(la longueur de cet article n'a rien à envier à ceux de l'Averse. Si vous voulez aller pisser, c'est le moment ; après ce sera trop tard ^^)
Cela fait longtemps que cet article me trotte dans la tête. Nous sommes le 4 novembre 2019 ; je commence à le rédiger ce matin mais je ne sais pas quand je le publierai, ni même si je le publierai un jour. D'une part parce que je ne me sens pas prête à le publier, et d'autre part parce que je devrai certainement le retravailler, effacer des phrases voire des paragraphes entiers, en rajouter d'autres, modifier des concordances de temps, reformuler encore et encore, avant d'être satisfaite du résultat. Je ne sais pas à quoi ressemblera cet article quand il sera fini, mais je vois déjà l'Averse me dire : "Je savais que tu l'écrirais un jour !" ;-)
Il y a quelques mois, je vous ai parlé de quelqu'un qui m'obsédait. Quelqu'un qui occupait mes pensées jour et nuit, du matin jusqu'au soir au point d'en souffrir. Je vous ai parlé de cette personne au masculin, mais en réalité j'aurais dû en parler au féminin. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas pu écrire le bon pronom personnel ; pas envie d'assumer cette fois-ci. Peut-être parce que c'était tellement profond et que ça me faisait tellement mal, que j'ai eu besoin de prendre de la distance en lui mettant des testicules là où il n'y en avait pas. J'étais surtout complètement paumée en fait. Ce n'est pourtant pas la première fois que je suis attirée par une fille ; pour ceux qui s'en souviennent j'avais parlé sur mon blog d'une fille de la fac, il y a fort longtemps (c'était en 2005-2006... Damn j'étais jeune... c'est tellement loin).
Aussi longtemps que je m'en souvienne, j'ai toujours été attirée par des garçons ET par des filles. Un coup une fille, un coup un garçon, de manière alternative. Je sais que certaines personnes s'obligent à sortir avec quelqu'un du sexe opposé pour paraître "normales" (je mets vraiment le mot entre guillemets car je considère évidemment les gays / bi comme des personnes normales ; je pense que vous le savez mais je préfère le préciser). Mais bon bref, moi je ne me suis jamais forcée. Comme tout le monde, j'ai eu des émois à l'adolescence ; je ne plaisais pas aux mecs mais eux me plaisaient. Il y en a eu trois ou quatre, au collège, avec qui j'aurais accepté de sortir sans problème. Il y avait également une fille qui m'attirait en 4ème, mais de manière purement platonique. J'avais été charmée en entendant sa voix de soprano ; elle chantait divinement bien. Enfin bref tout cela restait de l'ordre du fantasme.
Et puis il y a eu cette fille à la fac, donc, en 2005. Comme c'est très vieux, je vais re-développer sur elle car personne ne doit s'en rappeler ici... Flora, 28 ans, Nantaise, chargée de TD (ça fait très CV dit comme ça, mais bon ça vous plante le décor). Elle avait beaucoup de charisme ; elle savait être autoritaire sans faire peur non plus, et elle avait de l'humour à revendre. Conséquence de toutes ces qualités : elle avait une véritable cour de prétendants autour d'elle, notamment un mec de ma classe avec un prénom à la con (Jean-Valentin ou Jean-Lucas je ne sais plus). Cela m'agaçait de le voir tourner autour de Flora comme une mouche. Moi je la regardais sans m'approcher ; j'étais intriguée, attirée. Si elle m'avait fait un signe, juste un signe, c'était où elle voulait et quand elle voulait. J'ai du mal à en être sûre, mais je crois que c'est la première fois qu'une fille m'attirait "complètement", c'est à dire physiquement. Je suis quasiment sûre que j'aurais pu coucher avec elle. Bien évidemment, je n'ai rien montré et je n'en ai parlé à personne, sauf sur mon blog.
Flora nous a fait cours jusqu'en janvier 2006 et puis elle est repartie à Nantes. Elle m'a manqué. Je crois que j'ai fini par l'oublier quand j'ai connu B. (pour rappel j'ai rencontré B. fin 2005 et je suis sortie avec lui en mars 2007).
Tout en rédigeant cet article, je viens de taper le nom de Flora sur Google. Elle vit toujours à Nantes où elle est devenue maître de conférences en droit privé ; elle écrit régulièrement des articles qui sont publiés dans des revues juridiques. Elle a 43 ans maintenant ; je ne sais pas si elle est mariée, si elle a des enfants ; si sa moitié s'appelle Stéphane ou Stéphanie. J'ai retrouvé la vidéo d'une conférence à laquelle elle a participé il y a quatre ans ; la revoir ne m'a rien fait de spécial. Elle a changé physiquement (logique), elle a les cheveux plus longs qu'il y a quatorze ans et elle n'a visiblement toujours pas arrêté la clope. Elle est toujours aussi brillante et concise (bon les juristes sont rarement des ânes), mais elle ne m'attire plus du tout. Par contre, c'est quelqu'un avec qui j'échangerais volontiers autour d'un café.
Comme je disais plus haut, c'est environ à la même époque que B. est entré dans ma vie et a tout emporté comme un tsunami. Je ne vais pas revenir sur les milliers de péripéties qui ont émaillé mon histoire avec lui, vous les connaissez déjà. Il est devenu le père de ma fille et je l'ai tellement aimé que je ne me suis plus posé de question sur mon orientation sexuelle. Flora me semblait loin à présent. J'ai interprété mon coup de coeur pour elle comme le fait que je me cherchais à l'époque, que j'étais perdue parce que je n'avais jamais été aimée par personne. A présent quelqu'un m'aimait de manière réciproque, un homme, donc plus besoin de chercher, je m'étais trouvée. Fin de l'histoire. Par ailleurs, quelqu'un m'a confortée dans ma présumée hétérosexualité : Benjamin (la première fois j'en avais parlé sur mon blog sous le nom de Gladiator). Un mec dont j'ai été folle pendant plusieurs mois. Il ne s'est rien passé avec lui parce qu'il avait des principes, mais il aurait pu me tringler sur la table quand il voulait, et plus si affinités. Cerise sur le gâteau lillois, on avait le même humour et le même goût pour les jeux vidéos. Bref, ce garçon restera pour toujours un acte manqué.
Je me suis remise avec B. en 2013, pour de bon cette fois. On se connaissait déjà intimement depuis 6 ans donc plus de passion comme au début, mais on baisait beaucoup tout de même. On l'a fait à peu près partout : sur la plage, au bord d'un étang, dans la forêt, dans un champ, dans le garage devant l'immeuble... C'était marrant.
Et puis, comme dans n'importe quel couple, la routine s'est installée progressivement. On a eu notre fille, les années ont passé. Nous étions toujours proches physiquement, mais ce n'était plus pareil. Je l'ai un peu délaissé, et je suppose que je me suis sentie délaissée aussi, car j'ai commencé à regarder ailleurs. Et au fil des mois, sans m'en rendre compte, je suis tombée amoureuse de quelqu'un d'autre : Laetitia, donc, celle dont j'ai parlé ici à mots couverts en la masculinisant. Un truc qui était tellement fort que ça me faisait mal, tellement mal que j'en pleurais. Tout me plaisait chez elle : son physique, sa voix, sa gentillesse, son sourire doux, son accent (mon dieu son accent ❤❤❤)... Une petite douceur qu'on a juste envie de serrer contre soi et de câliner. Problème : cette fille c'est le Graal, elle est totalement inaccessible. D'abord, parce que je la côtoie dans le cadre professionnel. Ensuite, parce qu'elle a un mari et des enfants (son fils a le même handicap que ma fille d'ailleurs, sauf que lui ce sont les deux oreilles). Et pour finir, parce qu'elle est d'un statut social bien supérieur au mien (le pire des obstacles selon moi ; c'est d'ailleurs l'une des raisons qui ont fait que Benjamin m'a jetée). Je sais qu'elle m'apprécie, mais c'est tout, pas d'attirance de son côté, c'est impossible. A l'époque, cette voie sans issue me rendait dingue, je n'arrivais pas à raisonner mon cerveau. Et puis je culpabilisais vis à vis de B. Lui qui m'aimait, qui aimait sa vie avec moi ; B. pour qui j'avais remué ciel et terre, que j'avais attendu si longtemps ; B. qui avait divorcé pour moi. Comment pouvais-je fantasmer sur quelqu'un d'autre alors que l'homme pour qui j'avais tant souffert pendant des années partageait ma vie officiellement, conformément à ce que j'avais désiré le plus au monde ? A croire que je courais après les situations impossibles et que j'aimais souffrir. Je me détestais d'être comme ça.
J'ai écrit une lettre à Laetitia, un document Word que j'ai supprimé ensuite. Comme cette lettre n'était pas destinée à être lue par sa destinataire, je ne me suis pas censurée, j'y suis allée à fond. J'ai fait courir mes doigts sur le clavier, sans réfléchir, sans me relire. Je ne me suis jamais relue d'ailleurs : j'ai gardé le document Word quelques temps, puis je l'ai jeté dans la corbeille de l'ordinateur et j'ai vidé la corbeille.
Au bout de quelques semaines, ça a arrêté de me faire mal. J'appréciais toujours énormément Laetitia, je la trouvais toujours très jolie, j'éprouvais toujours une frustration en la voyant, mais plus rien de douloureux. Mon cerveau avait fini par accepter que rien n'était possible. Ouf.
Et puis juin ta gueule Rose. Juin 2019. Ma rencontre avec Myriam. Je ne me souviens pas de la première fois où je l'ai vue, mais par contre je me rappelle très bien de la première fois où je l'ai remarquée. Elle s'est levée pour venir me voir, et là je suis restée scotchée sur ses yeux. « Madre de dios, qu'ils sont beaux », me suis-je dit.
Myriam a les yeux verts. Un vert pur, sans aucun reflet marron. Il y a longtemps, j'avais décidé que je n'aimais pas les yeux verts, parce que cela m'évoquait des personnes que j'exécrais : ma tante hystérique a les yeux verts, et SURTOUT, l'ex de B. a les yeux verts. (enfin dans son cas je dirais plutôt qu'ils sont jaune pisse). Bref je claironnais à qui voulait l'entendre que les yeux verts c'était moche, que ça ne servait à rien et qu'il fallait abolir cette couleur d'iris de la surface de la Terre pour le bien-être de l'humanité. Yeux verts, yeux de vipère.
Mais les yeux de Myriam m'ont désarmée. Oubliée ma tante et son regard mauvais. Balayée l'ex de B. avec ses yeux jaune pisse. En un seul instant, les yeux verts ont retrouvé grâce à mes yeux.
Ensuite le temps a passé, et je me suis rendue compte qu'il n'y avait pas que les yeux de Myriam qui me plaisaient ; je m'intéressais à la personne toute entière. Par contre, rien de douloureux comme pour Laetitia, juste une attirance "normale". Elle me plaisait énormément, je pensais très souvent à elle, mais sans obsession. Je retrouvais ce que j'éprouvais quand j'ai connu B. : les papillons dans le ventre, l'envie de la voir, même deux secondes. Le fait de me lisser les cheveux, de me faire manucurer les ongles et de mettre des boucles d'oreilles pour être plus jolie quand je la voyais. Essayer de prendre une jolie voix quand je lui parlais. Changer de manteau parce que je ne voulais plus qu'elle me voie avec ce machin gris difforme que j'avais acheté quand j'étais enceinte. Avoir le coeur au bord des lèvres à chaque fois que mon téléphone vibrait, puis soupirer en le consultant parce que c'était ENCORE une notif de l'application Rennes 24' pour me dire que le cortège de la manifestation anti-réforme des retraites était rendu sur l'esplanade Charles de Gaulle PUTAIN J'EN AI RIEN A FOUTRE. Désespérer quand elle ne me regardait pas et préférait palabrer avec Madame Trucmuche, parce que du coup je ne pouvais pas lui faire mon super sourire qui tue (bon en fait il ne tue pas tant que ça, mais bon j'ai bientôt 36 ans donc je ne peux plus compter sur ma fraîcheur). J'étais clairement dans une démarche de séduction ; je me retrouvais dans la peau d'une gamine de 16 ans qui ne savait pas comment s'y prendre. A un moment donné, certains regards et allusions m'ont fait penser qu'il y avait peut-être une ouverture avec elle ; ça ne durait jamais longtemps mais c'était très agréable. "Oh, tu travailles là-bas ? C'est marrant, c'est la ville où j'habite". Maaaaais on va chez toi quand tu veux. Et puis le lendemain, on s'apercevait juste de loin et on ne se saluait même pas. Un pas en avant, deux pas en arrière. Dans ces moments-là je passais limite une journée de merde.
C'est ça qui est terrible quand j'ai un gros coup de coeur pour quelqu'un : une entrevue avec lui / elle, aussi courte soit-elle, va devenir mon moteur pour avancer, et va donner le ton pour le reste de la journée. Or, il y a des journées, où tu te dis que tu aurais mieux fait de rester couchée. Ce genre de journée pourrie jusqu'au trognon où toute la loose du monde semble s'abattre sur tes épaules. A un moment donné, j'ai connu tellement de journées de merde que j'étais déprimée. J'avais juste envie de me terrer dans une grotte et de ne plus voir personne, jamais. Seules les discussions sympas que j'avais avec certains patients au boulot m'apportaient un peu de réconfort, et pourtant je n'aime pas mon boulot. Je sais qu'il y a plus grave dans la vie que mes petits soucis, du style se taper un cancer ou avoir les huissiers qui frappent à la porte, mais je n'étais vraiment pas bien.
Contrairement à Laetitia, Myriam n'est pas une personne inaccessible : elle n'est pas mariée et n'a pas d'enfant (bon cela ne l'empêche pas d'avoir quelqu'un dans sa vie on est bien d'accord, mais je n'ai jamais osé lui poser la question ouvertement, donc à moins qu'elle fasse une allusion explicite du style "ah oui, c'est ce que me disait justement ma femme..." (oui je regarde Columbo) (oui c'est une série des années 70) (vos gueules :D)). Comme je disais plus haut, il y a eu certains signes qui auraient pu me faire penser que... Mais j'ai déjà eu la preuve dans le passé que les signes peuvent être trompeurs ; on voit parfois ce qu'on a envie de voir, on interprète les choses à notre sauce et on met des oeillères pour tout le reste. Donc...
Il y a longtemps, une ancienne copine d'école m'a raconté qu'un jour, elle a carrément mis un mot sous l'essuie-glace du mec qui lui plaisait ; cette stratégie a été payante car ils ont vécu une belle histoire ensemble et ont eu deux enfants. Mais JAMAIS je n'oserai jamais faire ça, ni avec Myriam ni avec qui que ce soit. Je suis plutôt du genre à rester passive et à attendre que ça se passe. Il se trouve qu'en 2006, le hasard m'a donné un énorme coup de pouce avec B. (pour rappel, il est venu bosser à quelques mètres de mon boulot, ce qui a provoqué nos retrouvailles et tout ce qui s'ensuit). Bref je repensais à tout cela, et je me disais naïvement : "si c'est déjà arrivé une fois, pourquoi cela ne se reproduirait-il pas avec Myriam ?"
Mais hélas, il y a eu ce Louis de funeste 13 janvier 2020 (encore une allusion aux années 70. Niééé). Ce jour-là, Laetitia a eu 40 ans. J'ai eu envie de lui envoyer un bouquet de fleurs à son bureau ; je voulais joindre une carte très sobre (et ANONYME surtout), avec juste un "joyeux anniversaire" tout simple. Jamais de la vie je ne lui aurais dit que c'était moi, mais j'ai cru comprendre que son mec n'était pas le roi des romantiques donc cette petite attention lui aurait certainement fait plaisir.
Finalement je me suis abstenue, et au vu de la suite des événements, j'ai rudement bien fait... En effet, quand une journée commence par une catastrophe comme celle qui va suivre, on sait déjà qu'elle va être bien moisie :
Je marchais donc tranquillement, je ne demandais rien à personne, et là, Myriam a déboulé à quelques mètres devant moi. Ca m'a troublée ; je me suis pris les pieds dans une putain de roue en plastique de merde qui traînait là, et je me suis rétamée. Mais alors RETAMEE de tout mon long... Le gadin absolu qui fait disparaître toute ta dignité en une demi-seconde. BAM.
Ce moment divin où ta dignité s'en va. Définitivement.
J'ai vu le visage de Myriam changer en même temps que je tombais, c'était comme dans un film. J'ai alors obéi à mon premier instinct : j'ai éclaté de rire. Mais un rire vraiment pourri, le rire le plus ridicule que j'ai jamais fait de ma vie. J'ai touché le fond en direct live.
Petite parenthèse : la semaine suivante, j'ai lu « Dolores Claiborne » de Stephen King. Vers la fin du livre, l'héroïne évoque « le rire le plus artificiel qu'[elle] avai[t] jamais entendu sortir d'[elle] », qui faisait « Yar-yar-yar ». Cette phrase m'a rappelé ma gamelle du 13 janvier, et j'ai explosé de rire en m'imaginant faire « Yar-yar-yar » les quatre fers en l'air devant Myriam. J'en ai craché mon thé par le nez. Dommage qu'elle ne m'ait pas vue, elle a loupé un grand moment, vraiment.
Bref.
Myriam m'a demandé si ça allait ; elle a touché ma main à deux reprises quand je me suis relevée (❤❤❤❤) puis elle est repartie rapidement (elle était à la bourre). J'ai gardé le sourire (pouvais-je faire autrement ??), et là, comble de la honte, je suis passée devant sa collègue, qui n'avait pas loupé une seule miette du spectacle et qui me toisait du regard, l'air de dire "ma pauvre j'ai trop pitié de toi"...
PUTAIN.
La dernière fois que je m'étais pris une gamelle pareille, c'était il y a plus de quinze ans en repartant du bureau d'une auto-école. Je m'étais pris les pieds dans le métal d'une chaise et j'étais tombée tranquillou sur la moquette ; je n'ai pas compris ce qui se passait. La directrice de l'auto-école avait rigolé gentiment : "Il faudra être plus adroite quand vous apprendrez à conduire, hin hin hin !"
Bien évidemment, je n'ai jamais remis les pieds dans cette auto-école, j'avais trop honte. Ce qui n'a pas été une chose négative finalement, puisque c'est dans l'auto-école suivante que j'ai rencontré B.
Bref.
Tout espoir venait donc d'être réduit à néant. Tous mes efforts pour séduire Myriam, pour qu'elle me trouve jolie, apprêtée et avec une bonne élocution... balayés d'un seul coup. Je venais de passer de Catherine Deneuve à Pierre Richard slash Thierry Roland en une fraction de seconde (encore une référence de vieux). Je me suis dit : "Ok meuf, donc là concrètement si tu as jamais eu la moindre minuscule chance avec elle, elle vient de s'envoler avec ta crédibilité, ton amour-propre, ta fierté et tout ce qui s'ensuit. Myriam fait un métier public, comment veux-tu qu'elle s'affiche avec Pouf le Cascadeur ? (référence de 1997, on progresse ^^) Cette chute est un message très clair : le Destin te dit que c'est mort avec elle. Donc au lieu de rêver ta vie, occupe-toi plutôt de sauver ton couple qui est en train de partir à vau-l'eau. Oublie cette fille. Fais du sport, une bonne cure de sommeil avant d'affronter la fin janvier qui va être difficile, et basta. Salut."
Je raconte cette anecdote sur le ton de l'humour, mais tout cela m'a en fait profondément déprimée. Ce jour-là j'ai senti Myriam m'échapper, un peu comme de l'eau qui m'aurait glissé entre les doigts. J'étais fatiguée aussi. Fatiguée de mon quotidien. Fatiguée de me dire que mon mec n'avait peut-être plus envie de moi. Fatiguée de l'ignorance de Myriam alors qu'on avait eu des échanges vraiment sympas avant cette putain de chute à la noix. Fatiguée de fantasmer sur des personnes avec qui il ne se passerait jamais rien. Fatiguée de me poser trop de questions. Fatiguée tout court.
J'ai officiellement renoncé. J'ai définitivement classé cette histoire dans la catégorie « Laetitia » (nouveau substantif inventé par moi-même pour désigner une relation impossible). Tu as affaire à une Laetitia ? C'est foutu, passe à autre chose. Myriam est une Laetitia. On passe à autre chose.
Renoncer à Myriam n'a cependant pas empêché les interrogations existentielles : je suis quoi en fait, bisexuelle ? Je déteste ce mot, ça fait hermaphrodite. Quand je lis "bisexuel", je visualise un mec avec deux pénis. Je n'ai pas de pénis, mais je me sens obligée de me mettre dans une case parce que notre société aime bien mettre des étiquettes sur les gens. J'ai fait un test sur Internet (ça vaut ce que ça vaut je sais). J'ai obtenu le résultat suivant : "Vous êtes hétérosexuel(le) avec de fortes tendances homosexuelles". Ok, ça me va. Ca veut dire que je ne me suis pas trompée en me mettant en couple avec B. ; que ces treize dernières années n'ont pas été bâties sur un mensonge. Je crois que c'est ça qui me faisait peur, en fait : j'avais peur de m'être plantée sur toute la ligne, de m'être battue pour quelque chose qui était voué à l'échec dès le départ. D'avoir construit une vie de couple factice ; un mirage. En réalité, j'ai juste évolué. Connais-toi toi-même. Je pense que ça va me prendre mille ans pour me connaître. Me comprendre, déjà, c'est compliqué...
Voilà, je vous remercie de votre attention ; prochaine étape : faire un post sur les violences parentales (celles que j'ai subies durant l'enfance et l'adolescence, et celles que j'ai peur de faire subir à ma fille). Dans la mesure où cet article sera plus "analytique" que le gros machin que vous venez de lire, ce n'est pas 3 mois qu'il va me falloir pour le rédiger, mais plutôt 3 ans... Rendez-vous à la maison de retraite ^^