10 mois
Dans deux mois, on sera officiellement considéré comme un couple infertile.
Infertile... Alors qu'il a réussi à en faire deux à l'autre truie et que moi je suis tombée enceinte en claquant des doigts avec mon ex. Plus les semaines passent, plus mon IVG d'il y a trois ans me hante. Plus je m'en mords les doigts. Et si le tuyau avait dérapé quand on m'a cureté la chatte ? (pardon...^^)
J'ai à la fois hâte et la trouille d'être en juillet. On va me refaire une écho endovaginale... qu'est ce qu'on va trouver ? J'ai peur. J'ai peur aussi qu'il n'y ait rien, qu'on fasse partie des "infertilités inexpliquées". Mais j'ai peur qu'il y ait quelque chose de grave. Un problème insoluble. Un sperme pourri, des trompes bouchées, voire les deux. J'ai à la fois peur qu'il y ait quelque chose et peur qu'il n'y ait rien. C'est le bazar dans ma tête.
Je hais son ex. Je hais les femmes enceintes. Je hais les gens qui disent "pfiou 5 mois et je suis ENFIN tombée enceinte, qu'est ce qu'on a galéré" ? 5 mois... ouais c'est ça connasse, vraiment quelle galère, tu as dû souffrir.
Avec B. on n'en parle jamais, on fait comme si c'était normal. "Je vais avoir mes règles tel jour...", comme si on n'essayait pas de concevoir. Je ne sais pas ce qu'il pense. Je n'ai pas envie d'aborder le sujet, de dire clairement qu'il y a un problème, ça fait trop mal. On se prend déjà assez la tête avec son divorce qui n'avance pas d'un pouce. Puis j'ai pris du poids et je ne sais pas pourquoi, et je me sens mal dans ma peau. Tout ça me bouffe. Mais la plupart du temps je mets un mouchoir dessus.
Avec ma mère non plus je n'en parle pas, elle ne sait pas qu'on essaie. Personne ne le sait, sauf certaines filles avec qui je fais ma formation. Je ne voulais pas avoir de pression, pas de sempiternelle question tous les mois "Alors, ça y est ?", parce que je risquerais d'être agressive tellement je suis dégoûtée que ça ne marche pas. Elle me bassine régulièrement : "Alors, j'aimerais bien pouponner moi !". Je ne sais pas quoi lui dire à part merde, je me contente de répondre : "Ben ne t'emballe pas, ce n'est pas pour tout de suite", sans plus de détails. Mais bon, il va de soi que si je dois me taper des traitements et des piqûres, je serais bien obligée de le lui dire. Tu me diras, anesthésiée par l'alcool elle oublie la moitié de ce que je lui dis, alors...
Si jamais je dois connaître le parcours de la PMA, je ferai un blog à part. Celui-ci n'était pas fait pour ça au départ. En tout cas, je ne parlerai jamais de zozos, de gygy et de pouet-pouet camion. Je nommerai les choses par leur nom.
D'ici là, je n'attends plus rien. Je n'enlève pas les Tampax de mes listes de courses, je ne calcule plus mes jours d'ovulation (très difficile, voire impossible), et j'essaye d'arrêter de rêver aux prénoms de mes futurs enfants. Mais c'est très difficile. Vraiment très difficile.
Je tâcherai de ne pas trop m'épancher là-dessus d'ici le mois de juillet, de toute façon il n'y aura rien de nouveau jusqu'à ce que je passe des examens pour voir où est le problème.