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Le blog de Dawn Girl

5 novembre 2020

Une page qui se tourne

Et bien voilà nous y sommes, j'ai quitté mon travail le 30 octobre. Je pensais me sentir heureuse, libérée, délivrée, mais ce que j'ai surtout ressenti, c'est une immense tristesse. Une copine m'a dit que c'était les nerfs qui lâchaient. C'est possible. J'avais tellement la tête dans le guidon, je me suis tellement investie dans ce cabinet (enfin surtout dans son putain de planning) ; je me suis tellement pris la tête à jouer à Tetris avec les rendez-vous, à me faire des sueurs froides entre les lubies de mon patron et les exigences de certains patients ; à gérer des annulations de dernière minute et des dossiers conflictuels, que j'étais sous tension en permanence et là c'est fini, j'ai dû tout laisser et passer le relais. Je pense que mon cerveau a du mal à se relâcher et à tourner la page. Ca viendra mais c'est difficile.

J'ai aussi été déçue par mes collègues. Un simple "bonne continuation" devant la porte d'entrée... on a quand même bossé ensemble pendant 4 ans. Alors je sais que je ne suis pas démonstrative (quel doux euphémisme...) ; que je ne me suis pas intéressée à leurs histoires de bébé bonheur ni à Mylène qui racontait sa vie H24 en long en large et en travers (par contre ce qu'elle ignore, c'est qu'elle est la première personne au monde que j'ai prise dans mes bras et que cela a une valeur inestimable pour moi, bien plus que sa copine pétasse qui lui lèche la pomme tous les quatre matins alors qu'elle sent l'hypocrisie à plein nez et que son mec s'appelle Dzéjon (écrit comme ça, je vous promets)) ; que je quittais la pièce quand elles commençaient à se montrer leurs photos d'enfants moches, que j'aurais pu moi-même organiser un pot de départ, mais : 1- j'ai été refroidie il y a deux ou trois ans lorsque j'avais amené des petits gâteaux pour mon anniversaire et que j'ai presque dû les obliger à en goûter un ; et 2- mon attitude asociale n'est pas complètement ma faute et elles le savent très bien. Mais bon, le sujet ne les intéresse pas du tout et c'est tellement plus facile de conclure que je suis une prétentieuse froide et/ou jalouse de leur bonheur... Bref je suis déçue. Ou vexée peut-être je n'en sais rien.

Et malgré tout, j'ai un sentiment d'échec. Certes, je faisais très bien mon travail et je le sais. Mon départ n'est pas lié à mon incompétence. Mais pour une fois, j'avais un CDI. Là je n'ai plus rien. J'ai l'impression d'être une éternelle chômeuse qui travaille de temps en temps. J'ai l'impression que je ne trouverai jamais ma place. Que j'ai fait une bêtise en partant. Et deux minutes après je me raisonne en me disant que si, j'ai pris la bonne décision. Je n'en pouvais plus. Mon patron me parlait mal et n'avait aucune considération pour mon travail. Il ne se rendait pas compte de tout ce que je faisais. Je mérite mieux que ça.

La première chose à laquelle j'ai pensé en quittant le cabinet pour la dernière fois, c'est le premier hiver où j'ai travaillé là-bas. Alice était bébé. Il faisait très froid. Il y avait des hauts-parleurs qui diffusaient des musiques de Noël dans la rue. C'est ce souvenir qui m'a rendue triste au départ ; le reste est venu ensuite. Je ne sais pas pourquoi mais quand on quitte un endroit, les points positifs reviennent au galop. Le cerveau zappe le négatif. Le mien en tout cas :-)

Je me suis tapé des nausées et des maux d'estomac horribles pendant tout le week-end (je n'étais déjà pas très bien en fin de semaine). J'ai mis presque 5 jours à retrouver un appétit normal. J'espère que ça va aller. Je n'ai pas encore commencé à chercher un autre travail. J'ai besoin de me reposer. Je veux refaire mon CV. Me remettre au sport que j'ai délaissé depuis la rentrée. Me refaire un tatouage et couper mes cheveux (bon là, avec le confinement c'est mal barré). Ecrire la quatrième partie de ma série d'articles sur la violence (de loin le plus long et le plus difficile à écrire). Ecrire tout court. Lire plein de livres. Ranger ma bibliothèque et celle d'Alice ; j'en suis malade quand je vois le bordel dû au manque de place. Ca m'insupporte. Je dois aussi nettoyer ma voiture (bon l'extérieur c'est cuit avec le confinement, mais au moins l'intérieur. On dirait une décharge publique, j'ai trop honte). Il me faut également poursuivre mon auto-analyse concernant mon TSA, mon passé familial et tout le reste. Dans 15 jours je dois voir le psychiatre à Paris pour valider les tests qui ont confirmé mon trouble autistique. J'espère que le rendez-vous ne sera pas annulé et qu'il n'y aura pas d'attentat. J'avais prévu tout un périple entre le 16ème et le 14ème arrondissement : aller au grand magasin Lego pour Alice, filer dans le 8ème pour lui photographier la pagode chinoise (elle étudie la Chine à l'école), puis me rendre dans une épicerie italienne et dans une boucherie à Montparnasse pour acheter du boeuf japonais pour ma mère... Mais à cause du Covid ça va se terminer dans un café à bouquiner en attendant de reprendre mon train. Bon il y a plus grave dans la vie, mais ça fait chier quand même. J'ai donc prévu de retourner à Paris lorsque le Covid sera enfin derrière nous.

Bref le moral n'est pas au top en ce moment, surtout que je n'arrive pas à oublier celle qui occupe mes pensées depuis des mois et des mois. J'aimerais ne plus la voir pour qu'elle sorte de ma tête, mais je suis obligée de la voir tous les jours (c'est elle qui est au portail quand j'emmène Alice à l'école. Protocole Covid tout ça tout ça...), résultat ça continue d'alimenter des fantasmes qui n'iront nulle part, et donc la déprime qui va avec. Je cherche un moyen pour moins cogiter, pour arrêter de réfléchir tout le temps mais je n'y arrive pas. Pour la millième fois de ma vie (et certainement pas la dernière), j'aimerais mettre mon cerveau sur off.

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2 octobre 2020

Il y a quelques jours, il m'est arrivé une merde.

Il y a quelques jours, il m'est arrivé une merde. Une bonne merde bien puante. Le genre de merde qui fait stresser. Le genre de merde où tu ne sais pas si tu n'as rien à craindre ou si tu es en danger. Le genre de merde qui n'arrive qu'à moi.

Le pire, c'est que l'origine de cette merde est un truc complètement débile, à savoir une photo d'animal sur Facebo*k.

Une fille (que nous appellerons Laura) a posté un commentaire sous une photo d'animal originale, en déclarant : « C'est une peluche ». J'ai répondu à son commentaire : « Bien vu Columbo». Elle m'a répondu que j'étais ridicule ; je lui ai rétorqué d'arrêter de ramer.

C'est tout.

Une heure plus tard, j'ai reçu ce message de Laura sur Messenger :

 

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Des menaces. Carrément. Sur ma fille de 4 ans... Tout ça pour un putain de commentaire sur une putain de photo d'animal à la con... :-S

Personnellement, je ne prends pas ces menaces à la légère. J'ai donc fait le maximum pour qu'Alice soit en sécurité quel que soit l'endroit où elle se trouve. Je me suis rendue à la gendarmerie ; la gendarme qui m'a reçue m'a dit qu'elle comprenait que ça me chagrine mais que pénalement, il  fallait que la menace soit réitérée (soit par message soit par un autre moyen) pour qu'ils puissent agir. Elle a tout de même fait une main courante avec mon nom, mes coordonnées ainsi que celles de Laura (j'ai retrouvé très facilement son vrai nom et la ville où elle habite). Elle m'a aussi conseillé de protéger toutes mes photos pour que le public ne puisse pas les voir (un conseil basique que j'aurais dû appliquer depuis bien longtemps, mais malheureusement c'est toujours quand il arrive une couille qu'on se rend compte qu'il faut VRAIMENT le faire).

La gendarme m'a dit « Soyez rassurée » ; visiblement elle n'a rien vu d'alarmant. Alors oui, peut-être qu'il n'y a rien d'alarmant. Peut-être que c'est juste une grande gueule qui a voulu me faire peur. Il y en a, des grandes gueules. MAIS. Il y a aussi des gens qui se font buter pour un regard mal interprété. Il y a des bipolaires hystériques qui aiment bien jouer du couteau et qui restent bloquées sur un truc, même des mois après. Certaines de ces hystériques sont douées en informatique et n'ont aucun mal à te localiser (merci les smartphones ; d'ailleurs je n'ai absolument aucune idée de la manière dont on masque une adresse IP). D'un côté je me fais les pires scénarios dans ma tête (ça ne se contrôle pas malheureusement), et d'un autre côté je me dis que je ne vais pas pouvoir vivre pendant vingt ans en psychotant sur la moindre voiture qui va me serrer d'un peu trop près, en imaginant les Thénardier débarquer ici et kidnapper ma fille, en sursautant au moindre bruit devant chez moi, en passant des nuits pourries, en désactivant la localisation de mon téléphone dès que je n'ai plus besoin du GPS tout en me disant que cela ne sert peut-être à rien, ou en ayant envie de chialer quand je vois ma fille si insouciante, si intelligente et si jolie et en me disant que tout cela pourrait s'arrêter. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas vivable.

Je n'en ai pas parlé à B. Peut-être parce que je me sens coupable : si je n'avais pas ouvert ma gueule sur Facebo*k, rien de tout cela ne serait arrivé. Je sais que la seule coupable est celle qui profère les menaces, mais comme toutes les victimes d'agression je me sens responsable. Ca non plus, ça ne se contrôle pas. Le fait que les gendarmes soient au courant ne me rassure pas vraiment. Mais je ne peux rien faire de plus ; je me sens impuissante et c'est ça qui est difficile à supporter.

27 septembre 2020

De la Terre à la Lune de Jules Verne

jules verne

 

Quatrième LC avec Zofia :-)

L'histoire se passe aux Etats-Unis, vers 1860 durant la guerre fédérale (j'ignorais l'existence de cette guerre avant de lire le livre, honte à moi et à mon manque de culture). Barbicane, le président d'un club de spécialistes en balistique nommé le Gun Club, fait part aux autres membres d'une idée un peu folle : celle d'envoyer un boulet de canon sur la Lune.

Le projet suscite l'enthousiasme de tout le pays, puis du monde entier. Tout le roman s'attelle à expliquer en détail la réalisation de ce projet : recherche de la matière, de la forme, de la taille et du poids du boulet ; fabrication du canon ; détails logistiques, financement du projet... comme dans tous les romans de Jules Verne les détails scientifiques sont très pointus, il y a beaucoup de chiffres (pour moi qui suis une littéraire pur jus, il a fallu m'accrocher). Ce n'est pas le Jules Verne où il y a le plus d'action ; c'est un peu ce qui m'a manqué au cours de cette lecture. J'ai largement préféré « 20 000 lieues sous les mers » ou « Cinq semaines en ballon ». Avec Zofia on a prévu de lire la suite d'ici quelques temps, donc je verrai s'il y a davantage d'action dans la seconde partie.

17 septembre 2020

Et le mal viendra de Nathalie Hug et Jérôme Camut

mal viendra

 

Voici ma quatrième lecture pour le challenge des Dames en Noir. Pour valider le défi n°3, il fallait choisir un livre lu par un challenger de l'année dernière ; j'ai donc sélectionné Et le mal viendra, qui était dans ma PAL et que j'avais déjà essayé de lire en 2019 avant d'abandonner.

Cette fois-ci je suis allée jusqu'au bout, et j'ai refermé le livre en me disant la même chose que pour Islanova : je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, mais je n'ai pas adoré non plus.

L'histoire est celle de Morgan Scali, un homme qui a perdu la femme de sa vie dans l'attentat du Bataclan en 2015. Traumatisé par ce drame, il part en Afrique avec ses deux enfants pour changer le monde. Il est très vite heurté à la réalité et à la cruauté d'un continent qui souffre : violence, pauvreté, meurtres d'animaux et d'humains pour gagner un territoire ou de l'argent... Son idéalisme est fortement mis à mal. Cependant, il tient bon et monte un projet ambitieux, permettant de distribuer de l'eau potable et de faire pousser des cultures dans une région désertique. Le projet aboutit et décroche le prix Nobel de la Paix.

Le roman, à l'aide d'allers-retours entre les années 2016 et 2028,  raconte comment cet homme, a priori humaniste, finit par basculer dans le terrorisme, et revient sur les événements racontés dans un autre roman des mêmes auteurs, Islanova.

Je ressors mitigée de cette lecture... Certes, il n'y a pas le côté « film d'action américain transposé sur l'île d'Oléron » qui m'avait dérangée dans Islanova. En revanche, les histoires à base de chasse en hélico, d'intelligence artificielle et de drones, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Bon après, c'est une affaire de goût personnel. ^^

Il y a une autre raison, plus objective, qui fait que je suis partagée : j'ai l'impression que le livre rend légitimes certains mobiles de terrorisme. D'accord ils ne défendent pas Da*sh non plus, mais le mec a quand même tué des milliers d'enfants innocents :-S      A plusieurs moments, il détaille son raisonnement, expliquant que parfois, face à la violence, seule la violence permet de changer les choses. La Loi Du Talion ? Mouais... Personnellement je ne suis pas convaincue. Les millions de morts en Afrique en raison d'un manque d'eau potable sont bien réels ; c'est dramatique ; oui les pays du Nord s'en branlent, ça je ne dis pas le contraire. Bien évidemment qu'une vie africaine a autant de valeur qu'une vie européenne ou américaine, et que tous les habitants de la Terre devraient avoir accès à l'eau potable. Mais... empoisonner à la ricine des enfants qui sont juste allés voir un spectacle, je trouve ça horrible.

Alors vous allez me dire que c'est juste un roman ; que ce livre a le mérite de poser la question de la légitimité de la violence dans certains cas. Que le fait d'être malade à l'idée qu'on pourrait tuer ma fille, innocente, pour ouvrir les yeux des Européens sur les enfants qui meurent ailleurs dans le monde, s'explique parce que je raisonne en tant que maman et non en tant que citoyenne. Mais il y a une post-face à la fin du livre, où les auteurs disent qu'en gros, leur livre sert à ouvrir le débat, et ils sont très loin de condamner les les actes de Scali... Bah moi perso, le débat est vite clos ; le terrorisme reste du terrorisme et Morgan Scali est un monstre. Même s'il a aimé sa femme, même s'il aimait les animaux, même s'il voulait changer le monde. Si on va par là, tous les meurtriers d'enfants ont été des bébés avec une tétine dans la bouche, hein...

Bref, je ne saurais pas trop dire si j'ai aimé ou non ^^

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3 septembre 2020

Tattoo

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C'est tout sauf un coup de tête. C'est le fruit d'une très longue réflexion, après de multiples interrogations et plusieurs changements d'avis : bientôt (inch'allah) j'aurai un tatouage.

Comme toutes les personnes réfractaires au tatouage, le côté définitif me fait peur : une fois le tatouage fait, adieu la jolie peau immaculée de bébé. Tu gardes le tatouage jusqu'à la mort, et même si tu le fais effacer, ta peau ne sera plus jamais comme avant. Plus jamais. Pour moi c'est un deuil à faire (moquez-vous si vous voulez, c'est ce que je ressens ^^)

Quand j'avais 5 ans et que j'ai demandé à ma mère de me faire percer les oreilles, je me souviens m'être dit exactement la même chose : que je ne reverrais plus jamais mes lobes sans trou. On était dans un magasin du centre ville de Rennes, j'ai regardé mes lobes de bébé dans un miroir, et du haut de mes 5 ans, je leur ai dit adieu.

Une fois la décision prise de me faire tatouer, il a fallu choisir le motif. Je voulais un symbole fort. Quelque chose qui me représente, qui me rappelle tous les jours qui je suis et d'où je viens. J'ai d'abord pensé à l'autisme, puisque je suis en plein parcours pour me faire diagnostiquer. Pourquoi ne pas me faire tatouer le ruban de l'autisme, étant donné que je souhaite afficher ma différence avec fierté et enfin relever la tête face aux gens qui ne me comprennent pas, et face à cette société que ma différence dérange.

J'ai ensuite pensé à la résilience : comme j'ai déjà commencé à en parler ici (et je n'ai pas fini d'ailleurs ^^), j'ai été victime de violences. Mon père a été violent. Il m'a rabaissée et humiliée pendant des années. L'un de ses amis m'a agressée physiquement. Un mec m'a enserrée de force et m'a tripotée dans ma cage d'escalier quand j'avais 19 ans. Ma mère m'a frappée. Ma mère m'a dit « ta gueule ». Je l'ai vue s'alcooliser sous mes yeux pendant des années. Je l'ai vue cracher du sang, tomber dans les pommes et saigner du nez parce que ses varices oesophagiennes avaient éclaté à cause d'une cirrhose du foie. Certaines institutrices et ATSEM de mon école maternelle m'ont mal parlé et/ou m'ont tapé violemment sur la main parce que je ne dormais pas. J'ai été victime de harcèlement scolaire jusqu'à l'âge de 18 ans. J'ai dû encaisser des insultes, des cris de cochon, des bruits de flatulence et des sobriquets humiliants. Des camarades de lycée se sont moquées de moi parce que j'étais différente, entraînées par l'effet de groupe et par le fait que j'étais une cible facile.

Bref, j'ai grandi dans la violence. J'ai dû me construire dans la violence. Mais je suis toujours debout. Abîmée, fragilisée, avec une confiance en moi quasi nulle et perdant tous mes moyens dès que quelqu'un me déstabilise (il a fait du beau travail le paternel ♥), mais debout. Et c'est ça que je voudrais me faire encrer (ancrer?) dans la peau.

Le truc, c'est que je suis très difficile. Il y a des tatouages que je trouve jolis sur les autres, mais sur moi ce n'est pas possible. Je ne veux pas de tête de mort. Je ne veux pas de truc kitsch comme une fée, une libellule ou un machin de couleur moche. Je veux du joli et du sobre, un peu comme moi (en toute modestie :D).

J'ai cherché des tattoos sur le thème de la résilience, mais je n'aime ni les phénix, ni les abeilles, ni les marguerites, ni les arbres, ni les roseaux, ni les trucs en toutes lettres. J'ai cherché comment s'écrivait « résilience » en kanji (je suis attirée par l'Asie et par le Japon en particulier), mais vu la fiabilité de Google je me serais retrouvée avec le mot « vide-ordures » tatoué sur le bras.

J'ai fini par trouver un dessin celtique qui symbolisait la force, et là j'ai dit banco. J'ai imprimé le motif, j'ai cherché un salon de tatouage près de chez moi avec des avis positifs et un catalogue digne de ce nom (vive Instagram), et j'ai téléphoné hier pour prendre rendez-vous.

Bon, je sais que les délais sont très très longs, et le Covid n'a pas arrangé les choses. Pas sûr que le tatouage soit fait avant 2022. ^^

Une connaissance m'a dit « fais attention, quand on commence les tatouages on ne peut plus s'arrêter. Moi j'en ai quatorze ! » Et en effet je pense déjà au suivant. Il y a longtemps que je souhaite me faire tatouer le prénom de ma fille, mais je n'ai pas (encore?) trouvé l'endroit où le faire, ni le style d'écriture. J'ai pensé à un hommage à  Alice Madness Returns  mais cela va me demander une loooongue réflexion. Et l'idée du ruban de l'autisme me trotte toujours dans la tête ; par contre je pense le faire plutôt en noir et blanc. Bref ce ne sont pas les idées qui manquent. A suivre :-)

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30 août 2020

La vraie vie de Adeline Dieudonné

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Il s'agit de ma troisième lecture commune avec Zofia (je crois ;-) ; la quatrième arrivera bientôt.

L'histoire se passe dans un lotissement où toutes les maisons se ressemblent. La narratrice, une petite fille de 10 ans, vit dans l'une de ces maisons avec ses parents et son frère Gilles. La mère est effacée ; sa fille la qualifie cruellement d' « amibe ». Le père est violent.

Un jour, un terrible accident traumatise Gilles et le métamorphose complètement. Dès lors, sa sœur (qui se sent responsable de l'accident) n'aura qu'une seule idée en tête : remonter dans le temps et empêcher l'événement de se produire, afin que Gilles redevienne celui qu'il était avant.

Autant le dire tout de suite : j'ai beaucoup aimé ce livre (et vous savez à quel point je suis difficile ^^). Honnêtement je ne lui trouve aucun défaut : c'est bien écrit, ça va droit au but ; l'auteur ne tourne pas autour du pot et nous en met plein la face, BAM. J'ai tout de suite pensé à Ida Beaussart ; pour ceux qui ne la connaissent pas c'est une femme qui a tué son père dans les années 80 car ce dernier, néo-nazi notoire, maltraitait sa femme et ses filles. Elle a été acquittée à l'issue de son procès.

 Bref je ne peux que recommander ce livre pour ceux qui aiment les thrillers psychologiques. Achetez-le. Lisez-le. Relisez-le. Coup de cœur garanti !

14 août 2020

Je me dis que je suis folle

La rupture conventionnelle est signée, je quitterai mon travail le 30 octobre. Par moments, je me dis que je suis folle de faire ça. Je me dis que je suis folle de partir en pleine crise sanitaire. Je me dis que je suis folle de quitter un CDI pour me retrouver ENCORE dans la précarité. Pas de CDI, ça veut dire pas de possibilité de louer un logement. Pas de possibilité d'emprunter de l'argent si jamais je dois changer de voiture. Bref c'est l'insécurité qui m'attend. Par ailleurs, ce boulot était à dix minutes de chez moi, sans embouteillages et avec des horaires qui me permettaient d'emmener Alice à l'école tous les matins. Ces éléments sont purement pragmatiques, mais ce confort va me manquer. Certains parents vont me manquer aussi : la mère de Léna qui m'a tellement fait rire le jour où elle m'a raconté comment sa cigarette électronique a bu la tasse pendant qu'elle poursuivait son chien dans les vagues. La mère de Gwendal qui m'a dit « Dommage que vous partiez, je vous aimais bien. Mais je vous comprends». Le père de Nicolas qui m'a regardée avec un air tellement bienveillant lorsque j'ai fondu en larmes devant lui à cause de mon patron. Tous les parents qui, grâce à un sourire ou un mot gentil, me redonnaient de l'élan lorsque j'étais démotivée. J'avais aussi le confort de connaître le taff par cœur, d'avoir mes habitudes, mon ordinateur personnel, mes post-it collés au-dessus de mon bureau et ma pause déjeuner peinard à regarder le replay de « Ça commence aujourd'hui ». Renoncer à tout ça, c'est quitter une paire de charentaises pour enfiler des talons aiguilles. Le changement m'angoisse. Ne pas savoir ce que je vais devenir m'angoisse. Ne pas savoir si mon compte en banque va se retrouver dans le rouge m'angoisse. Ne pas savoir si je vais pouvoir offrir à Alice des vacances à Oléron m'angoisse (elle veut voir Fort Boyard) (oui bon moi aussi ^^)

 

Et puis... Je repense à cette réunion durant laquelle mon patron m'a humiliée en sous-entendant que j'étais responsable des mauvaises finances de son cabinet, sans citer mon nom et alors que j'étais assise en face de lui. Je repense aux larmes de désespoir que ses paroles ont provoqué chez moi tellement je trouvais ça dégueulasse, et au fait que AUCUNE de mes collègues ne m'a soutenue à ce moment-là alors que j'en avais besoin putain. Je repense au jour où mon patron a dit dans mon dos : « même ma petite-fille de 3 ans est capable de comprendre ça ». Je repense à toutes ces fois où il m'a demandé de déplacer des journées entières de rendez-vous parce qu'il prenait l'avion / il avait oublié qu'il était invité à un mariage / il partait en week-end / il avait finalement décidé de faire telle intervention à la place d'une autre / il avait simplement changé d'avis (ne pas rayer la mention inutile ; elles sont toutes authentiques). Je repense au fait que je dois refouler les patients qui ont plus de dix minutes de retard ; que je dois leur dire « déso les gars, mais vous êtes venus pour rien. Vous avez des choses à dire au Docteur ? Bah je vais lui en parler et vous rappeler puisque vous ne pouvez pas entrer avec votre enfant dans la salle de soin. Niééé».

Je repense au fait que le Docteur ne recolle pas d'appareil décollé sur les rendez-vous de contrôle, même si le patient habite à 50 kilomètres. Bien sûr il ne le lui dira jamais en face ; c'est moi qui dois passer les messages pourris. Je sers de paratonnerre. Et j'en ai marre de faire tampon.

 

Je repense à tous ces patients que mon patron a fait pleurer parce qu'il leur a mal parlé. A tous ces parents stressés qui me disent que leur enfant angoisse à l'idée de venir au cabinet. Il y en a eu des dizaines. Je ne peux même pas les compter.

 

Je repense à certains parents qui exigent de venir le samedi uniquement, parce que EUX, ils travaillent (bah oui moi je glande 39 heures par semaine c'est bien connu). A ceux qui annulent leur rendez-vous la veille parce qu'ils partent en vacances, et qui râlent parce que je ne leur retrouve pas de place avant 2 mois (et un samedi tant qu'à faire). A ceux qui trouvent tout à fait normal que j'appelle dix personnes pour voir si l'une d'entre elles peut échanger son rendez-vous avec le leur. Ils n'oseraient jamais en demander le dixième à la secrétaire de leur médecin traitant ou de leur gynéco. Ah oui mais le gynéco c'est IMPORTANT. L'orthodontiste par contre, ça passe après le séjour au Parc Astérix et les vacances chez les grands-parents.

 

Je repense à ce nombre incalculable de fois où j'ai trafiqué le planning, où j'ai joué à Tetris avec les rendez-vous pour que mon patron accepte de voir un patient arrivé en retard ; où j'ai arrondi les angles lors de situations conflictuelles. Je repense à ce jour où Mylène m'a plantée toute seule au milieu de gens que je connaissais pas durant notre séminaire au Touquet. Je repense à toutes les fois où mes collègues m'ont reproché des choses qui étaient en fait imputables à mon patron (mais c'est tellement plus facile de tout me coller sur le dos, hein). Je repense à toutes ces fois où elles sont venues au boulot le cœur léger parce qu'elles savaient que c'était moi qui étais dans le collimateur du Grand Docteur, et non elles. Je repense à la mère de Lionel qui m'a hurlé plusieurs fois au téléphone « vous vous foutez de ma gueule » mais qui a souri à mon patron quand elle s'est retrouvée en face de lui, et qui ne s'est JAMAIS excusée pour m'avoir parlé de cette manière. A la mère de Julie qui m'a crié dessus parce qu'elle ne voulait pas payer ses honoraires, qui avait une occasion en or d'expliquer son mécontentement à mon patron mais qui s'est exclamée « Ah non surtout pas !!!! Je ne veux plus jamais le voir, je ne peux pas le sentir » Mais c'est TELLEMENT plus facile de pourrir la tête de la secrétaire, n'est ce pas. Jamais d'excuses non plus. Je repense à la mère d'Alphonse, pour qui je m'étais décarcassée pour arranger l'horaire du rendez-vous et qui m'a balancé dans la gueule « Ah NON pas le vendredi ça ne m'arrange pas ! Moi c'est que le mercredi et le jeudi ». (le « merci » j'ai pu me le carrer où je pense). Je repense à la mère de Romuald qui a téléphoné 10 minutes avant la fermeture du cabinet parce qu'il fallait attendre son fils qui avait un truc de décollé. Je vous passe le ton dédaigneux sur lequel elle m'a parlé. Ce fut la seule fois de ma « carrière » où j'ai raccroché au nez de quelqu'un. A un moment donné l'ingratitude des gens finit par m'insupporter.

 

Je repense à mes collègues qui plaignent déjà « la pauvre Mélanie » qui va reprendre mon poste quand je vais partir. La pauvre Mélanie qui « va en chier ». LOL. Moi ça fait juste 2 ans que j'en chie à ce poste, mais moi c'est pas grave tout le monde s'en branle. Mélanie par contre, il faut lui tenir la main parce qu'elle vient d'avoir un joli bébé à paillettes. Mais allez tous vous faire foutre putain.

Je repense au fait que je suis censée faire des radios tout en répondant au téléphone. (c'est super facile de gérer une urgence ou un problème administratif tout en disant à Boris de mordre sur le machin jaune et de bien tenir le guidon)... Je repense au fait qu'une autiste Asperger dyspraxique n'aura jamais la dextérité suffisante pour travailler au fauteuil avec un praticien sans stresser en permanence. Je repense au fait qu'aucun salaire ne justifie de se faire mépriser, surtout quand le mépris émane à la fois du patron, des collègues et de certains patients. Je repense à toutes ces vacances qui m'ont été imposées par mon patron (dont cette semaine de congés payés en janvier qui ne sert strictement à RIEN), au fait qu'on bosse durant toutes les vacances scolaires et presque tous les samedis jusqu'à 18 heures. Au fait que c'est impensable de demander une journée de RTT. Chez nous ça n'existe pas.

Ah si pardon, il y a eu une exception : le jour où mon patron a accordé une après-midi à une collègue pour qu'elle aille à la FETE DE L'ECOLE de sa fille... J'ai tellement été estomaquée devant un tel passe-droit, ET devant le fait que les autres semblaient trouver cela tout à fait normal, que j'ai aussitôt pris mon téléphone et que j'ai demandé à mon patron de pouvoir bénéficier du même passe-droit. Il a râlé, mais il n'a pas eu le choix.

Je repense à toutes ces primes qu'il a filées à mes collègues dans mon dos (200 euros à l'une et 700 à l'autre, tranquillou bilou), après avoir claironné la semaine précédente que les finances étaient au plus bas et qu'il allait mettre la clé sous la porte à cause de mon incompétence. LOL.

 

Je repense à toute cette charge mentale que mon patron me fait porter depuis 4 ans, à toutes ces choses « urgentes » et « prioritaires », qui m'empêchent de faire ce que j'avais prévu et qui me font prendre du retard. Je repense à toute cette fatigue qui s'est accumulée depuis tous ces mois à turbiner comme une cinglée. Fatigue physique, fatigue nerveuse. J'en deviens agressive avec Alice. J'en deviens méchante avec B.

 

Je repense au fait que ce travail se trouve dans la ville où habite Myriam. Malgré les messages que nous avons échangés durant le confinement, elle a semblé prendre peur et a repris ses distances. Ce que je respecte tout à fait. J'ai donc renoncé à elle, mais putain je dérouille. Il va me falloir du temps. Je vais malheureusement la voir tous les jours à la rentrée (pas le choix)... Je vais devoir rester distante, ne pas lui parler quitte à passer pour quelqu'un de froid et de mal-aimable alors que je rêve de la serrer dans mes bras et de la faire rire comme lors de notre dernier échange. Je vais devoir morfler en silence, serrer les dents et fermer ma gueule. Donc si je peux au moins éviter de retourner bosser là où elle habite, ben je me dis que ce sera une bonne chose. Ne dit-on pas : « loin des yeux loin du coeur » ?

 

Bref, il y a nettement plus d'éléments dans la colonne « négatif » que dans la colonne « positif ». J'en déduis que j'ai pris la bonne décision. Qu'un autre poste m'attend ailleurs, même si c'est en 2031. Que je vais leur laisser se lécher la pomme et s'empocher des primes de 700 balles derrière mon dos pour mieux se faire sodomiser ensuite. Grand bien leur fasse ; au moins ELLES seront solidaires toutes les trois, sans moi.

 

Quand je vais partir, je vais laisser à « la pauvre Mélanie » un poste parfaitement à jour, avec des honoraires et des dossiers gérés au carré. Tout sera clair et rangé. Je m'en fais un point d'honneur. Je ne veux pas qu'on me reproche quoi que ce soit après mon départ. Je sais que beaucoup de parents vont me regretter : quoi qu'en disent les personnes avec qui je bosse, je sais que je fais très bien mon travail et que je suis appréciée par beaucoup de patients. Moi aussi je vais les regretter. Pas les cons, mais tous les autres. La majorité. Ceux qui acceptent que leur enfant loupe un cours d'histoire-géo ou une leçon de tennis pour venir nous voir. Ceux qui savent que j'en chie et qui me disent que je suis courageuse de supporter un patron comme le mien. Ceux qui ont su s'excuser après s'être emportés, parce qu'ils savent que je ne suis pas responsable du caractère de mon patron. C'était un plaisir d'échanger avec eux. Ils auront été mon moteur pendant toutes ces années de secrétariat et d'assistanat en orthodontie.

 

La suite est floue. Je ne sais pas ce que je vais devenir. Continuer dans le secrétariat médical ? (8 ans d'expérience ça compte quand même). Faire une formation ? Un BTS assistante de gestion ? Un bilan de compétences ? Reprendre un bar à cocktails sur les Iles Vierges ? Je suis paumée.

15 juillet 2020

Décalage(s) - Partie 2

NB : j'ai créé une nouvelle catégorie d'articles intitulée "Asperger" pour permettre de retrouver plus facilement mes posts sur ce sujet.

Après avoir évoqué l'aspect sensoriel de mon syndrome d'Asperger, je vais maintenant parler de l'aspect social. Il s'agit d'un chantier autrement plus long que la première partie ; je ne sais même pas par où commencer tellement j'ai de choses à dire. Par ailleurs je dois rédiger mon article tout en essayant de ne pas partir dans tous les sens, de ne pas être trop barbante, trop technique, trop longue ou que sais-je encore. Je pense que le plus pertinent est de commencer par un exemple précis, puis d'élargir ensuite à quelque chose de plus global. Il se trouve qu'il y a justement une situation actuelle qui cadre parfaitement avec le sujet, et qui, cerise sur le gâteau, englobe à la fois l'aspect sensoriel et l'aspect social.

Cela s'est passé en décembre dernier sur mon lieu de travail : l'une de mes collègues nous a annoncé qu'elle était enceinte. Il s'est alors passé quelque chose qui m'a mise très mal à l'aise : Mylène et mon autre collègue l'ont prise dans leurs bras, se sont écriées "MAIS C'EST GENIAAAAAL !!!" et l'une d'elles a même versé des larmes de joie...

Ca m'a complètement bloquée ; je suis restée en retrait ; ma collègue enceinte a fait mine de s'approcher de moi mais j'ai dû me reculer machinalement. Non non, pas de bise et encore moins d'effusions, je trouve ça complètement débile de s'emballer à ce point. Ok une grossesse est une bonne nouvelle mais putain je vais pas la prendre dans mes bras parce qu'elle a baisé avec son copain. La situation m'a tellement gênée que je crois que je n'ai même pas dit "félicitations" (bon en même temps j'aurais été hypocrite de le dire étant donné que je n'en avais rien à foutre). J'avais juste envie que ça s'arrête ; qu'on arrête de parler de ça et qu'on retourne au travail. Leur démonstration de joie m'angoissait.

Je sais que mes propos peuvent choquer. Mais en fait c'est typique du syndrome d'Asperger (et moi ça me soulage car cela signifie que ce n'est pas ma faute) : on est franc, sans filtre (enfin moi j'ai appris à mettre un filtre donc vous imaginez si je n'en avais pas :'-))))) ). On n'ajoute pas  machinalement "ça va ?" quand on dit bonjour à quelqu'un, pour la simple et bonne raison qu'on s'en fout. On ne dit pas "félicitations" quand Martine annonce qu'elle attend un bébé, parce qu'on s'en fout également. Mais les choses sont également valables dans l'autre sens : moi ça m'énerve quand quelqu'un me demande machinalement "ça va ?" alors qu'il ne faut pas se mentir, 90% du temps mon interlocuteur s'en tape de savoir comment je vais. Ne me demande rien mec, ce sera plus simple. Ca m'énerve également quand quelqu'un me souhaite joyeux anniversaire sur Facebook alors qu'il s'en tape de mon anniversaire (d'ailleurs je crois que j'ai viré ma date de naissance de mon compte pour stopper cette hypocrisie ; au moins ceux qui me le souhaitent y pensent réellement ^^). Je ne veux pas de politesse sociale, de courtoisie urbaine ou tout ce qui peut s'apparenter à une quelconque façade artificielle (j'y reviendrai sûrement). Ces artifices ont la même finalité que les bâtonnets des personnages piqués sur les bûches de Noël : je les jette dans mon assiette ou je me cure les dents avec, au choix.

En revanche il y a une contrepartie à cela : quand je demande à quelqu'un s'il va bien, c'est que je m'inquiète VRAIMENT de savoir s'il va bien. Quand j'ai écrit à Myriam "prends soin de toi" pendant le confinement, je lui ai VRAIMENT souhaité de prendre soin d'elle et de ne pas choper la pangolite. J'ai lu plusieurs articles sur le mutisme sélectif, mais je n'arrive pas à savoir si je suis atteinte de ce trouble ou si c'est autre chose. J'ai conscience, depuis toute petite d'être très attentionnée envers certaines personnes alors que je me fous royalement des autres. Il n'y a pas de critère de sélection particulier ; c'est juste comme ça, c'est tout. Pour la personne A je vais avoir envie qu'elle soit heureuse, alors pour que la personne B je m'en branle (bon je ne lui souhaite pas de crever non plus hein). Je compte en parler au psychiatre parisien que je verrai au mois de novembre, mais encore faut-il que le contact passe bien avec lui... Et ça, comme pour le reste ça va être quitte ou double. ^^

Bref pour en revenir à ma collègue, la suite des événements m'angoisse déjà. Elle était déjà agaçante quand elle était enceinte ("je n'ai pris que 7 kilos, je n'ai aucune nausée, on a acheté une nouvelle voiture, tout est merveilleux blablabla"). Maintenant qu'elle a accouché je suppose qu'elle va venir au cabinet pour nous montrer son bébé. Je n'ai jamais compris cette tradition de venir présenter son ex-foetus à ses collègues. Il faut s'extasier sur le nourrisson et ça m'emmerde.

morue

 

Moi enceinte en 2015 vs ma collègue enceinte en 2020

Alors vous allez me dire que je n'ai qu'à faire semblant, que ce n'est pas compliqué, mais je vous jure que c'est VRAIMENT très (trop ?) difficile pour moi ; ça m'angoisse. C'est comme pour le fait de devoir me réjouir quand elle a annoncé sa grossesse ; je ne sais pas faire ça. Je ne sais pas faire semblant. Qu'on s'entende bien : je suis contente pour elle ; j'ai la chance d'être maman et je souhaite à toutes celles qui le désirent de connaître aussi la maternité. Et bien évidemment je n'ai rien contre son bébé à qui je souhaite une vie heureuse et en bonne santé. Mais je n'ai pas envie d'être OBLIGEE de lui dire que sa fille est mignonne ; je n'ai pas envie d'être OBLIGEE d'entendre la jeune maman dire que ce n'est que du bonheeeeeeur, qu'elle a perdu tous ses kilos de grossesse en dix jours, que son bébé dort 14 heures par nuit depuis la sortie de la maternité et qu'elle se met des doigts dans la chatte tellement elle est épanouie et tellement sa vie de famille est merveilleuse. La niaiserie ça m'insupporte.

A LA RIGUEUR si elle avait été comme moi, du style à être franche et à dire que OUI, un enfant c'est beaucoup de bonheur mais que putain, les pleurs c'est chiant parfois (et tout le reste mais j'en ferai grâce pour celles d'entre vous qui n'ont pas encore d'enfant ^^), bref là peut-être que je me serais un minimum intéressée à sa vie de maman. Mais je sais très bien qu'à son retour de congé maternité ça va être le festival de la guimauve au cabinet (surtout avec mes deux autres collègues qui vont se faire un plaisir de rajouter trois tonnes de sucre, punaise j'ai envie de gerber rien que d'y penser). Je pense donc que le jour de la présentation de l'ex-embryon, je vais m'inventer un rendez-vous très important et me barrer vite fait (bon je vais quand même faire un effort et de lui dire que la petite est jolie, mais là je serai vraiment à fond niveau civilités). Je vais encore passer pour une asociale / bizarre / jalouse  mais c'est ce qu'elles pensent déjà depuis très longtemps, donc ça ne changera rien au schmilblick ^^. Next.

 

Morue du dodo

Ma collègue avec son nourrisson de 3 mois vs moi avec ma fille de 4 ans (qui a fait ses nuits à 21 mois. Niééé)

 

Je me suis toujours sentie décalée, pas à ma place. A l'école, lors d'un trajet en car j'étais toujours celle qui se retrouvait sans voisin. Idem en colonie de vacances. Idem l'année dernière lors d'un séminaire au Puy du Fou : lors de la visite des coulisses de la Cinéscénie, mes collègues sont parties ensemble et je me suis retrouvée toute seule. Ca se passe toujours comme ça. Pourtant il ne s'était rien passé de particulier. Le fait de me retrouver toujours toute seule est une énigme insoluble depuis des décennies pour moi ; ça me torture les méninges mais je n'ai jamais trouvé quelque chose de récurrent dans mon comportement qui pourrait l'expliquer. Et surtout quelque chose qui soit présent sur une période aussi longue...

Il y a des milliards de choses qui sont parfaitement naturelles pour vous, telles que répondre au téléphone ou savoir se comporter en société, par exemple. Vous êtes nés avec les codes sociaux intégrés, un peu comme si vous étiez une voiture dont le modèle de série comprend d'office toutes ces options. Moi, je suis le modèle d'usine façonné par un machiniste farfelu, qui m'a ajouté des options rigolotes : lecteur de disques vinyle, dictionnaire intégré... mais pas les codes sociaux. Ceux-là, j'ai dû les apprendre. J'ai observé les autres. Je les ai copiés. Par pour les vampiriser, mais juste pour paraître la plus normale possible. Pour qu'on me trouve intelligente, crédible, et qu'on arrête de se moquer de moi. J'ai appris à parler au téléphone. J'ai appris à inviter des gens chez moi (bon ça c'est encore relativement compliqué aujourd'hui). J'ai appris que si quelqu'un franchit le seuil de ma maison, je dois le mettre à l'aise, le débarrasser de son manteau, l'inviter à s'asseoir. J'ai dû apprendre des milliers de choses qui normalement ne s'apprennent pas. J'en apprends encore. J'en apprendrai toute ma vie. Et je sais que certaines resteront inaccessibles malgré toute la bonne volonté du monde. On ne court pas un marathon en pesant 150 kg.

Je vous admire tous de savoir parler normalement. Je vous admire de savoir accrocher l'attention des gens, de toujours trouver quelque chose à dire ou que votre interlocuteur ait toujours envie de vous dire quelque chose. Moi, j'ai l'impression que toutes mes tentatives sont maladroites ; que j'ennuie les gens, que je ne sais pas faire. A moins de trouver une personne avec qui "ça accroche" vraiment, je vis les situations sociales avec angoisse hashtag les bruits qui résonnent trop fort dans les oreilles et mon regard affolé qui ne sait pas où se poser ; mon corps qui ne sait pas comment se positionner et ma tête qui bouge trop, mes mains qui grattent frénétiquement un bouton imaginaire pour me donner une contenance. Toujours cette impression d'être décalée, d'être différente. C'est fatigant. Ca me rend triste.

Les séminaires professionnels sont un véritable cauchemar pour moi ; j'ai peur de me retrouver seule au milieu d'inconnus qui vont me toiser de haut parce que je suis bizarre (ou plutôt hautaine ; c'est un qualificatif qui m'est souvent revenu aux oreilles). J'ai besoin de me sentir en sécurité dans un endroit que je connais avec des gens que je connais. Pas au milieu d'une tablée bruyante avec un orchestre assourdissant et des gens à qui je n'ai rien à dire.

Etre Asperger c'est aussi devoir faire le deuil de la personne qu'on ne sera jamais, et qui pourtant nous fait rêver dans les stories Facebook ou Instagram : une fille qui sourit à une table, en train de fêter son anniversaire avec ses amis. Une fille que personne ne trouve bizarre ou hautaine. Une fille qui sait parler à ses amis de manière naturelle, une fille à qui on ne coupe pas la parole. Une fille qui bouge naturellement, qui parle naturellement. Pas une fille qui fait tout cela d'une manière artificielle et mal assurée parce qu'elle a dû l'apprendre en autodidacte. J'ai beau faire le maximum pour me "normaliser" socialement, ce travail a ses limites et je ne pourrai jamais devenir comme ces personnes-là. Je sais que j'ai des qualités, qu'on veut toujours ce qu'on n'a pas etc, mais croyez-moi le décalage est bien là et certains jours il est lourd à porter.

Pour l'école d'Alice, c'est super compliqué aussi : bien évidemment il est hors de question d'être accompagnante en sortie scolaire. Un parent normal va y aller tout content, savoir quoi emmener, boire un café détendu avec l'équipe pédagogique (qui le lui aura de toute façon proposé spontanément) ; prendre en charge les mômes comme s'il avait fait ça toute sa vie ; savoir où s'asseoir dans le car, plaisanter avec la maîtresse... tout va aller comme sur des roulettes. Moi, je me pointerais façon Luna Lovegood, je pourrais me carrer le café des instits dans le rectum et il me faudrait des instructions CLAIRES ET EXPLICITES sur TOUT le déroulement de la sortie : où je les retrouve, où je dois me placer, ce que je dois faire du début à la fin... comme pour un enfant. J'ai besoin de consignes pour tout, qu'on me mette à l'aise pour tout, sinon je panique complètement. Rien ne "va de soi" ; je ne comprends pas l'implicite. La seule solution serait d'expliquer au préalable à la maîtresse tous les détails de mon TSA, mais très franchement je pense que la maîtresse n'en aurait rien à carrer de mes bizarreries sociales. Il y aura toujours des parents non-autistes qui se feront un plaisir d'emmener les enfants à la piscine ou d'aider à faire des travaux de bricolage dans l'école sans poser what mille questions bizarres qui vont dérouter tout le monde. Donc je reste à l'écart.

Ne parlons pas des galettes des rois et autres spectacles / kermesses de l'école. Je suis incapable de retrouver au milieu des autres parents. J'ai l'impression qu'ils se connaissent tous et d'être cernée d'ennemis au milieu d'une jungle hostile. Quand la mère d'une élève ne me dit pas bonjour, cela me mortifie. Pourtant je devrais m'en foutre. Et le pire c'est par rapport à Alice : j'ai peur de lui transmettre inconsciemment un message, celui que le monde extérieur est hostile et qu'il faut fuir les gens et rester enfermé chez soi. Bon vous me direz, si elle est Asperger (probable) il faudra de toute façon prendre ce paramètre en compte...

Pour rester sur le thème de l'école, il y a autre chose : Alice va être (normalement) invitée à l'anniversaire de son meilleur copain en septembre. Du coup, en mars prochain, j'aimerais inviter à mon tour ses copains pour son anniversaire. N'importe quelle mère de famille lambda est capable d'organiser ça vite fait, sans stress... Mais pour moi, c'est l'Everest à gravir : accueillir plein de gamins chez moi, faire la déco, organiser des jeux... cela signifie que je vais être responsable de tout, que je vais devoir trouver des idées et tout gérer de A à Z (inutile de compter sur B...). J'ai peur, mais j'ai envie de le faire pour Alice. Pour ne pas qu'elle ait la même vie que moi. Il y a quelques mois, sa psychologue m'a expliqué qu'un enfant observe sa famille et considère ce qu'il voit comme la normalité. Ma mère n'invitait jamais de copines chez moi. Je ne veux pas perpétuer ce schéma. Je ne veux pas qu'Alice pense que la normalité c'est de ne pas avoir d'amis. Que la normalité, c'est d'avoir un père absent. Que la normalité, c'est de devenir solitaire faute de frères et soeurs et faute d'amis. Que la normalité, c'est de se retrouver sans voisin dans le car. C'est la raison pour laquelle je vais mettre un point d'honneur à lui organiser son anniversaire. Ca va être un putain de défi pour moi, je vous le dis.

L'un des frères de mon père s'appelle Fabien, mais ses proches l'ont toujours appelé Fonfon. Un surnom bien débilos pour un enfant que tout le monde prenait pour un débilos. Fonfon était différent. Fonfon était handicapé. Tout le monde se foutait gentiment de la gueule de Fonfon.

Un jour, Fonfon est devenu témoin de Jéhovah. Il a cru que la fin du monde était arrivée et il a sauté  du premier étage de chez sa mère. N'étant pas tombé de très haut, il s'en est tiré avec quelques égratignures. Mais bon bref tout le monde est parti du principe que Fonfon était neuneu.

Et puis, quand j'ai dit à ma mère que je pensais être autiste et qu'elle m'a confirmé qu'elle pensait la même chose, elle m'a sorti comme ça :

"Mais en fait ton oncle Fabien, il est autiste Asperger".

Et là, ça s'est connecté dans ma tête. MAIS OUI PUTAIN. C'est une évidence. Il n'est pas du tout neuneu, il est "juste" autiste. Mais comme il est né dans une famille de cons qui se prennent pour des intellectuels mais préfèrent le traiter comme un neuneu (c'est tellement plus simple), et bien personne n'y a jamais pensé. Alors je sais qu'on ne parlait pas du syndrome d'Asperger il y a cinquante ans (Fabien est né en 1967), mais bon quand même ; avec toutes les émissions consacrées à l'autisme, toutes les études, tous les bouquins sur le sujet moi j'ai fini par percuter que j'avais ce truc-là, donc j'ai du mal à croire que PERSONNE n'y ai songé pour lui. Je trouve cela juste hallucinant qu'il passe pour un handicapé mental depuis des décennies alors qu'il n'est pas handicapé mental. (d'ailleurs il a écrit une palanquée de bouquins qu'on peut facilement trouver en librairie, or je ne pense pas qu'un neuneu vendrait des livres en tête de gondole, hein).

Comme me l'a expliqué la psychologue qui m'a fait passer les tests TSA en 2018, l'autisme féminin et l'autisme masculin sont très différents (je pense également qu'il y a autant d'autismes qu'il y a d'autistes mais ce n'est que mon avis). Une fille autiste va se calquer sur les autres pour essayer de paraître "normale". Un garçon autiste ne va pas forcément le faire, et du coup paraîtra plus "atteint".

Fabien a le visage figé et beaucoup de tics. Dès le premier regard on voit qu'il est différent. Il fronce beaucoup les sourcils, mastique bizarrement ; ignore certaines règles de politesse... Moi aussi j'ai des tics (notamment avec les yeux et je n'arrive pas toujours à le cacher), mais par contre je sais que mon visage n'est pas figé. Les règles de savoir-vivre je les applique ; certaines ont été difficiles à assimiler mais je crois que j'ai réussi. Je n'aurai jamais de réactions complètement "normales" face à des situations stressantes ou tout simplement dans les rapports humains, mais je sais que je suis davantage intégrée socialement que Fabien par exemple. Je ne pense pas que mon chemin soit terminé ; j'en ai fait une bonne partie mais le chantier est encore immense. Je sais que je déplairai toujours à beaucoup de personnes et que j'en souffrirai toujours. Parce que la différence dérange. Et la différence parfois ça fait chier.

(Désolée si l'article est décousu mais il est à l'image de mon cerveau ^^)

8 juillet 2020

Décalage(s) - Partie 1

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Un petit pas pour l'humanité mais un grand pas pour moi

Il y a quelques jours, j'ai relu le compte-rendu de la psychologue qui m'a fait passer les tests TSA en 2018. Dans ses conclusions, elle parle d'une "hypersensibilité sensorielle" due au trouble autistique. Si on doit diviser mon Asperger en deux grandes catégories de symptômes, il y a d'une part le volet sensoriel, et d'autre part le volet social. J'ai choisi de développer le volet sensoriel dans le présent article, car il s'est récemment passé quelque chose qui représente pour moi un énorme pas en avant concernant mon hypersensibilité.

Pendant très longtemps, j'ai été très sensible à la lumière et aux bruits (c'est un symptôme Aspie très classique). Certains bruits m'apaisent, certains m'émeuvent ; d'autres me font péter un câble. A l'école, j'avais envie de faire une clé de bras à ma voisine de table quand elle farfouillait dans sa trousse. Ce bruit insupportable de crayons en plastique qui glissent et se cognent les uns sur les autres... Rhaaaaa. Cela me rendait dingue. Un jour, mon instit de CM1 nous a fait écouter une chanson enregistrée en live. Les cris et les applaudissements m'ont fait peur : je me suis bouché les oreilles. L'instit me l'a fait payer après ; en expliquant à mes camarades de classe à quel point j'avais été ridicule de me boucher les oreilles comme un bébé de 2 ans (cet instituteur n'était vraiment pas le roi de la psychologie ; mais il devait déjà avoir 172 ans à l'époque donc on va dire que c'était à cause de son grand âge).

Aujourd'hui encore, quelqu'un qui fait grincer ses dents sur une fourchette en mangeant, ça me fait saigner les oreilles. Des bruits de paquets de bonbons dans une salle de cinéma, je déteste ça. Ca me déchire le haut du corps au sens propre ; je visualise une ligne jaune clair allant de mon épaule gauche jusqu'à mon nombril, avec un affreux bruit de papier déchiré très fort dans mon oreille gauche : CRRRRRRR. Je la sens dans ma chair comme si elle était réelle.

Mais ma plus grande sensibilité reste la sensibilité tactile : j'ai une relation d'attraction-répulsion avec le contact physique, qui est évidemment due à mon syndrome d'Asperger mais également au fait que dans ma famille on ne savait pas se toucher, se caresser, se prendre dans les bras. Il y avait trop de cadavres dans les placards. Trop de névroses. Trop de gêne. Trop de maltraitance passée. Trop de non-dits. On ne savait pas faire. Mon enfance et mon adolescence compliquées n'ont fait qu'aggraver le problème : depuis des décennies par exemple, je n'ai aucun contact physique avec ma mère. C'est plus fort que moi, ça me débecte. Je pense que c'est dû à son passé d'alcoolique ; je l'ai vue pendant tant d'années en train de chialer comme une petite fille, s'abîmer, s'uriner dessus voire pire... j'avais besoin d'une mère forte, d'un pilier et à la place j'ai eu une mère faible qui me faisait couler avec elle. Une répulsion s'est installée, s'est ancrée au plus profond de moi même et je crois qu'elle est devenue comme une seconde peau. Je me protège.

Petite, ma mère m'obligeait à faire des bisous aux gens. C'était horrible. Je devais faire des bisous à des gens qui me dégoûtaient, et qui n'avaient sans doute pas envie de me faire un bisou non plus. Un bisou, c'est quelque chose de tendre, quelque chose qu'on fait quand on veut montrer son affection à quelqu'un. Là je le voyais comme une punition, un devoir. Chacun de ses "fais un bisou Dawn Girl" me mettait dans une colère noire. Mais je me taisais ; qu'est ce que j'aurais pu répliquer à 8 ans ? Le pire, c'est que ma mère a ensuite récidivé avec ma fille : "Tu fais un bisou, Alice ?" quand j'entends cette phrase je réagis direct : "NON tu n'es pas obligée de faire un bisou si tu n'as pas envie. Par contre tu dis bonjour". Ma mère ne moufte pas, et elle n'a pas intérêt d'ailleurs.

A mon boulot, il y a cette tradition horrible de se faire la bise le matin en arrivant. Je DETESTE faire la bise à mes collègues ; c'est une véritable violence que je me fais en m'exécutant. En fait, je préférerais leur serrer la main. Le problème, c'est que je me vois mal leur dire : "bon les filles, j'adore quand on parle de cul ensemble, on rigole bien quand on s'imagine le boss culbuter sa femme en levrette, mais POUR AUTANT je suis autiste Asperger et je préférerais qu'on se serre la main le matin. En effet je suis très sensible au niveau du toucher, et faire la bise me dérange. Ca n'a rien de personnel hein !".....

Si je leur dis ça, non seulement elles vont le prendre comme un rejet personnel mais EN PLUS je vais passer pour une illuminée (bon vous me direz, je passe tout le temps pour une illuminée). Ce qui est cool, c'est que depuis le Covid mes collègues ont repris la bise entre elles mais pas avec moi ; elles doivent penser que j'ai peur de le choper. Bah c'est une raison comme une autre... ^^

 

(petite parenthèse je rassure tout de suite l'Averse que j'ai déjà rencontrée à plusieurs reprises : oui on s'est fait la bise mais cela ne m'a pas dérangée :) Parce que là c'est moi qui ai choisi de le faire donc non je ne te serrerai pas la main la prochaine fois ^^)

 

BREF je digresse mais j'en viens donc au fait : le grand pas que j'ai récemment franchi concernant mon attraction-répulsion pour les contacts physiques.

J'ai toujours été fascinée par les gens qui se touchaient naturellement ; par les parents-enfants ou les frères et soeurs qui se prenaient dans les bras de manière tout à fait naturelle. J'aurais adoré être dans une famille tactile et câline ; les étreintes m'ont énormément manqué. Bien sûr, j'en ai avec B. et Alice, mais leurs câlins ont été les premiers (et les seuls) que j'ai connus.

Il y a une quinzaine d'années, j'ai eu envie de prendre quelqu'un dans mes bras. C'était à la fac. Une de mes camarades de promo pleurait parce qu'elle avait peur d'avoir loupé son examen. J'étais juste quelques pas devant elle, je n'avais qu'à m'avancer pour la prendre dans mes bras. J'en avais vraiment envie. Mais je n'ai pas osé. J'ai eu peur d'être maladroite et de mal faire, alors je me suis abstenue. Je suis restée plantée là à la regarder. Un acte manqué...

Et puis... il y a trois semaines, j'étais en train de me changer dans le vestiaire du boulot quand une de mes collègues (Mylène, dont j’ai déjà parlé dans des articles précédents) est entrée dans la pièce. Elle m'a dit qu'elle n'était pas bien, qu'elle avait envie de pleurer. Puis sa voix s'est brisée et elle m'a dit qu'elle en avait marre de se faire traiter comme de la merde.

Je n'ai pas réfléchi : je me suis avancée et je l'ai prise dans mes bras. Cela n'a pas duré longtemps, peut-être 5 secondes (bon il ne faut pas trop m'en demander non plus ^^), mais je l'ai fait. Et je ne l'ai pas fait par défi, mais parce que j'en avais envie.

Je ne sais pas comment elle a reçu ce geste. C'est une collègue que j'apprécie mais que j'ai beaucoup de mal à cerner : je ne sais jamais si elle est hypocrite ou sincère. Avec mon autre collègue elles sont un peu en mode "pétasse" et sont du genre à se prendre dans les bras quand elles ont une nouvelle paire de chaussures ou quand elles parlent de leurs vacances à Belle Ile en Mer. Je n'aime pas les gens qui en font trop ; cela me met mal à l'aise et je préfère partir (et du coup je passe pour la fille hautaine qui n'en a rien à foutre).

BREF tout ça pour dire que Mylène ne le saura jamais, mais l'étreinte que je lui ai donnée avait une importance énorme pour moi : c'était la première de ma vie. Et sans prétention aucune, je pense qu'elle avait beaucoup plus de valeur que les dizaines d'accolades que mon autre collègue lui fait dès qu'elle a réussi à faire caca ou à peindre sa table de nuit en vert. Je ne sais pas si elle la méritait, je ne pense pas qu'elle l'ait appréciée à sa juste valeur mais je ne regrette rien :-)

 

Dans la seconde partie je vous parlerai de l'aspect "social" de l'Asperger (et de mes collègues à nouveau).

 

22 juin 2020

Comment j'ai changé de regard sur les chats errants

Mon histoire avec les chats a commencé à l'âge de 11 ans. Mon père en avait deux ; un siamois et un rouquin. Il avait trouvé ce dernier prostré dans un cagibi alors qu'il n'était âgé que de quelques mois. Mouloud (c'était son nom) était câlin mais ne supportait les caresses que sur la tête ; dès qu'on lui touchait le corps il grognait. Le pauvre avait dû se faire taper dessus quand il était bébé :'-(  Un an plus tard Mouloud a disparu ; à force de déménagements l'autre a pété les plombs, s'est barré et a probablement été adopté par une autre famille. Durant les 6 années suivantes il y a eu deux autres chats : un adulte couleur crème que mon père a trouvé, puis un siamois chocolate point qui était hyper pot de colle et qui pétait quand il était content :-D Contrairement aux autres, mon père a fait castrer ces deux-là, mais malheureusement ils sont morts shootés par une voiture à quelques jours d'intervalle. C'était en 2001 je crois.

Les chats de mon père m'ont donné envie d'en avoir un à moi. Après avoir refusé catégoriquement au début, ma mère a fini par recueillir une petite femelle tigrée (je reviendrai plus loin sur les origines de cette chatte). Elle était sauvage, pas câline du tout. Dès qu'on la caressait plus de deux secondes elle battait de la queue et finissait par mordre si on insistait trop. Par contre, elle m'a défendue un jour où mon père m'a fait pleurer pour la 212 000 ème fois : elle s'est littéralement dressée entre lui et moi en grimpant sur le dossier du canapé ; elle a craché et grogné sur mon père à un tel point que ma mère lui a dit de se casser. Et il s'est cassé d'ailleurs :-D (brave chat <3) On l'a eue pendant 13 ans, puis elle est morte d'un cancer généralisé lorsque je vivais à Lille.

Il y a eu ensuite Furax (alias Fufu), un chartreux pure race que ma mère a acheté dans un élevage en Normandie. Une crème de chachat qui se laisse manipuler comme une poupée et ne ferait pas de mal à une mouche (d'ailleurs la dernière fois qu'il a chassé un insecte doit remonter à 1947 environ).

Puis j'ai pris mon appartement en 2012 et j'ai voulu un chat qui ne serait qu'à moi (Fufu était certes mon chat mais c'était surtout celui de ma mère). Une de mes collègues de travail a recueilli un jeune chat abandonné et me l'a donné (elle habitait près d'une gare où des chats étaient régulièrement pétés là comme des paquets dont on se débarrasse). C'est ainsi que Hermès est arrivé dans ma vie.

Puis Hermès et Furax sont devenus inséparables (ils dorment l'un contre l'autre quand ils ont froid ; ils se lèchent réciproquement...) ; Hermès est devenu impossible à transporter en cage (la dernière fois que j'ai voulu l'emmener chez le véto j'ai dû annuler le rendez-vous au dernier moment car il s'est barré et caché au moment de le mettre dans sa caisse de transport). Bref j'ai pris la décision de le laisser chez ma mère. Je prends toujours en charge ses frais de vétérinaire, mais il vit avec son copain.

Et puis, l'année dernière j'ai découvert par hasard le collectif Urgences Fourrières Bretagne (UFB) et là j'ai ouvert les yeux. Sur les gens qui laissent sortir leurs chats et ne les stérilisent pas. Sur la prolifération de portées de chatons qui finissent soit éclatées contre le mur, soit trappées par la fourrière et euthanasiées parce que les refuges sont saturés. Je n'oublierai jamais cette personne qui m'a expliqué un jour : « quand on a choisi notre chat, on a choisi qui allait vivre et qui allait mourir ». En clair, quand elle a fait son choix les « propriétaires » de la mère ont zigouillé les autres chatons. Devant mon air effaré, elle a haussé les épaules : « Bah quoi, tout le monde fait ça ». Euh non ma jolie, peut-être qu'on fait ça au fin fond de ta cambrousse mais moi personnellement je trouve ça horrible. T'aimerais bien qu'on zigouille ton bébé ? Je ne crois pas.

Bien entendu, cette personne n'a pas fait castrer son chat : « Bah non, pour quoi faire ? » « Ben s'il met toutes les femelles du quartier enceintes ? » « Bah on s'en fout, c'est la femelle qui aura les petits, pas nous ». Comment voulez-vous essayer de convaincre quelqu'un qui raisonne comme ça... Elle ne sait pas que les chatons engendrés par son mâle sont probablement morts dans des circonstances horribles et/ou ont contribué à une nouvelle prolifération. Elle n'y pense même pas...

Il y a malheureusement trop de personnes qui ne réfléchissent pas. Le mec qui nous a donné ma toute première femelle, par exemple : en effet cette chatte était issue de la très très très nombreuse descendance de sa propre femelle à lui, qui vivait dehors et faisait des portées tous les 3 mois. Des chatons qui devaient eux-mêmes copuler avec tous les chats du quartier. Une véritable catastrophe.

Moi-même je n'avais pas réalisé que la non-stérilisation avait des conséquences aussi dramatiques. Je l'ai compris en voyant les listes de chats à adopter apparaître chaque semaine sur la page Facebook de UFB ; en voyant la course contre la montre pour les faire adopter avant que leur délai ne soit expiré ; en participant aux covoiturages pour les transporter vers Paris, vers la Normandie, vers le sud de la France... Je me suis occupée des sorties de plusieurs loulous, et les cris / jappements / miaulements qu'on entend en pénétrant dans une fourrière sont vraiment déchirants. Certains chats apeurés et/ou agressifs à cause de leur vie dans la rue doivent être pris avec une fourche pour être mis dans leur caisse de transport... On ne voit plus les choses de la même façon quand on met un pied là-dedans.

J'ai adopté un chat via UFB au mois de septembre (j'en avais parlé dans ce post). Pompon avait été trappé avec sa mère et son frère dans le Morbihan. Il a maintenant 1 an, il passe sa vie dehors mais il fait aussi des câlins quand il est décidé. C'est la première fois que je laisse un de mes chats sortir ; je pense qu'il est heureux chez nous. J'adorerais en sauver un deuxième, voire un troisième, mais je ne sais pas trop comment il réagirait. Et puis il y a les deux autres ; certes ils sont chez ma mère mais je ne peux m'empêcher de songer à l'hypothèse du « si »... S'il arrivait quelque chose à ma mère ? Elle a une santé fragile et elle se fait bientôt réopérer du cœur... En cas de décès je devrai prendre Fufu et Hermès chez moi et là j'avoue que ce serait très angoissant. J'ai déjà vécu l'expérience de les avoir tous les deux dans mon appartement avant la naissance d'Alice ; ça a été très compliqué Hermès ne reconnaissait plus son copain et lui crachait dessus. Pauvre Fufu il ne comprenait pas ce qui se passait... Bon lui par contre il accepte tout le monde pas de souci ^^.

Bref je préfère attendre que Fufu ne soit plus là, et Hermès si je le reprends chez moi je pense que je le laisserai aller se défouler dehors même s'il n'est presque jamais sorti ^^

Par contre, j'adorerais être famille d'accueil de transition pour des chats sortant de fourrière. Je n'ai malheureusement pas de pièce d'isolation donc c'est impossible pour le moment ; je me contente de les covoiturer mais c'est vraiment quelque chose qui me tient à cœur et que j'espère faire plus tard.

Quoi qu'il en soit, tous les chats que j'aurai désormais (j'espère vivre assez longtemps pour en adopter plein), ce ne seront que des chats que je sauverai de la fourrière. Jamais d'élevage, jamais d'annonce sur le Bon Coin. Même si le chat est tout pourri, même s'il est vieux et/ou aveugle, même s'il n'a pas la couleur que je voulais, même s'il n'a pas confiance en l'humain, j'aurai la satisfaction, comme avec Pompon, de l'avoir sorti de la rue et d'une mort certaine. Après 3 mâles je reprendrais bien une femelle par contre mais je n'ai aucune idée d'une entente possible entre un mâle et une femelle ??

Je vous avais promis une photo de Pompon, la voici :

pompon

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