Il y a une dizaine de jours, j'étais au trente-sixième dessous. Je pleurais à côté de B. dans le lit pendant qu'il dormait profondément. Je me suis levée, j'ai fumé des clopes devant 90 minutes enquête sur les délinquants de la route, espérant qu'il voie que je n'étais plus à côté de lui et qu'il vienne me voir. Il n'est jamais venu. Je me suis recouchée vers 4 heures du matin.

Le lendemain j'ai gratté ce que je pensais sur une feuille pour la retranscrire ici mais ça fait deux fois que je l'oublie là-bas, donc fuck je vais improviser.

Le truc drôle étant que B. a trouvé la feuille. Très bêtement : il cherchait un brouillon pour écrire une annonce pour Le Bon Coin, et je n'avais même pas pensé à planquer mon épanchement littéraire ailleurs que dans mon classeur à feuilles. Ballot. Il m'a demandé s'il était censé la retrouver un jour. Je lui ai dit que non, c'était destiné à mes lecteurs moi-même. Malgré une écriture en pattes de mouche, il a dû avoir le temps de glaner quelques mots. Il connaît mon écriture et ses yeux ont beau être presbytes ou écrase-couilles, il arrive bien à déchiffrer.

BREF venons-en à la raison de mon mal-être d'alors. Elle est simple : il traîne de la patte. Je traîne de la patte. Mon corps traîne de la patte. Ma vie traîne de la patte.

Lui d'abord : il a fallu que je lui chie un cake pour qu'il daigne parler de divorce à son ex, sinon je pouvais attendre dix ans. Pourquoi ? Parce que maintenant il est officiellement avec moi, que c'est très bien comme ça et qu'il ne voyait pas ce que ça changeait d'être encore marié avec son trumeau. Je lui ai donc expliqué en long, en large et en travers les raisons qui font que ça change TOUT, justement. Qu'un divorce, au-delà de mettre fin à un mariage qui n'a jamais ressemblé à rien, c'est avant tout montrer qu'il est prêt à tourner définitivement la page et à s'engager avec moi. 

Il a fini par l'entendre, et a appelé un avocat. Mais oh là là, l'avocat demande 1500 euros pour une procédure de divorce. C'est cher. Alors je vais voir comment divorcer sans avocat. Quand ? Bah, un jour où on ira chez ta mère car je n'ai pas internet et sur le téléphone ce n'est pas pratique. On n'a pas prévu d'aller chez ta mère dans l'immédiat ? Bah j'sais pas moi, je le ferai... un jour.

MON CUL. Je ne doute pas un seul instant de ses sentiments pour moi, mais ça le fait chier tout ça. Sauf que pour moi, c'est important. Très important. Je m'en fous que ça coûte cher et que ce soit stressant, il n'avait qu'à pas se marier avec elle. Il a bien trouvé le temps et l'argent pour le mariage, non ?

Bref, résultat je suis obligée de le pousser au cul tous les jours, et c'est fatigant. C'est stressant. A partir de décembre il ne travaillera plus le lundi ; je vais donc lui prendre un rendez-vous avec un notaire au mois de décembre, et s'il le faut je l'emmènerai par la peau du cul.

Mon corps, ensuite : ça va bientôt faire 6 mois que je ne prends plus la pilule. Que les Anglais débarquent tous les 28 jours, comme un métronome. Pourtant, on a des rapports sexuels pendant la période d'ovulation. Enfin, si j'ovule. Va savoir, Charles. Je ne sais pas si je dois m'inquiéter. Je sais que ça ne fait pas très longtemps qu'on essaye, mais quand on calcule bien et que ça ne marche pas, il y a un problème, non ? Du coup, mon IVG d'il y a 3 ans me hante plus que jamais. A l'époque c'était la meilleure solution. Mais j'ai peur de le regretter toute ma vie. J'ai peur de me retrouver comme une amie de ma mère, que les traitement de PMA ont rendue quasiment aveugle. Mais elle a fini par réussir à adopter. Cool, y a de l'espoir...

Du coup je traîne de la patte aussi. Je n'ai rien contre ses enfants, mais ils me foutent les boules. Parce qu'ils me rappellent chaque jour que l'autre tromblon, elle, a réussi à se faire engrosser deux fois, et qu'à ce titre, B. se plie à ses quatre volontés. Je n'ai rien contre eux, ils n'ont pas demandé à être là. Mais ce ne sont pas mes enfants ; il les a faits avec quelqu'un d'autre. Avec une laideur personnifiée de surcroît. Et moi j'y arrive pas. Et ça me plombe le moral. Alors je traîne de la patte pour qu'on vive ensemble, parce que je ne veux pas les accueillir chez moi. Je ne veux pas le voir les câliner. Je ne veux pas le voir câliner les enfants d'une autre. J'aurais aimé que son ex soit stérile. Que sa mère se soit gavée de Distilbène et qu'elle soit née sans utérus. Vous me trouvez monstrueuse ? Peut-être.

En plus j'ai de la fièvre et je ne sais pas pourquoi, et ma mère ne va pas bien. Et ma collègue de boulot me pourrit la vie. Et je me sens seule.

On pourrait croire que ça va mal entre B. et moi, mais au contraire ça va très bien. C'est juste son passé et son passif qui me pourrissent la vie. Je l'aime toujours. Mais je sais très bien qu'à moyen terme, si ces histoires ne se règlent pas, notre couple n'y survivra pas.