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Le blog de Dawn Girl
28 février 2021

Ma PAL version 2021

Ma PAL de juin 2018 étant (presque) intégralement barrée, il était grand temps que je la remette à jour. Détail important tout de même : certains livres que je note ici, sont des idées que j'ai glanées çà et là sur les réseaux sociaux ou sur des blogs ; je n'ai pas forcément été voir si tous les résumés me plaisaient réellement. Je ne suis donc pas à l'abri de modifier cette liste et d'y ajouter / retirer des livres par la suite.

NB : Il y en a qui sont déjà barrés car j'ai fait cette liste il y a plusieurs jours (je ne peux poster que quand je vais chez ma mère ^^)

 

1 – Le pouvoir du moment présent de Eckhart Tolle

2 – Canicule de Jane Harper

3 – Dora Bruder de Patrick Modiano

4 – De purs hommes de Mohamed Mbougar

5 – La fille derrière la porte de Patricia Hespel

6 – Au feu les pompiers de MJ Arlidge

7 – Batailles de Alexia Stesi

8 – Je ne suis pas encore morte de Lacy M. Johnson

9 – Nature humaine de Serge Joncour

10 – L'anomalie de Hervé Tellier

11 – Malhorne tomes 1 et 2 de Jérôme Camut

12 – Le Procès de Kafka

13 – La Chartreuse de Parme de Stendhal

14 – Le livre à écrire de Constance Larsen

15 – Les jeunes mariés de Laura Ingalls Wilder

16 – La mécanique du coeur de Mathias Malzieu

17 – Les Misérables de Victor Hugo

18 – Contre toute attente de Linwood Barclay

19 – Les raisins de la colère de John Steinbeck

20 – W3 (tome 3) de Jérôme Camut et Nathalie Hug

21 – L'assommoir de Emile Zola

22 – Une partie de campagne de Guy de Maupassant

23 – Le Horla de Guy de Maupassant

24 – Au Bonheur des Dames de Emile Zola

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14 février 2021

L'or du soir qui tombe de Korrig'Anne

couv

Roxane et Charles forment un jeune couple amoureux qui vit en Bretagne. Alors qu'ils s'apprêtent à devenir parents, ils vivent l'indicible : la mort de leur bébé in utero. "L'or du soir qui tombe" raconte leur parcours, depuis la perte de leur enfant jusqu'à leur reconstruction, grâce à l'adoption d'un enfant "différent".

Je ne suis pas du tout branchée bande dessinée, mais alors PAS DU TOUT. On m'en a beaucoup offert quand j'étais petite (Boule et Bill, Epervier, Léonard...) mais je n'ai jamais vraiment accroché. Les seules BD que j'ai gardées sont celles de Tintin (je les adore et je ne les donnerais pour rien au monde), mais sinon je n'en lis jamais ; je préfère les romans.

J'ai découvert l'illustratrice Korrig'anne complètement par hasard, via les réseaux sociaux. Elle s'est spécialisée dans les portraits de famille, et notamment les familles qui ont connu un deuil périnatal (mort in utero, mort subite du nourrisson, IMG...). Bien qu'ayant la chance de ne jamais avoir vécu un tel drame, je suis toujours émue de voir des familes réunies avec leurs anges posés un nuage, comme sur ce dessin par exemple :

deuil peri

C'est donc sans hésitation que j'ai acheté cette bande dessinée. Première chose, j'ai été surprise que la mort du bébé de Charles et Roxane arrive si tôt dans le récit ; je pensais que le projet bébé et la grossesse étaient davantage développés avant. Mais non, dès les premières pages on est plongé directement au coeur du drame. J'avoue, j'ai pleuré :'-( Je n'ose même pas imaginer ce que ressentent les parents qui vivent une telle injustice.

La suite est très bien décrite : la petite sépulture au cimetière, la grand-mère qui dit aux parents qu'il est temps d'aller de l'avant, de passer à autre chose... alors que la maman du bébé refuse de faire comme si son enfant n'avait jamais existé.

La raison pour laquelle ce sujet me touche, c'est que ma famille a vécu la même chose il y a longtemps : en effet, ma grand-mère a perdu un bébé à 7 mois de grossesse et je suis persuadée que cet événement, bien qu'ayant été minimisé par tout le monde, est à l'origine de l'alcoolisme de ma mère (pour ceux que ça intéresse, je l'ai brièvement évoqué dans cet article de 2019). A notre époque les choses sont différentes : maintenant, les bébés nés sans vie ont un prénom, une existence juridique, une sépulture etc, mais il n'empêche que souvent, l'entourage ne sait pas comment réagir. On ne sait pas quoi dire, si on doit en parler (ou pas...), et de leur côté les parents revendiquent le droit de rester parents même si leur enfant n'est plus là, ce qui est bien normal. Il est important que ces "anges" aient une place à part entière dans leur fratrie, et ce, quelle qu'ait été la durée de leur existence. L'objectif de cette BD est donc de donner la parole à ces familles, et je trouve qu'elle y parvient merveilleusement.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, "L'or du soir qui tombe" ne verse pas du tout dans le pathos : même si l'histoire commence par le pire drame qui soit, c'est avant tout une histoire de reconstruction et d'espoir. Je ne spoile pas en disant que les choses se terminent bien (bon par contre on pleure aussi à la fin, mais pas pour les mêmes raisons ^^).

Je mettrais juste deux petits bémols : d'une part je trouve Roxane et Charles un peu gnangnan en tant que couple, et d'autre part le récit va un peu trop vite à mon goût (certains points auraient mérité d'être un peu plus développés). Mais sinon, j'ai trouvé cette histoire vraiment émouvante, et je suis heureuse qu'on parle des par'anges et de leur ressenti face à l'indicible.

6 février 2021

Mon diagnostic officiel d'Asperger et mon pèlerinage à Paris

C'est la fin d'un parcours de presque trois ans. Après le médecin généraliste, l'orthophoniste, puis 6 heures de tests avec une psychologue et 1 an et demi d'attente, j'ai enfin un certificat signé du psychiatre, attestant que je suis atteinte d'un Trouble du Spectre de l'Autisme :

 

certificat

Alors bien sûr, ce diagnostic « officiel » ne va pas changer ma vie fondamentalement. Il ne fait que confirmer ce que je savais déjà. Cela ne va pas non plus changer le fait que les gens ne connaissent pas l'autisme. Qu'ils ont le cliché de l'autiste qui ne parle pas et qui se tape la tête contre les murs. Que je passe pour une sauvage auprès de certaines personnes. Que je suis très mal à l'aise dans les situations sociales (avec les parents d'élèves de l'école d'Alice c'est insupportable ; il faut que j'écrive un article là-dessus). Je me sentirai toujours en décalage, et je devrai toujours vivre avec ce décalage même si par moments j'ai envie de hurler tellement j'en ai marre d'être décalée.

MAIS. Quelque part je suis soulagée. Ce n'est pas de ma faute. J'essaye de me le répéter comme un mantra : ce n'est pas de ma faute. Je ne suis pas « empotée » comme mon connard de paternel m'a décrite de nombreuses fois. Je ne suis pas malpolie. Je ne suis pas hautaine. Je ne suis pas bizarre. Les gens se plantent. Ils sont dans le faux. Je suis juste différente. C'est mon cerveau qui fonctionne différemment. Ma différence mérite d'être respectée, parce que c'est juste comme ça. Le ciel est bleu, les fraises sont rouges et moi je suis autiste.

Concernant un éventuel suivi, le psychiatre m'a parlé d'ateliers de mises en situation qui pourraient être faits avec d'autres autistes chez la psychologue. Le problème, c'est que la psychologue ça coûte horriblement cher et que mes revenus ont été divisés par deux depuis que je ne travaille plus. Donc présentement, c'est hors de question. Et il n'y a pas de médecin spécialiste de l'autisme dans ma région (ma mère m'a cassé les bonbons pour passer au CHS de Rennes mais je ne vais pas aller voir un psy juste parce que c'est remboursé... si la psychologue m'a envoyée sur Paris c'est bien parce qu'il n'y avait pas de praticien plus près de chez moi).

La question qui se pose surtout, c'est au niveau professionnel. Est ce que je dois le dire ?? Le psychiatre a précisé sur son papier que je dois travailler dans des conditions adaptées. Mais d'un autre côté, je ne veux pas que ça me ferme des portes ; c'est déjà assez galère de trouver du boulot. En parler à un employeur potentiel revient-il à me tirer une balle dans le pied ? Est ce que je peux / je dois me faire déclarer travailleur handicapé ? C'est hyper compliqué. Et ce n'est pas Pôle Emploi qui va m'éclairer sur ce sujet.

Bon il faut déjà que je refasse mon CV. Et j'ai intérêt à m'en occuper rapidement, car passer de 1700 euros mensuels à 950 à peine, c'est clairement la merde.

Je voulais aussi parler de Paris, puisque mes rendez-vous chez le psychiatre m'y ont menée à plusieurs reprises. Pour la première fois depuis que je me rends régulièrement à Paris, je me suis fait un pèlerinage dans le 14ème arrondissement, et plus précisément dans la rue où vivait ma tante il y a trente ans. Ma tante que je n'aime pas. Celle qui a fait de très nombreux sous-entendus à propos de mon physique, me parlant de « régime ». Quand j'y repense aujourd'hui, j'ai envie de hurler. Je ne suis pas encore passée au-dessus de ça. Je ne sais pas si j'y arriverai un jour. La grossophobie de cette pute femme, de surcroît soutenue par ma propre mère (j'en avais parlé dans ce post), est une blessure d'une profondeur inouïe, et j'en suis encore au stade où j'aimerais qu'il lui arrive une grosse merde qui la rendrait physiquement telle qu'elle me voyait quand j'étais jeune, à savoir obèse. Je sais que ce n'est pas bien de souhaiter du mal aux gens, et en plus j'ai toujours peur que ça me retombe sur la gueule. Mais ELLE, je lui souhaite de se transformer en baudruche géante. En grosse saucisse qui a du mal à se mouvoir. Je lui souhaite de se faire regarder de travers dans la rue et que les gens se foutent de sa gueule en lui disant « bah alors Madame, et ton régime ?? »

J'ai cette colère en moi alors qu'au fond, je sais très bien que ce n'était pas moi le problème. Le vrai problème, c'était que ma tante était jalouse de ma mère. Elle a très mal vécu le fait que ma mère tombe enceinte avant elle, car c'était la plus jeune des sœurs donc ce n'était pas dans l'ordre des choses (selon elle...). Ma tante a toujours eu besoin de se faire plaindre. Elle a passé vingt ans à vociférer / chialer. La terre entière devait tourner autour d'elle. Quand elle débarquait chez mes grands-parents il n'y en avait que pour elle, et comme elle s'imposait de force, tout le monde entrait dans son jeu y compris ma mère. Moi, je ne l'ai jamais sentie. Il y avait quelque chose qui me mettait mal à l'aise chez elle. Elle prenait trop de place. Elle m'a fait rire quelquefois (elle a un côté drôle, comme mon père tiens. C'est « marrant » de voir que beaucoup de personnes qui m'ont fait du mal étaient drôles), mais globalement, elle me dérangeait.

Pour en revenir à la rivalité entre ma mère et ma tante, il se trouve que j'étais plus jolie et plus intelligente que la fille de ma tante. J'étais très bonne à l'école, je ne faisais jamais de faute d'orthographe et ma grand-mère en était fière. Ma tante se sentant en compétition permanente avec ma mère (et je pense que ma mère en jouait aussi car elle me mettait tout le temps en avant), ces louanges à mon égard l'insupportaient. Donc le fait que je n'ai pas une taille de guêpe était une aubaine pour elle, la faille où elle pouvait s'engouffrer. Je me souviens d'une fois où elle m'a humiliée parce que je me servais dans le même paquet de Chipster que sa fille : « C'est mauvais pour ton régime ». Je trouvais ça injuste que ma cousine ait le droit d'en prendre et pas moi. Et plutôt que de me défendre, ma mère a ajouté : «On dit ça pour toi ». Combien de fois ai-je entendu cette phrase «On dit ça pour toi » ??... C'est proprement insupportable. Je vomis cette phrase. Je vomis la grossophobie. Je vomis le fait que ma mère ait cautionné les violences verbales de sa sœur sur sa propre fille. Je trouve ça juste dingue qu'elle ait justifié de tels propos. Et quelque part je m'en veux de ne pas avoir eu de répondant à l'époque. Je m'en veux d'avoir été faible. J'aurais dû lui dire d'aller se faire mettre. J'aurais dû lui dire de regarder sa tronche avant de regarder celle des autres. Mais au vu du contexte familial, comment aurais-je pu avoir la moindre once de repartie ? J'étais perdante dès le départ. Toujours l'éternel problème de la cible facile.

J'avais donc ma tante, ma mère, mon père, mes camarades de classe et même une amie de ma grand-mère qui m'enfonçaient régulièrement avec mes kilos en trop, sans se demander une seule seconde quelle était la cause profonde de mon hyperphagie. C'est tellement plus facile de cancaner sur les conséquences plutôt que de regarder un mal-être en face, et de se demander si par hasard on n'aurait pas une petite part de responsabilité là-dedans... Franchement je me demande par quel miracle je n'ai pas viré anorexique.

Jusqu'en 1996, j'allais chaque année passer le nouvel an chez ma tante avec ma mère. Je détestais aller là-bas. Déjà, le voyage en train était long. Ensuite, ma tante nous accueillait à la gare avec un magnifique « Alors les belous ? » (Belou = plouc. Ça vous met dans l'ambiance ^^)

Je n'aimais pas son appartement. Ce n'était pas un appartement haussmanien avec les jolies moulures qu'on voit dans «Maison à vendre », mais un petit appartement où régnait la tension. Tension entre ma tante et son mec, tension avec ses enfants (elle leur criait dessus sans arrêt). Je n'aimais pas l'odeur de l'appartement non plus ; un mélange de parquet et de vieille peinture. Quand j'essaye de me souvenir des moments vécus là-bas, ne me viennent à l'esprit que cris, râleries, désordre et bouffe dégueulasse. Que du négatif. Il y a peut-être eu des instants heureux, mais impossible de m'en rappeler.

En retournant dans cette rue le mois dernier, je me suis rendue compte à quel point cet endroit était triste et déprimant. D'ailleurs je n'ai pris des photos que pour le blog, sitôt mises ici je les supprimerai illico de mon téléphone :-)

 

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Je me suis ensuite rapprochée du square où elle habitait. La flèche en forme d'épi de blé était déjà là à l'époque. J'ai ressenti la même chose que dans la rue : de la tristesse. C'est carré et propret, mais ce n'est pas très gai. Il y en a plusieurs exactement pareils de ce côté-ci de la rue.

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Il y avait cependant une chose qui me fascinait et qui me terrifiait à la fois : le dernier « square » était différent des autres. Il n'était pas carré comme celui où vivait ma tante, il était en forme de triangle bizarre avec un immense mur qui barrait le passage. Ce qui me fascinait tellement, c'est que ce square n'avait pas de porte d'entrée, qu'il n'était pas comme les autres (bon c'est sans doute mon syndrome d'Asperger ^^). J'ai essayé de prendre l'endroit en photo mais c'est la jungle là-dedans :

 

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A droite le mur bizarre ^^

Bref, ce quartier me met mal à l'aise. Peut-être que c'est lié aux mauvais souvenirs que j'y ai vécus. Je n'avais pas conscience à l'époque que cela m'avait marquée aussi négativement. Ma tante m'a vraiment fait du mal. C'est quelqu'un de profondément mauvais. De profondément aigri. Bref, une personne à fuir.

Il y a environ deux ans, je suis allée sur la page Instagram de mon cousin (avec qui je ne suis plus en contact). Il avait oublié de verrouiller ses photos et il y en avait une de ma tante. J'ai halluciné en la voyant : elle était coiffée exactement comme ma mère, la même couleur de cheveux et les mêmes lunettes de soleil. Ma mère s'est exclamée en la voyant : « Ah ça y est, elle a fait son coming-out ! ». J'en ai pleuré de rire. C'était exactement ça. Cette photo est la preuve que la méchanceté de ma tante n'avait qu'un seul motif, celui que j'évoquais au début de cet article : la jalousie. La rivalité entre sœurs. Et moi au milieu qui n'avais rien demandé :-S

Pendant longtemps je n'ai pas aimé Paris. Je me demandais ce que tout le monde trouvait à cette ville grise, bruyante et hostile. Avec le recul, je pense que c'était à cause de ma tante. En effet, jusqu'à l'âge adulte, les seules références que j'avais de Paris étaient ma tante, sa rue triste et mes mauvais souvenirs. Donc forcément je ne voyais de cette ville que les côtés négatifs : la foule, le bruit, la pollution, les loyers démentiels, les gens qui prennent les provinciaux pour des ploucs... C'était assez logique finalement.

Mais depuis quelques temps, j'apprends à aimer Paris. Bon, pour le quartier de ma tante c'est mort, mais par exemple j'ai beaucoup apprécié le 9ème arrondissement. J'apprends à trouver jolis les murs d'un appartement, à photographier la façade d'un immeuble ou d'un bâtiment ancien, à me débrouiller avec les lignes de métro pour retrouver telle rue ou telle boutique. Bref, j'apprends à dissocier la ville de ma tante et c'est plutôt sympa :-)

Edit : j'ai oublié de préciser qu'un jour où j'ai été victime d'une agression sexuelle, ma tante m'a balancé : "Bah t'as vu comment t'es habillée aussi ?". Je pense que ça se passe de commentaire...

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