Motherfucker
Une fois n'est pas coutume, je vais aujourd'hui parler d'un fait d'actualité.
La polémique semble s'être un peu calmée, mais ces derniers jours, on en a beaucoup parlé dans les médias : l'amendement adopté par l'Assemblée Nationale, supprimant la condition de "détresse" pour qu'une femme puisse avorter. Christine Boutin en a profité pour refaire surface à cette occasion, ainsi que des cathos pas très tolérants qui nous ont brandi leur "droit à la vie", expression qui me dérange (personnellement).
Alors comme ça, la suppression du terme "détresse" va entraîner une recrudescence des IVG ? On va baiser sans capote en se disant "Oh ben c'est pas grave, au pire j'avorterai" ?
Je ne crois pas, non.
Je peux évoquer mon cas personnel, puisque j'ai malheureusement vécu une IVG. C'était le 5 janvier 2012, je m'en souviens encore et je ne l'oublierai jamais. C'était l'un des pires jours de ma vie, et quoi qu'il arrive, plus jamais je ne veux revivre ça. Je m'en suis voulue de ne pas avoir été prudente, je culpabilisais et je culpabilise encore. Je sais que le coeur battait déjà, et je suis consciente que même s'il ne s'agit que d'un embryon, l'aspiration est quelque chose de super violent, aussi bien pour le corps de la femme enceinte que pour l'embryon. Entre parenthèses, j'ai eu mal. Vraiment très mal. C'est d'ailleurs pour ça que je peux comprendre (sans cautionner, mais comprendre) ceux qui sont contre l'avortement.
Je voudrais juste que les ultras qui montrent du doigt les femmes qui se font avorter arrêtent de penser qu'on prend toutes ça à la légère. Oui, il y a des écervelées qui ne se protègent jamais et prennent l'IVG pour un moyen de contraception. Elles sont très connes. Mais cela représente combien de femmes, sur les milliers qui se font avorter ? Une dizaine ?
Je suis persuadée que pour l'immense majorité (dont je fais partie), l'avortement est une expérience traumatisante qu'on ne veut revivre à aucun prix. C'est assez culpabilisant comme ça, pas la peine d'en rajouter.
Et surtout, la chose la plus importante : le terme de détresse, c'est du flan. Quand j'ai voulu me faire avorter, on ne m'a pas demandé pourquoi. J'ai juste dit : "Je suis enceinte, je ne veux pas le garder". Je ne me rappelle pas des questions qu'on m'a posées, mais je n'ai pas le souvenir qu'on ait cherché à me dissuader, ou du moins me demander si j'étais sûre de mon choix. Ce n'est que mon expérience, mais il y a fort à parier que cela se passe ainsi dans la plupart des plannings familiaux.
Peut-être que cela "démocratise" l'IVG, mais c'est un autre débat. Toujours est-il que, pour en revenir à l'amendement, ça ne va strictement rien changer.
Alors que les cathos et les anti se renseignent un minimum avant de savoir de quoi ils parlent.