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Le blog de Dawn Girl
13 février 2022

Méfiez-vous de l'eau qui dort

Entre 2016 et 2020, j'ai eu un patron qui traitait ses salariées comme de la merde et ne s'en cachait pas. On ne peut pas dire qu'il nous harcelait à proprement parler, mais il nous croyait corvéables à merci et en demandait toujours plus, et ce, sur un ton méchant et méprisant. Quand je lui ai décrit mes conditions de travail, mon médecin traitant m'a dit : "Mais c'est un tyran en fait".

Dans l'association où je travaille depuis quelques semaines, mon supérieur n'est pas un tyran, mais c'est encore pire : derrière une apparence de jeune trentenaire cool et décontracté, se cache en réalité un grand manipulateur qui prend un malin plaisir à déstabiliser ses salariés et à les pousser vers la sortie. Traduction : sauve qui peut.

Quand je l'ai rencontré la première fois, je suis ressortie de l'entretien en me disant : "Il est sympa". Le poste me faisait peur, mais pas lui. Pourtant, il ne m'a pas caché qu'il y avait eu des problèmes au sein du comité ; il m'a même tout déballé : plusieurs personnes parties, trois arrêts maladie dont deux en cours de rupture conventionnelle et un aux prud'hommes ; l'intervention régulière d'un médiateur, d'une psychologue et de l'inspection du travail... Cela peut paraître énorme comme ça, mais il m'a amené ça d'une manière tellement naturelle et transparente que je me suis dit : "Il devait y avoir un loup dans la bergerie, les mauvais éléments sont partis et l'ambiance est redevenue sereine".

Je suis naïve parfois :-D

Le jour où j'ai démarré, il est resté avec moi toute la matinée (il n'avait pas le choix de toute façon), puis l'après-midi il m'a lâchée toute seule dans mon bureau en me disant qu’il avait, je cite, "autre chose à faire". La formule m'a fait tiquer, mais là encore, c'était dit sans agressivité donc j'ai laissé couler. D'ailleurs tout s'est bien très passé ensuite, à part l'ennui mortel que j'ai raconté dans un post précédent.

C'est lors de la première réunion d'équipe que le vernis à commencer à craquer (j'étais alors embauchée depuis quinze jours) : l'un de mes collègues a demandé s'il y aurait des chèques de Noël pour 2021, ce à quoi le directeur a répondu par la négative en invoquant des motifs bidons (je vous passe les détails, ce n'est pas intéressant). Voyant mes collègues se rebeller face à ce refus, il nous a sorti, toujours avec son air très tranquille, qu'en gros ici les salariés sont sur-payés alors que certains ont une "qualification nulle" (sic). J’ai failli tomber de ma chaise devant tant de suffisance. Le ton était déjà beaucoup moins sympathique, et le fait que de tels propos soient tenus avec une voix toute calme, était encore plus glaçant. 

Plus tard dans la journée, ma collègue déléguée du personnel est venue me voir en me disant qu'on annulait Secret Santa car elle ne se voyait pas offrir un cadeau à quelqu'un qui se permettait de supprimer les chèques de Noël sans raison valable, et que d'ailleurs, renseignement pris, il avait pris cette décision tout seul contrairement à ce qu'il avait prétendu en réunion.

Bref, je venais d'avoir une démonstration de mensonge et de mépris de la part de mon supérieur, ce qui le rendait déjà bien moins sympathique malgré ses sourires et son ton doucereux.

Deux jours plus tard, un atelier cuisine a eu lieu au sein de l'association. Le déroulement d'un atelier est le suivant : un cuisinier et plusieurs malades préparent un repas ; ils invitent ensuite les salariés à déjeuner. Ce jour-là, en raison d'un grand nombre d'absents, le dessert initialement prévu n'a pas pu être préparé (en l'occurrence des crèmes brûlées). Et bien qu'a fait mon supérieur ? Il est parti au supermarché d'à côté, a ramené 4 crèmes brûlées, en a donné à 3 personnes et s'est gardé la quatrième pour lui. 

Sauf qu'on était 7 personnes à table...

J'ai cru à une caméra cachée. Je l'ai regardé bouffer sa crème brûlée, droit dans ses bottes, en me disant :  "ce n'est pas possible, il va forcément dire quelque chose...", mais non, rien, pas de caméra cachée. Là encore je suis tombée de l’armoire devant un tel manque de savoir-vivre.

J'ai fait part de mon indignation à mes collègues, et là les langues se sont déliées. J'ai su qu'en fait, le malaise est présent depuis bien longtemps et que tout le monde n'attend qu'une seule chose : qu'il se barre. Qu'il a déjà mis le boxon dans l'association où il travaillait avant et qu'il est en train de recommencer ici. Que le coup des crèmes brûlées achetées au supermarché, c'est parce qu'il était mécontent qu'elles n'aient pas été préparées durant l'atelier cuisine comme c'était prévu (euh ils n'étaient que deux pour tout faire, hein... Puis merde t'es invité, c'est gratuit, donc contente-toi de ce qu'on t'offre quoi...). Que Monsieur a été vexé que les trois personnes à qui il a donné une crème brûlée ne lui aient pas dit merci (bien fait pour sa gueule). Que le jour où trois salariés ont déménagé son bureau, il a apporté un gâteau le lendemain et n'en a donné qu'à ces trois salariés et rien pour les autres. Que quand on lui demande pourquoi il y a eu autant de départs de salariés en si peu de temps, il trouve toujours une excuse : X. était trop fragile, Y. ne foutait rien, Z. a mal parlé à un bénévole... Qu'il prend des éléments personnels pour les utiliser contre les salariés (par exemple en ce moment avec un collègue qui est en instance de divorce). Qu'il ne supporte pas que les salariés mangent sans lui le midi. Qu'il ne comprend pas pourquoi il n'est pas convié lorsque deux salariés vont boire un verre ensemble le soir après le travail. Qu'il se fait rembourser la moitié de sa carte de métro par l'association, alors qu'il vient travailler en voiture. Qu'il a dépeint un tableau épouvantable des salariés auprès de l'inspecteur du travail (en gros ce sont des incompétents sur-payés qui n'ont pas les diplômes requis, et qui sont tous méchants avec lui. L'inspecteur a dit que c'était la première fois de sa carrière qu'il voyait ça)... Bref je vous passe tout le reste mais bon vous cernez un peu mieux le personnage. On est bien loin du gars sympa qui m'avait reçue en entretien au mois de novembre...

Autre élément : il a convoqué l'une de mes collègues dans son bureau suite à une petite remarque qu'elle avait faite lors de la réunion d'équipe. Il lui a dit qu'il n'avait pas apprécié son agressivité. Or, c'était vraiment une petite remarque de rien du tout, qui était tout sauf agressive... On sent le gars qui utilise un détail pour essayer de déstabiliser la personne en face de lui, et ça, je peux vous dire que ça CRAINT UN MAX. Note pour plus tard : ne jamais montrer le moindre signe de doute ou de faiblesse devant lui. Jamais.

Hélas pour lui, il y a une très bonne cohésion d'équipe (et je m'inclus dedans). Du coup tout le monde essaye de le pousser vers la sortie. Certains de mes collègues sont allés rechercher le CV sur la base duquel il a été embauché, et ils ont constaté qu'à la base il avait juste un master 1 d'anglais, donc RIEN A VOIR avec le management, les RH ou que sais-je. Il s'est formé ensuite et c'est très bien, mais qu'il vienne parler de "qualification nulle" alors que certains salariés sont plus diplômés que lui, ça prête à sourire. D'après l'inspecteur du travail, il y a un élément concret (autre que son attitude envers les salariés) qui relève du pénal ; un rapport a été dressé fin janvier. Mes collègues espèrent que ce rapport conduira à son départ. A titre personnel je n'ai pas (encore) eu de souci avec lui et je n'ai pas vocation à rester ici, mais quand même, ça pue du cul.

Edit : une deuxième ancienne salariée attaque le directeur aux prud'hommes... On a appris de source sûre qu'il commence à sentir le vent du boulet et à chercher du boulot ailleurs. Dommage, je ne serai plus là pour sabrer le champagne avec mes collègues quand il partira.

(c’est la première fois de ma vie que j’ai des collègues en or qui m’ont acceptée comme je suis, et rien que pour ça je suis TRES TRES TRISTE de partir dans dix jours. Je vais pleurer ma race comme si je partais au bout de 20 ans d’ancienneté. L'un de mes collègues m'a filé sa formation Excel gratos sur une clé USB, et un autre m'a eu une place à Roland Garros 2022 pour seulement 89 euros, je suis trop contente ! :-)))))) Ils vont me manquer.)

 

 

 

 

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