Lectures de décembre
J'avais 18 ans de Elisabeth Fanger
1974. Elisabeth (dite Lili), 18 ans, s'ennuie dans sa vie dorée de jeune fille riche. Elle sèche le lycée et sort tous les soirs en boîte de nuit avec ses meilleures amies. Lors d'une soirée, elle rencontre Bada, un garçon de Belleville dont elle tombe follement amoureuse. Un soir, Bada lui téléphone, paniqué : il vient de braquer une banque avec plusieurs complices ; il y a des victimes. Lili accueille Bada chez lui après que ce dernier a semé la police. Le lendemain, ils partent en cavale avec un ami de Bada et la petite amie de ce dernier. La cavale durera deux ans et se terminera en Grèce pour Lili, seule, sans bagages et sans argent. Elle y restera 3 mois avant de rentrer en France.
Cela faisait très longtemps que j'avais envie de lire ce livre ; à l'époque de sa sortie (en 2004), j'avais vu l'interview d'Elisabeth Fanger dans l'émission Tout le monde en parle. Evidemment, la recette plaît toujours et comme beaucoup de personnes, je marche à fond : les beaux quartiers de Paris, l'argent facile, l'illégalité, la fuite à l'étranger... On se demande comment tout cela va se terminer.
Bada est en fait Sid Mohamed Badaoui, une figure du grand banditisme qui a fait partie du Gang des Postiches. Après sa mort, les braquages du gang ont continué jusqu'au milieu des années 80.
Au début, le personnage de Lili m'a un peu agacée avec son côté "pauvre petite fille riche" qui se prend pour une star de cinéma ; je la trouvais vraiment énervante et l'écriture était poussive. C'est au moment du braquage puis de la cavale que je me suis laissée prendre dans le récit. J'émets quelques doutes sur la véracité de certains points (j'ai du mal à croire qu'une soi-disant fille riche des beaux quartiers parisiens prénomme sa fille Cindy et participe à Secret Story, m'enfin bon ce n'est que mon avis ^^), mais bon j'ai pris tout cela comme une histoire romancée. Et au final j'ai assez bien aimé. Je serais curieuse de voir le film qui a été tiré du livre ; je le regarderai si l'occasion se présente.
Le défilé des vanités de Cécile Sépulchre
Martine Pouelzoc, alias Marine de Rubempré, parvient à décrocher un stage au sein du magazine Luxe Addict. Elle tente de se faire une place dans le milieu impitoyable de la mode en changeant de nom, de look et en jouant des coudes (et pas que des coudes ^^), au milieu de filles issues du sérail.
Je résume ainsi le livre, car c'est en substance ce que dit la quatrième de couverture, mais je trouve ce résumé un peu trompeur. En effet, on pense que Marine est le personnage principal et qu'on va la suivre tout au long du récit, mais il n'en est rien : il y a aussi Elisabeth, la rédactrice en chef, brillante mais vieillissante et accro à la chirurgie esthétique ; Raphaël, le Directeur Artistique que j'ai eu un peu de mal à cerner ; Agathe, la journaliste travailleuse et malheureuse en amour ; Bille, l'assistante boulotte et bûcheuse qui bosse dans l'ombre (enfin "boulotte", elle doit faire du 38 j'imagine) ; bref toute une galerie de personnages qu'on quitte et qu'on retrouve alternativement au fil des chapitres.
Je commence par le positif : c'est bien écrit ; on voit que l'auteur connaît très bien le milieu de la mode et ses codes. On se sent bien sûr vieille, grosse et moche au milieu de ces créatures très minces, friquées et bien sapées, mais c'est plaisant à lire. J'ai trouvé le personnage de Queen, la présidente du magazine à la fois burlesque et un peu cliché (elle est inspirée à mon avis d'Anna Wintour et d'autres papesses de la mode, en grossissant le trait bien sûr) ; celui de Ombeline la fille parfaite assez agaçant (bon elle a un prénom pourri quand même ; perso "Ombeline" ça me fait penser à "Ombilic"). Je pense que mon personnage préféré est Elisabeth : on sent qu'elle a gagné son poste de rédactrice en chef en travaillant d'arrache-pied pendant des années et qu'elle est tout à fait légitime à sa place. Son combat contre le jeunisme ambiant et sa prise de conscience sur ce qu'elle a raté dans sa vie personnelle sont assez touchants. Bref je m'attendais à une resucée à la sauce française du Diable s'habille en Prada, mais pas du tout ; c'est complètement différent.
En revanche, deux bémols pour moi : tout d'abord l'auteur, pour accentuer le côté "provinciale qui débarque à Paris", a affublé la future stagiaire du patronyme "Martine Pouelzoc" ; cette dernière étant originaire de Plougasnou, dans le Finistère. Je suis bretonne et j'en ai ras le bol qu'on fasse passer la Bretagne pour une terre de bouseux. Je sais que ce n'est pas le sujet du livre, mais il ne faut pas avoir fait Normale Sup pour voir que l'auteur a cherché des noms rigolos en "Plou", bah ouais ça fait tout de suite penser à "plouc" ; c'est plus marrant que si elle s'était appelée Dupont et avait débarqué de Schwindratzheim, hein.
Alors oui, il y a des petites villes bretonnes qui commencent par "Plou" ou "Plo" (Plougasnou existe réellement) ; mais il y a aussi une flopée de "Ker" ; et même, oh incroyable 90 % qui ne contiennent aucun des deux : Dinan, Saint Malo, Pontivy, Quimper, Lorient, etc etc... Et pour info, la majorité des noms de famille bretons ne commence pas par "Pou", mais comprend plutôt un "Le....", par exemple Le Calvez, Le Floc'h, Le Mercier, etc etc... Et pour finir, oui nous avons des bleds paumés en pleine cambrousse (je vis dans l'un d'entre eux d'ailleurs, bien qu'étant à la base originaire de Rennes), mais pas plus qu'en Picardie, qu'en Franche-Comté ou qu'en Alsace. Merde.
Voilà, ça c'est dit :-)
Deuxième bémol : j'ai trouvé la fin complètement bâclée ; tout s'emballe d'un coup ; les gentils gagnent et les méchants sont out, tout le monde fait un gosse (désolée je spoile mais ça n'enlève pas la qualité du reste du livre). Bref c'est dommage car les premières centaines de pages sont vraiment bien écrites et agréables à lire.
Lecture en cours : "L'été meurtrier" de Sébastien Japrisot ; je peux déjà vous dire que ma critique sera positive :-)