Memento Mori
Ma mère a passé une IRM il y a deux semaines. Comme elle n'avait pas de nouvelles, elle a pensé qu'il n'y avait rien. Erreur. Elle m'a annoncé lundi dernier :
"J'ai un petit nodule.
-Où ça ?
-Ben, sur le foie".
C'était prévisible. Une vie d'alcoolisme, un traitement médicamenteux très costaud, une hépatite + une cirrhose : à brûler sa vie par les deux bouts, ma mère a grillé son foie. Un organe indispensable à la digestion, et donc à la vie.
Elle ne boit plus depuis quelques mois ; j'ai retrouvé ma vraie mère après avoir supporté son double pendant tant d'années (entendre par là : sa version ivre qui m'a élevée en grande partie). Et là, cette tumeur lui tombe dessus.
Elle part à l'hôpital dans quelques heures. Elle ne sait pas ce qu'on va lui faire : des examens ? Une opération ? Son hépatologue lui a dit que c'était curable. Mais à quel prix, je ne sais pas. S'il y a une chimio à la clé, pas sûr qu'elle veuille la faire. Et la suite ? Une épée de Damoclès au-dessus de la tête, quoi qu'il advienne. Elle va être mise sur la liste des demandeurs d'organes, mais au vu de son dossier médical, elle risque d'être rétrogradée à la 19 877 ème place par les comités de greffe.
Hier, les cloches de l'église de la ville où je travaille ont longuement sonné ; je m'imaginais déjà à son enterrement, les larmes sont montées. C'est horrible de penser à ça, vous allez me dire. Elle est en vie et pour l'instant, se porte "bien" tant que possible. Mais je ne peux pas m'en empêcher.
En tout cas, cela ne fait que renforcer mon souhait de me battre contre l'alcool et ses méfaits. Je trouve qu'on manque d'associations qui viennent en aide aux "co-dépendants", c'est à dire aux proches des alcooliques. La pire situation étant, à mon sens, celle des conjoints et des enfants. C'est un embryon d'idée pour l'instant, mais j'y pense. Il faudra que je me fasse aider avant.
Quant aux décérébrés qui se bourrent la gueule le week-end jusqu'au coma éthylique et se traitent d' "alcooliques" pour rigoler sur Facebook, ils ne m'ont jamais autant énervée. "Alcoolique" n'est pas une insulte qu'on sort pour se marrer, c'est une dépendance, au même titre que pour un cocaïnomane. L'alcool c'est de la merde, et je le serinerai jusqu'à la fin de mes jours.