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Le blog de Dawn Girl
27 avril 2024

Retour vers le passé (professionnel)

 

 

 

En 2021, j'ai travaillé durant quatre mois dans un laboratoire (j'en avais brièvement parlé dans cet article). Mes débuts avaient été très difficiles. Il faut connaître par coeur des dizaines de codes d'examen (et ça met la pression car si tu demandes telle analyse alors que le médecin en a demandé une autre, bah tu commets une faute et il n'y a personne pour te sortir de la merde). Tous les matins à 7h30 il y avait déjà du monde donc il fallait enchaîner. Le premier jour, une collègue m'a dit (en insistant LOURDEMENT) de parler moins fort. Or, le fait de parler fort est un trait de mon autisme et donc, quand on me le fait remarquer ça me prend très profond dans les tripes et j'ai envie de pleurer. Un biologiste, condescendant au possible, m'a fait pleurer à cause d'une erreur de saisie dont je n'étais pas responsable. L'ambiance entre secrétaires était toxique. Je n'ai pas été correctement accueillie ni correctement formée. On m'a parachutée un samedi matin seule dans un laboratoire du centre ville où les gens affluaient par dizaines avec des analyses que je n'avais jamais vues de ma vie, l'infirmière avec qui j'étais en binôme n'avait pas l'habitude non plus et cette matinée a été une vraie boucherie (je n'ai pas pu prendre un seul appel de la matinée, on a fini avec une heure de retard et encore, il a fallu qu'une autre infirmière et une biologiste viennent nous aider pour terminer les prises de sang sinon on y serait encore). Un autre jour, les deux secrétaires qui devaient bosser avec moi ont pété un arrêt maladie au dernier moment et je me suis retrouvée seule avec une infirmière qui certes m'a aidée à accueillir les patients (ce qui n'est pas son job), mais qui me poussait aussi au cul en me disant de décrocher le téléphone alors que c'était impossible. J'avais peur de lui demander de l'aide, j'avais mal au bide.

 

Malgré tout, je me suis accrochée et au bout de 3 mois, j'étais à l'aise. J'avais envie de continuer. Les biologistes ont voulu que je reste, mais en CDD. Quand je leur ai dit qu'un autre laboratoire me proposait un CDI, ils ne se sont pas battus pour me garder et m'ont rétorqué que je n'avais qu'à prendre le CDI là-bas. Ok message reçu Micheline, je suis partie (et finalement je n'ai pas pris le CDI là-bas et cela a été la bonne décision, mais ce n'est pas le sujet).

 

Je suis sortie de cette expérience dans un état d'esprit paradoxal : j'étais soulagée de quitter les collègues toxiques, et d'un autre côté j'étais triste car je partais juste au moment où je commençais à nager sans me noyer. Je devais à nouveau tout recommencer ailleurs et j'étais lassée de toujours devoir tout recommencer ailleurs. Je me demandais quand tout cela allait s'arrêter, quand est ce que j'allais avoir moi aussi droit à une stabilité professionnelle.

 

Il y a quelques jours, j'étais assise à mon poste quand j'ai reconnu une voix au loin. J'ai levé la tête : là-bas, à quelques mètres de moi, mes collègues étaient en train d'accueillir une ancienne collègue du laboratoire. Celle qui m'avait dit de parler moins fort le premier jour. Celle qui m'avait causé ma première montée de larmes (on va l'appeler Rose).

 

Présenté comme ça vous allez penser que Rose faisait partie de la clique des collègues toxiques, mais en fait non : certes il y a eu cette remarque pas cool le premier jour, mais par la suite j'ai appris à la connaître et ce n'était pas du tout quelqu'un de méchant. C'est juste qu'elle ne prenait pas de gants pour dire ce qu'elle pensait (et je préfère ça plutôt que les mimiques hypocrites de Sandrine. Alors celle-là elle mériterait un article à elle toute seule). BREF j'étais très contente de revoir Rose, et c'est pourquoi je l'ai chopée au moment où elle allait quitter le cabinet pour discuter quelques minutes avec elle. 

 

Elle m'a dit : "Ca s'est dégradé là-bas depuis que tu es partie, n'aie aucun regret". Elle m'a expliqué que les biologistes ne s'entendent pas, qu'il y a un turnover de fou au niveau des secrétaires, que les anciennes n'ont ni les moyens professionnels, ni les moyens personnels d'accueillir les nouvelles, qu'elle est en arrêt maladie depuis 1 an... Je lui ai avoué qu'à l'époque j'avais parfois la boule au ventre quand j'arrivais le matin, elle m'a regardée en mode : "mais pourquoi tu ne me l'as jamais dit voyons ?" Elle a conclu par un : "Tu es en CDI ? Je suis contente pour toi, tu es bien mieux ici".

 

Je ne m'en suis pas rendue compte sur le coup, mais putain qu'est ce que cette conversation m'a soulagée... Aussi bien ce que m'a dit Rose, que ce que je lui ai dit moi. J'avais gardé un goût d'inachevé de cette expérience, le fait de revoir Rose m'a permis d'écrire la conclusion. Next.

 

(par contre elle revient pour un rendez-vous fin juin et je serai ravie de la revoir !)

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13 avril 2024

Le jour où j'ai disjoncté

 

 

AVANT TOUTE CHOSE :   j'ai bien cru que je ne pourrais plus jamais me connecter à Canalblog, je ne sais même pas comment j'ai fait... J'ai envoyé deux messages au support mais j'ai finalement réussi à me démerder toute seule avant... Vu comme c'est le bazar, peut-être qu'un jour ce blog prendra fin par la force des choses même si ce n'est pas ce que je souhaite.

 

J'ai donc disjoncté au boulot jeudi, et j'ai fait un truc que je n'avais jamais fait avant, qui ne me ressemble pas : je me suis barrée. 

 

Previously on Dawn Girl's workplace : nous en étions donc restés au fait que j'avais pris du recul suite à mon arrêt maladie, que ma chef ne me faisait plus autant d'effet qu'avant, et que je comptais sur la mise en place du nouveau logiciel pour redémarrer sur de nouvelles bases.

Malheureusement, les choses ne se sont pas passées de manière aussi simple... Je vous passe les détails mais mercredi je me suis accrochée avec ma chef, pour la première fois le ton est monté entre nous et je lui ai demandé de partir (enfin je lui ai dit : "vas-y", sous-entendu "va faire tes trucs très importants", mais comme d'habitude les mots ne viennent jamais quand je suis sous le coup de l'émotion). Le lendemain on s'est encore engueulé, là c'est elle qui est montée dans les tours alors que je lui ai juste posé une question. Comme elle continuait à crier je lui ai dit : "C'est bon J. tu me soûles là", ce à quoi elle a répondu : "Toi aussi. Et là ce n'est pas J. la responsable qui te le dit, mais J. l'être humain".

 

Cette phrase, ajoutée au fait qu'elle a crié, a été très violente pour moi. Je n'ai plus rien dit, j'étais en colère. Elle est revenue me voir et m'a montré un document avec une voix énervée, puis elle est repartie à son bureau. Elle est ensuite revenue plusieurs fois parler avec mon autre collègue présente dans la pièce, avec une voix normale. La colère a laissé peu à peu la place à autre chose, de la tristesse ou du stress j'en sais rien, mais j'ai senti que ça commençait à monter et mon cerveau m'enjoignait à une seule chose : partir. J'ai essayé de tenir mais c'était plus fort que moi : je devais partir. J'ai laissé mes lunettes sur le bureau (j'avais l'intention de revenir), j'ai pris mon téléphone, ma gourde, je suis allée prendre mon manteau et mon sac à main et je suis sortie en faisant bien attention à ne croiser personne. J'ai bien conscience que ça fait puéril de dire ça, mais l'objectif était clairement de lui faire peur. Je voulais qu'elle réagisse.

 

Je suis allée à ma voiture. Les larmes ont coulé, mais pas en mode effondrement. J'étais prostrée. Si quelqu'un m'avait appelée ou envoyé un message, j'aurais répondu que je voulais rester seule. Cela ne s'est pas produit. Ensuite, un événement extérieur s'est produit : une voiture a pris feu sur le parking à quelques mètres de moi. Au début je suis restée passive, j'ai vu qu'il commençait à y avoir un attroupement donc j'ai supposé que les pompiers avaient été prévenus. Ils n'arrivaient pas, alors je suis sortie de ma torpeur et j'ai fini par faire le 18. Ils avaient été prévenus, ils étaient en route. Pendant de très longues minutes j'ai hésité : devais-je bouger ma voiture ou pas ? J'avais peur que le véhicule en feu n'explose et que j'explose avec. Puis je me suis dit que je n'avais nulle part où déplacer ma voiture, que je n'étais probablement pas en état de conduire et que donc je remettais mon véhicule entre les mains du destin.

 

(spoiler : ma voiture n'a rien eu, elle était trop loin).

 

Quand les pompiers sont arrivés, la fumée était vraiment très noire et très épaisse. J'ai repensé aux gens chez eux qui meurent lors d'un incendie : ils ne meurent jamais brûlés, mais intoxiqués. Je ne voulais pas être intoxiquée. Le moment était venu de retourner au boulot. Je suis sortie de ma voiture, et en quittant le parking j'ai entendu une voix qui m'appelait au loin : ma chef.

 

Elle est arrivée essoufflée. Elle m'a engueulée : "Tout le monde te cherche au centre, j'apprends qu'il y a le feu dehors, je ne sais pas où tu es, tu imagines la frayeur pour moi ?" Je lui ai répondu : "J'avais besoin d'être seule". Elle a continué : "Mais dans ce cas-là tu nous préviens ! Tu pourrais avoir un accident, te faire renverser, tu es en-dehors des locaux !" J'ai répété : "J'avais besoin d'être seule" (je n'arrivais à rien dire d'autre). (et oui je sais, elle avait raison de m'engueuler, j'ai commis une faute professionnelle). Elle m'a dit que je pouvais demander au directeur du centre d'avoir un bureau pour m'isoler si ça n'allait pas ; j'ai trouvé ses propos lunaires car elle était vraiment en mode responsable qui pense à la logistique pendant que moi j'étais juste perdue dans mon mal-être. On était totalement en décalage.

 

J'ai fini par baisser la tête, elle a vu que ça n'allait pas et m'a dit qu'il fallait qu'on aille s'asseoir quelque part pour "crever l'abcès". Je me suis dit : "Non mais de quel abcès elle parle, on a déjà discuté ensemble je ne sais combien de fois". On s'est donc assises, elle avec sa clope à la main et moi en train de trembler, de pleurer et de baragouiner des mots incohérents.

 

J'aurais aimé lui dire tellement de choses. J'aurais aimé lui dire que certains jours je la kiffe, et que d'autres jours j'ai envie de l'encastrer dans le mur. Lui dire qu'elle me plaît mais que je suis en couple, qu'il y a des red flags depuis le début mais que je n'arrive pas à me les ancrer dans la tête. Lui dire que j'en ai marre qu'elle soit proche de l'autre vilaine poupée peinturlurée qui me sert de collègue. Lui dire que le jour où elle sera en couple j'aurai le coeur brisé, mais que je devrai pleurer sous la douche pour que personne ne le voie. Lui dire que je suis jalouse. Lui dire que j'ai le syndrome de l'imposteur. Lui dire que je ne me sens pas capable de reprendre la main sur les tâches comptables que Chris la Fouine s'est approprié et que je n'y arriverai jamais toute seule. Lui dire qu'il vaudrait mieux pour tout le monde que je parte mais que je n'ai pas envie de partir. Lui dire que je suis autiste, hypersensible, ancienne enfant maltraitée hashtag mère alcoolique et père pervers narcissique, et que tout cela explique mes réactions exacerbées. Lui dire que j'ai déjà fait des thérapies, que j'ai écrit un livre, que j'avance mais que j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir. Lui dire que je culpabilise de ne pas réussir à profiter d'avoir un homme qui m'aime, de la famille que j'ai construite et de ne pas réussir à détacher mes yeux d'elle. Lui dire que je rêve de sa main enlacée dans la mienne, que je rêve même de son corps contre le mien. Lui dire que je ne sais pas si elle est sincèrement humaine ou si je la vois avec un filtre rose et qu'en fait c'est une mauvaise personne.

 

Je ne lui ai rien dit de tout ça, je n'étais pas en état. J'avais du mal à parler. Au bout d'un moment j'ai quand même réussi à lui dire que quand quelqu'un crie, mon corps se met en mode survie, en hyperventilation. Sa réaction a été bizarre : elle a fermé les yeux, penché la tête un peu en arrière et son visage s'est fermé. Elle m'a dit qu'elle était désolée, qu'elle ne savait pas. Sa réaction m'a fait penser que peut-être elle ne me croyait pas, mais je ne le saurai jamais. Quand elle a vu que je tremblais elle m'a proposé son manteau, que j'ai refusé. J'ai accepté de m'envelopper avec son écharpe. Je lui ai dit que je voulais lui faire un électrochoc (et j'ai regretté de l'avoir dit). On a discuté du boulot, puis on est passé à d'autres sujets. Au bout d'une demi-heure on est allé chercher mon manteau dans ma voiture, puis on est retourné au centre. Elle m'a demandé à plusieurs reprises si ça allait mieux. Ca allait mieux. 

 

Bref, elle m'a vu dans un état dans lequel je ne voulais pas qu'elle me voie. L'après-midi s'est déroulé normalement, et les journées qui vont suivre vont se dérouler normalement. Je ne vais pas lui reparler de cette histoire, ça ne servirait à rien à part m'enfoncer davantage. J'ai mis deux jours à m'en remettre. J'essaye de me concentrer sur ce que j'ai (mon couple, ma fille), de m'occuper de moi et d'arrêter de rêver d'autre chose. C'est très difficile. J'aime B. Vraiment. Ce n'est pas une fuite en avant. Je suis trop entière pour rester avec quelqu'un que je n'aimerais plus. Mais la meilleure chose pour moi serait de changer de travail et pour le moment c'est trop dur pour moi de le faire. 

 

Edit (6 jours après) : depuis notre dispute on communique mieux, elle est super gentille, l'équipe va mieux... et moi je crève à petit feu. La nuit dernière j'ai rêvé qu'on se tenait la main, je caressais ses doigts et elle me rendait la pareille. Ce matin elle est venue à mon bureau, j'ai senti son odeur, j'ai eu l'impression d'être dans un ascenseur (ta gueule Calogero). Là elle part en congés pendant 3 semaines, je ne vais pas la voir pendant trois putains de semaines et j'ai l'impression qu'on m'a arraché le coeur. J'ai si mal. Elle me manque tellement.

1 avril 2024

Petit bilan une semaine après la reprise ^^

 

Bon, bah ça ne va pas trop mal... Les deux premiers jours ma chef n'était pas là (elle était en formation). Mon N+2 m'a dit au téléphone : "Je suis préoccupé par le fait que tu étais en arrêt, car c'est ma responsabilité de faire en sorte que tout le monde soit bien dans son poste, que tu sois écoutée et entendue". Il m'a indiqué qu'il passerait sur site le mardi suivant, et que si je souhaitais, je pourrais lui parler seule à seul.

 

Le mardi je m'attendais à ce que ma chef demande à me voir suite à mon arrêt, mais non... C'est moi qui lui ai demandé un entretien le lendemain... Comme prévu j'ai vu mon N+2, je lui ai expliqué la situation, comment on en était arrivé là, et mes demandes pour que les choses s'arrangent. Il m'a dit qu'il me comprenait et qu'il acceptait que jusqu'à ce qu'on bascule sur le nouveau logiciel (le 8 avril), je n'aie aucun temps administratif (comme ça l'autre fouineuse de Christine qui a tellement de choses à faire, bah elle va en bouffer de l'administratif).

 

Le lendemain, ma N+1 a également accepté ma demande. Elle m'a dit qu'elle était désolée, qu'elle avait eu plein de soucis pro et perso, blablabla... Et voilà, la semaine s'est passée comme ça.

 

Je m'attends à ce que Chris la Fouine râle sur l'organisation et chie un cake pour que je repasse en administratif cette semaine, on verra bien... Moi j'ai d'autres préoccupations pour le moment : d'abord le fait que je n'ai pas le temps de bosser mes cours pour fin mai, ensuite l'organisation de la fête d'anniversaire d'Alice le 17 avril (les invités c'est quand il veulent qu'ils me donnent une réponse merte), et enfin mes premiers contacts pas très concluants avec une association venant en aide aux parents d'enfants HPI. Christine elle me soûle, j'ai pas le temps de m'intéresser à elle, elle est inintéressante en fait. ^^

 

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