien. De toute manière quel intérêt de lui partager mes anecdotes du boulot ou mon projet de reprise d'études ? Je n'avais pas envie de l'entendre parler avec sa voix pâteuse que je ne pouvais plus supporter.

Fin juillet, elle a fini par me demander : "Est ce que ça te dérange quand je t'appelle ?", sur un ton que je n'ai pas du tout aimé. Au début j'ai répondu "non", et puis comme elle insistait, j'ai fini par lui dire : "J'aime bien discuter avec toi quand ta voix est normale, mais quand ta voix est alcoolisée ça me met mal à l'aise alors je préfère abréger". Elle m'a répondu que de toute manière c'était toujours elle qui m'appelait et jamais l'inverse, donc : "puisque c'est ainsi, tu me téléphones quand tu veux et puis voilà". J'ai répondu : "Très bien". Elle a rajouté : "Donc voilà, c'est comme ça".

Son "c'est comme ça", a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase : j'ai explosé. Je lui ai dit : "Donc voilà c'est tout, aucune remise en question de ta part ?" Puis j'ai vidé mon sac, je lui ai dit que sa maladie, je ne pouvais plus la supporter, que je savais que ce n'était pas sa faute, mais que là je n'en pouvais plus. Que la ramasser par terre devant ma fille de 7 ans, ce n'était pas possible. Que son mal-être c'était son histoire, que c'était super d'aller faire une cure de sevrage mais que ça ne suffirait pas, qu'il fallait qu'elle fasse un travail sur elle pour comprendre d'où venait sa dépression et se sortir de ce marasme. Que j'aurais eu besoin qu'elle me dise que sa maladie n'était pas ma faute, qu'elle savait que cela avait été difficile pour moi et qu'elle était fière de moi. Que jamais je n'ai eu droit à ces mots. Que la personne qu'elle devient quand elle a bu n'est pas ma mère, que je n'aime pas cette personne et que je ne veux ni la voir, ni l'entendre. Et enfin, je lui ai dit que quand sa seule réaction est de dire : "Bon ben puisque c'est comme ça je boude et c'est toi qui n'as qu'à m'appeler", bah moi je réponds "merde".

A la fin j'étais en larmes, en train d'hyperventiler et de sangloter. Alice s'est mise en pleurer en voyant mon état. B. et moi lui avons fait un câlin en lui disant que ce n'était pas de sa faute.

Je pensais qu'en voyant mon état, ma mère allait réfléchir et valider mes souffrances. C'était tout ce que je demandais... Et bien pas du tout : quand je l'ai rappelée le lendemain, je me suis pris un déferlement de colère dans la figure : "Tu m'en as mis plein la tête hier mais moi aussi je peux te servir, parce que c'est inadmissible". Et là elle m'a sorti son refrain habituel :

 

"j'ai pris un boulot de merde pour t'élever, j'ai travaillé les dimanches et les jours fériés, et ce n'est pas ton père adoré qui t'a élevée".

 

Il n'y a absolument rien qui va dans cette phrase : oui, elle a pris un job alimentaire pour m'élever c'est juste, mais 1. c'est hors sujet, 2. je ne suis pas responsable de cette situation, 3. cela ne lui donne pas l'immunité diplomatique, 4. je ne suis pas responsable du fait que mon père n'ait pas assumé son rôle, j'en ai même souffert dis-donc c'est incroyable, 5. elle CONTINUE de dire que j'adorais mon père alors qu'il me maltraitait, qu'il me faisait peur, que je l'ai sorti de ma vie il y a vingt ans et qu'elle le sait très bien. Il lui faut quoi de plus ? Que je le bute ???

Elle m'a ensuite dit qu'elle avait envie de mourir et qu'elle allait mettre fin à la communication. Je lui ai demandé si je pouvais lui répondre calmement, sans passion. Elle a accepté. J'ai essayé de remettre les choses à leur place et voilà ce que j'ai dit en substance :

*OUI, elle m'a élevée seule. OUI, on le sait putain. Personne n'a jamais dit le contraire. En faisant ça, elle a fait son devoir de mère, elle a fait ce que tout parent doit faire. Comme elle l'a dit un jour à sa soeur, elle n'allait pas me laisser dans le caniveau. Que mon père n'ait pas assumé son rôle, c'est une chose. Pour autant, je n'ai pas de dette envers elle. On élève nos enfants de manière inconditionnelle, ils n'ont pas à nous dire merci. Alice ne me doit rien. Je ne dois rien à ma mère. Aucun enfant ne doit quoi que ce soit à ses parents.

*Ce que j'avais essayé de lui dire la veille, peut-être d'une manière maladroite, c'était que sa maladie m'impacte depuis que je suis toute petite. Et je n'invente rien car cela porte un nom : co-dépendance ou co-alcoolisme en l'ocurrence. J'aurais besoin qu'elle reconnaisse ça.

*Je souhaite qu'elle reprenne sa place de mère et moi ma place de fille. Les rôles ont été inversés pendant trop longtemps et je ne veux plus de ça.

*Son mal-être est quelque chose de très profond qui a pris racine bien avant ma naissance, qui n'a donc rien à voir avec moi. Pour se sortir de sa maladie, il faut qu'elle aille voir un professionnel de santé. C'est ok de voir l'addictologue, l'hépatologue et compagnie, mais ce n'est pas suffisant. Il faut un travail psy. Avec moi elle se met sans cesse dans une posture de petite fille blessée, or ce n'est pas à moi d'accueillir cette petite fille blessée. Ses blessures intimes ne regardent qu'elle. Je travaille sur les miennes, elle doit travailler sur les siennes.

Elle a raccroché en pleurant et en disant que je ne comprenais pas. Un vrai mur. Désespérant.

Le lendemain matin (après une nuit pourrie, la première d'une très longue série), j'ai envoyé le fameux mail aux services sociaux de sa commune pour qu'ils interviennent, en précisant qu'elle était en danger de mort. Quelques heures plus tard, elle m'a téléphoné. Elle m'a reparlé de cette somme d'argent qu'elle estime que je lui dois, puis elle m'a  demandé mes horaires de travail pour me rappeler plus tard, car il y avait "d'autres choses à voir". Ce coup de fil m'a mise dans un tel état de stress que toute la matinée j'ai eu les larmes qui montaient régulièrement et que je me demande encore aujourd'hui comment j'ai fait pour sourire aux patients. Le midi je me suis littéralement enfuie du boulot, j'étais dans un tel état que j'ai demandé à ma responsable de badger à ma place car je ne voulais pas que tout le monde me voie comme ça. J'ai bloqué le numéro de ma mère pour ne plus recevoir d'appel de sa part.

Malheureusement, le fait de bloquer un numéro n'empêche pas la personne de laisser des messages vocaux... Et ma mère m'en a laissé un le lendemain soir. Ce message disait, je cite : "Tu as bientôt quarante ans et tu as un petit pois dans la tête". Elle disait également qu'elle ne viendrait pas à Noël et qu'elle pouvait parfaitement mettre son appartement en viager (comme si j'en avais quelque chose à foutre de l'argent).

J'ai alors décidé de lui écrire une lettre. Dans cette lettre, je lui ai expliqué 1. pourquoi j'avais réagi comme ça lors de THE coup de fil par lequel tout a commencé, 2. que j'avais juste besoin qu'elle valide mes souffrances ce qui n'aurait rien enlevé aux siennes, 3. que durant sa période d'abstinence elle passait du temps avec Alice, qu'on discutait mieux et que c'était ça que je voulais retrouver, que je n'étais pas intéressée par l'argent et qu'elle le savait, 4. que je ne suis responsable ni du fait qu'elle m'ait élevée seule, ni de la défaillance de mon père ni du fait que ce soit un sale type, 5. que j'aurais aimé qu'en tant que mère elle soit fière de moi, fière que j'ai réussi à construire une vie de famille équilibrée malgré mon autisme, malgré sa maladie et malgré les maltraitances de mon père, 6. que je fais un travail sur moi depuis quelques années et que je lui souhaite sincèrement de suivre le même chemin, de trouver l'origine de son mal-être et de se sortir définitivement de la maladie, et 7. que si elle voulait venir à Noël, ma porte serait toujours ouverte.

Là encore j'ai espéré, et là encore je me suis fourvoyée...

Suite à mon courrier elle m'a laissé un message vocal où elle était totalement en roue libre, à tel point que j'ai enregistré ce message pour pouvoir le faire écouter en cas de problème. Je le connais presque par coeur : "J'ai lu ta littérature où tu ne parles que de toi, de tes souffrances, donc ça va bien. Tu ne connais pas les miennes. [...] A part ça, vous vous inquiétez de savoir si Maelle [la fille aînée de B.] est sous influence, mais moi je me demande si ce n'est pas toi qui es sous influence. Pose-toi la question, fais le point. Et en ce qui concerne Noël, déjà je n'aime pas conduire la nuit, et ensuite je peux plus voir sa gueule au Marquis [B.], il ne m'aime pas et je le lui rends bien, donc rien que pour ça je ne viendrai pas. [...] Quand je vois ma petite-fille nue, prise en photo, et que d'après ce que j'ai compris Monsieur se déguise en femme, ça vous fait peut-être rire mais moi ça m'inquiète. Donc j'espère pour vous que ça ne filtrera pas, parce que le jour où vous aurez les services sociaux sur le dos, vous êtes mal. Au revoir".

J'ai raccroché et j'ai déclaré : "Ok donc là c'est fini, je ne veux plus jamais la voir. Pour moi elle est morte". J'ai dit à Alice que Granny m'avait dit des choses très méchantes au téléphone et qu'on ne la reverrait plus.

Même si je savais que les propos de ma mère étaient du grand n'importe quoi, je me suis quand même sentie obligée d'aller feuilleter l'album photo d'Alice pour voir s'il y avait vraiment des photos d'elle toute nue... Et en fait il y a une photo où elle est dans son bain ; je l'avais prise à l'époque car Alice mettait le pied dans sa bouche et que je trouvais ça mignon. Et il y a aussi deux photos où elle est en couche torse nu (c'était l'été et il faisait chaud...). Quant à B. qui "se déguise en femme", c'est parce que UNE FOIS, il y a dix ans au moins, il s'était amusé à poser avec mes sandales à talon aux pieds...

Bref comment vous dire que tout ça m'a considérablement gâché les vacances... J'étais sans arrêt en hypervigilance, le coeur qui battait trop fort, mal à la tête, fatiguée, réveils nocturnes, les larmes qui montaient... J'avais peur de la moindre notification de message vocal, je me demandais si ma mère était encore en vie, et si en cas de mort est ce que l'odeur alerterait les voisins, bref un enfer.

Elle est revenue à la charge le jour où je suis rentrée d'Oléron : l'un de mes chats, qui vit chez elle avait un souci de santé, donc "s'il te reste encore un peu de coeur il faudrait l'emmener chez le vétérinaire", m'a-t-elle dit.

(Bah oui c'est moi la méchante bien sûr)

J'ai aussitôt téléphoné au véto et obtenu un rendez-vous le lendemain matin ; j'ai donc laissé un message vocal + SMS à ma mère pour la prévenir que je viendrais de bonne heure récupérer mon chat. J'ai supplié B. de venir avec moi car j'avais peur d'y aller toute seule. J'avais l'appétit coupé, des aigreurs + brûlures oesophagiennes que je n'avais pas 5 minutes avant...

Quand je suis arrivée chez ma mère le lendemain, elle n'avait bien sûr pas écouté ni lu mes messages et le chat était sorti. Accessoirement elle nous a reçu sur le palier et je ne vous raconte pas l'odeur d'urine (humaine) chez elle... Bref rendez-vous annulé, tout le monde s'est levé à 6 heures du matin pour rien (et moi je n'avais quasiment pas dormi et mon ventre était en vrac). Je lui ai laissé la caisse de transport + le carnet de santé + un chèque en blanc, et je lui ai demandé d'emmener le chat quand elle aurait réussi à le mettre dans la caisse.

Elle m'a rappelée une heure après. Au début elle me parlait du chat, puis elle a rapidement dévié en mode règlement de comptes en me disant qu'elle m'avait toujours soutenue (elle est remontée 20 ans en arrière, m'a parlé de la fac d'histoire, de la fac de droit, du fait qu'elle s'est portée caution pour mon premier appartement, elle m'a parlé de "gratitude" comme si je lui devais quelque chose pour s'être occupée de moi, blablabla. J'ai levé les yeux au ciel et j'ai baissé le téléphone en attendant qu'elle ait fini son baratin). Une fois qu'elle a compris que je ne l'écoutais pas, je lui ai dit : "Ecoute, il est évident qu'on ne se comprend pas. Si tu veux régler tes comptes, on le fera en thérapie familiale avec un professionnel de santé neutre, mais pas comme ça. Sans cadre, cette discussion n'aboutira jamais. Donc on en reste au chat si tu veux bien, tu me tiens au courant". Elle a insisté en me demandant si je l'avais déjà félicitée (????), et là j'ai cru comprendre entre les lignes que comme elle s'était occupée de moi, elle estimait que c'était à présent à mon tour de m'occuper d'elle. J'ai répondu : "Dans une situation normale, oui c'est dans l'ordre des choses de s'occuper de ses parents qui vieillissent. Mais là on parle d'une maladie, d'une pathologie lourde, et moi ta maladie je ne peux plus. Je demande le droit de déposer les armes. Je veux que tu sois prise en charge par des personnes extérieures qui vont prendre le relais, moi je suis arrivée au bout. J'ai d'ailleurs demandé de l'aide aux services sociaux de ta commune".

A la fin, elle m'a dit qu'elle ne s'alimentait plus car elle ne voyait plus d'intérêt à vivre. J'ai repensé aux services sociaux et je me suis dit : "mais qu'est ce qu'ils foutent depuis le 26 juillet bordel ?" Je les ai relancés avec une alerte rouge.

Ensuite je suis partie deux jours à Paris, et tandis que j'étais près de la Tour Eiffel avec Alice, B. m'a appelée car ma mère venait de lui laisser un message comme quoi le chat était enfin dans sa cage et qu'il fallait l'emmener chez le véto right now (j'ignore pourquoi mais elle avait visiblement décidé qu'elle ne l'emmènerait pas). Comme B. a eu le malheur de ne pas la rappeler instantanément (bah oui il fallait quand même appeler la clinique véto pour savoir s'ils avaient de la place, hein...), elle lui a laissé un deuxième message en étant insultante cette fois : "Bon, il faudrait peut-être se sortir les doigts du cul !".

J'ai dit à B. que j'étais désolée qu'elle lui parle comme ça mais qu'il fallait penser au chat. Il l'a emmené, mais clairement il l'a fait pour moi.

Au moment où j'écris cet article (on est le dimanche 13 août), je vis encore dans la peur d'un appel de ma mère. Quand je tiens mon portable dans la main et qu'il vibre, mon coeur s'accélère. J'ai peur qu'elle me prenne encore la tête, peur qu'elle me décrive sa privation de nourriture en détail pour me faire du mal, peur qu'elle soit déjà morte et en même temps, ce ne serait peut-être pas plus mal. J'aimerais tellement que mon numéro de portable s'efface de son répertoire et qu'elle ne me téléphone plus jamais. Elle n'a qu'à appeler sa soeur tiens, elles sont aussi de la même famille non ? Pourquoi elle ne l'emmerde pas avec ses problèmes ? Pourquoi c'est toujours moi qui me tape tout ?

Le pire dans tout ça, c'est que je culpabilise. J'ai l'impression de la laisser mourir toute seule (et c'est sûrement ce qu'elle pense d'ailleurs). Pourtant je sais que je dois me protéger et enfin dire stop à tout ça. Je repense à mon enfance, à mon adolescence, au livre que j'ai écrit ; plein d'anecdotes m'explosent à la figure et me rappellent toutes qu'elle était maltraitante et qu'elle a foiré son rôle de mère. Je pensais me sentir mieux en prenant mes distances avec elle, mais je me sens encore plus mal. Je n'arrive pas à me déconnecter d'elle, j'y pense tout le temps.

J'ai rendez-vous chez le médecin lundi prochain. Les services sociaux (qui ont enfin réagi), doivent me rappeler avant d'intervenir chez ma mère. J'ai hâte que tout soit terminé, d'une manière ou d'une autre. Je suis épuisée. Je ne sais même pas comment je tiens debout tellement je n'en peux plus. Ma mère me rend littéralement malade.

 

 

30 septembre 2023

Liste de défis 2023

Je fais là une exception (et pas des moindres !) au principe que je me suis fixé depuis quelques années, à savoir ne plus faire de to-do list. Les to-do list c'est anxiogène au possible et on n'en vient jamais à bout. Pour ces défis bien évidemment aucune date butoir (à part ma mort), et certains sont totalement utopiques mais ça ne coûte pas cher de rêver ! ^^ Pour l'instant je laisse tout "à faire", je complèterai / mettrai à jour régulièrement.

 

Légende : en noir : à faire, barré en bleu : réalisé, en vert : en coursbarré en rouge : abandonné.

 

1- Me remettre au piano (et donc reprendre des cours de musique)

 

2- Participer à un jeu télé

 

3- Faire une constellation familiale

 

4- Voyager en France (notamment la Corse et les Alpes, j'adorerais découvrir ces deux régions)

 

5- Voyager dans le monde (en vrac les pays où j'aimerais aller : Canada, Etats-Unis, Japon, Afrique du Sud, Réunion, Polynésie, Italie, Irlande, retourner en Grande-Bretagne, en Chine et en Espagne...)

 

6- Trouver un moyen de jouer au Manoir de Mortevielle

 

7- Faire du (de la ?) pole dance

 

8- Me perfectionner en anglais et en espagnol, apprendre la LSF et le japonais

 

9- Décrocher un M2 en droit

 

10- Bosser sur Macintosh

 

11- Me faire photographier par le studio Harcourt

 

12- Devenir FA pour des chats

 

13- Coucher avec une fille

 

14- Prendre le métro dans chaque ville où ce sera possible (le métro, ma passion)

 

15- Faire un selfie avec quelqu'un de connu

 

16- Confectionner un entremets, progresser en cuisine d'une manière générale (notamment en réussissant un joli gâteau présentable, des pains au chocolat avec une vraie pâte feuilletée, des recettes végétariennes etc)

 

17- Voir le désert en vrai

 

18- Reprendre des cours de natation et ne plus avoir peur de mourir noyée

 

19- Réussir à prendre l'avion sans penser que je viens de monter dans mon tombeau

 

20- Arrêter de vapoter (je n'utilise plus ma clope électronique que dans ma voiture, et encore pas à chaque fois, c'est en bonne voie !)

 

21- Lâcher prise concernant ma mère

 

22- Perdre mes kilos en trop

 

23- Réussir le passage secret du jeu Limbo

 

24- Lire tous les livres non lus qui prennent la poussière dans ma bibliothèque

 

25- Sauter en parachute (aaaaaargh)

 

26- Me foutre de ce que les gens pensent de moi

 

27- Publier un deuxième livre (je parle de deuxième livre car à l'heure actuelle je sais que je vais auto-publier mon texte sur les maltraitances que j'ai vécues, qui constituera donc mon premier livre)

 

28- Lire un livre en langue étrangère et le comprendre

 

29- Trier les 35 000 photos d'Alice avant que mon ordi ne rende l'âme :-S

 

30- Enregistrer un podcast

 

31- Méditer tous les jours au moins 7 minutes

 

32- Ecrire une lettre à quelqu'un qui a compté pour moi positivement (j'ai une idée sur la personne mais j'hésite encore sur ce que je peux / dois / ne dois pas lui écrire)

 

33- Faire une activité physique VRAIMENT régulière :-S

 

34- Réussir à louer un AirBnb à l'étranger et à échanger avec un proprio non-francophone

 

35 – Manger des frites au vinaigre dans une vraie baraque à frites

 

36 – Faire un pèlerinage solo sur deux lieux qui ont marqué mes jeunes années (le sentier des Douaniers de Dinard et la ville de Saint Brieuc – ce qui nécessitera plusieurs jours)

 

37 – Me remettre au vélo

 

38 – Me faire faire mon cinquième tatouage

 

39 – Progresser aux échecs et maîtriser leur jargon bizarre avec les hashtags et les machins bidules auxquels je ne comprends rien

 

40 – Retrouver des anciennes séries sur le web et me refaire les intégrales (je suis notamment nostalgique +++ de Beverly Hills et de Melrose Place, j'ai trop envie de les revoir !)

 

41 – Désencombrer mon appart

 

42 – Me détacher de certaines personnes et arrêter de rêver ma vie

 

43 – Ne plus grignoter DU TOUT entre les repas, et notamment le soir avant de me coucher (vive les TCA)

 

44 – Faire toutes les recettes de cuisine qui encombrent mon téléphone + mon Instagram + mes anciens téléphones (j'ai au moins mille captures d'écran qui traînent, c'est une horreur ^^)

 

45 – Faire de la tyrolienne

 

46 – Aller voir un match de foot (je ne connais strictement rien aux règles mais juste pour voir l'ambiance dans un stade)

 

47 – Allez soyons fous : acheter une maison (lol)

 

48 –  Me marier (hahahahahaha !)

 

49 – Parler en public

 

50 – Vaincre ma phobie de la maladie et de la mort

 

51 – Quand j'aurai une habitation plus grande, organiser une bouffe chez moi en extérieur avec les gens que j'aime (il n'y en a pas beaucoup mais il y en a ! ^^)

 

52 - Voir Marseille 

 

53 - Me mettre au yoga et réussir une inversion (ça me fascine ce truc)

 

54 - Posséder une borne d'arcade Pacman

6 janvier 2015

En vrac et dans le désordre

Depuis 9 ans que je blogue, je n'avais jamais laissé un mois sans poster. Je m'excuserais bien, mais il n'y a pas assez de lecteurs pour ça (addiction aux "likes", malédiction de Facebook). De toute façon je suis loin d'être la moins prolifique ; petite dédicace à notre ami décédé The Duck :D

 

Voilà, ça c'est fait.

 

Non en fait ce n'est pas que je suis super occupée, mais je n'ai rien de particulier à raconter à part le train-train quotidien. Alors les mauvaises langues vont dire : "Non mais tu as 30 ans et ta vie est déjà si barbante que t'es même pas foutue de nous pondre un article hilarant ?" Bah non connard. Mais disons en vrac : que Brigitte est toujours aussi conne (encore 7 mois à la supporter, je compte, je compte...), que j'ai un grooos examen à passer au moins d'avril (sept modules et une journée d'enfer en perspective, au moins après ça j'aurai déjà un demi-diplôme ^^). Que j'ai toujours autant l'impression d'avoir une maladie mortelle dans le corps (voire plusieurs ; hypocondrie + visite prochaine chez le gynéco + d'autres tests à passer = je vais mourir).

 

Que j'ai passé le soir du 31 avec B. et son fils et que je suis toujours autant pas-à-l'aise. Faudra que je vous raconte comment sa fille le prend pour un tiroir-caisse aussi ; et lui il dit merci. Vivement qu'elle vienne passer un week-end ici ; je peux te dire que je vais la recadrer vite fait cette petite pisseuse.

 

Que cet après-midi j'ai subi une résection apicale (Google est ton ami), la deuxième sur cette foutue molaire. Ca fait très mal.

Qu'en ce moment je lis "Histoire de Lisey" de Stephen King. Très chiant et torturé les cent premières pages ; là il commence à faire un peu peur. 

Que je joue également à Batman Arkham City (toujours sur PS3) et qu'a priori il a l'air bien.

Que j'essaierai de faire un post structuré la prochaine fois (promis).

8 février 2015

9 mois

Plus les cycles passent, plus ça devient difficile. Plus je hais son ex. Plus je hais toutes les femmes enceintes. Plus l'émission"Baby boom" me déprime. Plus ça parle de bébés autour de moi. Je n'arrive pas à lui en parler. De toute façon il s'en fout, il en a déjà deux.

Le truc marrant dans l'histoire, c'est que mes règles me font des petites blagounettes: Elles s'annoncent 15 jours avant, puis elles tardent et me laissent espérer, puis non elles arrivent, plus abondantes que jamais. Puis elles restent bien longtemps... En fait non ce n'est pas drôle, c'est pathétique.

Notre couple n'y survivra pas à long terme. J'ai déjà beaucoup de mal à vivre le fait qu'il en ait fait deux à un tromblon de compète qui n'aurait jamais dû avoir d'enfants, alors si ça ne marche pas avec moi... La prochaine qui me dit: "Arrête d'y penser et ça se débloquera", je lui mets une claque.

Je ne peux pas en parler avec lui. Je me sens tellement seule... 😢

17 avril 2014

Quand la musique fait revenir sept ans en arrière...

Depuis quelques jours, j'ai trouvé un moyen (légal) de télécharger toute la musique que je veux. Un vrai bonheur. Du coup je m'en donne à coeur joie ; et comme j'ai des goûts très éclectiques, ça peut aller de Tom Jones à Véronique Sanson en passant par Yodelice et les compilations Kitsuné.

Mais il y en a une qui se détache de toutes les autres. C'est la seule qui me fait des sensations bizarres...

Il s'agit de "Jenn je t'aime" de Superbus (on ne se moque pas).

 

 

Pourquoi donc cette chanson me fait des trucs étranges ? Parce qu'elle me fait replonger début 2007. L'époque où j'aimais B. en secret depuis presque 1 an, l'époque où la vie m'avait donné un petit coup de pouce en le rapprochant de mon lieu de travail. Depuis quelques jours on s'envoyait régulièrement des messages et je fondais. Je ne savais pas comment m'y prendre, je n'osais pas. J'avais peur et j'étais excitée en même temps (pas au sens sexuel bande de cochons). J'avais 13 ans et demi au niveau affectif, je ne possédais pas les codes, rien. Comme si j'avais un objet précieux entre les mains et que j'avais peur de le casser.

Je ne savais pas encore qu'il était marié...

J'ignorais encore toutes les épreuves qui m'attendaient pour le conquérir. Bien entendu, je n'aurais jamais imaginé qu'on serait ensemble "officiellement" un jour, même si tout cela n'est que factuel. 

Bref c'était avant tout ça, avant de faire le grand plongeon dans l'inconnu. J'écoutais tout le temps cette chanson, elle me donnait la pêche. Il s'est passé tellement de choses depuis, et j'ai tellement changé, tellement grandi... Pour l'anecdote, Zofia était déjà dans mon lectorat ;)

Il y en a eu d'autres après lui, mais ils n'ont pas compté. Ce qui ne détruit pas rend plus fort.

6 mai 2014

Step by step

Samedi, B. m'a avertie qu'il envoyait une lettre recommandée pour "se désolidariser du compte joint". Evidemment l'idée ne vient pas de lui, mais de Roberto. Je ne sais pas pourquoi elle lui a demandé ça, mais moins il y a de choses à leurs deux noms, plus je suis contente.

Si seulement cela pouvait conduire à la vente de leur baraque de merde, voire, soyons fous, à un divorce, mais il y a bien longtemps que je ne crois plus au Père Noël. 

15 juillet 2014

J'ai testé pour vous... le bronzage intégral !

 

Je n'aurais jamais cru que je me retrouverais un jour sur la plage en train de bronzer sans maillot. C'est pourtant ce que j'ai fait hier :)

B. pratique le naturisme depuis très longtemps, mais seulement chez lui (ce n'est pas Soeur Roberto qui l'emmènerait sur une plage naturiste). Il voulait tester "en public" depuis un moment, mais moi j'étais assez réticente.

On a fait des recherches sur internet, et il se trouve que l'une des plages les plus proches de chez moi (enfin proche... 115 km quand même !), est mixte, c'est à dire qu'elle mêle naturisme et textile. Même si j'étais moyennement ravie à l'idée que tout le monde voie mon mec à poil, cela lui faisait plaisir de se sentir "libre", et moi je pouvais garder mon maillot si je voulais, donc on y est allés.

Comme le haut de mon bikini était resté dans mon sac à main, je suis arrivée sur la plage avec seulement le bas. Finalement je suis allée me baigner topless, puis j'ai remis le haut quand je suis retournée sur ma serviette (la peau des seins est très fragile, et les miens n'avaient jamais été exposés au soleil). Mais finalement, deux minutes plus tard j'ai tout enlevé... et je n'ai pas été plus gênée que ça.

Il y a sûrement un peu d' "influence" du public, étant donné qu'il y avait très peu de textiles ; j'ai voulu à la fois me conformer aux autres et aussi voir ce que cela faisait. Il n'y a rien de malsain ; je pense que c'est avant tout une recherche de liberté. Bon je ne dis pas que je n'ai pas un peu maté, mais je pense que c'est un réflexe de débutante ! ^^

Deux trucs notables : les gens se parlent beaucoup plus facilement, et l'atmosphère est beaucoup plus calme que sur une plage textile. Forcément, moins de monde, presque pas d'enfants (je n'en ai vu que deux), donc moins de cris et moins de ballons dans la gueule :) Quand on est repartis, dès qu'on a franchi la limite de la plage textile on a tout de suite vu et entendu la différence.

B. a adoré l'expérience, moi j'ai bien aimé mais par contre, il n'y a qu'avec lui que je le ferai. Je ne me vois pas me balader à poil à côté de ma mère :p

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