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Le blog de Dawn Girl
31 décembre 2022

In my mind

« Tu fonctionnes trop à l'affectif ».

 

Cette phrase, je l'ai entendue des dizaines de fois dans la bouche de ma mère. A l'époque elle parlait de ma relation avec mes professeurs : il m'est en effet arrivé de cartonner dans une matière que j'exécrais juste parce que j'adorais la prof qui l'enseignait à ce moment-là. Inversement, mes notes ont dégringolé en français quand Olga est entrée dans ma vie de lycéenne (j'en avais parlé dans cet article). Il y a sans aucun doute derrière tout ça des raisons intrinsèques à mon histoire personnelle, des raisons très profondes trouvant leur origine dans ma relation avec mes propres parents, mais qu'importe, le résultat est là : je fonctionne à l'affectif. Ma mère présentait cela comme quelque chose de négatif quand j'étais jeune, mais en y réfléchissant je ne vois pas ce qu'il y a de négatif là-dedans : je suis intuitive ++, je « sens » ou je ne « sens pas » les gens ; je me trompe rarement sur la bienveillance ou la malveillance de la personne qui est en face de moi ; je ne vois pas en quoi l'affect ne serait pas un moteur comme un autre. Il faut cependant que j'apprenne à me protéger : quand on est à fleur de peau comme moi et axée à fond sur les relations humaines, on se prend régulièrement des grosses raclées émotionnelles dans la figure. J'en ai récemment fait les frais avec ma supérieure au boulot ; j'en parlerai peut-être un jour ici.

L'année dernière, je vous ai raconté une scène de vie où j'ai croisé par hasard mon ancienne prof de chinois à la gare de Rennes (cf cet article). Un projet a germé dans ma tête il y a quelques jours : celui de créer une mini-bande dessinée qui retranscrirait cette scène. Je n'ai pas encore commencé à chercher d'illustrateur pour mettre mes mots en dessins ; il y a une personne à qui j'aimerais parler de ce projet mais il me faut le déclic pour oser lui envoyer un message : j'ai très peur de me faire envoyer bouler. D'autre part, même si ce projet me tient à cœur, je n'ai concrètement pas 5000 euros à mettre dedans ; or je ne connais pas du tout le tarif pour ce genre de travail (quand je vois qu'une illustratrice m'a facturé 130 euros un seul dessin pour la carte d'anniversaire des 5 ans d'Alice, je crains le pire...).

Bref, je continue de fonctionner à l'affectif puisque je ne sais / je ne peux faire autrement. Je parle pour moi mais également pour Alice : je suis par exemple hyper attentive par rapport aux enseignantes de son école. Vous allez me dire qu'il n'y a rien d'original là-dedans, que n'importe quel parent souhaite que son enfant s'épanouisse à l'école, mais dans mon cas ma nature profonde et mon histoire personnelle font que cette vigilance est décuplée. Les mauvais souvenirs que j'ai de l'école maternelle n'y sont certainement pas étrangers non plus.

La maîtresse de petite section a bien cerné Alice ; elle a très vite remarqué qu'elle était intelligente et qu'elle avait de l'avance. Elle lui a donc donné des petites choses supplémentaires à faire par rapport aux autres ; on s'est mises d'accord pour faire attention et être à l'écoute si jamais Alice s'ennuyait en classe.

C'est ensuite sa maîtresse de grande section qui m'a alertée sur le fait qu'Alice bégayait. Je le savais déjà mais j'étais dans le déni ; je lui dois donc une fière chandelle pour m'avoir ouvert les yeux. Vers la fin de l'année scolaire, Alice a commencé à me dire qu'elle s'ennuyait à l'école : quand les futurs CP ont dû être dispatchés entre deux groupes, sa maîtresse l'a donc mise dans celui de CP-CE1 et a pris soin de ne pas la séparer du copain auquel elle était très attachée. Elle a fait exactement ce qu'il fallait et je ne la remercierai jamais assez pour cela.

Néanmoins, bien qu'Alice ait été intégrée à la bonne classe, je n'étais pas hyper sereine pour cette année de CP : d'une part sa nouvelle maîtresse me paraissait beaucoup moins bienveillante que la précédente, et d'autre part Alice m'a très rapidement dit qu'elle n'avait plus envie d'aller à l'école : « Tout est trop facile, je m'ennuie » (Et elle m'a donné le coup de grâce quand elle m'a avoué qu'elle s'ennuyait depuis la petite section...). Avec B. on lui faisait faire ses devoirs chaque soir car on y tenait, mais on avait clairement l'impression que c'était inutile. Compter jusqu'à 30 alors que ça fait 2 ans qu'elle a compris qu'après 100 on reprend comme au début, comment vous dire...

Bref on a commencé à se dire qu'il était peut-être temps que la maîtresse fasse quelque chose, et que comme visiblement elle ne faisait rien, on allait devoir lui dire gentiment de se bouger le popotin.

Bah en fait on s'est planté sur toute la ligne :-D Déjà lors du rendez-vous, la maîtresse a donné la parole à Alice en premier et lui a demandé comment elle se sentait en CP. Alice a répété que tout était trop facile et qu'elle s'ennuyait. C'était exactement ce qu'il fallait faire : la laisser s'exprimer.

Puis la maîtresse s'est adressée à nous et nous a dit un truc qui m'a fait tomber de ma chaise : depuis la rentrée elle essaye de pousser Alice vers les CE1 car elle sait parfaitement que tout est trop facile pour elle. Elle nous a également raconté qu'un jour, Alice avait involontairement fait l'exercice des CE1 au lieu de celui des CP, et qu'en s'apercevant de son erreur elle s'était effondrée en larmes (alors qu'elle avait réussi l'exercice...). Elle a beaucoup de mal à faire des choses différentes de celles des autres CP ; elle est très attachée à son groupe de copains et la difficulté est de trouver le bon équilibre entre son épanouissement scolaire et sa maturité affective (qui est celle d'une petite fille de CP et non de CE1). La maîtresse nous a également conseillé de lui apprendre de nouvelles choses non-scolaires, comme par exemple jouer aux échecs. J'ai donc ressorti mon échiquier qui prenait la poussière depuis dix ans et je fais régulièrement des parties avec Alice. Elle aime beaucoup, j'espère que ça durera.

Bref j'ai entièrement révisé mon jugement sur cette enseignante, qui a tout compris et qui pense exactement comme moi. Elle dégage à la fois une grande distance et une grande douceur (je sais, c'est paradoxal ^^). On dirait Bouddha.

Tout ça pour dire que quoi qu'il arrive, volontairement ou involontairement, je continuerai toujours à écouter cette petite voix qui me guide sur les personnes que je suis amenée à côtoyer. J'aimerais bien avoir la même intuition concernant ma vie personnelle, mais ça c'est un autre sujet ^^.

 

 

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Commentaires
D
Zofia> j'ai un nouveau rendez-vous le 6 février avec la maîtresse d'Alice (à sa demande), je vais voir ce qu'elle va me dire. Oui comme c'est l'école privée d'une petite commune rurale toutes les classes sont à double niveau et je trouve cela très bien 🙂
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Z
Contente qu'Alice ait trouvé une bonne enseignante, c'est tellement important, les enfants passent tellement de temps à l’école. Et j'espère aussi qu'elle va réussir à trouver un bon équilibre. Les classes à double niveaux peuvent être bénéfiques.
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