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Le blog de Dawn Girl
30 août 2020

La vraie vie de Adeline Dieudonné

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Il s'agit de ma troisième lecture commune avec Zofia (je crois ;-) ; la quatrième arrivera bientôt.

L'histoire se passe dans un lotissement où toutes les maisons se ressemblent. La narratrice, une petite fille de 10 ans, vit dans l'une de ces maisons avec ses parents et son frère Gilles. La mère est effacée ; sa fille la qualifie cruellement d' « amibe ». Le père est violent.

Un jour, un terrible accident traumatise Gilles et le métamorphose complètement. Dès lors, sa sœur (qui se sent responsable de l'accident) n'aura qu'une seule idée en tête : remonter dans le temps et empêcher l'événement de se produire, afin que Gilles redevienne celui qu'il était avant.

Autant le dire tout de suite : j'ai beaucoup aimé ce livre (et vous savez à quel point je suis difficile ^^). Honnêtement je ne lui trouve aucun défaut : c'est bien écrit, ça va droit au but ; l'auteur ne tourne pas autour du pot et nous en met plein la face, BAM. J'ai tout de suite pensé à Ida Beaussart ; pour ceux qui ne la connaissent pas c'est une femme qui a tué son père dans les années 80 car ce dernier, néo-nazi notoire, maltraitait sa femme et ses filles. Elle a été acquittée à l'issue de son procès.

 Bref je ne peux que recommander ce livre pour ceux qui aiment les thrillers psychologiques. Achetez-le. Lisez-le. Relisez-le. Coup de cœur garanti !

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14 août 2020

Je me dis que je suis folle

La rupture conventionnelle est signée, je quitterai mon travail le 30 octobre. Par moments, je me dis que je suis folle de faire ça. Je me dis que je suis folle de partir en pleine crise sanitaire. Je me dis que je suis folle de quitter un CDI pour me retrouver ENCORE dans la précarité. Pas de CDI, ça veut dire pas de possibilité de louer un logement. Pas de possibilité d'emprunter de l'argent si jamais je dois changer de voiture. Bref c'est l'insécurité qui m'attend. Par ailleurs, ce boulot était à dix minutes de chez moi, sans embouteillages et avec des horaires qui me permettaient d'emmener Alice à l'école tous les matins. Ces éléments sont purement pragmatiques, mais ce confort va me manquer. Certains parents vont me manquer aussi : la mère de Léna qui m'a tellement fait rire le jour où elle m'a raconté comment sa cigarette électronique a bu la tasse pendant qu'elle poursuivait son chien dans les vagues. La mère de Gwendal qui m'a dit « Dommage que vous partiez, je vous aimais bien. Mais je vous comprends». Le père de Nicolas qui m'a regardée avec un air tellement bienveillant lorsque j'ai fondu en larmes devant lui à cause de mon patron. Tous les parents qui, grâce à un sourire ou un mot gentil, me redonnaient de l'élan lorsque j'étais démotivée. J'avais aussi le confort de connaître le taff par cœur, d'avoir mes habitudes, mon ordinateur personnel, mes post-it collés au-dessus de mon bureau et ma pause déjeuner peinard à regarder le replay de « Ça commence aujourd'hui ». Renoncer à tout ça, c'est quitter une paire de charentaises pour enfiler des talons aiguilles. Le changement m'angoisse. Ne pas savoir ce que je vais devenir m'angoisse. Ne pas savoir si mon compte en banque va se retrouver dans le rouge m'angoisse. Ne pas savoir si je vais pouvoir offrir à Alice des vacances à Oléron m'angoisse (elle veut voir Fort Boyard) (oui bon moi aussi ^^)

 

Et puis... Je repense à cette réunion durant laquelle mon patron m'a humiliée en sous-entendant que j'étais responsable des mauvaises finances de son cabinet, sans citer mon nom et alors que j'étais assise en face de lui. Je repense aux larmes de désespoir que ses paroles ont provoqué chez moi tellement je trouvais ça dégueulasse, et au fait que AUCUNE de mes collègues ne m'a soutenue à ce moment-là alors que j'en avais besoin putain. Je repense au jour où mon patron a dit dans mon dos : « même ma petite-fille de 3 ans est capable de comprendre ça ». Je repense à toutes ces fois où il m'a demandé de déplacer des journées entières de rendez-vous parce qu'il prenait l'avion / il avait oublié qu'il était invité à un mariage / il partait en week-end / il avait finalement décidé de faire telle intervention à la place d'une autre / il avait simplement changé d'avis (ne pas rayer la mention inutile ; elles sont toutes authentiques). Je repense au fait que je dois refouler les patients qui ont plus de dix minutes de retard ; que je dois leur dire « déso les gars, mais vous êtes venus pour rien. Vous avez des choses à dire au Docteur ? Bah je vais lui en parler et vous rappeler puisque vous ne pouvez pas entrer avec votre enfant dans la salle de soin. Niééé».

Je repense au fait que le Docteur ne recolle pas d'appareil décollé sur les rendez-vous de contrôle, même si le patient habite à 50 kilomètres. Bien sûr il ne le lui dira jamais en face ; c'est moi qui dois passer les messages pourris. Je sers de paratonnerre. Et j'en ai marre de faire tampon.

 

Je repense à tous ces patients que mon patron a fait pleurer parce qu'il leur a mal parlé. A tous ces parents stressés qui me disent que leur enfant angoisse à l'idée de venir au cabinet. Il y en a eu des dizaines. Je ne peux même pas les compter.

 

Je repense à certains parents qui exigent de venir le samedi uniquement, parce que EUX, ils travaillent (bah oui moi je glande 39 heures par semaine c'est bien connu). A ceux qui annulent leur rendez-vous la veille parce qu'ils partent en vacances, et qui râlent parce que je ne leur retrouve pas de place avant 2 mois (et un samedi tant qu'à faire). A ceux qui trouvent tout à fait normal que j'appelle dix personnes pour voir si l'une d'entre elles peut échanger son rendez-vous avec le leur. Ils n'oseraient jamais en demander le dixième à la secrétaire de leur médecin traitant ou de leur gynéco. Ah oui mais le gynéco c'est IMPORTANT. L'orthodontiste par contre, ça passe après le séjour au Parc Astérix et les vacances chez les grands-parents.

 

Je repense à ce nombre incalculable de fois où j'ai trafiqué le planning, où j'ai joué à Tetris avec les rendez-vous pour que mon patron accepte de voir un patient arrivé en retard ; où j'ai arrondi les angles lors de situations conflictuelles. Je repense à ce jour où Mylène m'a plantée toute seule au milieu de gens que je connaissais pas durant notre séminaire au Touquet. Je repense à toutes les fois où mes collègues m'ont reproché des choses qui étaient en fait imputables à mon patron (mais c'est tellement plus facile de tout me coller sur le dos, hein). Je repense à toutes ces fois où elles sont venues au boulot le cœur léger parce qu'elles savaient que c'était moi qui étais dans le collimateur du Grand Docteur, et non elles. Je repense à la mère de Lionel qui m'a hurlé plusieurs fois au téléphone « vous vous foutez de ma gueule » mais qui a souri à mon patron quand elle s'est retrouvée en face de lui, et qui ne s'est JAMAIS excusée pour m'avoir parlé de cette manière. A la mère de Julie qui m'a crié dessus parce qu'elle ne voulait pas payer ses honoraires, qui avait une occasion en or d'expliquer son mécontentement à mon patron mais qui s'est exclamée « Ah non surtout pas !!!! Je ne veux plus jamais le voir, je ne peux pas le sentir » Mais c'est TELLEMENT plus facile de pourrir la tête de la secrétaire, n'est ce pas. Jamais d'excuses non plus. Je repense à la mère d'Alphonse, pour qui je m'étais décarcassée pour arranger l'horaire du rendez-vous et qui m'a balancé dans la gueule « Ah NON pas le vendredi ça ne m'arrange pas ! Moi c'est que le mercredi et le jeudi ». (le « merci » j'ai pu me le carrer où je pense). Je repense à la mère de Romuald qui a téléphoné 10 minutes avant la fermeture du cabinet parce qu'il fallait attendre son fils qui avait un truc de décollé. Je vous passe le ton dédaigneux sur lequel elle m'a parlé. Ce fut la seule fois de ma « carrière » où j'ai raccroché au nez de quelqu'un. A un moment donné l'ingratitude des gens finit par m'insupporter.

 

Je repense à mes collègues qui plaignent déjà « la pauvre Mélanie » qui va reprendre mon poste quand je vais partir. La pauvre Mélanie qui « va en chier ». LOL. Moi ça fait juste 2 ans que j'en chie à ce poste, mais moi c'est pas grave tout le monde s'en branle. Mélanie par contre, il faut lui tenir la main parce qu'elle vient d'avoir un joli bébé à paillettes. Mais allez tous vous faire foutre putain.

Je repense au fait que je suis censée faire des radios tout en répondant au téléphone. (c'est super facile de gérer une urgence ou un problème administratif tout en disant à Boris de mordre sur le machin jaune et de bien tenir le guidon)... Je repense au fait qu'une autiste Asperger dyspraxique n'aura jamais la dextérité suffisante pour travailler au fauteuil avec un praticien sans stresser en permanence. Je repense au fait qu'aucun salaire ne justifie de se faire mépriser, surtout quand le mépris émane à la fois du patron, des collègues et de certains patients. Je repense à toutes ces vacances qui m'ont été imposées par mon patron (dont cette semaine de congés payés en janvier qui ne sert strictement à RIEN), au fait qu'on bosse durant toutes les vacances scolaires et presque tous les samedis jusqu'à 18 heures. Au fait que c'est impensable de demander une journée de RTT. Chez nous ça n'existe pas.

Ah si pardon, il y a eu une exception : le jour où mon patron a accordé une après-midi à une collègue pour qu'elle aille à la FETE DE L'ECOLE de sa fille... J'ai tellement été estomaquée devant un tel passe-droit, ET devant le fait que les autres semblaient trouver cela tout à fait normal, que j'ai aussitôt pris mon téléphone et que j'ai demandé à mon patron de pouvoir bénéficier du même passe-droit. Il a râlé, mais il n'a pas eu le choix.

Je repense à toutes ces primes qu'il a filées à mes collègues dans mon dos (200 euros à l'une et 700 à l'autre, tranquillou bilou), après avoir claironné la semaine précédente que les finances étaient au plus bas et qu'il allait mettre la clé sous la porte à cause de mon incompétence. LOL.

 

Je repense à toute cette charge mentale que mon patron me fait porter depuis 4 ans, à toutes ces choses « urgentes » et « prioritaires », qui m'empêchent de faire ce que j'avais prévu et qui me font prendre du retard. Je repense à toute cette fatigue qui s'est accumulée depuis tous ces mois à turbiner comme une cinglée. Fatigue physique, fatigue nerveuse. J'en deviens agressive avec Alice. J'en deviens méchante avec B.

 

Je repense au fait que ce travail se trouve dans la ville où habite Myriam. Malgré les messages que nous avons échangés durant le confinement, elle a semblé prendre peur et a repris ses distances. Ce que je respecte tout à fait. J'ai donc renoncé à elle, mais putain je dérouille. Il va me falloir du temps. Je vais malheureusement la voir tous les jours à la rentrée (pas le choix)... Je vais devoir rester distante, ne pas lui parler quitte à passer pour quelqu'un de froid et de mal-aimable alors que je rêve de la serrer dans mes bras et de la faire rire comme lors de notre dernier échange. Je vais devoir morfler en silence, serrer les dents et fermer ma gueule. Donc si je peux au moins éviter de retourner bosser là où elle habite, ben je me dis que ce sera une bonne chose. Ne dit-on pas : « loin des yeux loin du coeur » ?

 

Bref, il y a nettement plus d'éléments dans la colonne « négatif » que dans la colonne « positif ». J'en déduis que j'ai pris la bonne décision. Qu'un autre poste m'attend ailleurs, même si c'est en 2031. Que je vais leur laisser se lécher la pomme et s'empocher des primes de 700 balles derrière mon dos pour mieux se faire sodomiser ensuite. Grand bien leur fasse ; au moins ELLES seront solidaires toutes les trois, sans moi.

 

Quand je vais partir, je vais laisser à « la pauvre Mélanie » un poste parfaitement à jour, avec des honoraires et des dossiers gérés au carré. Tout sera clair et rangé. Je m'en fais un point d'honneur. Je ne veux pas qu'on me reproche quoi que ce soit après mon départ. Je sais que beaucoup de parents vont me regretter : quoi qu'en disent les personnes avec qui je bosse, je sais que je fais très bien mon travail et que je suis appréciée par beaucoup de patients. Moi aussi je vais les regretter. Pas les cons, mais tous les autres. La majorité. Ceux qui acceptent que leur enfant loupe un cours d'histoire-géo ou une leçon de tennis pour venir nous voir. Ceux qui savent que j'en chie et qui me disent que je suis courageuse de supporter un patron comme le mien. Ceux qui ont su s'excuser après s'être emportés, parce qu'ils savent que je ne suis pas responsable du caractère de mon patron. C'était un plaisir d'échanger avec eux. Ils auront été mon moteur pendant toutes ces années de secrétariat et d'assistanat en orthodontie.

 

La suite est floue. Je ne sais pas ce que je vais devenir. Continuer dans le secrétariat médical ? (8 ans d'expérience ça compte quand même). Faire une formation ? Un BTS assistante de gestion ? Un bilan de compétences ? Reprendre un bar à cocktails sur les Iles Vierges ? Je suis paumée.

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