Introspection(s)

Je traverse une période un peu compliquée en ce moment ; rien de grave mais plusieurs petites choses, qui, accumulées, me plongent dans un état psychologique grisâtre : ma mère qui est complètement à l'ouest quand elle m'appelle le soir (alcool, médicaments ou poudre de perlimpinpin, dieu seul le sait), qui, de surcroît vit dans des conditions insalubres à cause de sa négligence (mais là-dessus j'ai décidé de lâcher prise et de la laisser dans sa crasse ; j'y ai déjà trop laissé ma santé mentale et là ce n'est plus possible. J'ai démissionné. Je lui ai dit de se faire aider par une assistante sociale pour ses papiers mais elle a toujours sa foutue fierté mal placée et ne demandera jamais d'aide, préférant se plaindre que sa méchante fille abandonne sa mère qui a tout sacrifié pour elle. Blablablabla fuckoff). Mon autisme qui me pèse au quotidien, cette impression d'être rejetée par quasi tout le monde et que la bienveillance est une qualité extrêmement rare sur cette terre. Alice qui va peut-être sauter une classe (vous allez me dire que c'est super, mais non en fait ce n'est pas si super que ça. Au vu de son hypersensibilité et de sa difficulté à s'adapter au changement, je suis réticente à l'idée de l'envoyer en CE2-CM1 dans 6 mois, voyez. Et je sais que de son côté cela l'inquiète énormément). Les cours de piscine qu'elle doit prendre pendant les vacances de Pâques et qui stressent tout le monde, elle comme nous (mais c'est pour l'aider, pour combattre son aquaphobie). Un souci que j'ai eu au boulot le mois dernier (je suis fière de moi car j'ai demandé un entretien à la personne qui m'a mal parlé et je lui ai expliqué à quel point j'avais été impactée. Elle s'est excusée. Bon c'est une personne hypocrite mais au final je m'en fous, elle s'est excusée et je lui ai posé une limite). Par ailleurs, je vis de plus en plus mal la mentalité dans la commune où je vis, et je n'ai qu'une seule envie : partir. J'ai adoré vivre ici pendant 7 ans mais là je ne peux plus. Le problème, c'est que je partirai le jour où mon beau-père mourra, et que je ne peux décemment pas lui souhaiter de mourir (on ne s'apprécie pas, mais pas à ce point-là ^^). Et pour finir, le fait de constater que ma route est en train de se séparer de celle de mes anciens collègues avec qui j'étais pourtant restée proche, me fait beaucoup de peine. Je ne leur en veux même pas, c'est la vie qui est comme ça : on ne se voit plus au quotidien et on passe à autre chose. J'ai dîné avec trois d'entre eux le mois dernier donc les ponts sont loin d'être coupés, mais clairement ce n'est plus comme avant. Je n'arrive pas à supprimer la conversation WhatsApp où on s'est tellement marré l'année dernière. Je devrais, mais je n'y arrive pas.

Il y a un peu plus d'un an, j'avais commencé à méditer avec l'application Petit Bambou et cela m'avait fait du bien. Ce matin, lors de ma marche quotidienne (les matins où je ne bosse pas j'active le podomètre sur mon téléphone et je marche plusieurs kilomètres), je me suis arrêtée sur un banc et j'ai essayé de méditer, de me concentrer sur ma respiration et d'imaginer mes pieds ancrés dans le sol. C'était pas mal comme premier essai mais je pense que je vais avoir à nouveau besoin de l'application pour me guider.

Une partie du spot où je vais marcher depuis la naissance d'Alice :-)

Marcher m'a permis de faire sortir (momentanément) les soucis quotidiens de ma tête et de repenser à mon texte. Je crois que je tiens enfin la forme que je veux lui donner (et que je tairai ici car je ne veux pas qu'on me pique l'idée ^^). Je suis loin, très très loin de l'avoir terminé, mais en tout cas je commence à savoir à quoi il ressemblera. Par contre il faudra que je trouve un illustrateur.

J'ai également décidé de prendre un peu le large avec l'application Instagram, à laquelle je suis clairement accro et qui me prend trop de temps et d'énergie. Et je parle vraiment de sevrage, car j'y suis addict et j'ai tendance à aller dessus quand je m'ennuie au boulot (c'est à dire quasiment toute la journée). Pour moi Instagram est devenu le nouveau Facebook, et ça ce n'est pas possible non plus.

Autre chose que j'ai arrêtée depuis un bon moment : les to-do lists, que ce soit pour les choses à faire au quotidien, les livres que j'ai à lire ou que sais-je. Les to-do list c'est anxiogène, on n'arrive jamais au bout, et j'ai déjà une charge mentale de ouf à la maison sans avoir besoin d'en rajouter une couche. J'ai juste gardé ma liste de défis qui date de Mathusalem (il faut que je la remette à jour d'ailleurs car certains défis sont en cours). A la place je fais des done list ; c'est à dire qu'à la fin de la journée j'écris tout ce que j'ai eu le temps de faire. C'est beaucoup plus gratifiant :-)

En 2021, j'avais écrit un post sur ma rencontre fortuite avec Martine, mon ancienne prof de chinois, à la gare de Rennes alors que je partais à Angers me faire faire mon quatrième tatouage. Cette entrevue m'avait beaucoup remuée, car le fait de la revoir + le fait qu'elle me tutoie, m'avaient fait redevenir pendant un instant son élève de 17 ans, celle qui était harcelée et maltraitée par les adultes qui l'entouraient ; celle qui étouffait de vivre en trouple avec sa mère et son alcoolisme ; celle qui se sentait tellement seule, tellement mal dans son corps et qui pensait qu'elle n'était pas digne d'être aimée. Il y a encore très peu de temps, j'avais pour projet de retranscrire cette rencontre en bande dessinée, j'avais même réfléchi aux dessins, au nombre de planches etc.

Le hasard a voulu qu'aujourd'hui (le 7 avril 2023), Martine est venue faire un examen médical sur mon lieu de travail. Quand j'ai vu son nom sur le planning, l'émotion est revenue. J'en ai parlé à une collègue, j'étais au bord des larmes. J'appréhendais énormément de me retrouver face à elle.

Finalement, tout s'est très bien passé. Quand elle s'est présentée face à moi, je me suis annoncée avec un : « Madame P, c'est gentil de venir me voir ! » On a discuté de tout et de rien. Je n'ai pas du tout été dans l'émotion comme la fois précédente, j'étais juste contente de la revoir. Je n'ai pas eu l'envie ni le besoin de revenir sur notre entrevue à la gare en 2021, et surtout je n'ai pas eu l'envie ni le besoin de lui parler de moi. J'étais juste dans le moment présent. Elle m'a dit qu'elle présidait une association de promotion de la langue chinoise et m'a demandé si j'étais d'accord pour témoigner en tant qu'ancienne élève, ce que j'ai accepté.

J'ai vraiment été heureuse de ce nouveau contact avec Martine, mais je n'ai plus besoin de raconter l'épisode de la gare en bande dessinée. J'ai fait la paix avec ça. J'ai fait la paix avec le harcèlement scolaire et avec Olga. Je suis en train de faire la paix avec tout le reste. Je vais écrire cet article sur mon apprentissage du chinois comme je l'ai promis à Martine, et la page du lycée sera définitivement tournée.

(je précise que le chapitre sur Olga restera tout de même dans mon texte car elle fait partie des gens qui m'ont fait du mal. Faire la paix ne veut pas dire ne pas en parler).

Je vais donc être (j'espère) un peu plus présente ici ; j'ai moins de lecteurs sur mon blog que sur Instagram mais ce n'est pas plus mal. Ici je ne sais pas qui lit mes posts, il n'y a pas de like, pas de réel ; si je veux voir les statistiques je dois aller les chercher et clairement j'ai autre chose à faire. ^^

Comments

[Zofia]

Ok je peux te faire un câlin aussi ?! 😅 car j'ai envie de te dire : "waouh que de chemin parcouru !!" on te sent vraiment plus sereine sur la fin de cet article, j'ai l'impression que certaines choses se sont vraiment débloquées pour toi et ça me fait vraiment plaisir.

Si pour Alice, tu ne sens pas le saut de classe, ne le fais pas, parles-en avec elle, mais si ça peut la mettre dans une mauvaise position, je serais d'avis de ne pas le faire. Pourquoi on veut lui faire sauter une classe ?

Je t'admire pour la méditation, je me dis que depuis longtemps je vais m'y mettre mais j'ai du mal à sauter le pas, à trouver un moment propice, par exemple, des fois je veux le faire alors que j'ai envie de dormir et ça marche pas. Et j'adore marcher mais je ne le fais pas assez souvent seule, j'ai un peu "peur" d'aller dans les bois en solo.



Tu publies sur Insta ou tu regardes juste ? c'est vraiment fou de voir l'addiction que ça peut créer les jeux et réseaux sociaux....

[Marlowe]

Je te comprend trop (ça veut rien dire mais c'est ce qui me vient) et ce que tu écris me donne envie de te faire un gros câlin (c'est space aussi).

[Serge]

Moi je te lis et depuis très longtemps ! J'aime ta plume et ton humour. J'écris des textes pour des clients, c'est mon métier. Quand je lis tes difficultés à t'intégrer dans divers milieux, et en même temps tes facilités de plume, je me dis que tu pourrais faire le même métier que moi. On peut en vivre très bien, et avec une certaine indépendance, pour ne pas dire une certaine liberté. Et le travail ne manque pas !