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Le blog de Dawn Girl
28 avril 2023

Parce que les RS ont (parfois) quelques (petits) avantages

Dans mon dernier post, je vous indiquais vouloir prendre de la distance avec Instagram, cette application à laquelle je suis accro et qui me prend beaucoup trop de temps et d'énergie. Les réseaux sociaux ont cependant de bons côtés, et Instagram peut parfois servir à autre chose qu'à scroller dès le réveil (achevez-moi ^^).

La semaine dernière, il y a eu un matin où ça n'allait pas. Je m'étais réveillée à 4 heures, j'étais fatiguée, déprimée, la pensée de ma mère m'oppressait énormément. Je n'avais pas la force de me remettre à mon texte, alors j'ai juste écrit une petite bafouille pour la partager avec des gens ; peut-être avais-je besoin de l'avis extérieur de personnes qui ne connaissaient ni moi ni ma mère. J'ai envoyé mon témoignage en message privé à l'administratrice d'une page, qui m'a répondu avec beaucoup de bienveillance. Trois heures plus tard, mon texte (anonyme) était en ligne :

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Bien sûr il n'y a que 2% de mon histoire là-dedans ; ce témoignage reflète uniquement ce que j'avais envie de partager à ce moment précis. N'empêche que ça fait quelque chose de le voir publié, et ça fait quelque chose de voir tous les commentaires de soutien en-dessous. Je pensais que j'allais être jugée, qu'on allait me dire ce que dirait ma mère, à savoir que je suis une ingrate qui abandonne la personne qui a tout sacrifié pour moi. Mais pas du tout : la majorité des commentaires m'a conseillé de couper les ponts avec elle. Quelqu'un m'a même suggéré de la faire hospitaliser contre son gré. Le syndrome de Diogène a été évoqué. Deux commentaires ont particulièrement retenu mon attention :

 

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commentaire 2

 

Il est vrai que j'arrive au bout de ce que je peux tolérer. Depuis des semaines, ma mère n'imprime pas ce que je lui dis : je lui parle d'un truc et le lendemain elle a tout oublié. Elle a une voix bizarre. Récemment j'ai pris deux rendez-vous médicaux pour elle telle une putain d'assistante personnelle (ce qui inclut du stress et une charge mentale supplémentaire pour moi), je lui ai tout noté noir sur blanc avec l'endroit, la date, le motif etc ; et bien elle a trouvé le moyen de faire de la merde.....

J'en ai ras le bol. Je ne veux plus être sa secrétaire, sa psy, son infirmière. Je veux que ça s'arrête. Parfois j'ai envie qu'elle meure pour qu'on en finisse. Elle disait que ses parents étaient pesants, et bien elle est exactement comme eux : pesante. Un fardeau. Mon fardeau.

Pour autant, je n'ai pas le courage de couper les ponts. Pas le courage de lui dire que je n'en peux plus. Pas le courage de lui dire que je ne supporte plus sa voix bizarre, son appartement-déchetterie, sa voiture pourrie et sa vie de merde. Pas le courage de lui dire que je veux remonter à la surface de l'eau sans elle. Pas le courage de lui dire que je serai soulagée qua nd elle sera morte. Pas le courage de lui dire qu'elle n'est que noirceur et tristesse. Pas le courage de lui dire que je m'énerve toute seule d'être encore là à la protéger, alors qu'elle m'a maltraitée et qu'elle me met encore la tête sous l'eau depuis tant d'années. J'ai encore moins le courage de la faire hospitaliser contre son gré ou d'alerter les services sociaux dans son dos.

Quand ma mère buvait, ma cousine m'avait conseillé d'alerter la préfecture pour l'empêcher de prendre le volant. Je n'ai jamais pu le faire. Les gens ne se rendent pas compte à quel point c'est difficile de dénoncer ses propres parents.

Je n'ai pas le courage.

J'ai cependant fait un progrès notable depuis quelques mois : j'arrive à prendre un peu de recul et à poser des limites. Pas beaucoup, pas assez, mais un peu quand même. Je peux le démontrer par deux exemples très précis. Le premier, c'est lorsque ma mère m'a demandé de lui offrir un sex toy pour son anniversaire (pour rééduquer son périnée m'a-t-elle dit, et non pour des raisons sexuelles mais bon bref), je lui ai dit que cela me posait problème. Qu'on peut offrir un sex toy à une amie ou à une collègue de travail à la rigueur, mais pas à sa mère. Et quand elle m'a répondu, très étonnée de ma réaction : "Non mais je t'ai expliqué pourquoi, de toute façon je n'ai plus de libido depuis quinze ans", je l'ai arrêtée direct en lui disant : "Non mais stop, je ne veux pas évoquer ce sujet-là avec toi. Je suis ta fille". Je pense que je n'aurais pas eu le courage de lui dire cela il y a quelques années, donc je suis plutôt contente d'avoir réussi à le faire.

Autre exemple : avant d'être complètement à l'ouest au téléphone comme c'est le cas ces dernières semaines, elle commençait déjà à yoyotter en ramenant toujours la conversation à elle quand je lui parlais de quelque chose. Et bien quand elle se lançait dans son monologue que je connaissais déjà par coeur et que je n'avais aucune envie d'entendre pour la millième fois, j'éloignais le téléphone de mon oreille et je la laissais débiter sa loghorrée verbale au plafond du salon. J'en ai parlé à ma thérapeute EMDR, qui m'a dit : "D'une certaine façon, en éloignant le téléphone de votre oreille vous éloignez votre mère de vous".

Aujourd'hui je ressens le besoin d'aller voir mon médecin pour lui parler de ma mère, mais d'une je ne sais pas trop ce qu'elle va pouvoir faire pour moi, elle n'est pas psy. Et de deux, je suis épuisée. Epuisée de pleurer. Epuisée de souhaiter la mort de ma mère puis d'avoir honte ensuite de penser ça, parce que sa voix est à nouveau normale et qu'au fond elle est juste malade. Je suis épuisée de ce yo-yo permanent entre angoisse et soulagement. Epuisée de ressasser sa maladie. Epuisée de voir que pendant que je vois des psys, que j'écris, que je fais ce gros travail sur moi pour essayer de ne pas transmettre le boulet familial à Alice, ma mère n'a jamais vu un psy de sa vie et préfère consulter sa copine "médium" qui s'empoche 60 euros pour lui dire ce qu'elle a envie d'entendre. Je suis épuisée d'être triste. J'ai la flemme de parler de ma mère. J'ai la flemme de pleurer. Tout ce que je veux, c'est que ça s'arrête.

 

 

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2 janvier 2024

J'ai testé pour vous... Noël dans une famille dysfonctionnelle

2247-Coup de vieux du pere noel_maxi

J'ignore si c'est parce que je vieillis, parce que j'ai fait un travail sur moi ou parce que j'ai écrit un livre sur ma famille toxique, mais ce Noël que j'appréhendais tellement a été... différent. Je vais développer un peu plus loin, mais pour résumer : j'ai dit merde à ma mère concernant l'amalgame qu'elle s'entête à faire entre la politesse et le fait de faire un bisou, j'ai répondu à ses multiples remarques acerbes par des piques tout aussi cinglantes, je me suis mise dans ma bulle quand j'étais à table avec tout le monde, et aussi et surtout : j'en ai strictement rien à branler de ce qu'ils pensent.

23 décembre : ma mère commence déjà à m'énerver au téléphone en me disant : "Bon tu fais bien la leçon à Alice, elle fait la bise à tout le monde." ..... C'est tellement plaisant d'avoir une mère qui s'acharne à distiller sa culture du viol et à faire passer le message à Alice que le respect de son corps et de son consentement bah on s'en bat les reins, que tout ça ce sont des conneries d'éducation positive 2.0-enfant-roi-gnagnagnagna et que la-génération-d'avant-était-plus-polie... Bref j'ai eu envie de lui répondre d'aller manger ses morts mais je suis restée calme et droite dans mes bottes en lui répétant pour la 372ème fois que non, Alice ne ferait pas de bisou si elle n'en avait pas envie mais que oui, elle dirait bonjour et au revoir car la politesse c'est ça. Merde.

24 décembre : j'arrive donc chez mon oncle et ma tante avec Alice (B. n'a pas voulu venir, tu m'étonnes). Ma tante dit tout fort en parlant du Père Noël : "BON DE TOUTE FACON ALICE N'Y CROIT PLUS !" Ce n'était pas une question mais une affirmation. Je réponds que si, elle y croit encore, et là ma tante lève les yeux au ciel l'air de dire que c'est des conneries et qu'elle ne tiendra aucun compte de ce que je viens de dire.

A table il se passe un truc étrange : je ne suis pas avec eux. Je n'en fais même pas exprès, je ne suis juste pas là. C'est pourtant la même famille que d'habitude : la même mère, la même tante, le même oncle, les mêmes cousines, mais là je ne sais pas comment dire, c'est différent. J'entends ma cousine Charlotte étaler sa science sur les caisses de retraite puis sur le métier d'assistante dentaire qu'elle fait depuis 1 an à peine (j'ai bossé dans le dentaire pendant 8 ans donc l'entendre comme ça jouer les spécialistes devant moi m'agace très fort. Par ailleurs, cette manie qu'elle a de systématiquement dire "la grand-mère" pour désigner notre grand-mère, m'est insupportable à entendre. Mais je ne dis rien). De son côté, ma mère critique Simone Veil qui est retournée à Auschwitz avec un manteau en vison, j'ai envie de lui dire : "Et alors elle s'habille comme elle veut, elle te doit rien. En revanche tu devrais prendre  exemple sur elle qui a vécu l'horreur absolue et qui s'est donné les moyens de s'en sortir plutôt que de passer sa vie entière à se lamenter". Mais je ne dis rien. Ensuite elle raconte qu'un jour ma grand-mère lui a balancé une paire de chaussures à la poubelle sans raison ; ça me brûle de lui rétorquer : "Bah toi aussi tu m'as balancé une paire de Vans à la poubelle sans raison quand j'avais quinze ans et j'ai jamais compris pourquoi, t'as reproduit le schéma de ta mère en fait". Mais je ne dis rien non plus. Pourquoi je ne dis rien ? Tout simplement parce que je n'ai pas de temps à perdre à débattre avec des gens qui de toute façon n'écouteront rien ; j'ai déjà assez perdu d'énergie et de santé mentale là-dedans. Alors je m'isole virtuellement avec Alice qui joue avec son kaléidoscope, je suis presque extérieure à la scène. Je repense à mes anciens collègues qui m'ont tellement apporté en 6 mois, à ma collègue queer que j'ai envie d'embrasser à chaque fois que je la vois, au milieu LGBT auquel j'appartiens indéniablement, et je me dis que tous ces gens qui comptent pour moi seraient totalement incompatibles avec les personnes ici présentes. J'ai besoin de m'entourer de gens safe, et ici c'est tout sauf safe. Je ne suis pas à ma place.

Au moment de partir, ma tante insiste +++ pour qu'Alice dise merci pour les cadeaux, sous-entendu que c'est très malpoli de ne pas le faire. Sauf que, comme je l'ai dit en arrivant, Alice croit encore au Père Noël donc elle ne comprend pas pourquoi elle doit dire merci. J'aimerais le dire à ma tante mais je n'y arrive pas. Ma cousine Christelle se croit obligée de mettre son grain de sel : "Moi j'ai toujours dit à mes enfants que même s'ils ont des problèmes, en étant poli ça passe toujours". J'ai envie de lui rétorquer qu'elle peut se carrer ses leçons de courtoisie où je pense, que sa mère critiquait aussi ses enfants il y a encore pas si longtemps car soi-disant ils étaient malpolis, mais là encore je ronge mon frein. J'ai juste envie de rentrer chez moi et de les laisser englués dans leur mentalité jugeante et rétrograde de merde. Je laisse quand même échapper un "Foutez-lui la paix !", devant mes cousines et j'espère bien qu'elles l'ont répété à leur mère. Elles n'ont certainement pas manqué de débriefer après notre départ en disant que ma fille était mal élevée, mais je m'en tape le coquillard. L'année prochaine j'espère pouvoir faire en sorte qu'on ne soit pas dans la région à Noël, comme ça ce sera réglé.

25 décembre : le jour du fameux repas chez moi. Dans la voiture les piques maternelles fusent dès le départ : "Ta voiture sent le gasoil", "Oui enfin je veux pas dire mais ton permis de conduire il y a eu des ratés hein", "Je conduis mieux que toi", etc etc. Et ça a continué chez moi : encore des remarques blessantes qu'elle croyait certainement humoristiques, sauf que c'était pas drôle. MAIS grosse victoire personnelle : à chaque pique, je lui ai répondu du tac au tac pour la remettre à sa place. Je n'ai RIEN laissé passer jusqu'à ce qu'elle arrête. Du coup, elle était charmante quand je l'ai ramenée chez elle :-D

Bref, ce Noël m'a permis de mesurer le degré de toxicité de mon entourage. Je savais déjà qu'ils étaient dysfonctionnels (on parle quand même de gens qui ont déjà proposé à plusieurs reprises un verre d'alcool à ma mère qui était alcoolique et c'est moi qui ai dû mettre le holà à l'époque ; pendant des années ils m'ont laissée vivre seule avec elle sans jamais bouger le petit doigt ni même me demander comment j'allais, donc merde hein), mais là c'était vraiment flagrant, un peu comme si je voyais clair après des années à voir flou. Je n'ai plus rien à voir avec eux. Je continuerai d'envoyer un message pour leurs anniversaires respectifs parce que je suis polie, mais c'est tout. Pour le reste, je ne suis déjà plus là.

 

3 février 2024

Le mot de la fin

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Il y a quelques jours, j'ignore pourquoi mais j'ai eu envie de réécouter la chanson "Lisztomania" de Phoenix. Je l'écoutais beaucoup quand je vivais à Lille, et d'ailleurs les musiques de cette époque me rendent nostalgique de ces deux années passées là-bas. C'était quand même bien cool 🙂

Et donc un matin, comme j'avais écouté Lisztomania en boucle la veille, j'ai ouvert les yeux en ayant les paroles de cette chanson dans la tête. Mais ce qui est « marrant », c'est que mon cerveau avait décidé de me faire une bonne blague en me répétant en boucle le pont de fin où Thomas Mars chante à trois reprises : « It's showtime, it's showtime, it's showtime. Time to show it off, time to show it off, time to show it off ! ». Ces paroles se sont superposées avec mes interrogations métaphysiques sur ma collègue et sur moi-même et j'ai eu à la fois envie de rire aux éclats et de pleurer ma race. Oui Thomas je sais que je dois me sortir les doigts du cul. 

Après y avoir longuement réfléchi, j'ai décidé de dire à ma collègue ce que je ressens pour elle. Mais pas maintenant et pas n'importe comment. Il se trouve qu'une occasion va se présenter à plus ou moins long terme : en effet, je sais qu'elle en a marre de son poste ici et qu'elle cherche à partir. On a plein de soucis avec la cpam (dont je vous épargnerai les détails barbants) ; quasiment chaque jour il nous arrive une merde et il se pourrait bien qu'on mette la clé sous la porte dans les prochaines semaines. De mon côté, je ne m'épanouis plus dans mon job et je souffre trop de côtoyer ma collègue tous les jours. Bref, une chose est sûre : un jour ou l'autre, l'une de nous va s'en aller, et ce sera à ce moment-là que je lui ferai part de mes sentiments. Je ne pourrai pas la voir quitter ma vie sans qu'elle le sache. J'en pleure déjà rien qu'à imaginer la scène mais je pense que ça me fera du bien de faire sortir ce truc qui me pèse.

En cherchant sur Google "est-ce une bonne idée d'avouer mes sentiments à mon crush ?" (oui j'en suis là, allez-y jugez-moi), j'ai vu pas mal d'articles qui préconisaient de le dire là tout de suite, right now, que ça ne sert à rien de se laisser bouffer de l'intérieur et que plus vite c'est fait mieux c'est, hashtag arracher le pansement d'un seul coup. Mais je ne veux pas la mettre mal à l'aise. Je pense qu'elle ne s'y attend pas du tout et qu'elle va tomber de très haut quand je vais me déclarer, donc continuer à bosser ensemble après que je lui ai sorti un truc pareil risque d'être très difficile voire impossible. C'est pour ça que je préfère attendre la fin de la relation professionnelle pour passer à l'action.

J'en suis donc à espérer qu'elle parte (moi j'attends de me faire virer car si je démissionne je m'assois sur mes indemnités). Son départ me permettrait d'une part de me libérer de ce poids en lui parlant, et d'autre part de ne plus la voir. Alors oui je vais dérouiller, mais comme on dit, loin des yeux loin du cœur. Un jour elle trouvera chaussure à son pied (et je le lui souhaite d'ailleurs, elle mérite d'être heureuse). Mais je veux qu'elle soit heureuse loin de moi. Je veux que nos routes se séparent et ne plus entendre parler d'elle.

Je vais essayer de ne plus trop parler de ce sujet ici, non pas pour mettre un mouchoir dessus mais juste parce qu'à part vous dire que je souffre, il ne va pas se passer grand-chose de plus :-p Et que je ne veux pas devenir la blogueuse barbante qui tourne en boucle sur une histoire impossible, c'est un cliché triste à pleurer. Je vais peut-être vous refaire des articles sur des livres que je lis, ça fait longtemps que je n'en ai pas écrit.

PS : Bien évidemment, je reconsidérerai l'option du grand déballage si  jamais ma collègue est en couple au moment venu :-S

PS 2 : Aujourd'hui, est venue se loger dans ma tête une chanson que je n'avais pas écouté depuis plus de vingt ans : "ne me jugez pas" de Sawt El Atlas... Pourquoi ?? 😭

22 mars 2019

Je veux bosser dans une grotte

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Ceci est mon plus beau sourire

 

(bon je dis ça alors que je viens de finir "L'outsider" de Stephen King (article à viendre)... Avec une grotte bien flippante...)

Bref.

Je sature de bosser avec des nanas que je n'aime pas.

Pour vous expliquer la configuration du cabinet où je travaille : normalement il y a deux assistantes à l'accueil et deux au fauteuil. Moi je bosse à l'accueil ; ce qui m'arrange plutôt.

Depuis 2 ans, je travaillais avec une collègue que j'appréciais à peu près. Et puis quelqu'un a démissionné et ladite collègue est partie travailler à l'arrière du cabinet, côté clinique. Je me suis donc retrouvée toute seule à l'accueil (ce qui n'est pas un problème ; après 7 ans de secrétariat je commence à me débrouiller). 

Et puis mon patron a fait passer des entretiens pour remplacer celle qui avait démissionné (vous suivez toujours ?). Comme il a mauvaise réputation, il a reçu des CV pourris (ou alors il a mal sélectionné les profils). Quand j'ai rappelé les candidates pour les convoquer, la moitié d'entre elles n'a jamais rappelé, donc vous voyez un peu le truc :D

Bref il a fini par prendre une fille à l'essai ; une espèce de grande panthère black avec une grande gueule ; le genre de fille qui a un rire tonitruant à la Claudia Tagbo et qu'on imagine très bien danser sur les tables en soirée. En bref, l'opposé total de mes collègues et moi qui sommes plutôt discrètes et pas super extraverties. Dès le début, on s'est dit que ça n'allait pas le faire car mon patron déteste les grandes gueules ; il déteste qu'on lui réponde. Quand il fait une remarque, il faut s'excuser et surtout fermer sa bouche ; jamais de "oui mais..." sinon il pète un câble. Je ne dis pas que c'est bien, mais c'est comme ça ; ce n'est pas à son âge qu'il va changer. Bref j'ai été surprise qu'il embauche cette personne car dès l'entretien son fort tempérament se ressentait.

 Au départ il l'a fait travailler en clinique, et comme prévu l'expérience n'a pas été concluante :  pas assez dynamique. Tous les soirs elle braillait après lui : "PUTAIN MAIS C'EST QUOI CE MEC ? C'EST FINI LE TEMPS OU LES FEMMES FERMAIENT LEUR GUEULE !!!!" J'avais envie de lui dire "mais putain pourquoi tu restes, si c'est si insupportable que ça ? Barre-toi, la porte est grande ouverte et personne ne te retient".

Bref comme elle n'a pas fait l'affaire en clinique, mon patron me l'a collée à l'accueil avec moi. Sauf que l'accueil c'est très speed et qu'elle ne supportait pas d'avoir plusieurs choses à faire en même temps. Elle soufflait, elle me stressait. En plus, ce jour-là j'étais angoissée parce que j'avais reçu un SMS de la nounou de ma fille me disant qu'elle avait 39,6 de température (j'en ai pleuré ; une de mes collègues m'a prise dans ses bras ; elle a dû me prendre pour une tarée de m'effondrer pour si peu).

BREF quand mon patron m'a annoncé le lendemain qu'il la licenciait, j'ai été contente je l'avoue. Il y avait clairement incompatibilité d'humeur.

 

Elle n'a pas digéré de se faire licencier, bien que mon patron ait fait les choses dans les règles. Elle a fait un scandale dans le cabinet ; elle s'est ramenée près de moi avec son portable à la main, et elle a appelé le Conseil de l'Ordre en racontant qu'elle faisait un malaise à l'accueil. Bref, la nana complètement givrée.

 

Mon patron a donc embauché une autre personne pour bosser à l'accueil avec moi. Et là, c'est encore pire qu'avec Naomi Campbell... Elle ne fait que des conneries ; elle envahit mon espace (j'étais habituée à être peinarde mais je l'ai sur le dos sans arrêt, je me sens oppressée). Elle reste à côté de moi les bras croisés à regarder ce que je fais, en se tenant debout genre à 20 centimètres de moi. Quand je discute avec un parent, elle s'inscruste dans la conservation en parlant plus fort que moi. Quand je dis "bonjour", elle gueule par-dessus ma voix : "BONJOUR !!!" Quand je fais un paiement par carte bancaire, elle me prend la carte et la met dans le lecteur, comme si je n'étais pas capable de le faire. C'est horrible, c'est envahissant... Par ailleurs, elle a une façon vulgaire de parler ; je parle fort mais elle, elle braille comme une poissonnière. Bref il y a du professionnel et du personnel qui se mêlent et moi je ne sais pas dire les choses... Je ne sais pas m'affirmer pour qu'elle me laisse mon espace de liberté. Et puis c'est fatigant de repasser derrière elle sans arrêt pour rattraper ses conneries. Hier j'étais en hyper-nervosité toute la journée ; j'en avais mal à la tête. Aujourd'hui encore, c'est mon jour de repos et j'ai mal aux yeux.

 

J'avais ma première séance avec la psychologue ce matin ; je lui ai expliqué (brièvement car c'était une prise de contact) mon souci avec cette collègue. Elle m'a expliqué comment je pouvais formuler les choses pour qu'elle ne vienne pas se coller ; je vais avoir 15 000 scrupules de lui dire ça mais je n'ai pas le choix sinon je vais péter les plombs.

 

J'envie les gens qui savent dire les choses franchement ; moi ça m'angoisse tellement que souvent je ne dis rien. Résultat : je passe au mieux pour une fille hautaine, et au pire pour une faux-cul. Une de mes collègues m'a dit que son mode de fontionnement était "une gifle, une caresse". J'adore :D Mais je ne sais pas faire.

 

En tout cas je ne serais pas étonnée de me retrouver en arrêt décès maladie d'ici peu. Je vais bien sûr appliquer ce que va me dire la psychologue, mais putain que ça va être dur.

 

16 décembre 2019

Lectures de décembre

J'avais 18 ans de Elisabeth Fanger

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1974. Elisabeth (dite Lili), 18 ans, s'ennuie dans sa vie dorée de jeune fille riche. Elle sèche le lycée et sort tous les soirs en boîte de nuit avec ses meilleures amies. Lors d'une soirée, elle rencontre Bada, un garçon de Belleville dont elle tombe follement amoureuse. Un soir, Bada lui téléphone, paniqué : il vient de braquer une banque avec plusieurs complices ; il y a des victimes. Lili accueille Bada chez lui après que ce dernier a semé la police. Le lendemain, ils partent en cavale avec un ami de Bada et la petite amie de ce dernier. La cavale durera deux ans et se terminera en Grèce pour Lili, seule, sans bagages et sans argent. Elle y restera 3 mois avant de rentrer en France.

Cela faisait très longtemps que j'avais envie de lire ce livre ; à l'époque de sa sortie (en 2004), j'avais vu l'interview d'Elisabeth Fanger dans l'émission Tout le monde en parle. Evidemment, la recette plaît toujours et comme beaucoup de personnes, je marche à fond : les beaux quartiers de Paris, l'argent facile, l'illégalité, la fuite à l'étranger... On se demande comment tout cela va se terminer. 

Bada est en fait Sid Mohamed Badaoui, une figure du grand banditisme qui a fait partie du Gang des Postiches. Après sa mort, les braquages du gang ont continué jusqu'au milieu des années 80.

Au début, le personnage de Lili m'a un peu agacée avec son côté "pauvre petite fille riche" qui se prend pour une star de cinéma ; je la trouvais vraiment énervante et l'écriture était poussive. C'est au moment du braquage puis de la cavale que je me suis laissée prendre dans le récit. J'émets quelques doutes sur la véracité de certains points (j'ai du mal à croire qu'une soi-disant fille riche  des beaux quartiers parisiens prénomme sa fille Cindy et participe à Secret Story, m'enfin bon ce n'est que mon avis ^^), mais bon j'ai pris tout cela comme une histoire romancée. Et au final j'ai assez bien aimé. Je serais curieuse de voir le film qui a été tiré du livre ; je le regarderai si l'occasion se présente.

 

Le défilé des vanités de Cécile Sépulchre

 

defile vanites

 

 Martine Pouelzoc, alias Marine de Rubempré, parvient à décrocher un stage au sein du magazine Luxe Addict. Elle tente de se faire une place dans le milieu impitoyable de la mode en changeant de nom, de look et en jouant des coudes (et pas que des coudes ^^), au milieu de filles issues du sérail.

Je résume ainsi le livre, car c'est en substance ce que dit la quatrième de couverture, mais je trouve ce résumé un peu trompeur. En effet, on pense que Marine est le personnage principal et qu'on va la suivre tout au long du récit, mais il n'en est rien : il y a aussi Elisabeth, la rédactrice en chef, brillante mais vieillissante et accro à la chirurgie esthétique ; Raphaël, le Directeur Artistique que j'ai eu un peu de mal à cerner ; Agathe, la journaliste travailleuse et malheureuse en amour ; Bille, l'assistante boulotte et bûcheuse qui bosse dans l'ombre (enfin "boulotte", elle doit faire du 38 j'imagine) ; bref toute une galerie de personnages qu'on quitte et qu'on retrouve alternativement au fil des chapitres.

Je commence par le positif : c'est bien écrit ; on voit que l'auteur connaît très bien le milieu de la mode et ses codes. On se sent bien sûr vieille, grosse et moche au milieu de ces créatures très minces, friquées et bien sapées, mais c'est plaisant à lire. J'ai trouvé le personnage de Queen, la présidente du magazine à la fois burlesque et un peu cliché (elle est inspirée à mon avis d'Anna Wintour et d'autres papesses de la mode, en grossissant le trait bien sûr) ; celui de Ombeline la fille parfaite assez agaçant (bon elle a un prénom pourri quand même ; perso "Ombeline" ça me fait penser à "Ombilic"). Je pense que mon personnage préféré est Elisabeth : on sent qu'elle a gagné son poste de rédactrice en chef en travaillant d'arrache-pied pendant des années et qu'elle est tout à fait légitime à sa place. Son combat contre le jeunisme ambiant et sa prise de conscience sur ce qu'elle a raté dans sa vie personnelle sont assez touchants. Bref je m'attendais à une resucée à la sauce française du Diable s'habille en Prada, mais pas du tout ; c'est complètement différent.

En revanche, deux bémols pour moi : tout d'abord l'auteur, pour accentuer le côté "provinciale qui débarque à Paris", a affublé la future stagiaire du patronyme "Martine Pouelzoc" ; cette dernière étant originaire de Plougasnou, dans le Finistère. Je suis bretonne et j'en ai ras le bol qu'on fasse passer la Bretagne pour une terre de bouseux. Je sais que ce n'est pas le sujet du livre, mais il ne faut pas avoir fait Normale Sup pour voir que l'auteur a cherché des noms rigolos en "Plou", bah ouais ça fait tout de suite penser à "plouc" ; c'est plus marrant que si elle s'était appelée Dupont et avait débarqué de Schwindratzheim, hein.

Alors oui, il y a des petites villes bretonnes qui commencent par "Plou" ou "Plo" (Plougasnou existe réellement) ; mais il y a aussi une flopée de "Ker" ; et même, oh incroyable 90 % qui ne contiennent aucun des deux : Dinan, Saint Malo, Pontivy, Quimper, Lorient, etc etc... Et pour info, la majorité des noms de famille bretons ne commence pas par "Pou", mais comprend plutôt un "Le....", par exemple Le Calvez, Le Floc'h, Le Mercier, etc etc... Et pour finir, oui nous avons des bleds paumés en pleine cambrousse (je vis dans l'un d'entre eux d'ailleurs, bien qu'étant à la base originaire de Rennes), mais pas plus qu'en Picardie, qu'en Franche-Comté ou qu'en Alsace. Merde.

 Voilà, ça c'est dit :-)

Deuxième bémol : j'ai trouvé la fin complètement bâclée ; tout s'emballe d'un coup ; les gentils gagnent et les méchants sont out, tout le monde fait un gosse (désolée je spoile mais ça n'enlève pas la qualité du reste du livre). Bref c'est dommage car les premières centaines de pages sont vraiment bien écrites et agréables à lire.

 

Lecture en cours : "L'été meurtrier" de Sébastien Japrisot ; je peux déjà vous dire que ma critique sera positive :-)

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3 avril 2022

Le ciel t'aidera

baby shark

A l'heure où j'écris ces lignes, nous sommes le 27 mars 2022. Il faisait beau cet après-midi, alors j'ai proposé à Alice de dessiner à la craie devant notre maison (nous sommes confinées pour cause de Covid). Je n'aime pas dessiner (j'ai même horreur de ça, je suis incapable de dessiner quoi que ce soit ; je l'ai déjà évoqué ici lors de mon coming-out autistique), mais malgré cela, depuis un moment j'avais envie de dessiner Baby Shark devant ma maison. Pourquoi ? Parce qu'il y a deux ans presque jour pour jour j'étais également confinée ; j'étais assise sur les marches devant ma porte d'entrée, il faisait une chaleur à crever, j'avais la chanson de Baby Shark dans la tête et je pensais à Myriam jusqu'à en devenir folle. Et je crois qu'aujourd'hui, j'ai eu besoin de faire ressortir tout cela en le dessinant.

Le premier confinement, en mars-avril 2020, a été une période bizarre pour tout le monde. Inédite. Exceptionnelle. Pour la première fois de notre vie (et espérons-le, la dernière), nous avons été assignés à résidence. Obligés d'avoir une raison valable pour sortir. Obligés de remplir une attestation. Obligés d'avoir notre carte d'identité sur nous en permanence. Obligés de se limiter à 1 kilomètre de distance et à une heure de temps quand on voulait aller se promener. Personnellement j'ai tout respecté à la lettre. Je ne suis jamais allée à plus d'un kilomètre de mon domicile et jamais plus d'une heure. J'ai toujours rempli scrupuleusement mon attestation. J'ai toujours eu ma carte d'identité sur moi. J'ai toujours été un bon petit soldat.

J'imaginais des voitures de flics patrouiller près de chez moi, à la recherche d'un délinquant qui sortirait s'aérer trop longtemps. J'imaginais les rues de Rennes complètement vides malgré la chaleur écrasante. J'imaginais le contraste schizophrénique entre le silence des villes et l'effervescence des hôpitaux, avec des médecins et des infirmiers courant partout au rythme des bips résonnant tous azimuts dans les couloirs. J'imaginais ce virus de merde en train de circuler partout et je me demandais s'il allait m'épargner. Je me demandais quels seraient ses effets sur moi : légers, ou avec le package réanimation ? Et dans cette hypothèse, est ce qu'il resterait encore de l'oxygène pour moi ? J'avais vraiment peur.

Avec le recul, je suis sûre qu'il n'y avait aucune voiture de flics dans ma commune, pour la simple et bonne raison que je vis dans une commune de 3000 habitants où les flics ne viennent jamais. J'aurais pu sortir plus loin et plus longtemps sans me prendre une amende ni me faire contaminer. J'aurais même pu aller au bord de la mer comme certains l'ont fait. Ce n'est pas grave ; j'ai découvert des coins de ma commune que je ne connaissais pas, ce qui n'a fait que confirmer à quel point je la kiffe. J'ai bouffé du « Thomas le petit train » et du «Vintage mecanic» pendant deux mois, j'ai fait des œuvres d'art en perles à repasser, et j'ai pensé à Myriam, plus que jamais. Je pensais à elle tout le temps.

Je vous ai parlé d'elle en 2019 (voir article). Je ne me suis pas appesantie sur le sujet depuis ; de toute façon il n'y a pas grand-chose à raconter si ce n'est que rien n'a changé de mon côté : je suis toujours folle d'elle. Pour la première fois de ma vie, je ne me suis pas lassée. La flamme est toujours là, bien vivante et elle ne demande qu'à être attisée davantage. Bien entendu, Myriam n'en sait rien et n'en saura jamais rien. Pas question de perturber sa vie, et par-dessus tout, pas question de perdre le peu d'elle que je glane tous les jours, même si ce ne sont que des miettes.

Je pense que le nœud du problème, c'est que je suis obligée de la voir tous les matins (paradoxe bonjour). Si je ne la voyais plus ce serait plus facile : loin des yeux loin du cœur et basta. Mais je n'ai pas le choix : même si elle n'est pas la maîtresse d'Alice elle travaille quand même à l'école. Tous les matins elle est là, fidèle au poste. Tous les matins elle demande à Alice où elle mange le midi, et tous les matins Alice lui répond d'un air blasé qu'elle mange à la cantine. Il y a trois semaines, elle s'est approchée de moi en tendant une main (elle est tactile avec tout le monde ; je me suis déjà fait la réflexion qu'elle avait tendance à tripoter les gens). Bref elle a donc tendu une main, et d'un geste purement spontané, j'ai attrapé le haut de ses doigts et j'ai caressé l'un d'eux avec mon pouce. Cela a duré une seconde ; c'était tellement fugace que je ne sais même pas si elle s'en est rendue compte (j'espère je pense que oui). J'ai très vite lâché sa main. J'ai pensé à mon paternel qui m'a dit un jour, en me parlant d'un mec du collège sur lequel j'étais bloquée depuis des années : « Alors ça y est, vous vous êtes serré la main ? » J'ai ri jaune. Je pense que le majeur droit de Myriam restera la seule partie de son corps que je caresserai jamais, et cela me rend très malheureuse.

Je pourrais (devrais?) sauter dans le vide et lui avouer ce que je ressens, qu'on en finisse. Peut-être qu'elle n'a personne dans sa vie, peut-être qu'elle ne dirait pas non, peut-être qu'elle me dirait gentiment qu'elle est flattée mais pas intéressée, peut-être qu'elle tomberait de sa chaise car elle n'aurait jamais imaginé cela (en dépit du caressage de doigts), peut-être qu'elle me dirait que son cœur est déjà pris, peut-être qu'elle rougirait et qu'elle partirait en courant, peut-être que machin truc chouette bidule (avec des si, hein...) Ce qui est sûr en revanche, c'est que je serais fixée.

Le problème, c'est que la seule fois de ma vie où je me suis risquée à déclarer ma flamme à quelqu'un (Benjamin), je me suis pris une sulfateuse en retour. Alors certes, cela a été une très bonne chose au final : seule ma fierté a été blessée et il s'est avéré que je ne tenais pas tant que cela à ce garçon. Son stop m'a fait passer à autre chose ; de toute manière il ne m'a pas laissé le choix.

Mais ça m'a vaccinée. Je ne veux pas revivre ça. Je ne veux pas ENCORE me sentir honteuse de déclarer mes sentiments. Je ne veux pas ENCORE me prendre un râteau. Et surtout, je ne veux pas qu'après coup il y ait un malaise, qu'elle me fuie ou je ne sais quoi. Au moins Benjamin, il habitait à 600 bornes donc je ne l'ai jamais recroisé et je ne le recroiserai jamais, et c'est très bien comme ça. Mais Myriam, je suis condamnée à la voir quotidiennement, au mieux jusqu'à la fin de l'année scolaire et au pire jusqu'en juillet 2023. C'est très dur. Je suis fatiguée de me demander si elle partage la vie de quelqu'un. Je suis fatiguée de me demander pourquoi sa voiture n'est pas là tel matin ou tel soir. Je suis fatiguée de me demander pourquoi elle déménage, de me demander pourquoi certains soirs elle part dans telle direction et non pas dans telle autre, parce que tout cela ne me regarde pas en fait. Je suis fatiguée de me dire que ce coup de cœur est sans doute la conséquence de l'usure de mon couple avec B. (j'ai toujours des sentiments pour lui mais différents, par moments je me sens étouffer et je ne sais pas si tous les vieux couples passent par là. C'est peut-être normal). Je suis fatiguée de culpabiliser.

C'est pour cette raison que je ferme ma gueule et que j'attends que ça se passe.

Pour ceux qui me lisent depuis longtemps, je ne sais pas si vous vous rappelez mais avec B. j'ai souffert en silence aussi : je suis tombée amoureuse de lui début 2006, et on est sorti ensemble en mars 2007. Un an. Cela me paraît tellement dérisoire aujourd'hui. Au final le destin nous a donné un coup de pouce inespéré : B. est venu travailler dans l'auto-école juste à côté de mon travail, dans une autre commune que celle où nous nous sommes rencontrés. Un hasard de ouf. C'est ce hasard qui nous a permis de sortir ensemble.

Et bien quelquefois je me surprends à espérer la même chose avec Myriam. Que le destin nous donne un coup de pouce aussi. Mon histoire avec B. m'a donné envie de croire que les personnes destinées à faire un bout de chemin ensemble finissent par se retrouver malgré les obstacles. Vous allez penser que c'est une ode à la passivité, une excuse pour ne pas bouger mon cul, et vous aurez sans doute raison. Mais quand on a eu droit à un tel cadeau une fois, on espère que cela se reproduise encore une fois. C'est humain.

Il y a quelques mois, j'ai vu une émission où le témoignage d'une personne m'a rendue terriblement jalouse, même si son histoire est complètement différente de la mienne : en juillet 2019 elle était en road trip en Sicile, et elle hésitait entre retourner voir des amis dans je ne sais plus quel bled et gravir le volcan Stromboli. Elle a donc demandé au ciel de lui faire un signe pour l'aider à prendre sa décision. Ni une ni deux, le ciel lui a apporté ce signe sur un plateau, en la personne d'un vieillard sorti de nulle part, qui, avant même que Martine ouvre la bouche, lui a sorti qu'elle devait aller à Trifouillis les Oies et laisser tomber le Stromboli. Ni une ni deux, notre amie s'est donc exécutée. Et bien, croyez-le ou non, le Stromboli est entré en éruption ce jour-là et le pote avec qui elle devait l'escalader est mort. Elle l'a échappé belle.

Alors bien sûr je suis ravie qu'elle ait échappé à la mort, mais quand son interlocutrice lui dit, les yeux brillants : « comme quoi il faut savoir écouter son intuition», j'ai envie de lui répondre : « Oui enfin excuse-moi Brigitte mais là c'est plus qu'une intuition, c'est carrément un mec qui tombe du ciel et qui lui dit ce qu'elle doit faire, juste au moment où elle le souhaite en plus ! Il aurait vraiment fallu être cruche pour choisir le volcan !» Bref je suis jalouse, même si dans mon cas il ne s'agit pas de vie ou de mort. Moi aussi je veux une vieille gitane qui apparaisse entre la boulangerie et le bureau de tabac pour me dire : « Oublie-la, elle n'est pas faite pour toi. Elle a trouvé l'amour de sa vie et elle est heureuse. N'as-tu pas envie qu'elle soit heureuse ? »

Bien sûr que j'ai envie qu'elle soit heureuse, même si ce n'est pas avec moi. J'ai déjà demandé un signe au ciel, je ne l'ai jamais eu. J'ai même déjà pensé que je m'aveuglais volontairement ; que je refusais de voir. Le problème c'est je ne sais même pas ce que je suis censée voir.

L'autre jour, j'ai vu un magnifique arc-en-ciel derrière chez moi. Les couleurs étaient très marquées, et (pour la première fois je crois), je pouvais le voir en entier, jusqu'aux « pieds ». Je l'ai regardé et j'ai réitéré à voix haute mon vœu par rapport à Myriam. Quand on est paumé, on se raccroche à n'importe quoi, même à un arc-en-ciel. Même à son gâteau d'anniversaire. Même à une épluchure de clémentine. A n'importe quoi, à défaut d'avoir une apparition céleste comme Martine en Sicile.

Bref, cette année l'arrivée du printemps a fait remonter à la surface le souvenir du confinement de 2020. J'avais 36 ans, je détestais mon boulot, on était confiné, il faisait très chaud, je devais apprendre la chorégraphie de Baby Shark à Alice et j'avais envie de serrer Myriam dans mes bras. Deux ans plus tard j'ai 38 ans, j'ai quitté mon boulot, je suis confinée, j'ai dessiné Baby Shark avec Alice et j'ai toujours envie de serrer Myriam dans mes bras.

6 juin 2022

Origine(s), la suite

(j'ai essayé de ne pas être trop redondante avec mon article du 17 novembre ^^)

Je suis née à Rennes et j’y ai grandi (je suis un pur produit du quartier Sainte Thérèse / Sud Gare). Toute mon enfance et toute mon adolescence, j’ai marché des kilomètres dans les rues et le centre ville rennais ; j’ai écumé toutes les lignes de bus, tous les parcs et tous les centres commerciaux de la ville. J'ai également fait toute ma scolarité à Rennes, de la maternelle jusqu'à la fac. Je suis donc une citadine rennaise pur jus. Conséquence : ayant toujours vécu en ville jusqu’à l’âge de 28 ans, j’ai quasiment tout le temps résidé en appartement. De même pour mes camarades de classe : à part quelques exceptions, ils vivaient tous en appartement, quels que soient les moyens financiers de leurs parents. On n’avait pas de jardin mais cela ne choquait personne ; en ce qui me concerne, aller jouer dehors m’a toujours prodigieusement emmerdée.

Depuis 2012, je vis à la campagne. Pas par volonté au départ, mais pour des raisons professionnelles : à l'époque j'avais en effet trouvé un job à la campagne et le fait de quitter la grande ville me permettait d'avoir moins de route à faire. Etant célibataire et smicarde j'ai loué un T2 dans lequel je suis restée quatre ans. Ensuite Alice est arrivée ; j'étais alors en intérim et B. s'est fait licencier ; on a donc déménagé dans un logement social plus grand où nous vivons toujours actuellement. A un moment donné on aurait peut-être pu acheter, mais B. ayant décidé d’aller vivre dans la maison de ses parents à moyen terme on ne l’a pas fait (et quand je vois la gueule du marché immobilier en Ille et Vilaine depuis le Covid je me dis qu’on aurait peut-être dû, mais bon bref ce n’est pas le sujet).

Il se trouve que depuis quelques années, les couples de 30-40 ans veulent tous un pavillon avec jardin pour leurs enfants ; les lotissements poussent donc comme du chiendent des champignons un peu partout. Dans la mesure où tout augmente sauf les salaires (cette phrase de vieux con vous est offerte par la maison ^^), les gens achètent des maisons de plus en plus petites et de plus en plus collées les unes sur les autres. J’en ai déjà parlé ici, mais bien qu’étant locataire dans le parc social je ne suis pas DU TOUT jalouse de ce type de bien. J’ai eu l’occasion d’emmener Alice à plusieurs reprises chez une copine qui habite dans ce genre de quartier triste et sans âme, et rien que de marcher dans sa rue, avec les gamins sur leur vélo qui te matent comme une bête curieuse pendant que leur père passe sa 3008 au Karcher devant le garage, je me sens très mal à l’aise. J’ai parfaitement conscience que mes propos peuvent laisser croire que je suis jalouse, mais je vous jure que non. Me promener là-dedans m'angoisse profondément. Mais bon bref je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà dit dans un autre article.

Ce qui m’ennuie, c’est que depuis quelques temps Alice a l’air gênée par cette différence avec ses camarades de classe. Comme je l’ai déjà dit ici, il m’est arrivé d’entendre des copines lui dire « j’aime pas les appartements, c’est nul », ou encore « pourquoi t’habites dans un appartement, vous n’avez pas trouvé de maison ? » Inutile de dire que ce ne sont pas des enfants de 5-6 ans qui ont inventé ces phrases et que ces propos sont vraisemblablement la retranscription de ce que disent leurs parents. Un enfant de maternelle n’en a rien à battre que ses potes aient un jardin ; tout ce qui compte pour lui c’est d’avoir suffisamment de jouets pour s’amuser. Les seuls qui comparent, ce sont les adultes. On compare sa voiture, sa maison, son boulot, son mari… C’est fatigant.

Bref la pauvre Alice se retrouve prise en étau là-dedans ; je me dis qu’elle n’a que 6 ans et que la mentalité des gamins ne va pas s’arranger en grandissant… Le pire, c’est que cette comparaison permanente a fini par déteindre aussi sur moi : en effet, je me suis récemment surprise à me dire qu’on va inviter des copains d’Alice chez nous en hiver uniquement, comme ça personne ne viendra nous emmerder à nous parler d’extérieur. Je me suis également vue, à plusieurs reprises, parler aux mamans de « notre future maison », aka celle de mes beaux-parents, en mode : « ouais je sais c’est petit ici, mais vous verrez après on aura une grande maison avec un terrain aussi grand qu'un terrain de football». Dimanche dernier je tondais la pelouse dans le champ, et je me disais « putain c’est super grand quand même, si on creuse une piscine ou qu’on installe une tyrolienne ce sera un plaisir d’inviter des gens ici, car ils se sentiront complexés avec leur jardin Polly Pocket collé sur les voisins et regretteront d’avoir critiqué mon appartement ». Et puis après je m’en suis voulue de penser ça, parce que 1. on n’habite pas là-bas et il ne faut pas vendre la peau des bœufs avant d’avoir tué la charrue (on ne sait pas de quoi demain sera fait, l’un de nous peut mourir ou larguer l’autre), et 2. NON MAIS QU’EST-CE QUE J’EN AI A FOUTRE DE CE QUE PENSENT LES GENS EN FAIT ? Qu’est ce que j’ai besoin de me vanter en parlant d’une maison dans laquelle je n’habite pas ? J'ai l'impression d'être comme ma mère qui n'assume pas qui elle est et d'où elle vient, et cela m'insupporte. Comme disait mon grand-père, je compte les œufs dans le cul de la poule. Et 3. de toute façon B. ne veut plus creuser de piscine, il dit que ça coûte trop cher et qu’on paiera des impôts dessus :-D

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Une partie du champ de la maison où je vivrai (peut-être) un jour


Bref je ne sais pas si c’est la mentalité des petites communes résidentielles, mais en tout cas je sais qu’en ville ce n’est pas comme ça. Bien évidemment je ne mets pas tout le monde dans le même panier et je sais que toutes les familles n’ont pas cet état d'esprit, mais d’une manière générale, j’ai l’impression qu’ici les gens aiment bien fourrer leur nez chez leurs voisins pour voir si l’herbe y est plus verte. Les gens aiment bien constater qu’ils ont un truc plus grand que toi (ta maison, ton véhicule, ta bite). Ils croient qu’en appelant leurs gamins Pacôme ou Marie-Angélique, en leur payant des cours de violoncelle et en les mettant à l’école privée, ils font partie du dessus du panier. Sauf que ça ne marche pas comme ça. Quand tu fais partie du dessus du panier, tu n’habites pas dans un bled à 30 bornes de la grande ville. Ton gamin ne va pas au collège de Trifouillis les Oies, quand bien même ce collège est privé. Et ta maison n’est pas un truc en carton-pâte semblable aux autres cartons du coin. Perso je ne fais peut-être pas partie du sérail, mais au moins je le sais et je ne cherche pas à enfiler un costume trop grand pour moi (même si parfois je suis complexée comme je l'expliquais dans mon post du 19 janvier).

Quelque part, je pense que beaucoup de ces gens sont comme moi. Je pense que beaucoup de personnes qui vivent ici me ressemblent finalement, en dépit d'un mode de vie en apparence complètement différent. C’est juste que moi j’intériorise et je fais un travail sur moi tous les jours pour me contenter de ce que j’ai. Mais je vous jure qu’avec cette société qui ne cesse de comparer les enfants entre eux et les adultes entre eux, c’est un travail laborieux. On n'empêchera jamais les gens d'être cons et je ne veux pas qu'Alice souffre d'exclusion pour cette raison.

PAR CONTRE, il y a la maison d'une personne que je suis sur Instagram, qui clairement représente la maison de mes rêves. J'ai galéré à trouver des photos de l'intérieur car généralement elle se filme en story chez elle ; et je n'en ai retrouvé aucune de l'extérieur. Là oui, je suis très très jalouse :-D

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Elle a eu un coup de coeur quand elle l'a visitée... Tu m'étonnes ! 

1 septembre 2021

Burn out autistique ?

J'ai toujours été dans l'introspection. J'ai toujours aimé réfléchir (beaucoup trop), analyser (beaucoup trop) et stresser (beaucoup trop). Je suis persuadée que quand j'ai commencé à bloguer fin 2005, j'étais déjà sans le savoir dans une démarche d'introspection (pourtant mon premier post parlait de ma mère qui s'était fait vandaliser sa voiture...). J'ai crié dans le désert bloguesque, j'ai raconté un peu tout et n'importe quoi pendant des années ; presque tous mes lecteurs sont partis mais quelques-uns sont restés (merci à vous d'ailleurs). La véritable introspection s'est dessinée avec la maturité, et notamment quand je suis devenue maman et que j'ai commencé à me poser des questions sur un éventuel TSA.

La confirmation médicale de mon autisme n'a pas été une surprise pour moi, mais elle ressemble à une lampe de poche braquée dans l'obscurité : je vois certaines choses mais je les distingue encore mal. Je n'arrive pas à visualiser tous les contours. Certaines formes inconnues me font peur, un peu comme un tas de vêtements qui ressemble à un monstre dans une pièce sombre. J'entends des sons que je n'arrive pas (encore ?) à identifier. A force d'analyser, de décortiquer, d'essayer de comprendre, je crois que je me connais un peu mieux. Je dénoue des fils. Je mets des points finaux. J'ai besoin de comprendre pour avancer. En tenant compte du facteur autisme, je cerne mieux mes difficultés. Je me documente. Je suis tombée sur des pages Instagram tenues par des autistes (notamment "l'oeil atypique" et "Autiste tout simplement"), et mon dieu ce que ça me parle. J'ai appris les notions de "small talk" (ce que ma psychologue nommait le "bavardage social"), d'hyperstimulation, de suradaptation. D'anxiété et de fatigue nerveuse extrêmes à force d'essayer de me camoufler socialement (tout le temps), et de ne pas y arriver (très souvent). Je comprends que je ne suis pas seule. Je comprends que je ne suis pas anormale. Je comprends que c'est normal d'avoir envie de pleurer quand une collègue me demande de parler moins fort. Qu'elle n'a pas à me dire de parler moins fort ou moins vite, parce que mon élocution très particulière EST un symptôme de mon autisme. Je comprends que ce n'est pas ma faute. Je comprends que je ne suis pas coupable. Je comprends que je n'ai rien fait de mal. Même quand j'ai mal parlé à Gertrude en 1999. Même quand j'ai eu l'air con en cours de sport en 1992. Même quand j'ai été méchante avec ma meilleure copine en CM2. J'aimerais écrire à tous ces gens-là. Leur dire que je suis désolée. Leur dire qu'il y a une explication. Leur dire que je ne voulais pas les blesser. Leur dire merci pour ne pas m'avoir jugée. (et pour certains leur dire a contrario d'arrêter de me juger). J'ai envie de faire un coming out général pour que tout le monde sache, juste une fois. Tous les gens que j'ai croisés et à qui j'ai envie de le dire. Des anciens profs. Des anciens camarades de classe. Des anciens collègues de travail. Des gens que j'ai l'occasion de croiser encore aujourd'hui. J'ai envie de leur révéler mon secret. De partager mon fardeau. De poser mes bagages. De leur dire que j'ai un putain de handicap invisible et que ça me pèse. De leur dire que mon anxiété est tellement forte qu'il m'est déjà arrivé d'avoir des pensées suicidaires. De leur dire qu'en plus je n'ai pas de bol car j'ai cumulé autisme / synesthésie / harcèlement scolaire et maltraitances familiales. De leur dire que je me sens inadaptée. Que je n'ose pas m'affirmer. Que je suis en colère après moi quand une collègue me parle mal et que je ne trouve rien à lui répondre (pour un peu je lui dirais "merci" tiens. Lol). Que je ne comprends pas POURQUOI les gens osent me parler mal ou me laisser de côté. J'ai les mots "vas-y agresse-moi" marqués sur le front ou c'est comment ? J'ai envie de leur dire que la vie quotidienne est une surcharge sensorielle permanente pour moi (je dirais même une overdose sensorielle) ; qu'il y a trop de bruits, trop de lumières, trop de vitesse, trop de méchanceté chez les gens, trop d'agressivité. Que mon voeu le plus cher serait de ne plus avoir à sortir de chez moi et d'aller affronter le monde, car le monde est trop hypocrite et violent pour moi. Que si je n'avais pas eu la chance de croiser B. sur ma route il y a quinze ans, j'aurais littéralement vrillé. Que B. est mon gouvernail dans la tempête. Que si j'ai pu mettre des gens mal à l'aise un jour, c'était totalement involontaire. Que je suis quelqu'un de profondément empathique et bienveillant mais que je n'arrive juste pas à le montrer. Que je n'y peux rien si certains physiques / voix / sons / odeurs m'insupportent jusqu'à m'en donner mal à la tête ou envie de vomir. Que je ne sais pas discuter de tout et de rien comme vous tous ; je vous observe pourtant mais je n'arrive pas à être naturelle comme vous. Que je ne sais plus par quel bout prendre ma vie. Que j'ai juste besoin qu'on me comprenne et qu'on arrête de me juger. Qu'on arrête de me prêter des sentiments ou des intentions. Vous vous plantez complètement les mecs. Laissez-moi vous expliquer. Après vous pourrez reprendre une activité normale.

Vous voyez le paradoxe ? Certaines pièces du puzzle ont l'air de s'emboîter, certaines questions trouvent des réponses, et pourtant c'est de plus en plus difficile. Peut-être un effet rebond du diagnostic ; apparemment je ne suis pas la seule à être complètement larguée après avoir été diagnostiquée :

 

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A la fois je suis soulagée d'avoir une explication, de me dire que je ne suis pas toute seule, et à la fois j'ai juste envie de dire MERDE à tout le monde et de me barrer sur une île déserte tellement j'en ai ras la casquette de mon handicap et tellement ce monde n'est pas fait pour moi. J'ai d'ores et déjà pris deux décisions qui vont au moins me préserver de deux situations que je m'obligeais à supporter jusqu'ici :

-fini de faire la bise aux gens. J'en avais parlé dans un post précédent : je déteste ça et je ne vois pas pourquoi je continuerais à me faire violence. Donc même quand il n'y aura plus de covid, ce sera soit bonjour de loin, soit on se serrera la main. Seule ombre au tableau : je ne crois pas que j'oserai le dire aux gens de ma famille à qui je fais la bise depuis 37 ans. Ils ne vont pas comprendre. Ma mère leur a dit que j'avais été diagnostiquée Asperger mais je ne pense pas qu'ils aient réalisé la portée de ce diagnostic. Enfin je ne sais pas, on verra.

-fini d'emmener Alice à l'école à l'heure de l'ouverture, et fini d'aller la chercher à la sortie des classes. Je ne peux plus. Je ne peux plus voir trente autres parents d'élèves en même temps, c'est trop difficile. Si seulement il y en avait un à qui je pouvais parler ; j'ai bien pensé à la mère du meilleur copain d'Alice (en plus elle fait partie de l'association des parents d'élèves), mais on n'a pas d'affinité et je ne me sens pas assez en confiance avec elle pour me livrer comme ça (cette putain de culpabilité / honte d'être différente alors que je n'y suis pour rien...). J'ai aussi envisagé d'en parler à la directrice de l'école (sans forcément rentrer dans les détails), mais je ne sais pas, je me dis que tout le monde s'en fout de mes névroses en fait. Que c'est à moi de trouver une solution. Alors j'en ai trouvé une : voir le moins de monde possible pour éviter trop de stimulations et donc, emmener Alice plus tôt à l'école et aller la chercher plus tard le soir. Je croiserai toujours des gens, mais en moins grand nombre. Ce n'est pas la panacée, mais c'est déjà ça.

Pour le travail, c'est plus compliqué : je conchie littéralement mon boulot actuel. J'aime bien ce que je fais, mais l'ambiance de faux-cul là-bas fait que le matin j'ai la boule au ventre quand je sors de ma voiture. Je ne les aime pas. Je ne me sens pas bien là-bas. L'odeur de la boulangerie à côté du laboratoire me donne envie de gerber. Le problème c'est que mon CDD se termine dans 2 mois, deux LONGS MOIS, et après je vais faire quoi ? Je vais ENCORE être dans la précarité et ENCORE me retrouver en concurrence avec cinquante personnes pour chaque putain de CDD de 3 mois publié sur Indeed, et ENCORE devoir me justifier de pourquoi j'ai quitté mon dernier poste, de pourquoi j'ai autant d'expériences différentes sur une période de dix ans, et de pourquoi j'ai un trou dans mon CV, et blablabla et blablabla, ça me gave. De toute manière à chaque fois que je commence un boulot quelque part, mon autisme finit par revenir au galop et je me sens rapidement mal à l'aise. J'ai l'impression de faire des efforts pour m'intégrer (coucou le camouflage social), mais malheureusement je ne fais pas illusion longtemps. J'en conclus que je m'y prends mal. En fait c'est la répétition du cycle qui est déprimante ; partout où je vais c'est pareil : au début j'arrive à donner le change, et puis après ça me fatigue et je n'y arrive plus. C'est lassant.

 

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Bref ce post est à l'image du bordel qui règne dans ma tête : d'un côté j'avance, j'essaie de voir le positif : j'ai quand même survécu à des violences multiples, j'ai construit une famille avec le bagage que j'avais, et ce n'est pas rien. Quand je veux quelque chose je l'obtiens toujours, même si c'est plus difficile que pour les autres : j'ai eu mon permis de conduire, j'ai eu une vie de couple avec l'homme que je voulais, j'ai eu un enfant, j'ai réussi à être secrétaire, puis assistante dentaire, puis j'ai réussi à travailler dans un laboratoire ; tout ça c'est ce que je voulais.

Et puis je vois tout le chemin qui me reste à parcourir et j'ai juste envie de m'asseoir par terre et de pleurer. Je n'ai pas trouvé ma place professionnellement et je ne sais pas si je la trouverai un jour. Je n'ai pas encore guéri toutes mes blessures liées à mes parents et je ne sais pas si j'y arriverai un jour. Je suis en plein questionnement sur mon orientation sexuelle ; c'est récurrent depuis l'adolescence et je ne sais pas si j'y verrai plus clair un jour (pour rappel je suis amoureuse d'une femme de mon entourage professionnel depuis DEUX ANS (putain deux ans...) et je n'arrive pas à la zapper (je vous avais parlé d'elle il y a longtemps. Bien entendu elle ignore totalement ce que je ressens pour elle et elle ne le saura jamais. Mais je l'aime aussi fort que j'aimais B. quand je l'ai rencontré, et c'est tellement dur de garder ça pour moi ; j'en souffre énormément. Je culpabilise beaucoup et je ne sais pas comment faire pour l'oublier)).

 

Peut-être que mon diagnostic a remué la fange. Peut-être que le fait d'avoir posé le mot "autisme" sur mes maux, fait que je ne peux plus tolérer tout ce que je me suis obligée à tolérer pendant tant d'années. Peut-être que l'approche de la quarantaine fait que je me pose encore plus de questions qu'à l'ordinaire. Peut-être que ce boulot que je déteste noircit le tableau. Peut-être que j'ai peur que mon autisme s'aggrave en vieillissant. Peut-être que, comme je l'ai lu sur une page consacrée à l'autisme, je suis "juste" épuisée à force d'être en mode survie depuis des années (phénomène courant chez les autistes). Je ne sais pas. J'essaye de m'organiser pour éviter la surcharge mentale et le pétage de plomb mais je crois que c'est trop tard. Il y a longtemps, je m'étais inscrite sur un forum de personnes autistes mais je ne m'étais pas sentie écoutée là-bas. Peut-être réessayer sur un autre site ? Lire des livres sur le sujet pour tenter de trouver des clés ? Je vais sûrement aller voir mon médecin aussi (cette femme est un bonbon et elle connaît très bien mon dossier. Elle m'a déjà dit que je pouvais venir la voir juste pour discuter. Je risque une nouvelle fois de me transformer en paquet de larmes quand je vais lui parler, mais aucune psychologue ne m'inspire la confiance qu'elle m'inspire. Je souhaite à tout le monde d'avoir un médecin traitant comme elle <3).

Hier en tondant la pelouse (activité très médidative, je vous la conseille ^^), je repensais à ma prof de maths de 6ème : lors du tout premier cours de l'année, elle nous a expliqué qu'elle avait un problème de santé. Que son pancréas ne fonctionnait pas, et que cela provoquait des crises d'hypoglycémie très graves. Que si jamais un jour on voyait qu'elle se mettait à tenir des propos incohérents, il fallait regarder s'il y avait du sucre dans son sac et le lui donner. Cela devait être super pénible pour elle de devoir réexpliquer son souci de santé à chaque rentrée scolaire, à chaque classe de 6ème, et cela ne devait pas être facile non plus de confier quelque chose d'aussi personnel à des pré-ados boutonneux qui pensent juste à leur Game Boy et à leurs bouquins Chair de Poule (oui c'était en 1995 ^^). Mais elle n'avait pas le choix : il fallait bien que ses élèves sachent comment réagir si elle se trouvait en situation de crise et dans l'incapacité de gérer ça toute seule. Et bien peut-être que je devrais faire comme elle : dire à chaque personne que je rencontre que je suis autiste. Ce serait pénible mais je n'aurai peut-être pas le choix. Après il faudra gérer la réaction des gens derrière (c'est surtout ça qui me fait peur en fait ; les gens pensent que Asperger c'est anecdotique, que ce n'est pas grave. "Autisme léger" mon cul).

Pour terminer je vous mets les extraits d'une BD que j'ai trouvée sur Instagram par rapport au bavardage social (ou small talk), et qui me parle énormément, ainsi qu'une lecture vidéo d'un livre sur le handicap qui m'a bouleversée le jour où je l'ai découvert (j'espère moi aussi un jour rencontrer une personne avec une casserole plus petite :-)

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19 décembre 2021

Bore out

Fin octobre j'ai été gentiment "remerciée" par le laboratoire dans lequel je travaillais depuis juin, juste au moment où je commençais à bien me débrouiller dans mon travail et alors que tout se passait bien... Ils n'ont pas apprécié que je demande un CDI en faisant jouer la concurrence. "On n'embauche pas pour l'instant", m'a rétorqué la DRH (ou plutôt son associé sous-fifre qu'elle a envoyé au casse-pipe pour m'annoncer la bonne nouvelle, attendu qu'elle n'a pas eu les couilles de me le dire elle-même)...Pendant ce temps-là, deux collègues ont signé un CDI fin septembre et une autre va signer dans les jours qui viennent... Et comme en octobre j'ai eu un bulletin de salaire séparé comprenant uniquement mes indemnités de fin de contrat, j'en ai déduit qu'ils avaient l'intention de me garder, mais en CDD. Donc "on n'embauche pas pour l'instant", moi je réponds : BARBIE GROSSE MENTEUSE. Je suis aussi légitime et méritante qu'une autre pour prétendre à un CDI, donc garde tes mensonges et étouffe-toi avec, connasse.

Trois semaines après, j'ai été embauchée en intérim dans une association. Je me doutais bien que ce ne serait pas aussi intensif que dans le médical, surtout avec la charge de travail de ouf que mon ex-patron me collait sur le dos, mais je ne m'attendais quand même pas à être payée à ne rien faire... Je m'ennuie prodigieusement.

Quand le directeur de l'association m'a reçue en entretien et m'a expliqué mes missions, j'ai eu l'image d'une association avec plein de passages dans la journée et des appels téléphoniques en pagaille (surtout que l'asso en question est un très très gros machin national ultra connu). Avec ma légendaire confiance en moi (lol), j'ai eu peur de ne pas y arriver. Je me suis dit que je n'y arriverais jamais. Que jamais je n'arriverais à trouver un job qui me convienne. Que plus le temps passait, plus ce serait compliqué. Je me sentais hyper vulnérable et à fleur de peau. Comme je disais dans un post précédent, tout est beaucoup plus difficile depuis mon diagnostic, d'une part parce que je supporte de moins en moins de vivre dans une société de neurotypiques, mais aussi parce que je suis jalouse des personnes autistes qui ELLES ont réussi à obtenir ce que je n'arrive pas à obtenir : un job adapté à leur autisme, sans stress.

Bref je vous laisse imaginer l'état de chiasse intérieure dans lequel j'ai pris mon poste, hashtag larmes et mal de ventre inside.

Une fois passée l'appréhension ++ du début, je me suis très vite rendue compte que mon poste ne servait pas à grand-chose... dès le premier jour en fait. Il suffit d'analyser à froid ma fiche de poste pour voir que non seulement ma liste de tâches ne fait que sept lignes, mais qu'en plus les tâches en question prennent environ 5 minutes chacune, ce qui fait un peu léger sur une journée de 7 heures.

Résultat : je m'ennuie comme un rat mort. On me paye 1500 balles nets pour m'ennuyer dans un bureau à ne rien faire. Certains pourront penser que c'est royal, mais je vous assure que c'est l'horreur. J'avais des moments d'ennui dans mon ancien boulot et déjà je ne le vivais pas très bien, mais alors là j'ai décroché le cocotier en matière d'ennui intersidéral. Je me fais chier et j'ai honte alors que ce n'est pas ma faute. Alors je cherche des stratégies pour camoufler mon ennui (le camouflage ça me connaît, hein ^^) : poser des dossiers sur mon bureau, checker mes mails que j'ai déjà checké 5 minutes avant, écrire dans mon petit carnet (du coup je risque d'être prolifique ici ^^), bref c'est épuisant et démoralisant. Je ne comprends pas POURQUOI j'ai été embauchée. Ma fonction est inutile ici ; il suffit de ventiler mes missions entre les salariés du comité et tout sera absorbé sans problème. Surtout qu'il y a des bénévoles présents tous les jours... Je suis d'ailleurs tombée par hasard sur le mail de l'une d'entre eux, il y a quelques jours :

 

mail

 Alors bien sûr, c'est différent quand on est bénévole ou salarié, mais bon c'est la preuve que le directeur savait que je n'aurais pas grand monde à accueillir...

Cela dit, tout n'est pas noir non plus : j'ai des collègues super sympas (l'un d'eux m'a filé l'intégralité de sa formation Excel sur une clé USB, une vraie mine d'or pour moi, coeur sur lui pour l'éternité). J'ai aussi quelques journées plus fastes : hier par exemple j'ai accueilli à trois reprises des personnes qui venaient pour des quêtes décès ; je reçois ou j'ai régulièrement des personnes au téléphone qui sont malades / ont un proche malade et ont besoin d'en parler. Ce n'est pas facile mais c'est enrichissant humainement. Malheureusement, ce sont des contacts qui inteviennent de manière très irrégulière.

Alors vous allez me dire que je peux aller voir mes collègues et leur demander ce que je peux faire pour me rendre utile, mais les activités de l'association sont assez cloisonnées (une personne à la comptabilité, une autre à la recherche, une troisième à l'accompagnement des malades etc), et puis merde depuis quand c'est au salarié d'une entreprise d'aller quémander du boulot ? Si j'étais stagiaire encore je veux bien, mais là je suis censée avoir un rôle à jouer donc des fonctions définies nan ?

Et puis je dois dire que cette situation me vexe aussi : certes je suis autiste avec les difficultés que cela comporte, mais je sais aussi faire plein de trucs, et tout cela ne sert à rien ici. Une potiche serait plus efficace que moi. J'ai peur que mes neurones fondent à force d'être inutilisés.

En revanche, il y a du croustillant par rapport au directeur de l'association. J'ai bien envie de vous écrire un article là-dessus, mais j'ai peur que ce soit barbant. ^^ J'ai déjà trouvé le titre : "Méfiez-vous de l'eau qui dort", ou encore "le serpent caché dans la pomme". Je vais essayer de rédiger un truc et je verrai si je le jette à la poubelle ou non.

8 juillet 2020

Décalage(s) - Partie 1

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Un petit pas pour l'humanité mais un grand pas pour moi

Il y a quelques jours, j'ai relu le compte-rendu de la psychologue qui m'a fait passer les tests TSA en 2018. Dans ses conclusions, elle parle d'une "hypersensibilité sensorielle" due au trouble autistique. Si on doit diviser mon Asperger en deux grandes catégories de symptômes, il y a d'une part le volet sensoriel, et d'autre part le volet social. J'ai choisi de développer le volet sensoriel dans le présent article, car il s'est récemment passé quelque chose qui représente pour moi un énorme pas en avant concernant mon hypersensibilité.

Pendant très longtemps, j'ai été très sensible à la lumière et aux bruits (c'est un symptôme Aspie très classique). Certains bruits m'apaisent, certains m'émeuvent ; d'autres me font péter un câble. A l'école, j'avais envie de faire une clé de bras à ma voisine de table quand elle farfouillait dans sa trousse. Ce bruit insupportable de crayons en plastique qui glissent et se cognent les uns sur les autres... Rhaaaaa. Cela me rendait dingue. Un jour, mon instit de CM1 nous a fait écouter une chanson enregistrée en live. Les cris et les applaudissements m'ont fait peur : je me suis bouché les oreilles. L'instit me l'a fait payer après ; en expliquant à mes camarades de classe à quel point j'avais été ridicule de me boucher les oreilles comme un bébé de 2 ans (cet instituteur n'était vraiment pas le roi de la psychologie ; mais il devait déjà avoir 172 ans à l'époque donc on va dire que c'était à cause de son grand âge).

Aujourd'hui encore, quelqu'un qui fait grincer ses dents sur une fourchette en mangeant, ça me fait saigner les oreilles. Des bruits de paquets de bonbons dans une salle de cinéma, je déteste ça. Ca me déchire le haut du corps au sens propre ; je visualise une ligne jaune clair allant de mon épaule gauche jusqu'à mon nombril, avec un affreux bruit de papier déchiré très fort dans mon oreille gauche : CRRRRRRR. Je la sens dans ma chair comme si elle était réelle.

Mais ma plus grande sensibilité reste la sensibilité tactile : j'ai une relation d'attraction-répulsion avec le contact physique, qui est évidemment due à mon syndrome d'Asperger mais également au fait que dans ma famille on ne savait pas se toucher, se caresser, se prendre dans les bras. Il y avait trop de cadavres dans les placards. Trop de névroses. Trop de gêne. Trop de maltraitance passée. Trop de non-dits. On ne savait pas faire. Mon enfance et mon adolescence compliquées n'ont fait qu'aggraver le problème : depuis des décennies par exemple, je n'ai aucun contact physique avec ma mère. C'est plus fort que moi, ça me débecte. Je pense que c'est dû à son passé d'alcoolique ; je l'ai vue pendant tant d'années en train de chialer comme une petite fille, s'abîmer, s'uriner dessus voire pire... j'avais besoin d'une mère forte, d'un pilier et à la place j'ai eu une mère faible qui me faisait couler avec elle. Une répulsion s'est installée, s'est ancrée au plus profond de moi même et je crois qu'elle est devenue comme une seconde peau. Je me protège.

Petite, ma mère m'obligeait à faire des bisous aux gens. C'était horrible. Je devais faire des bisous à des gens qui me dégoûtaient, et qui n'avaient sans doute pas envie de me faire un bisou non plus. Un bisou, c'est quelque chose de tendre, quelque chose qu'on fait quand on veut montrer son affection à quelqu'un. Là je le voyais comme une punition, un devoir. Chacun de ses "fais un bisou Dawn Girl" me mettait dans une colère noire. Mais je me taisais ; qu'est ce que j'aurais pu répliquer à 8 ans ? Le pire, c'est que ma mère a ensuite récidivé avec ma fille : "Tu fais un bisou, Alice ?" quand j'entends cette phrase je réagis direct : "NON tu n'es pas obligée de faire un bisou si tu n'as pas envie. Par contre tu dis bonjour". Ma mère ne moufte pas, et elle n'a pas intérêt d'ailleurs.

A mon boulot, il y a cette tradition horrible de se faire la bise le matin en arrivant. Je DETESTE faire la bise à mes collègues ; c'est une véritable violence que je me fais en m'exécutant. En fait, je préférerais leur serrer la main. Le problème, c'est que je me vois mal leur dire : "bon les filles, j'adore quand on parle de cul ensemble, on rigole bien quand on s'imagine le boss culbuter sa femme en levrette, mais POUR AUTANT je suis autiste Asperger et je préférerais qu'on se serre la main le matin. En effet je suis très sensible au niveau du toucher, et faire la bise me dérange. Ca n'a rien de personnel hein !".....

Si je leur dis ça, non seulement elles vont le prendre comme un rejet personnel mais EN PLUS je vais passer pour une illuminée (bon vous me direz, je passe tout le temps pour une illuminée). Ce qui est cool, c'est que depuis le Covid mes collègues ont repris la bise entre elles mais pas avec moi ; elles doivent penser que j'ai peur de le choper. Bah c'est une raison comme une autre... ^^

 

(petite parenthèse je rassure tout de suite l'Averse que j'ai déjà rencontrée à plusieurs reprises : oui on s'est fait la bise mais cela ne m'a pas dérangée :) Parce que là c'est moi qui ai choisi de le faire donc non je ne te serrerai pas la main la prochaine fois ^^)

 

BREF je digresse mais j'en viens donc au fait : le grand pas que j'ai récemment franchi concernant mon attraction-répulsion pour les contacts physiques.

J'ai toujours été fascinée par les gens qui se touchaient naturellement ; par les parents-enfants ou les frères et soeurs qui se prenaient dans les bras de manière tout à fait naturelle. J'aurais adoré être dans une famille tactile et câline ; les étreintes m'ont énormément manqué. Bien sûr, j'en ai avec B. et Alice, mais leurs câlins ont été les premiers (et les seuls) que j'ai connus.

Il y a une quinzaine d'années, j'ai eu envie de prendre quelqu'un dans mes bras. C'était à la fac. Une de mes camarades de promo pleurait parce qu'elle avait peur d'avoir loupé son examen. J'étais juste quelques pas devant elle, je n'avais qu'à m'avancer pour la prendre dans mes bras. J'en avais vraiment envie. Mais je n'ai pas osé. J'ai eu peur d'être maladroite et de mal faire, alors je me suis abstenue. Je suis restée plantée là à la regarder. Un acte manqué...

Et puis... il y a trois semaines, j'étais en train de me changer dans le vestiaire du boulot quand une de mes collègues (Mylène, dont j’ai déjà parlé dans des articles précédents) est entrée dans la pièce. Elle m'a dit qu'elle n'était pas bien, qu'elle avait envie de pleurer. Puis sa voix s'est brisée et elle m'a dit qu'elle en avait marre de se faire traiter comme de la merde.

Je n'ai pas réfléchi : je me suis avancée et je l'ai prise dans mes bras. Cela n'a pas duré longtemps, peut-être 5 secondes (bon il ne faut pas trop m'en demander non plus ^^), mais je l'ai fait. Et je ne l'ai pas fait par défi, mais parce que j'en avais envie.

Je ne sais pas comment elle a reçu ce geste. C'est une collègue que j'apprécie mais que j'ai beaucoup de mal à cerner : je ne sais jamais si elle est hypocrite ou sincère. Avec mon autre collègue elles sont un peu en mode "pétasse" et sont du genre à se prendre dans les bras quand elles ont une nouvelle paire de chaussures ou quand elles parlent de leurs vacances à Belle Ile en Mer. Je n'aime pas les gens qui en font trop ; cela me met mal à l'aise et je préfère partir (et du coup je passe pour la fille hautaine qui n'en a rien à foutre).

BREF tout ça pour dire que Mylène ne le saura jamais, mais l'étreinte que je lui ai donnée avait une importance énorme pour moi : c'était la première de ma vie. Et sans prétention aucune, je pense qu'elle avait beaucoup plus de valeur que les dizaines d'accolades que mon autre collègue lui fait dès qu'elle a réussi à faire caca ou à peindre sa table de nuit en vert. Je ne sais pas si elle la méritait, je ne pense pas qu'elle l'ait appréciée à sa juste valeur mais je ne regrette rien :-)

 

Dans la seconde partie je vous parlerai de l'aspect "social" de l'Asperger (et de mes collègues à nouveau).

 

20 septembre 2013

Scènes de ménage

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"Ta grève, elle est blonde ou brune ?"

 

Vous connaissez les mères poules ? Les mères juives ? Les mères italiennes ? Les mères cipatron ? Ben j'en ai une chez moi, qui est pire que tout ça réuni.

Sauf qu'il ne s'agit pas d'une mère, mais d'un père. Un père pire qu'une louve... et que parfois (souvent même...), c'est pesant.

Rassurez-vous, mon père (mon quoi ??) n'est pas revenu dans ma vie, Dieu m'en préserve. Quand j'évoque la mère juive, je veux parler de B. 

Il y a encore un mois, alors qu'il était en vacances avec sa légitime et leurs rejetons, il ne cessait de m'appeler, de m'envoyer des messages, de me dire qu'il m'aimait, qu'il voulait être avec moi, qu'il voulait qu'on ait un bébé ensemble. Il était malheureux au domicile conjugal, n'en pouvait plus, avait des idées noires. 

Du jour au lendemain il a complètement changé, est devenu distant, absent, triste. Au début, cela se produisait par moments. Maintenant, c'est quasi permanent. Et cela gâche vraiment tout, car mis à part ce "détail", la cohabitation se passe bien. Je pensais que moi, asociale et indépendante notoire, j'aurais du mal à partager mon univers, mais en fait non.

Je lui en ai parlé une fois car cela me niquait le moral qu'il soit comme ça : il m'a dit que ses enfants lui manquaient. Je lui ai dit que je comprenais, mais que je n'y étais pour rien. Ses enfants ne sont pas si loin ; il passe les voir plusieurs fois par semaine et les appelle tous les soirs. Je n'empêche aucun contact entre eux.

Et puis : plus aucun appel, plus aucun message. Plus jamais de "Je t'aime". Quand je lui envoyais des messages, il ne répondait jamais. Le pompon a été un jour où il n'a pas répondu, en prétextant qu'il n'avait pas regardé ses messages. J'ai fouillé dans son portable (oui ce n'est pas bien, bouuuuh honte à moi), et j'ai vu qu'en fait, il avait écouté sa messagerie 5 minutes après mon appel. Donc il m'ignorait ; par contre il répondait à tous les messages de ses enfants et les appelait. Ca m'a énervée, on s'est pris la tête.

Au début de cette semaine, il était tellement distant que ça m'a déprimée. Je me posais plein de questions : m'aimait-il encore ? Regrettait-il d'être parti ? Est ce que j'avais dit ou fait quelque chose de mal ? Est ce que les projets qu'on avait faits étaient partis en fumée ? J'ai fini par lui écrire une lettre, que je lui ai donnée le lendemain matin en lui demandant simplement de prendre quelques minutes pour la lire. 

Le soir, il ne m'a parlé de rien, c'est moi qui ai dû lui tirer les vers du nez. En gros, ses enfants lui manquent horriblement, c'est comme ça, c'est "viscéral". Il était passé les voir le soir, et avait mal au ventre en partant. Il ne contrôlait pas ses sentiments. Je devais l'accepter.

Il y a des choses que je ne lui ai pas dites, du genre qu'il en fait des caisses avec ses enfants. Qu'il leur parle comme s'ils avaient quatre ans (ils en ont 12 et 15). Que les aimer ne nécessite pas de les infantiliser et de les étouffer. Il est trop dans la culpabilité et se regarde le nombril toute la journée. Ses enfants vivent mieux la situation que lui...

Par contre, je lui ai dit qu'il peut très bien les aimer et m'aimer aussi ; ce n'est pas le même amour. Qu'à chaque situation, il ne profite pas de ce qu'il a et préfère rêver à ce qu'il n'a pas. Que moi aussi j'aimerais avoir des enfants, que je n'en ai pas et que ce n'est pas pour autant que je lui fais la gueule 24 heures sur 24 parce qu'il en a fait à une autre. Que quand il vivait au domicile conjugal il était soi-disant horriblement mal, qu'il ne faisait rien de la journée à part regarder la télé, mais que visiblement il était devenu nostalgique de cette période si malheureuse... et pas mal d'autres choses ; on a dû discuter pas loin d'un quart d'heure.

Que ce soit bien clair : je n'ai rien contre l'amour qu'il porte à ses enfants. Je dis juste qu'il en fait trop, et que les aimer ne l'empêche pas d'être aussi heureux avec moi. Que je n'ai pas à être délaissée parce qu'ils lui manquent. Je trouve ça super culpabilisant.

Au final il a dû réfléchir, car depuis cette discussion il m'appelle à nouveau et me dit à nouveau qu'il m'aime. Et on a fait l'amour hier soir, alleluïa j'y croyais plus. Une amie de ma mère m'a dit que c'était normal que ce soit difficile au début ; qu'il avait quitté une ancienne vie pour venir avec moi et qu'il faudrait quelques mois avant que les choses se tassent. 

I hope so...

 

 

 

24 août 2018

La poursuite de Clive Cussler

La-poursuite

Voilà un livre dont je n'avais jamais entendu parler, et que je n'aurais jamais lu sans cette deuxième lecture commune avec Zofia. Et en plus j'ai rendu service à cette dernière, car ce livre traînait dans sa PAL depuis plusieurs années :)

 

L'histoire : En 1950, une locomotive et un wagon sont repêchés dans un lac. A l'intérieur, deux corps méconnaissables, qui ont séjourné plus de quarante ans dans l'eau.

Retour en 1906 : l'Ouest des Etats-Unis est frappé par un braqueur en série qui attaque des banques, élimine tous les témoins puis s'évapore littéralement dans la nature. Personne n'arrive à lui mettre la main dessus. Isaac Bell, un détective privé réputé, se met à la poursuite de celui qu'on a surnommé "Le Boucher".

Le lecteur se retrouve tour à tour aux côtés de Bell, à la poursuite du Boucher, puis aux côtés du Boucher lui-même, qui se sent invincible et n'éprouve aucun sentiment envers qui que ce soit (sauf peut-être sa soeur, et encore..) Rapidement, le Boucher sait que Bell le pourchasse. Malgré sa confiance extrême en lui, on le sent déstabilisé à plusieurs reprises.

J'ai trouvé trois petits défauts à ce livre (j'en trouve toujours vous me direz ; je suis très difficile ^^) : d'abord, l'enquête met beaucoup de temps à démarrer. Ensuite, l'auteur donne beaucoup de détails sur la mécanique des trains et des voitures ; et personnellement ça ne m'intéresse pas. Enfin,  au moment où l'action se déroule pendant le tremblement de terre de San Francisco de 1906, l'auteur décrit les bâtiments écroulés pendant au moins dix pages et franchement ça m'a soûlée au bout d'un moment, j'avais envie de dire : "C'est bon on a compris..."

Mais en-dehors de ces quelques bémols, j'ai passé un bon moment dans cette enquête ; je ne me suis (presque) pas ennuyée. Une fois entrée dans l'histoire j'étais bien prise dans l'action et j'avais envie de savoir si Bell allait rattraper le Boucher et si ce dernier allait enfin payer pour ses crimes.

Bref, je recommande ce livre pour ceux qui aiment les enquêtes policières :)

18 juin 2013

Défi 20 - Apprendre et/ou reprendre une langue étrangère

espagne

 

Note pour plus tard : rapatrier ici ma liste de défis

 


Cela fait depuis l'âge de 11 ans que je rêve de parler espagnol. Mais, pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer, j'ai pris italien en 4ème, et au lycée je me suis retrouvée coincée : pas d'espagnol possible en LV3, donc j'ai fait du chinois. Cela dit, je ne le regrette pas. 

 

Bref je me mets donc à l'espagnol. J'ai appris aujourd'hui à dire "chien", et "Blanche Neige et les sept nains", un bon début :)

12 juillet 2013

La Maison où je suis mort autrefois

higashino

 

On m'a offert ce livre à Noël, mais j'étais trop prise par le boulot et par d'autres bouquins à lire (Stephen King notamment) ; je ne l'avais jamais commencé.

 

J'ai fini par le faire il y a trois jours, et là, je ne l'ai plus lâché. Je viens juste de le finir et j'ai vraiment adoré. Au départ l'idée n'est pas super originale : deux personnes vont dans une maison isolée dans les montagnes, qui semble abandonnée. Mais l'histoire est remarquablement menée, les découvertes qui sont faites vraiment intéressantes. On y voit la maltraitance, les secrets de famille, et les dégâts que de tels évènements peuvent provoquer chez des enfants devenus adultes. Il y a du suspense jusqu'au bout. J'étais vraiment à fond avec les personnages dans leur enquête ; j'avais l'impression de me trouver dans la maison avec eux.

 

Bref, un livre que je ne revendrai jamais sur le Bon Coin ! Lisez-le, ça vaut vraiment le coup. Je terminerai l'article par la quatrième de couverture afin de vous donner une idée de l'histoire : 

 

Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d’affaires absent, mère d’une fillette de trois ans qu’elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d’elle au berceau, faisant ses premiers pas…
Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l’y accompagner.
Ils découvrent une construction apparemment abandonnée. L’entrée a été condamnée. Toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d’enfant, ils trouvent le journal intime d’un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d’événements tragiques…


La Maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino, Actes Sud, 2010.

15 septembre 2016

Défi n°2 : pas gagné

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Cela fait longtemps que je veux participer à un jeu télé ; pour le fun bien sûr mais aussi pour le fric facile :)

 

J'ai choisi « Tout le monde veut prendre sa place » parce que c'est une émission que j'apprécie ; que les questions ne sont ni trop faciles, ni trop difficiles, et que l'animateur est plutôt sympathique.

 

Rendez-vous fut donc pris le 1er septembre, près de chez moi, pour les sélections. Nous étions une cinquantaine ; des hommes majoritairement. Je me suis dit « cool, pas beaucoup de filles, j'ai ma chance ! »

 

Nous avons été accueillis par deux membres de la production, dont une jeune fille qui parlait avec de grands gestes, ar-ti-cu-lait bien en ouvrant grand la bouche, et paraissait prête à sautiller tous les deux mots. Bref on sentait le formatage made in TV : « Bonjour à tous, bienvenue !! Youhouuuuuu ! On va vous distribuer les questionnaires de présélection... Pouet pouet ! »

 

J'exagère à peine ;)

 

Au recto du questionnaire : des questions pas trop compliquées, mis à part celles sur le sport (j'aime pas le sport sauf Roland Garros). Par contre ça s'est corsé au verso : les sujets étaient : les All Blacks (bouh), Vercingétorix (prout), les recettes à base de fromage (beurk), et enfin les girafes (bof bof). Et seulement huit minutes pour répondre à toutes les questions.

 

Ensuite, après avoir rendu nos copies, nous sommes passés par groupes de quatre devant la production pour « discuter ». Le but étant de tester notre réactivité, car « après vous serez sur le plateau avec Nagui, et il envoie des vannes ! »

 

Ouais, sauf que ces charmantes personnes n'avaient ni le tempérament, ni le sourire, ni les vannes de Nagui... Qui entre parenthèses, n'est jamais méchant quand il chambre les candidats.

 

Manque de bol pour moi, je suis passée dans le dernier groupe ; ils étaient à la bourre. Ils ont donc expédié le truc en deux secondes. La jeune fille qui sautillait m'a fait parler de mon voyage en Chine, et voilà c'était déjà fini.

 

J'ai remarqué que la seule femme qui a été prise était habillée en jaune citron, et a réussi à placer une anecdote : « Je m'appelle Mme Février, je travaille chez Mars. Donc quand je fixe un rendez-vous en avril, tous mes collègues sont morts de rire ! Ha ha ha ha. »

 

Bon c'était pas drôle, mais ça a fait la différence...

 

En conclusion, j'ai eu un peu l'impression d'être à une foire aux bestiaux, où on est jaugé à la tête du client et où il faut avoir une particularité physique ou vestimentaire pour être choisi (un autre heureux sélectionné avait une moustache un peu atypique). Les membres de la production se croient obligés de jouer aux méchants bourreaux parce que leur patron est du genre à vanner... Sauf qu'ils ne sont pas au niveau de Nagui, et que nous ne sommes pas tous des Jamel Debbouze ou des Florence Foresti en herbe. Et au final, une personne avec de la repartie sera autant impressionnée qu'une autre quand les projecteurs s'allumeront...

 

Je récidiverai donc dans 1 an habillée tout en rose (parce que la moustache ça va être compliqué ^^)

17 octobre 2019

Dernières lectures

ne le dis à personne

 

David Beck est pédiatre dans un quartier défavorisé. Il est marié à Elizabeth, qu'il connaît depuis l'enfance. Un jour, alors qu'ils font leur pèlerinage annuel à l'endroit où ils ont échangé leur premier baiser, au bord d'un lac, Elizabeth est enlevée sous les yeux de Beck, qui est frappé à son tour et jeté à l'eau. Le corps d'Elizabeth est retrouvé quelques jours plus tard.

Huit ans après, Beck ne s'est pas remis de la mort d'Elizabeth. Les corps de leur deux agresseurs sont retrouvés au bord du lac ; d'après leur aspect ils sont morts depuis plusieurs années. A côté, une batte de baseball avec du sang appartenant au même groupe (rare) que celui de Beck. Parallèlement, ce dernier reçoit un mail montrant Elizabeth, vieillie, sur une vidéosurveillance, au milieu d'une foule. Elle serait donc vivante, et en danger... elle lui demande de ne parler à personne de ce message. Bientôt, Beck se retrouve poursuivi par le FBI et accusé de meurtre...

 Guillaume Canet a réalisé une adaptation de ce roman ; le film est sorti en 2006 et à l'époque je l'avais beaucoup aimé (c'était le bon temps ; avant qu'il ne commence à filmer sa nana ^^). Après avoir lu le livre, je dois dire que le film en est une adaptation très fidèle ; l'intrigue qui conduit à la disparition d'Elizabeth est plus complexe dans le livre par contre (je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi d'ailleurs ; il faudra que je relise le livre).

Bref un livre sympa à lire ; ce n'est pas magnifiquement écrit je trouve mais ça se lit vite et on passe un bon moment.

 

oubli

 

C'est un drôle d'ovni que j'ai trouvé dans une boîte à livres. L'intrigue donnait envie : un type vole une canette de bière dans un supermarché ; il ne sortira jamais vivant du magasin...

En fait, le livre est librement inspiré d'un fait divers qui s'est déroulé à Lyon en 2009 : des vigiles ont tabassé à mort un gars dans le supermarché où ils travaillaient. Là où c'est atypique, c'est qu'en fait, le livre ne contient qu'une seule phrase... UNE phrase de 60 pages... Au-delà d'un récit, c'est surtout un exercice de style que l'auteur a voulu faire ; un peu comme Georges Perec qui a écrit tout un roman sans la lettre E. Malheureusement, Laurent Mauvignier n'a pas le talent de Georges Perec. J'ai torché "Ce que j'appelle oubli" en 1 heure ; le livre ne mérite franchement pas qu'on y accorde plus de temps. Un élève de quatrième pourrait faire aussi bien.

 

Next : un autre livre qui a donné lieu à une adaptation cinématographique : "Virgin suicides" de Jeffrey Eugenides.

2 juin 2015

Burn out

burn out

Je vis une période très difficile en ce moment. Je suis harcelée moralement par une collègue de travail, je pars bosser le matin la boule au ventre. Une épreuve que je ne souhaite à personne. 

J'avais déjà parlé de Brigitte l'année dernière. Brigitte qui remplace une collègue partie en congé parental, mais qui, depuis le début, s'est octroyé le rôle de chef d'équipe. Parler de toutes ses manigances depuis 1 an et demi serait bien trop long et fastidieux ; je ne compte plus le nombre de choses qu'on a changées au cabinet pour ne pas la froisser. Tout le monde s'adapte à ses humeurs ; se fout une pression d'enfer pour avoir la paix. Depuis la mi-avril, elle a décidé qu'elle me haïssait, et on est passé au harcèlement moral pur et simple : pas de bonjour, ignorance, claquements de porte, humiliations... et j'en passe. Mon autre collègue m'a lâchée (je suis très déçue car je l'appréciais beaucoup), mon patron a peur de Brigitte... Je me suis donc retrouvée trois semaines en arrêt pour burn out.

J'ai pensé naïvement que ça irait mieux à mon retour ; qu'elle comprendrait qu'elle était allée trop loin et qu'elle aurait la queue entre les pattes. C'était bien mal connaître Brigitte. Elle,a redoublé de froideur et de méchanceté. Elle veut me faire craquer et avoir ma place, c'est clair et net. Hier après-midi j'ai craqué à nouveau et j'ai dit à mon patron que soit elle se calmait, soit je me cassais. J'ai d'ores et déjà un entretien pour bosser dans un autre cabinet, mais je suis coincée jusqu'à fin septembre à cause de la formation (je suis en contrat de professionnalisation, je ne veux pas planter mon praticien et accessoirement j'ai un cours à rattraper en septembre avec 6 heures de route à faire dans la journée, MERCI BRIGITTE !).

J'avais déjà eu affaire à une harceleuse il y a dix ans lors de mon premier job d'été. Là j'ai droit à une folle de compète. Deux mois encore à tenir, ça va être très très long... Trop long.

17 février 2020

Violence(s) - Partie 2

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Après avoir traité de la violence de mon père dans la première partie, je vais maintenant parler de la violence que j'ai subie à l'école maternelle. Dans la troisième partie, je parlerai du harcèlement scolaire dont j'ai été victime, et la quatrième et dernière partie sera consacrée à la violence de ma mère et aux violences éducatives ordinaires (de loin la partie la plus difficile et la plus longue à écrire...).

Avant de commencer, je tiens à préciser que l'objectif de cette série d'articles n'est nullement de me faire plaindre et /ou de prétendre que j'ai eu une enfance horrible. J'ai conscience qu'il y a des enfants qui sont battus, violés, placés en foyer, qui ne mangent pas à leur faim etc, et qu'à côté de ces enfants-là j'ai eu de la chance. Mais comme je l'expliquais dans la première partie, j'ai eu récemment une réelle prise de conscience ; j'ai réalisé que la violence avait toujours été présente dans ma vie et continuait de m'influencer dans ma vie de maman. C'est pour cette raison que j'ai ressenti le besoin de remonter le fil de l'histoire, afin de réconforter l'enfant en moi (qui a grandi, mais qui est toujours là) (et c'est aussi pour cela que je mets beaucoup de photos de moi petite). Il y a 2 ans, pendant une séance d'hypnose, la thérapeute m'a demandé de me visualiser bébé, avec quelqu'un de bienveillant qui me prenait dans ses bras. Cela a ouvert la première porte vers tout le travail que je suis en train de faire.

1986, j'ai 2 ans et demi. Je vis avec ma mère chez mes grands-parents ; nous occupons le premier étage de la maison. Elle fait des petits boulots pour subvenir à mes besoins. En opposition avec sa propre scolarité qui s'est presque intégralement déroulée dans des écoles privées tenues par des sœurs et par des prêtres, elle a décidé de m'inscrire à l'école publique, histoire que je ne me fasse pas tripoter par le Père Machin comme ce fut le cas pour certaines de ses copines.

Autant le dire tout de suite ; mon école n'avait rien de maternel. J'en garde globalement un très mauvais souvenir, et aujourd'hui, trente ans après l'avoir quittée, je ressens encore un certain malaise quand il m'arrive de passer devant. L'affreux dessin gris sur la façade pourrait être baptisé « Angoisse ». Ce n'était pas une école maternelle. C'était une école de merde.

Je me rappelle très bien de la tête de la directrice, des institutrices et des ATSEM. Je me rappelle même de leurs prénoms. Des vieilles chouettes mauvaises comme des teignes qui, Dieu merci, n'ont plus rien à voir avec les institutrices d'aujourd'hui. Elles n'avaient aucune bienveillance, aucune empathie. Aucune patience. Aucune compétence pour s'occuper d'enfants en bas âge. Une seule personne était gentille dans cette école : Alice. La femme de ménage de l'école, qui, accessoirement, avait également été la nourrice de ma mère. Un rayon de soleil.

Alice. Rien que son prénom respirait la douceur. Elle portait une blouse rose ; je crois que c'est pour cette raison que le prénom Alice m'a toujours évoqué la couleur rose. Elle avait toujours le sourire, et toujours un mot gentil pour nous (j'ai les larmes qui coulent rien qu'à l'écrire, damn). Il me suffisait juste de la voir nettoyer les vitres pour que ma journée soit un peu plus gaie. Elle était juste là, pas loin, et cela me rassurait. Elle a malheureusement pris sa retraite quand j'étais en moyenne section ; j'ai été vraiment triste de ne plus la voir. Je pense qu'il y a un peu d'elle dans le fait que ma fille s'appelle Alice.

Rassembler de manière structurée des souvenirs qui remontent à plus de trente ans est une chose relativement compliquée. Je ne peux qu'évoquer des flashs plus ou moins nets, tels qu'ils me reviennent en mémoire : les deux cours de récréation avec leurs trois bancs pour s'asseoir (un vert, un bleu, un rouge). L'espèce de cage en fer ou certains enfants s'amusaient à se suspendre la tête en bas. Les institutrices qui tapaient dans leurs mains pour nous signifier que la récréation était terminée. Les cheveux blonds et courts de la directrice qui ont fait une magnifique raie au milieu à cause d'une rafale de vent qu'elle s'est prise un jour dans le dos. Son regard méchant et son visage qui ne souriait jamais. La tête de Maure collée à l'arrière de sa voiture. L'index qu'on devait laisser posé sur notre bouche quand on marchait en rang.

La cantine où cela s'est tellement mal passé... Un jour, ils étaient en train de servir des haricots verts ; je me suis sentie très mal et j'ai vomi sur la table. On m'a mise dehors. Cet endroit m'angoissait. Manger m'angoissait. Je suppliais ma mère de ne pas me laisser manger à la cantine. C'était viscéral. Au bout de quelques jours (qui m'ont semblé durer dix ans), j'ai fini par rentrer déjeuner chez moi tous les midis. Plus de cantine. Ouf.

Ce jour où une ATSEM m'a tapé violemment sur la main. Je n'ai pas compris. J'étais juste assise sur mon matelas de sieste. Je ne disais rien, je ne faisais rien, et elle m'a tapé sur la main. Elle passait son temps à m'engueuler parce que je ne dormais pas, mais est ce que j'y pouvais quelque chose si je n'avais pas sommeil ? Je ne faisais pas de bruit, mais il faut croire que cela la dérangeait quand même. Vlam. Une tape cinglante sur la main.

Il y a eu pire : mon institutrice de grande section qui a mis plusieurs baffes à un élève. Des vraies baffes, comme celles que ma mère me donnait. Quand elle le frappait, il rigolait; ce qui me fait penser que hélas, le pauvre garçon devait recevoir des gifles chez lui aussi.

Un autre jour, je me suis arraché le menton en tombant dans la cour. Bien entendu, personne n'est venu m'aider (les maîtresses devaient être occupées à boire leur café je suppose). Je suis entrée seule dans l'école pour chercher de l'aide. Et bien tout ce que j'ai récolté, c'est de me faire littéralement incendier par mon ancienne instit qui était en train de danser avec ses élèves sur « Gugusse avec son violon » (cette chanson me fera toujours penser à ce jour-là). Je n'oublierai jamais son : « BON, ça va durer longtemps ??? » parce que j'étais passée au milieu de ses élèves avec mon menton en sang. Elle m'a dégagée manu militari en hurlant « Allez, du balai ! », sans se soucier de rien, à part de sa chorégraphie de merde.

Inutile de dire que j'ai passé l'après-midi en classe sans que personne ne me soigne le menton. J'avais atrocement mal ; je ressentais un mélange de brûlure et de fourmillements. Le soir, ma grand-mère m'a acheté un Kinder Circus orange avec des petits œufs en chocolat. Par la suite, j'ai toujours associé les Kinder Circus avec mon menton arraché.

Les journées à l'école étaient interminables. Je m'ennuyais et je ne me sentais pas « maternée ». Pourtant j'en avais besoin. Je garde une répulsion absolue pour le pain-compote, le beurre de cacao et les pommes cuites ; le goût et l'odeur me rappellent l'école maternelle. Jamais je n'en remangerai. Je préfère crever de faim que de manger ça.

Je pense que ce genre de situation ne pourrait plus se produire aujourd'hui. Les parents auraient porté plainte, les instits se seraient fait muter à Trifouillis les Oies, la directrice à l'hospice et cela aurait été bien fait pour elles. Je sais qu'à notre époque il y a des parents casse-bonbons qui s'énervent parfois à tort alors que les instits font bien leur boulot, mais dans le cas de mon école maternelle il y avait clairement maltraitance.

Ma mère savait que cela se passait mal. Elle regrette aujourd'hui de m'avoir mise là-bas ; elle se justifie en disant : « C'était l'école la plus proche de chez papy et mamie » ; « J'étais très jeune, je ne me rendais pas compte », etc etc... Je ne lui en veux pas. Elle n'y est pour rien si cette école était pourrie.

Evidemment, tout cela est remonté inconsciemment quand Alice est entrée à l'école maternelle. Tous les enfants angoissent, tous les parents angoissent, mais moi j'ai angoissé deux fois plus. Vingt fois plus. Parce qu'en voyant Alice à l'école maternelle, je me revoyais à l'école maternelle. J'avais peur (et j'ai toujours peur) que l'école maternelle et la garderie lui évoquent des souvenirs d'angoisse quand elle sera plus grande. Je sais que c'est ridicule, mais je n'y peux rien.

Les premiers jours, quand la séparation était un peu compliquée le matin, j'ai raconté à Alice : « J'étais dans une école où les maîtresses étaient méchantes. Cela se passait mal. Mais toi, tu es dans une école où les maîtresses sont gentilles. Tout va bien se passer. Maman dans son école c'est une chose ; toi dans ton école c'est autre chose. Tu n'as pas à gérer les émotions de maman ». Avec le recul je me dis que j'ai peut-être eu tort ; que j'ai peut-être créé une angoisse là où il n'y en avait pas, mais le fait est que Alice aime bien aller à l'école.

Quand je dépose Alice à l'école le matin, je vois sa maîtresse commencer sa journée dans la classe, et je suis bluffée par la différence entre elle et les instits que j'ai connues. Quand un enfant pleure, elle lui parle doucement, elle le prend dans ses bras quand il y a besoin. Elle prend le temps. Elle a un côté autoritaire, mais elle sait être bienveillante quand c'est nécessaire. Et cela fait toute la différence.

A la fin de l'année, je compte lui offrir un dessin pour la remercier (que je ferai faire par une illustratrice étant donné que je ne sais rien dessiner). Je n'ai pas encore réfléchi au contenu exact de ce dessin (j'espère que l'illustratrice me guidera), mais je sais déjà que le mot « merci » y figurera. Ce "merci" contiendra beaucoup d'autres choses, même si elle ne le saura jamais. Merci d'avoir été douce et ferme à la fois. Merci d'avoir été bienveillante. Merci d'avoir pris ma fille dans vos bras quand elle était triste. Merci d'avoir redonné un sens aux mots "école maternelle". Merci de ne pas lui avoir demandé si ça allait durer longtemps. Merci de ne pas lui avoir tapé violemment sur la main. Merci d'avoir pris en compte les émotions des enfants. Merci pour tout.

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3 septembre 2020

Tattoo

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C'est tout sauf un coup de tête. C'est le fruit d'une très longue réflexion, après de multiples interrogations et plusieurs changements d'avis : bientôt (inch'allah) j'aurai un tatouage.

Comme toutes les personnes réfractaires au tatouage, le côté définitif me fait peur : une fois le tatouage fait, adieu la jolie peau immaculée de bébé. Tu gardes le tatouage jusqu'à la mort, et même si tu le fais effacer, ta peau ne sera plus jamais comme avant. Plus jamais. Pour moi c'est un deuil à faire (moquez-vous si vous voulez, c'est ce que je ressens ^^)

Quand j'avais 5 ans et que j'ai demandé à ma mère de me faire percer les oreilles, je me souviens m'être dit exactement la même chose : que je ne reverrais plus jamais mes lobes sans trou. On était dans un magasin du centre ville de Rennes, j'ai regardé mes lobes de bébé dans un miroir, et du haut de mes 5 ans, je leur ai dit adieu.

Une fois la décision prise de me faire tatouer, il a fallu choisir le motif. Je voulais un symbole fort. Quelque chose qui me représente, qui me rappelle tous les jours qui je suis et d'où je viens. J'ai d'abord pensé à l'autisme, puisque je suis en plein parcours pour me faire diagnostiquer. Pourquoi ne pas me faire tatouer le ruban de l'autisme, étant donné que je souhaite afficher ma différence avec fierté et enfin relever la tête face aux gens qui ne me comprennent pas, et face à cette société que ma différence dérange.

J'ai ensuite pensé à la résilience : comme j'ai déjà commencé à en parler ici (et je n'ai pas fini d'ailleurs ^^), j'ai été victime de violences. Mon père a été violent. Il m'a rabaissée et humiliée pendant des années. L'un de ses amis m'a agressée physiquement. Un mec m'a enserrée de force et m'a tripotée dans ma cage d'escalier quand j'avais 19 ans. Ma mère m'a frappée. Ma mère m'a dit « ta gueule ». Je l'ai vue s'alcooliser sous mes yeux pendant des années. Je l'ai vue cracher du sang, tomber dans les pommes et saigner du nez parce que ses varices oesophagiennes avaient éclaté à cause d'une cirrhose du foie. Certaines institutrices et ATSEM de mon école maternelle m'ont mal parlé et/ou m'ont tapé violemment sur la main parce que je ne dormais pas. J'ai été victime de harcèlement scolaire jusqu'à l'âge de 18 ans. J'ai dû encaisser des insultes, des cris de cochon, des bruits de flatulence et des sobriquets humiliants. Des camarades de lycée se sont moquées de moi parce que j'étais différente, entraînées par l'effet de groupe et par le fait que j'étais une cible facile.

Bref, j'ai grandi dans la violence. J'ai dû me construire dans la violence. Mais je suis toujours debout. Abîmée, fragilisée, avec une confiance en moi quasi nulle et perdant tous mes moyens dès que quelqu'un me déstabilise (il a fait du beau travail le paternel ♥), mais debout. Et c'est ça que je voudrais me faire encrer (ancrer?) dans la peau.

Le truc, c'est que je suis très difficile. Il y a des tatouages que je trouve jolis sur les autres, mais sur moi ce n'est pas possible. Je ne veux pas de tête de mort. Je ne veux pas de truc kitsch comme une fée, une libellule ou un machin de couleur moche. Je veux du joli et du sobre, un peu comme moi (en toute modestie :D).

J'ai cherché des tattoos sur le thème de la résilience, mais je n'aime ni les phénix, ni les abeilles, ni les marguerites, ni les arbres, ni les roseaux, ni les trucs en toutes lettres. J'ai cherché comment s'écrivait « résilience » en kanji (je suis attirée par l'Asie et par le Japon en particulier), mais vu la fiabilité de Google je me serais retrouvée avec le mot « vide-ordures » tatoué sur le bras.

J'ai fini par trouver un dessin celtique qui symbolisait la force, et là j'ai dit banco. J'ai imprimé le motif, j'ai cherché un salon de tatouage près de chez moi avec des avis positifs et un catalogue digne de ce nom (vive Instagram), et j'ai téléphoné hier pour prendre rendez-vous.

Bon, je sais que les délais sont très très longs, et le Covid n'a pas arrangé les choses. Pas sûr que le tatouage soit fait avant 2022. ^^

Une connaissance m'a dit « fais attention, quand on commence les tatouages on ne peut plus s'arrêter. Moi j'en ai quatorze ! » Et en effet je pense déjà au suivant. Il y a longtemps que je souhaite me faire tatouer le prénom de ma fille, mais je n'ai pas (encore?) trouvé l'endroit où le faire, ni le style d'écriture. J'ai pensé à un hommage à  Alice Madness Returns  mais cela va me demander une loooongue réflexion. Et l'idée du ruban de l'autisme me trotte toujours dans la tête ; par contre je pense le faire plutôt en noir et blanc. Bref ce ne sont pas les idées qui manquent. A suivre :-)

29 novembre 2020

Autour de la Lune de Jules Verne

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NB : si vous préférez un article où je raconte ma life et mes névroses, vous pouvez allez voir par ici :-)

 

Nouvelle lecture commune avec Zofia ! « Autour de la Lune » est la suite de «De la Terre à la Lune ». Pour voir l'article que j'avais écrit à propos de la première partie, c'est ici.

A la fin de la première partie, nous laissions les trois protagonistes (Barbicane, Nicholl et Michel Ardan), à bord d'un boulet catapulté vers la Lune. Les dernières pages du livre laissaient penser que le boulet était devenu un satellite de la Lune, et présageait donc le pire pour ses trois passagers (en tout cas moi c'est ce que j'ai ressenti)...

Mais finalement, tout le monde va bien. « Autour de la Lune » raconte le voyage du projectile dans l'espace (je ne pense pas spoiler des masses en révélant qu'il n'atteint pas son but premier, à savoir alunir). Les trois hommes observent, consignent et thésaurisent sur tout ce qu'ils voient et ressentent : les jeux d'ombre et de lumière en fonction du mouvement de leur projectile et des astres ; la température extérieure et intérieure ; la géographie très précise de la Lune (face visible et face cachée). Ils se posent la question de savoir si la Lune est ou a été habitée. Comme dans tous les Jules Verne, il y a beaucoup de données scientifiques et mathématiques, pas mal de chiffres et un souci de précision qui force l'admiration. Certes, Jules Verne prend des libertés avec la réalité (il faut bien un côté romanesque et une happy end), mais il décrit un voyage spatial tout à fait crédible en utilisant les connaissances scientifiques de l'époque (on est au 19ème siècle donc bien avant les premiers astronautes dans l'espace).

J'ai donc apprécié ce roman ; je n'étais pas partie au départ pour le lire mais je ne le regrette pas :-) La Lune fascine le monde entier depuis la nuit des temps ; je ne fais pas exception à la règle.

1 juin 2021

Dites-le avec des fleurs

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Dans mon post consacré à Olga, je vous parlais d'un "petit truc" sur lequel je n'arrivais pas à mettre de mot ; une sorte de petite voix qui me soufflait que cette femme était déplaisante et que j'aurais des ennuis avec elle. Comme vous avez pu le constater, la suite des événements m'a donné raison. Quinze ans après, la même chose s'est produite avec une collègue de travail : dès que je l'ai vue elle m'a filé des boutons, et là encore, mon pressentiment s'est avéré vrai puisque cette collègue m'a harcelée moralement pendant des mois. Cela m'arrive régulièrement de ne pas sentir quelqu'un, comme si j'arrivais à détecter chez certaines personnes un truc pourri que les autres ne voient pas. Et en règle générale, mon intuition ne me trompe pas.

A une moindre échelle, il y a une autre personne que je ne sens pas. Je dis "à une moindre échelle" car ce n'est ni quelqu'un de ma famille, ni une collègue de travail, ni une personne de l'école d'Alice ni même une connaissance. C'est une personne que je suis libre de ne pas fréquenter si je ne le souhaite pas (et c'est ce que je fais d'ailleurs ^^). Cette personne s'appelle Jacinthe.

Je ne sais pas si c'est parce qu'elle s'est fait charrier à l'école à cause de son prénom, mais Jacinthe est devenue fleuriste, et par-dessus le marché elle a épousé un Monsieur Rose (véridique). Depuis une vingtaine d'années, elle est la fleuriste attitrée de la commune où j'habite, et sa boutique tourne à plein régime.

Il faut dire que Jacinthe ne ménage pas ses efforts : son magasin est ouvert 7 jours sur 7. En plus de son activité de fleuriste, Jacinthe vend également du vin, du whisky, des chocolats et des produits d'épicerie fine ; une annexe de son magasin assure également un service de pompes funèbres. Pour bien faire les choses, elle travaille avec des producteurs locaux uniquement ; elle organise régulièrement des concours et des tombolas pour faire découvrir leurs produits. De plus, elle est très active au sein de l'association des artisans de la commune. Bref Jacinthe s'est donné les moyens de réussir, et on ne peut qu'admirer le résultat : elle a réussi. Tout le monde connaît Jacinthe. Tout le monde achète ses fleurs chez elle. Quand la nounou d'Alice a offert des roses à toutes les mamans des enfants qu'elle gardait, elle les a prises chez Jacinthe (pourtant elle n'habite pas la commune). Quand des parents donnent un bouquet de fleurs à la maîtresse d'école, ce bouquet porte à coup sûr l'étiquette de Jacinthe. Quand un copain apporte des oeillets à Alice pour son anniversaire, ils viennent aussi de chez Jacinthe. Bref, cette fleuriste fait l'unanimité ici (d'ailleurs elle n'a que des commentaires positifs sur Google, sur les Pages Jaunes et probablement dans Gault et Millau aussi).

Et bien figurez-vous qu'au milieu de tous ces avis dithyrambiques, il y a moi, la rebelle qui boycotte Jacinthe :-p. Deux raisons à cela. La première, c'est à cause du jour où B. m'a offert un bouquet de roses pour mon anniversaire : ce jour-là on est allé chez Jacinthe en famille, et niveau prestation sincèrement je n'ai rien à redire : les fleurs étaient jolies, bien présentées ; Jacinthe nous a donné des conseils pour les conserver ; elle a offert à Alice un ballon en forme de coeur (c'était la Saint Valentin) ; sa fille m'a souhaité un joyeux anniversaire et elle m'a même ouvert la porte sur le côté du magasin pour que la poussette passe plus facilement. Bref, niveau commercial, franchement 20/20.

Mais. Sa façon de parler, son sourire de façade, son amabilité feinte... ça m'a tellement sauté aux yeux que j'en étais mal à l'aise. Je lisais le mépris dans son regard comme dans un livre ouvert, et sa fille pareil. Jacinthe n'est pas sympathique, elle est professionnelle. Elle est commerçante. Je l'imagine très bien baisser son rideau le soir en s'exclamant qu'aujourd'hui c'était vraiment un défilé de blaireaux. Je sais qu'elle n'est pas la seule à être comme ça, mais là ça crève tellement la rétine que je ne comprends pas comment je peux être la seule à l'avoir remarqué. Les gens ont de la merde dans les yeux ou c'est comment ?

Deuxième raison : le mari de Jacinthe. Un matin de juillet 2018, Monsieur Rose téléphone au cabinet dentaire où je travaille et m'explique qu'il a quelque chose de décollé. Je consulte sa fiche patient et je m'aperçois qu'il a fait transférer son traitement chez un autre praticien (ce qui est son droit le plus strict, mais je trouve quand même gonflé de rappeler l'ancien docteur comme si de rien n'était parce que le nouveau est en congés d'été... Faute de grives on mange des merles ? Le culot des gens me sidère).

BREF Monsieur Rose se garde donc bien de me préciser qu'il est suivi ailleurs, mais il ronchonne quand même quand je lui propose un rendez-vous d'urgence le lendemain : "Vous pourriez faire un petit effort et me recevoir aujourd'hui". Devant tant d'amabilité (ironie), je négocie avec mon patron et j'obtiens un rendez-vous deux heures plus tard (bien sûr je magouille en cachant à mon patron que Monsieur Rose est suivi par un autre docteur, donc merci le petit personnel quand même, hein). Bien évidemment j'ai pu m'asseoir sur un quelconque mot de remerciement de Monsieur Rose, qui m'a à peine saluée quand il est venu et qui n'a rien proposé de payer pour le recollage. Bref Monsieur Rose est un connard, et cet élément ajouté à la fausse amabilité de Madame, j'ai décidé que je ne donnerai jamais un seul centime pour leur boutique de merde. Même si leurs compositions florales pour la Fête des Mères sont magnifiques. Même s'ils vendent des chocolats démentiels en forme d'animaux trop mignons pour Pâques. Je reste admirative du travail de Jacinthe et de la beauté de sa vitrine quand je passe devant, mais je ne franchirai plus jamais le seuil de son magasin.

 Il y a trois semaines, j'ai acheté une rose pour l'anniversaire de la maîtresse d'Alice. Fidèle à mes principes, je suis allée chez une fleuriste de la commune voisine (et je ne regrette pas d'ailleurs car non seulement la rose était magnifique et sentait bon, mais en plus la personne qui m'a servie était charmante). Si je dois marier, enterrer quelqu'un ou m'enterrer moi-même, je préfère parcourir trente bornes pour commander la couronne funéraire plutôt que d'acheter ne serait-ce qu'une ortie chez Jacinthe (note pour plus tard : mettre sur mon testament que J'INTERDIS FORMELLEMENT à B. de mettre des fleurs de chez Jacinthe sur ma tombe, même en 2056).

Je sais que Jacinthe s'en tamponne royalement que j'achète mes fleurs chez un concurrent ; je sais que mon boycott ne changera pas la face du monde mais je suis fière de m'y tenir. Alors vous allez me dire "Non mais t'es grave ma fille, c'est juste un mec qui t'a mal parlé comme ça arrive chaque jour, qu'est ce que t'en as à battre passe à autre chose". Je vous rassure je n'y pense pas tous les jours quand même ^^. Mais c'est ma sensibilité qui est comme ça ; je sais distinguer quelqu'un qui est de mauvais poil de quelqu'un qui est foncièrement con. Je n'aime pas les gens qui méprisent les secrétaires ; je n'aime pas les gens méprisants tout court, surtout quand ils sont mariés avec une femme qui m'inspire le malaise quand je suis en face d'elle. Donc j'agis à mon petit niveau. ^^

31 octobre 2021

Xie xie

Samedi dernier j'étais à la gare de Rennes ; le hall était bondé (premier jour des vacances de la Toussaint oblige). J'étais dans la file d'attente de la boulangerie lorsque j'ai aperçu quelqu'un à quelques mètres devant moi. Quelqu'un que je n'avais pas vu depuis presque vingt ans : Martine, ma prof de chinois dont j'avais parlé dans cet article en 2018.

J'ai hésité une seconde avant d'aller la voir (elle était avec son mari et ses enfants), mais je me suis dit : "Tu ne la reverras probablement jamais, alors vas-y sinon tu le regretteras toute ta vie".

J'y suis allée. Quand je lui ai dit que je ne l'avais jamais oubliée, elle a posé ses mains sur mes avant-bras et les a étreints avec un sourire. J'ai fait pareil. Je ne sais pas si c'est ça le câlin version Covid ? (en même temps si elle m'avait prise dans ses bras cela aurait fait bizarre car je fais 30 centimètres de plus qu'elle). Nous avons échangé quelques mots ; elle m'a logiquement demandé ce que je devenais ; elle m'a dit qu'elle n'était plus professeur mais inspectrice (ce que je savais déjà), et qu'elle n'était pas encore à la retraite. J'ai également parlé à sa fille, que j'ai tutoyée sous le coup de l'émotion (bon en même temps elle était toute petite quand je l'ai connue). J'ai redit à Martine que je ne l'avais jamais oubliée (c'est bête mais seule cette phrase arrivait à sortir). Puis je lui ai dit que j'étais contente de l'avoir revue et je lui ai souhaité une bonne continuation, avant de reprendre ma place dans la file d'attente.

Cette rencontre imprévue a été une tempête émotionnelle : une fois mon sandwich acheté, j'ai remonté l'escalator pour aller dehors et j'ai fondu en larmes. J'aurais aimé lui dire tant de choses. Qu'elle est l'une des meilleures profs que j'ai jamais eu de ma vie. Que croiser sa route a été un privilège. Que j'admire sa force de caractère. Que très peu de personnes parlent un chinois aussi impeccable qu'elle. Qu'elle a été la seule à savoir comment me prendre durant cette période pourrie qu'était le lycée (souvenez-vous d'Olga...). Qu'à l'époque j'étais prisonnière d'un contexte familial épouvantable tout en étant une autiste non diagnostiquée ; qu'il ne faut donc pas m'en vouloir si j'ai été bizarre, froide, insolente ou que j'ai mal travaillé la matière qu'elle enseignait. Que je suis une survivante. Que j'ai essayé 250 fois de lui écrire une lettre pour lui dire merci mais que je n'ai jamais réussi. Et tant d'autres choses encore... Toutes ces choses étaient sous-entendues dans mon regard et dans mon : "Je ne vous ai jamais oubliée et je voulais juste que vous le sachiez", maisje ne sais pas si elle l'a compris.

Cela dit, je ne regrette pas de m'être cantonnée à ces quelques mots très banals : d'une part je me voyais mal lui raconter ma vie devant sa famille, et d'autre part si je l'avais fait je me serais effondrée. Or on ne s'effondre pas devant Martine. D'ailleurs je suis fière d'y être parvenue :p

Bref j'ai pleuré ma race sur l'esplanade de la gare ; les gens ont dû croire que mon mec venait de partir combattre dans un pays en guerre. Je me suis mouchée dans la serviette du sandwich. Je n'avais pas de trousse de maquillage sur moi donc je vous laisse deviner la tête de zombie que je me suis traîné toute la journée. Mais ce n'est pas grave je suis très heureuse d'avoir pu revoir Martine. Comme quoi la vie est vraiment bizarre parfois :-)

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 L'arrière de la gare de Rennes, qui fut mon pleuroir personnel le 23 octobre :p

 

 

6 novembre 2023

C'est partiiiiii

photo

Après presque une année de travail j'ai enfin lancé la machine pour auto-éditer mon manuscrit. J'ai choisi un pack clé en main avec dépôt légal inclus, création de l'ISBN, conception de la couverture par un graphiste à partir d'une photo, etc. La question financière ne m'inquiète pas trop : je ne compte pas vivre de ma plume mais simplement sortir ce truc pour pouvoir tourner la page sur les maltraitances que j'ai subies (bon après tant mieux si j'en vends plein, je ne vais pas cracher sur l'argent non plus ^^).

J'ai fait le choix de ne le sortir qu'en version numérique, en tout cas dans un premier temps. Pourquoi ? Parce que je ne veux pas que ma mère ou ma tante tombent dessus chez Cultura et me reconnaissent (je suis méga parano avec ça, c'est débile car je ne suis pas Amélie Nothomb et je sais très bien que mon livre va passer complètement inaperçu et être noyé parmi des dizaines de milliers d'auteurs etc, mais vous savez il suffit d'une fois hein). J'ai pris toutes les précautions en amont : tous les prénoms ont été changés, aucun lieu n'est mentionné, j'écris bien évidemment sous un nom de plume et je brieferai les personnes connaissant mon identité pour qu'elles ne la divulguent en aucun cas. Enfin, je créerai une adresse mail indépendante de mon mail perso pour une éventuelle correspondance. Bref normalement tout est bétonné pour que mon anonymat soit préservé, reste à espérer que les gens qui me connaissent jouent également le jeu.

Je sais que certains d'entre vous souhaitent le lire, dans ce cas envoyez-moi un mail ici via le formulaire de contact et quand le machin sera disponible je vous enverrai le lien pour vous le procurer (via mon futur mail d'auteur niééééé). Par contre ça prendra certainement un peu de temps car j'ai tout envoyé jeudi dernier et j'ignore les délais du graphiste pour créer la couverture.

Yapluka :-S

23 août 2013

J-1 (sa mère)

blonde a poil

Moi, prenant le thé avec mes voisines de palier

 

Après 15 jours, des dizaines de coups de fils, quelques prises de tête (dont une grosse scène de ménage où j'ai réellement gueulé comme un putois), pleins de sextos et de photos avec nos différentes parties du corps dessus...

 

Il revient demain soir.

 

Sa grand-mère.

 

L'ambiance n'est pas au beau fixe là-bas, et je ne vous cache pas que je m'en réjouis follement. C'est humain, hein ! Son fils lui fait la gueule depuis deux jours, sa fille n'aime pas la montagne, mamie repasse son linge... ils en ont marre. Ils ne sortent plus de la journée.

Niark niark niark.

Du coup, B ne pense plus qu'à une chose : rentrer. Reste à espérer que leur monospace pourri tiendra le coup et fera les 950 bornes du retour, parce que sinon, je risque fort de péter un tout petit peu les plombs.

Et puis après, commencera une année qui promet d'être éprouvante sur bien des tableaux. Il va se passer plein de choses. Je tâcherai de vous raconter au fur et à mesure, même s'il faut pour cela que je revienne exprès chez ma mère (pas d'internet chez moi).

Des bisous !

7 janvier 2014

A la croisée des chemins

Direction2

 

Terminer ma plaquette de pilules dans moins d'une semaine, et me demander quoi faire... 

(et surtout comment aborder le sujet avec lui, sachant qu'on veut la même chose tous les deux, mais qu'on s'est déjà méchamment pris la tête au sujet de son manque d'intérêt pour ses problèmes d'infertilité avec La Reine des Cageots).

Pfffff........

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